samedi 31 janvier 2009

Pendaison de trois meurtriers

Trois Iraniens, condamnés pour meurtre, ont été pendus dans le sud de l'Iran, ont rapporté samedi les médias.

Le premier meurtrier, dont le quotidien Iran ne donne que le prénom, Heshmat, a été exécuté au cours de la semaine écoulée dans la prison centrale de Kazeroun (sud).

Les deux autres ont été pendus mercredi dernier à la prison Adel-Abad de Shiraz (sud), a rapporté le quotidien Etemad.

C0es pendaisons portent à 41 le nombre des personnes exécutées en Iran depuis le début de l'année. En 2008, 246 personnes ont été exécutées dans le pays, selon un décompte de l'AFP.

Les autorités iraniennes ont accentué le recours à la peine de mort depuis plus d'un an, dans le cadre d'une campagne censée améliorer la "sécurité morale" dans le pays.

Selon Amnesty International, 317 personnes avaient été exécutées en 2007, ce qui plaçait la République islamique au deuxième rang des pays où la peine de mort est la plus appliquée, derrière la Chine.

Le meurtre, le viol, le vol à main armée, le trafic de drogue et l'adultère sont passibles de la peine de mort en Iran.



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vendredi 30 janvier 2009

L'équipe Obama tâtonne sur la méthode à adopter pour définir une nouvelle approche face à l'Iran

Dans la mécanique parfaitement huilée, il manque un rouage : l'Iran. En une semaine, Barack Obama a envoyé un émissaire au Proche-Orient, confirmé le désengagement d'Irak, et nommé un représentant pour le Pakistan et l'Afghanistan (Richard Holbrooke, qui doit se rendre dans la région après avoir participé le 6 février à la 45e conférence de Munich sur la sécurité). Mais rien, en apparence, sur le dossier iranien.

Pendant la campagne, Barack Obama avait fait du dialogue avec l'Iran l'un des signes distinctifs de sa candidature. Depuis l'élection, il s'en est tenu à des gestes prudents. Dans son entretien à la chaîne Al-Arabiya, il a tendu la main au monde musulman et, s'il n'a pas fait d'offre spécifique à l'Iran, il a prononcé le mot qui compte à Téhéran : "respect". Deux jours plus tard, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, lui a répondu en se déclarant ouvert au dialogue mais en exigeant que les Etats-Unis "présentent des excuses" pour les "crimes" commis contre l'Iran depuis 30 ans.

Officiellement, la politique iranienne de l'administration Obama est "en cours de révision", et ce pour une durée non précisée. Le responsable du dossier n'a pas encore été désigné (mais il devrait être Dennis Ross, l'ancien envoyé spécial de Bill Clinton, un choix motivé par le souci, dit-on, de rassurer Israël). Selon les responsables américains, il ne faut pas voir dans cette absence de gestes spectaculaires une relégation du problème, mais la volonté de trouver "l'outil qui convient" à chaque situation.

LETTRE DE FÉLICITATIONS


De fait, l'administration Obama n'a aucune raison de se presser. Des élections présidentielles sont prévues en juin en Iran. Pour Clifford Kupchan, stratège au groupe Eurasia, "le président va faire attention à ne pas prendre d'initiatives qui pourraient être tournées à son profit par Mahmoud Ahmadinejad" dans sa campagne. "Ensuite, il faudra préparer le Congrès et le public à la diplomatie. Il y aura une forte opposition, du Congrès, du lobby pro-israélien Aipac, etc."

L'administration fait aussi face aux résistances des Israéliens, et des Arabes modérés, qui voient avec inquiétude la possibilité d'un dialogue, voire d'un compromis entre les Etats-Unis et l'Iran. Les Européens, eux, ont demandé à être informés, sinon consultés. C'est ce que va faire le numéro trois du département d'Etat, William Burns, lors d'une réunion du groupe P5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) la semaine prochaine.

Il semble aussi que la définition de la stratégie américaine soit encore floue. Toutes les idées circulent. Certains pensent qu'il serait souhaitable d'engager un rapprochement sur des sujets humanitaires - la disparition de l'Américain Robert Levison en Iran, par exemple, que Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat, a mentionnée devant le Sénat. Ou sur des sujets d'intérêt commun, comme l'Afghanistan, dossier sur lequel les deux pays avaient entretenu des négociations secrètes en 2003. L'Iran pourrait aussi se joindre à une conférence régionale, a suggéré, mercredi, le chef d'état-major interarmes, l'amiral Mike Mullen.

Dans son édition de jeudi, The Guardian affirmait que la détente pourrait commencer par l'envoi d'une lettre de Barack Obama au peuple iranien, ou au Guide suprême Khamenei. Le département d'Etat et la Maison Blanche ont démenti. Ni le président ni la secrétaire d'Etat n'ont "ordonné ou pris connaissance" d'un projet de lettre comme celui-là. Barack Obama n'a jamais répondu à la lettre de félicitations envoyée par Mahmoud Ahmadinejad, juste après son élection.

Corine Lesnes


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Ahmadinejad va se présenter pour un deuxième mandat de quatre ans

TEHERAN (AFP) — Le président iranien ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad va se porter candidat à un deuxième mandat de quatre ans, a annoncé mercredi un de ses conseillers, à moins de cinq mois de l'élection prévue le 12 juin.

"Il va naturellement être candidat, car naturellement tous les programmes et toutes les politiques qu'il a engagés ne peuvent être exécutés dans un mandat de quatre ans", a dit à l'AFP son conseiller pour les médias, Ali Akbar Javanfekr.

C'est la première fois qu'un proche du président annonce que M. Ahmadinejad a l'intention de se présenter au scrutin du 12 juin, pour lequel seul le réformateur et ex-président du Parlement Mehdi Karoubi s'est porté candidat à ce jour.

M. Ahmadinejad, 52 ans, qui était auparavant maire de Téhéran, avait remporté l'élection de 2005 en déjouant les pronostics, sur une plate-forme de justice sociale et de retour aux valeurs de la révolution islamique de 1979.

Selon M. Javanfekr, "il ne dépensera pas d'argent pour la campagne à un niveau comparable à" celle de 2005. "Et je ne pense pas qu'il ait besoin de faire campagne."

Le président iranien est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois.

M. Ahmadinejad est réputé bénéficier d'un soutien marqué du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui est la plus haute autorité de l'Etat.

Mardi, le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, a apporté son soutien à la réélection du président, alors qu'il est très rare qu'un haut responsable militaire apporte ouvertement son soutien à un responsable politique en Iran.

S'agissant de la campagne électorale à venir, dont la date n'a pas encore été fixée, M. Javanfekr a expliqué: "Nous montrerons ce que le gouvernement a fait et nous montrerons le progrès de la nation et l'étendue de la justice".

M. Javanfekr a dit que M. Ahmadinejad se présenterait à l'élection "pour voir ses programmes porter leurs fruits".

La situation économique s'est déteriorée notablement depuis 2005 selon de nombreux économistes. L'inflation, qui s'établissait un peu au-dessus de 10% à la fin du mandat de M. Khatami, a atteint presque 30% fin 2008.

Les économistes ont mis en cause la politique de dépenses publiques du gouvernement de M. Ahmadinejad, avec des injections massives de liquidités dans un circuit économique contrôlé à 80% par l'Etat.

Cette politique a été rendue possible par le prix élevé sur les marchés mondiaux du pétrole, qui assure environ 80% des recettes en devises du pays et plus de 50% des rentrées du gouvernement.

Mais le prix du brut a chuté brutalement avec la crise financière et économique mondiale, d'un record de 147 dollars le baril à l'été 2008 à un prix oscillant autour de 40 dollars.

L'économie iranienne subit aussi le coût des sanctions des Etats-Unis et du Conseil de sécurité de l'ONU, à cause de son programme nucléaire controversé, qui ont refroidi les investisseurs étrangers.

Le président Ahmadinejad a adopté une ligne de fermeté à l'égard de l'Occident qui est désormais confrontée aux signes d'ouverture esquissés par la nouvelle administration américaine de Barack Obama.

Le successeur de M. Ahmadinejad à la mairie de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf, est un autre candidat potentiel du courant conservateur à la présidentielle.

L'ancien président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), poussé par ses partisans à se présenter, a déclaré mercredi qu'il préférait ne pas se lancer, tout en disant qu'il prendrait sa décision finale dans les jours à venir.



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Philippe Welti, un «Américain» en Iran

Pendant quatre ans, il a été l'ambassadeur de Suisse en Iran, fonction qui englobe la représentation des intérêts américains. À l'heure où Barack Obama tend prudemment la main à Téhéran, le diplomate, sur le départ, revient sur sa délicate mission et offre quelques conseils pour un possible dialogue.

Femmes voilées, midinettes en robe moulante, diplomates en costume-cravate, officiels en chemise sans col piétinent dans les jardins cossus de la résidence de l'ambassadeur de Suisse, sur les hauteurs de Téhéran. La fête nationale suisse, célébrée fin juillet, est un événement qui ne se rate pas. À 60 ans, Philippe Welti attire les foules.

Avec sa deuxième casquette de représentant des intérêts américains en Iran - faute de dialogue entre les deux pays depuis trente ans -, il est le diplomate occidental le plus en vue de Téhéran. Le plus sollicité aussi. Un rôle dont ce grand bonhomme chaleureux a profité pour se faire entendre. «Il est important d'évoquer des sujets qui fâchent, estime-t-il. Et il faut être sur place pour faire bouger les choses. Ce n'est pas avec des programmes en farsi sur Voice of America qu'on aide la société civile iranienne», estime ce Zurichois, en référence aux millions de dollars de Washington pour soutenir, à distance, «la démocratie en Iran»… Avec l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, «une nouvelle approche» se profile. Évoquée sous Bush, l a réouverture d'un avant-poste diplomatique américain à Téhéran pourrait être concrétisée. L'ambassadeur Welti sera peut-être le dernier de son espèce, lui qui s'est retrouvé pendant quatre ans aux premières loges du ping-pong irano-américain.

Quand Welti débarque en juillet 2004 à Téhéran, il plonge dans l'inconnu. «Je m'étais préparé à l'idée d'un emploi routinier dans un pays morose», dit-il. Son mandat vis-à-vis de Washington est multiple. De bonne source, il s'y est rendu deux fois par an pour des briefings. En plus de la revue de presse quotidienne, ses analyses de terrain sont régulièrement sollicitées. Il doit aussi garder un œil sur la section spéciale des «intérêts américains», qui offre des services consulaires à quelque 7 000 ressortissants.

À ces tâches s'ajoutent les nombreux impromptus iraniens, Téhéran étant friand de «notes» adressées à Washington, par le canal suisse. Violations de l'espace aérien par les troupes américaines en Irak, arrestations de ressortissants iraniens par les forces de la coalition… Les occasions ne manquent pas, même si la République islamique peut aussi passer par l'ambassade du Pakistan à Washington.

L'expérience se révèle riche en surprises. «La population iranienne n'est pas du tout antioccidentale, ni antiaméricaine, à l'inverse de certains dirigeants», dit-il. Lors de ses voyages, il découvre un Iran divers. À Qom, le Vatican du chiisme, il dîne chez un mollah qui lui offre un coran. À Yazd, il côtoie la minorité zoroastrienne. À Chiraz, il se recueille sur les tombeaux de Hafez et Saadi, les grands poètes de la Perse antique. Très vite, sa résidence téhéranaise se transforme en laboratoire. Musicien, il improvise des concerts privés, organise des conférences de philosophie. «J'ai invité des penseurs officiels et des intellectuels indépendants. Je n'ai rien à cacher. C'est important de jouer le jeu de la transparence.»

Mais au fil des années, le nombre de participants se réduit : avec Ahmadinejad, l'Iran se durcit. En août 2005, le président annonce la reprise des activités nucléaires. Deux mois plus tard, il lance ses diatribes contre Israël. À Washington, les néoconservateurs qui entourent George W. Bush évoquent un «changement de régime» et menacent de bombarder l'Iran. En décembre 2006, les premières sanctions tombent. Au nom de la lutte contre «l'ennemi étranger», les ultras du régime étouffent les libres penseurs, accusés d'espionnage «à la solde de l'Amérique».

Pour le diplomate, il est évident que l'absence de communication directe accentue les malentendus. Les Américains n'oublient pas l'humiliation de la prise d'otage de leurs diplomates en 1979. Les Iraniens se souviennent du coup d'État contre leur premier ministre Mossadegh, en 1953. Lors de ses déplacements à Washington, Welti tente d'expliquer à ses interlocuteurs l'importance de la «fierté» iranienne, dans un pays qui «rêve qu'on le traite d'égal à égal». «Vous n'aboutirez à rien si vous frappez du poing sur la table.» Les signaux de Téhéran peuvent, parfois, provoquer de faux espoirs. Le 8 mai 2006, l'horloge affiche 11 heures dans les locaux de l'ambassade de Suisse. «Nous avons une missive à remettre aux Américains», dit, à l'autre bout du fil, un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. «J'arrive», répond Welti, annulant tous ses rendez-vous de la matinée. Ce n'est pas la première fois qu'il fait le coursier. Mais cette lettre est porteuse d'un message historique. Rédigée par Ahmadinejad, elle est directement adressée à… «George double U Bush» (dans le texte !). C'est la première fois en vingt-huit ans qu'un dirigeant iranien établit un contact avec un chef d'État américain.

La déception est radicale. Ce qui aurait pu être une ébauche de rapprochement se révèle une énième opportunité ratée. «Il s'agissait d'un florilège d'incantations mystiques, une leçon de morale adressée à Bush», se rappelle l'ambassadeur, encore surpris par ce langage auquel le président américain dédaigna de répondre. Cette expérience insolite est riche en enseignements sur la difficulté du «défi iranien» qui attend Barack Obama. Mais la capacité du nouveau président américain à discuter avec Téhéran dépendra aussi de son futur homologue iranien, qui sera élu le 12 juin prochain.


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L'Iran répond aux propositions de Barack Obama

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, demande, mercredi 28 janvier, à Barack Obama de s'excuser pour les "crimes" commis selon lui par les Etats-Unis contre l'Iran. Dans un discours dans la ville de Kermanshah, le président iranien a énuméré toute une liste de griefs contre les Etats-Unis remontant jusqu'à leur organisation d'un coup d'Etat en 1953 pour renverser le premier ministre de l'époque, Mohammad Mossadegh. Il a aussi mentionné l'opposition de Washington à la révolution islamique de 1970 ou son soutien à l'Irak dans la guerre engagée par Bagdad contre l'Iran.

M. Ahmadinejad appelle Washington à "respecter les peuples", à "ne plus s'ingérer dans les affaires des autres peuples", à "mettre un terme au soutien aux sionistes sans racines, illégaux et fantoches", et enfin à permettre au peuple américain "de décider de son propre sort". L'Iran "accueille favorablement le changement à condition qu'il soit en profondeur", dit le président iranien. Il avertit que si "quelqu'un veut parler avec le peuple iranien avec le même état d'esprit que [l'ex-président George W.] Bush (...) mais avec des mots nouveaux, la réponse de l'Iran sera la même que celle donnée ces dernières années à Bush et ses valets".

M. Obama, qui a pris ses fonctions le 20 janvier, s'est dit prêt à engager un dialogue avec l'Iran si ce dernier "desserre le poing". Sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton a réitéré ce message. Les Etats-Unis et l'Iran n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. M. Obama s'est dit par le passé favorable à un dialogue sans condition avec l'Iran, mais l'objectif ultime de son administration est le même que celui de la précédente : la nouvelle ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a indiqué lundi que le but des pressions internationales contre la République islamique était d'"obtenir la fin du programme nucléaire de l'Iran".

Mahmoud Ahmadinejad briguera un deuxième mandat

Le président iranien ultraconservateur, Mahmoud Ahmadinejad, va se présenter pour un deuxième mandat à l'élection de juin 2009, a déclaré mercredi son conseiller pour les médias. "Tous les programmes et politiques qu'il a engagés ne peuvent être exécutés dans un mandat de quatre ans", a dit Ali Akbar Javanfekr. C'est la première fois qu'un proche du président annonce que M. Ahmadinejad a l'intention de se représenter au scrutin du 12 juin, pour lequel seul le réformateur et ex-président du Parlement Mehdi Karoubi s'est porté candidat à ce jour. – (avec AFP)


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"Pour un instant, la liberté" : de l'Iran à la liberté

Le film de la semaine:
Film autrichien d'Arash T. Riahi avec Navid Akhavan, Pourya Mahyari, Kamran Rad, Payam Madjlessi. (1 h 50).

Réfugié en Autriche depuis l'âge de neuf ans, Arash T. Riahi, le réalisateur de ce film, est originaire d'Iran. C'est donc un peu son histoire qu'il met en scène dans ce film consacré à divers réfugiés iraniens en attente de visa pour l'Europe. Après avoir passé clandestinement la frontière, plusieurs personnages se retrouvent à Istanbul, où ils tentent d'obtenir le fameux sésame. Il y a là un couple et un petit garçon qui jouent le tout pour le tout, deux cousins accompagnés de deux enfants dont les parents vivent déjà en Autriche, un vieux professeur au bout du rouleau qui s'est lié d'amitié avec un jeune Kurde fantasque et immodérément optimiste.

Toutes ces figures se croisent dans le film, et portent avec elles une psychologie, une tonalité, un destin spécifiques qui permettent au réalisateur de jouer sur une gamme étendue de sentiments, du tragique au comique. Montée sur des ressorts dramatiques assez convenus, cette fresque humaniste au propos honnête ne se prémunit pas suffisamment contre le piège de la plus value compassionnelle que lui tend son sujet.



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mardi 27 janvier 2009

Les Moudjahidine du peuple iranien retirés de la liste européenne des organisations terroristes

Les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé lundi de retirer les Moudjahidine du peuple iranien (OMPI) de la liste européenne des organisations terroristes. C'est la première fois qu'une organisation considérée comme terroriste est retirée de la liste européenne.

Selon des diplomates, cette décision qui prend effet mardi et permet d'assurer que les fonds de l'OMPI seront débloqués. Cette décision va également à coup sûr provoquer une aggravation de la détérioration des relations entre l'UE et l'Iran, Téhéran souhaitant le maintien de l'OMPI sur la liste européenne.

Le 4 décembre dernier et pour la troisième fois, la justice européenne avait annulé la décision de l'Union européenne de geler les fonds des Moudjahidine du peuple iranien. Dans un communiqué, Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI, l'aile politique de l'OMPI, basée à Paris) et co-fondatrice avec son époux Massoud Radjavi des Moudjahidine du peuple, avait qualifié cette décision du tribunal de première instance des communautés européennes de "victoire de la justice". Elle avait alors jugé que l'OMPI de fait n'était plus sur la liste noire de l'UE, où elle est inscrite depuis 2002.

Il s'agissait du dernier épisode en date dans la bataille judiciaire que mènent depuis six ans les Moudjahidine du peuple, qui se revendiquent comme les représentants légitimes de l'opposition au régime de Téhéran et cherchent à se défaire de leur étiquette de mouvement terroriste. L'OMPI est également considérée comme une organisation terroriste par les Etats-Unis.

Dans sa décision, la cour basée à Luxembourg a estimé que les Vingt-Sept avaient "violé les droits de la défense" de l'OMPI, et que les Européens n'avaient pas fourni d'éléments suffisants pour inscrire l'organisation sur la liste noire terroriste.

La cour a jugé que l'UE ne pouvait pas baser ses décisions en matière de gels des avoirs et de liste terroriste sur les éléments apportés par un pays-membre -en l'occurrence la France- si ce dernier n'acceptait pas de partager ses informations avec la justice européenne.

La justice française enquête depuis 2001 sur les Moudjahidine du peuple: 17 personnes sont mises en examen depuis juin 2003, dont Mme Radjavi, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Les Moudjahidine du peuple ont participé à la révolution islamique de 1979 avant de s'opposer au régime des mollahs s'installant à Téhéran, lançant une campagne d'assassinats et attentats visant à le renverser. On leur attribue des centaines de ces actions, ainsi que des opérations visant des cibles occidentales, depuis les années 70.

Le groupe, qui selon le Département d'Etat américain a un fonctionnement de type sectaire, s'est installé en Irak au début des années 80. Lors de l'invasion américaine de 2003, des milliers de Moudjahidine du peuple ont été désarmés et enfermés dans un camp près de Bagdad. AP


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dimanche 25 janvier 2009

Paris maintient la pression sur les Moudjahidines du peuple iranien

La France a déposé un recours contre l'annulation, le 4 décembre 2008, par la Cour européenne de justice, du gel des fonds de l'organisation iranienne d'opposition Moudjahidines du peuple iranien (OMPI), a annoncé, vendredi 23 janvier, un porte-parole du Quai d'Orsay.

Cherchant apparemment à éviter une nouvelle détérioration de ses relations avec le régime iranien, la diplomatie française a ainsi adopté une position plus dure que celle d'autres pays membres de l'Union européenne (UE).

Les ministres des affaires étrangères de l'UE s'apprêtent néanmoins, selon des diplomates, à rayer l'OMPI de la liste européenne des organisations terroristes, lors d'une réunion à Bruxelles, lundi 26 janvier. Une mesure qui interviendrait après une série de décisions judiciaires constatant que les preuves manquent pour établir le caractère "terroriste" du groupe iranien.

UN INTENSE LOBBYING

Une décision du gouvernement britannique de faire inscrire le groupe sur la liste européenne, en 2002, a été cassée par trois instances judiciaires londoniennes. L'OMPI a aussi bénéficié, en décembre 2006, d'une décision favorable du tribunal de première instance de la Cour européenne de justice. Les Moudjahidines ont enregistré, au total, sept jugements favorables, dont le dernier, à Luxembourg, en décembre 2008.

Paris a cherché à s'appuyer, dans son argumentation, sur les éléments d'une enquête lancée en France contre des membres de l'OMPI en 2003, après une spectaculaire descente policière dans les locaux de l'organisation, à Auvers-sur-Oise. Mais les juges européens ont considéré, en décembre, qu'aucun élément convaincant n'avait été transmis par les autorités françaises.

Les pays de l'UE restent en fait divisés sur l'opportunité de donner une forme de reconnaissance à l'OMPI, organisation réputée sectaire. En 2005 et 2006, l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch avait exposé les méthodes d'intimidation, de contrainte et même de tortures, employées par l'OMPI à l'encontre de personnes qui cherchaient à quitter ses rangs. Ces méthodes avaient cours, selon HRW, dans les camps tenus par l'OMPI en Irak, de 1991 à 2003, lorsque l'organisation était soutenue par le régime de Saddam Hussein.

L'OMPI déploie en Europe un intense lobbying, se présentant comme la principale force d'opposition au pouvoir des mollahs en Iran. L'organisation a acquis, au cours des dernières années, le soutien de nombreux juristes, eurodéputés ou responsables politiques de divers courants.

Au-delà du cas de l'OMPI, c'est le débat sur le système même de la "liste noire" européenne qui est relancé. Il existe par ailleurs une liste d'organisations terroristes établie par l'ONU, et une autre par les Etats-Unis, qui inclut les Moudjahidines du peuple. Des juristes dénoncent, pour toutes ces listes, l'absence de réelles possibilités d'appel, de recours, et de contrôle judiciaire.

Jean-Pierre Stroobants



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La CIA doit aider au rapprochement avec l'Iran, dit Dennis Blair

Les services de renseignement américains vont devoir trouver des moyens de favoriser une amélioration des contacts avec les dirigeants du monde musulman et avec des pays comme l'Iran sur les questions d'intérêt commun, a déclaré Dennis Blair, choisi par le président Barack Obama pour diriger la CIA.

Auditionné par une commission du Sénat qui doit confirmer sa nomination à la tête de la CIA, Dennis Blair, amiral en retraite, a appelé en outre de ses voeux une rupture avec la politique de l'administration Bush sur le traitement réservé aux suspects de terrorisme.

"Identifier les opportunités en même temps que les menaces est un équilibre extrêmement important que doivent trouver les services de renseignement", a-t-il dit devant la commission des Renseignements de la chambre haute.

"Si d'un côté les Etats-Unis doivent pourchasser les terroristes qui nous veulent du mal, la communauté du renseignement doit aussi soutenir les responsables politiques, qui attendent des occasions de nouer des contacts et de coopérer avec des dirigeants musulmans influents, lesquels croient en un avenir de progrès et de paix et travaillent à cette fin, pour leur religion et pour leurs pays", a dit Blair.

"Tandis que les responsables politiques doivent comprendre les dirigeants, les choix politiques et les décisions antiaméricaines en Iran, la communauté du renseignement peut aider les décideurs à identifier et à comprendre d'autres dirigeants et d'autres forces politiques, en sorte qu'il soit possible d'oeuvrer à un avenir allant dans l'intérêt des deux (pays)."

De son côté, évoquant la question de l'Irak, le secrétaire à la Défense Robert Gates, "survivant" républicain de l'administration Bush, a déclaré jeudi que la possibilité d'un retrait militaire américain de ce pays en l'espace de 16 mois était l'une des hypothèses actuellement étudiées par le Pentagone.

Gates a précisé lors d'une conférence de presse que plusieurs possibilités étaient à l'étude actuellement et que la promesse d'Obama d'un retrait total en 16 mois en faisait partie.



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Ambiguïtés iraniennes

La peinture s'écaille sur les murs de l'ancienne ambassade américaine à Téhéran, ce "nid d'espions", comme l'appelaient les étudiants islamiques qui s'en sont emparés en novembre 1979, mais on distingue encore le slogan "L'Amérique est impuissante" derrière une statue de la Liberté agonisante. A quelques rues de là, un immeuble affiche sur toute sa hauteur une bannière étoilée flambant neuve : les étoiles sont des têtes de morts, les rayures, des trajectoires d'obus. Entre ces deux "créations artistiques" : trente ans de révolution iranienne, trente ans d'antiaméricanisme.

L'un ne va pas sans l'autre, tant la République islamique s'est fondée sur l'"indépendance nationale" face au régime du chah inféodé à Washington. Un ressort nationaliste fortement teinté d'anticolonialisme qui trouve une de ses sources dans la "faute originelle" du coup d'Etat de la CIA contre le premier ministre Mohammad Mossadegh, en 1953. Et qui a fonctionné à chaque fois, de la guerre Iran-Irak (1980-1988), appuyée par Américains et Occidentaux contre Téhéran, jusqu'à l'infinie guérilla diplomatique sur le dossier nucléaire iranien. Trois séries de sanctions contre Téhéran du Conseil de sécurité des Nations unies n'ont pu dénouer la crise : l'Iran affirme son "droit" à enrichir de l'uranium dans le cadre d'un programme de recherches civil ; Washington et ses alliés soupçonnent des applications militaires et veulent y mettre un terme.

Bill Clinton et George Bush se sont cassé les dents sur le dossier du nucléaire iranien. Entre-temps, le ton est monté, l'Iran s'est vu classé dans "l'axe du Mal" américain et régulièrement l'option d'aller bombarder les centres nucléaires iraniens refait surface. De son côté, le "messianique" et fondamentaliste président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, dénonce "l'appui inconditionnel" de Washington à un Israël qu'il voudrait voir "rayé de la carte". Entre-temps aussi, la situation au Moyen-0rient a évolué.

L'Iran est "isolé", mais il est aussi devenu incontournable : en Irak, où les chiites ont pris la main ; au Liban, où le Hezbollah, parrainé par Téhéran, a remporté une victoire sur les Israéliens en 2006 ; sur la question palestinienne, où M. Ahmadinejad, le persan chiite, cherche à se positionner en "leader de la rue arabe", face à des pays arabes modérés gênés par leurs alliances américaines. Au Pakistan, en Afghanistan, partout, Iraniens et Américains se retrouvent nez à nez. "Condamnés à s'entendre par pragmatisme", comme l'expliquait un diplomate occidental ? Face à l'inextricable dilemme iranien, Barack Obama, le nouveau président américain, l'a dit, il cherchera une "autre approche", évoquant une sorte de "dialogue dans la fermeté", sans autres détails.

Qu'en est-il en Iran ? M. Ahmadinejad, qui - geste inhabituel - a envoyé un message de félicitations à M. Obama, a fait savoir : "Si le changement annoncé est réel et la nouvelle approche basée sur le respect, nous l'accueillerons et prendrons les mesures appropriées."

Devant un feu de cheminée dans un salon à l'élégance que l'on pourrait qualifier d'"anglaise", si le mot n'avait des connotations "coloniales", de son ministère, le vice-ministre des affaires étrangères et ex-ambassadeur à Paris, Ali Ahani, nous a expliqué ce que pourraient être, vues d'Iran, les bases d'une détente avec les Etats-Unis.

Obama, disait-il, doit rompre avec la "détestable politique agressive de Bush". Conseillant un certain "réalisme" au président américain, il l'exhortait à changer sur deux points fondamentaux, véritables épines plantées depuis des années dans l'orgueil national et la préoccupation du régime pour sa sécurité. D'abord reconnaître, enfin, la République islamique pour ce qu'elle est, une République pérenne qui peut aider à la stabilité de la région - "Nous avons essuyé trente ans d'embargo, de sanctions, de menaces et nous sommes toujours là." Ensuite, admettre que de nouvelles puissances, dont l'Iran, "sont apparues sur la scène internationale" : "Nous sommes entourés de pays en crise, mais nous sommes un partenaire à ne pas négliger car nous avons notre poids dans la région, dans le monde et dans le monde islamique", rappelait M. Ahani.

Et il ajoutait : "Les Américains sont toujours sur la même analyse. Les données ont changé mais ils n'ont toujours pas changé de partenaires. Regardez Gaza et la crise entre l'Egypte, l'Arabie saoudite et leurs opinions publiques. Vous croyez que les Américains pourront toujours compter sur ces pays à l'avenir ?" Téhéran serait-il prêt à un geste sur le nucléaire ? "Une suspension, préalable à tout dialogue, de l'enrichissement d'uranium est hors de question, assurait M. Ahani. Nous avons suspendu sous la présidence Khatami, on a aussi aidé dans la lutte contre les talibans en Afghanistan. Et comment a-t-on été remercié ? En étant placé dans "l'axe du Mal"."

Un dialogue ? Beaucoup l'espèrent. En attendant, Téhéran veut montrer qu'il l'abordera en force : à quelques heures de l'investiture de Barack Obama, les services iraniens annonçaient l'arrestation de quatre personnes impliquées, selon eux, dans un complot de la CIA pour fomenter une "révolution de velours en Iran".

"En réalité les autorités auraient préféré une victoire de McCain. Ce Barack Obama qui parle d'ouverture ça les met mal à l'aise, explique l'essayiste et économiste Saeed Leylaz. Une petite frange de fondamentalistes, plus radicaux encore que le président, ont peur que si Obama les accule par trop d'ouverture à ouvrir eux aussi le régime, tout leur échappe des mains. J'appelle ça, le syndrome Gorbatchev. Une perestroïka iranienne les épouvante..." D'où, dans les journaux conservateurs, qui se servent fort à propos de l'émotion engendrée par les morts de Gaza, un regain de critiques contre les Etats-Unis. "Qui commandera à la Maison Blanche, interrogeait un éditorial récent. Obama, le Pentagone ou les sionistes ?"

"Franchement, notre ressentiment contre l'Amérique est tel que je le crois inscrit dans nos gènes", confie, dans un petit sourire poli Shariat Madari, directeur du groupe de presse conservateur Keyhan et homme parmi les plus influents du régime. D'un geste, il désigne dans sa bibliothèque les 10 volumes reliés tirés des papiers du "nid d'espions" américain en 1979. "A Keyhan, dit-il, on n'est pas positif sur Obama depuis le début. Nos diplomates et M. Ahmadinejad le sont un peu plus. Mais que peut un président américain ? Bien peu. Et sur quelle base s'accorder ? Quand il y a un voleur, la justice exige-t-elle de la victime qu'elle se prête à un compromis ?"

Chez les réformateurs, en pleine effervescence à l'approche du scrutin présidentiel de juin, le ton est plus positif. "Nous, les réformateurs, nous nous sommes toujours bien entendus avec les démocrates américains, mais si Ahmadinejad reste en place, rien ne bougera", commente Said Adjarian, désabusé. Pourtant ce politicien difficile à faire taire, victime d'une tentative d'assassinat qui l'a laissé handicapé, est un concentré d'optimisme. "Il nous restera, dit-il en riant, le "rêve américain". Ici, on critique les excès commis à Guantanamo et la politique américaine, mais nos jeunes diplômés sans emploi admirent les Etats-Unis où le travail est une valeur reconnue."

Presque sous la fresque de la bannière étoilée "revisitée", au centre de Téhéran, une vieille femme accroupie vend des tee-shirts sur le trottoir. Dessus, une simple inscription : "USA". Sur les grandes artères, vendeurs de donuts (beignets) noyés de chocolat comme à New York, et fast-foods de hamburgers alternent. Et tel dignitaire qui vous reçoit pour pourfendre la politique de Bush boit sans sourciller son Coca-Cola ou touille dans sa tasse de café son "coffee mate" (substitut de lait) à l'américaine.

Au hit-parade des diplômes, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) écrase Cambridge ou la Sorbonne, et "abroad" (à l'étranger) est synonyme d'Amérique. Trois millions d'Iraniens y vivent, surtout à Los Angeles (baptisée ici Téhér-Angeles). Chaque soir, des millions d'Iraniens se connectent sur Internet où regardent par satellite les programmes en farsi émis depuis la Californie. "L'Amérique est là, embedded dans notre culture derrière le bouton de la télévision !", déplorait un universitaire iranien conservateur.

L'ayatollah Khomeiny avait beau dire au début de la révolution que "l'Amérique est un serpent blessé", trente ans après, son venin se diffuse toujours. Près de la place Jaleh où les soldats du chah tirèrent sur la foule, haut lieu de vénération des premiers martyrs, un magasin vend les roller skates les plus performants. Dans les librairies il n'est pas rare de voir des affiches de Marlon Brando, Al Pacino ou James Dean. Et même dans ce saint des saints qu'est l'immense mausolée où repose l'ayatollah Khomeiny, une boutique destinée aux pèlerins propose, noyés dans des articles anodins, poupées Barbie, cassettes vidéo de Spiderman, Hulk et autres Mad Max.

"Le rock américain, c'est ma vie, disait Dariouch, chanteur d'un groupe de rock alternatif au chômage (le bassiste a émigré en Grande-Bretagne et le guitariste en Italie). Mais on dit tant de choses sur les Etats-Unis. Je ne suis pas prêt à brader l'indépendance de mon pays pour autant. Haine et fascination, l'Amérique nous rend schizophrènes."

Au terme d'une conversation très docte sur l'évolution de la révolution, l'hodjatoleslam Ansari, un réformateur plutôt "ouvert", s'interrompra soudain pour constater : "Vous savez, ce slogan d'Obama, "Yes, we can", ça aussi les Américains nous l'ont pris ! L'ayatollah Khomeiny détestait le mot "impossible". Et chaque fois qu'on lui disait, c'est impossible de renverser le chah, il répondait agacé : "Si, nous pouvons..."

Marie-Claude Decamps Téhéran, envoyée spéciale


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jeudi 22 janvier 2009

Les activités de la BBC en persan interdites en Iran (ministre)

Le ministre iranien de la Culture, Mohammad Hossein Safar-Harandi, a averti que les activités de la nouvelle chaîne de télévision en persan de la BBC étaient interdites en Iran, a rapporté mercredi l'agence Ilna.

"Les activités de cette chaîne sont interdites en Iran et toute collaboration avec elle créera des problèmes" à ceux qui voudront le faire, a dit le ministre, en menaçant d'"actions légales" les éventuels contrevenants.

Il a notamment lancé une mise en garde à l'équipe de la BBC en anglais qui dispose d'un bureau à Téhéran, avec un correspondant britannique. "Si la BBC en anglais abuse de l'opportunité qu'elle a en préparant des produits pour le service en persan de la chaîne, nous agirons contre elle".

"Le passé de la BBC et de la Grande-Bretagne pour créer des troubles et des divisions dans le pays est très clair", a encore dit le ministre.

La BBC a lancé le 14 janvier une chaîne de télévision en persan, moins d'un an après la naissance de la "BBC Arabic Television".

La "BBC Persian TV", qui émet par satellite, est destinée à l'Iran (70 millions d'habitants), l'Afghanistan (20 millions) et le Tadjikistan (10 millions).

Les programmes radio de la BBC sont déjà très écoutés dans ces trois pays.

Selon les autorités iraniennes, au moins 30% de la population ont accès aux télévisions satellitaires étrangères, malgré l'interdiciton des antennes paraboliques.

Les Iraniens peuvent déjà regarder une vingtaine de chaînes de télévision satellitaires en persan, notamment la Voix de l'Amérique (VOA), qui émet plusieurs heures par jour.

Le gouvernement britannique a accordé quinze millions de livres (16,8 millions d'euros) pour le lancement de la chaîne. La BBC World Service tire son financement du ministère des Affaires étrangères, à la différence de sa version nationale qui puise ses ressources dans la redevance télé.



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L'Iran veut juger Barack Obama à ses actes

Au lendemain de l'investiture de Barack Obama, l'Iran a déclaré mercredi vouloir juger le nouveau président américain à ses actes, invitant Washington à un "changement" de politique au Proche-Orient.

Selon le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, cité par l'agence officielle IRNA, Téhéran attendra de voir quelles politiques M. Obama appliquera "en pratique" avant de se prononcer. M. Mottaki a exhorté le nouveau chef de la Maison Blanche à corriger l'image des Etats-Unis à l'étranger et à employer des conseillers qui lui disent la "vérité" sur la situation au Moyen-Orient.

"Un nouveau Moyen-Orient est en cours de construction. La nouvelle génération dans cette région cherche la justice et rejette la domination. Un changement de politique au Moyen-Orient est un des domaines" d'action "si le nouveau gouvernement américain prétend suivre une politique de changement", a ajouté M. Mottaki.

Durant la campagne électorale, Barack Obama s'est d'abord dit partisan d'un dialogue sans conditions avec les dirigeants iraniens. Mais il est ensuite apparu en retrait de cette position, en se déclarant sans autre précision favorable à une diplomatie directe, tout en fermeté.

L'Iran, a-t-il rappelé lors d'une interview la semaine dernière à la chaîne de télévision américaine ABC, représentera "un de nos plus grands défis".

"Et comme je l'ai dit durant la campagne (présidentielle), vous savez, nous avons une situation dans laquelle non seulement l'Iran exporte le terrorisme à travers le Hamas, à travers le Hezbollah, mais cherche à se doter d'une arme nucléaire qui pourrait potentiellement déclencher une course aux armements nucléaires au Proche-Orient", a-t-il dit.

Les Etats-Unis, a-t-il poursuivi, adopteront "une nouvelle approche" à l'égard de l'Iran, enverront le message que "nous respectons les aspirations du peuple iranien, mais que nous avons également certaines attentes quant à la façon dont un acteur de la scène internationale doit se comporter".

Mardi lors de son discours d'investiture, M. Obama s'est adressé au "monde musulman", assurant que les Etats-Unis cherchaient "une nouvelle façon d'avancer, fondée sur notre intérêt mutuel et notre respect mutuel".

"Aux dirigeants à travers le monde qui cherchent à semer le conflit, ou imputent les maux de leur société à l'Occident: sachez que votre peuple vous jugera sur ce que vous pouvez construire, et non sur ce que vous détruisez. A ceux qui s'accrochent au pouvoir par la corruption, la tromperie et en réduisant la contestation au silence, sachez que vous êtes du mauvais côté de l'histoire. Mais que nous tendrons la main si vous voulez desserrer votre poing", a notamment déclaré le président Barack Obama.



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Mahmoud Ahmadinejad se pose en "leader de la rue arabe"

Il n'est pas un carrefour important, une avenue, une place à Téhéran qui n'abrite une affiche géante de Palestiniens blessés à Gaza, ou une urne pour collecter de l'argent. Images en boucle à la télévision, colloques et manifestations de soutien en tout genre, dont celle, inédite, l'autre jour, de petites filles serrant une poupée pour symboliser les enfants morts sous les bombes : depuis plus de trois semaines, l'Iran vit à l'unisson de Gaza. Tabriz, une des villes saintes chiites, s'est déclarée "soeur jumelle" de Gaza, et les utilisateurs de téléphones portables ont reçu par SMS un numéro de compte bancaire pour des dons.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a, pour sa part, réclamé un tribunal international pour y "juger les crimes de guerre d'Israël". Le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a émis une fatwa (décret religieux) appelant au boycottage des produits et des compagnies liées à Israël. Et, à la prière du vendredi, le 16 janvier, l'ayatollah Jannati a même déclaré que la ministre des affaires étrangères israélienne, Tzipi Livni, mériterait que "quelqu'un utilise une balle" contre elle.

En dehors de ce climat d'effervescence émotionnelle, relayé par les autorités, pas fâchées au passage de voir la crise économique éclipsée à la "une" des journaux, l'heure n'est pourtant pas aux "dérapages". Les 70 000 volontaires qui attendaient à l'aéroport pour aller défendre leurs "frères" de Gaza, la semaine dernière, ont été renvoyés chez eux par les services de sécurité. Quant aux jeunes radicaux qui ont promis "un million de dollars" pour la tête du président égyptien Hosni Moubarak, ils ont été vertement remis en place dans un éditorial de la presse conservatrice.

"SOLIDARITÉ ISLAMIQUE"

L'Iran a préféré mettre l'accent sur une offensive diplomatique de grande envergure. En quelques jours, le ministre des affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a multiplié les messages demandant des "clarifications" à l'Egypte, l'Arabie saoudite et la Jordanie, jugées trop "passives" et "proaméricaines". Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, est allé plaider la cause du Hamas en Turquie, et M. Ahmadinejad s'est rendu à un sommet à Doha consacré à Gaza, le 16 janvier. Ni le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ni l'Egypte, ni l'Arabie saoudite n'étaient présents. En revanche, le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, était là.

Pour M. Ahmadinejad, premier président iranien à avoir participé à une réunion du Conseil de coopération du Golfe, en 2007, c'était aussi une façon de mettre son pays en première ligne, avec la Syrie, derrière le Hamas. Et, d'une manière plus générale, en première ligne sur la question palestinienne. En agissant au nom d'une "solidarité islamique", M. Ahmadinejad "se positionne en leader de la rue arabe", face à l'embarras des pays arabes "modérés" qui ont reconnu Israël, estiment certains analystes.

L'Iran, plus que jamais "parrain" du Hamas, auquel il aurait donné, dit-on, 250 millions de dollars il y a trois ans ? Il suffit de se rendre au nord de Téhéran, dans un petit immeuble résidentiel qui abrite aussi, nous dira le gardien, une délégation du Hezbollah, pour poser la question au docteur Abou Osama Abdolmati, qui, depuis sept ans, est le représentant du Hamas en Iran.

"En Europe, votre problème, c'est que vous êtes focalisés sur l'Iran !", s'exclame-t-il, assurant que son mouvement, issu des Frères musulmans, n'est pas un satellite de Téhéran et "existait bien avant la République islamique sous un autre nom, se bat et résiste depuis soixante ans". Bien sûr, le Hamas "remercie l'aide iranienne" : "Nous voulons la justice, dit-il, et nous acceptons toute l'aide qui va dans ce sens. J'engage les pays européens, dont la France, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni, à suivre le chemin de l'Iran, qui cherche la justice pour les Palestiniens. Mais il n'y a pas que l'Iran, nous recevons de l'aide d'Arabes du monde entier."

Ce que veut le Hamas, explique M. Abdolmati, c'est une négociation "globale" : "Cessez-le-feu, retrait militaire, fin des restrictions et ouverture de tous les points de passage, dont Rafah, sans quoi nous nous battrons sans fin. Des années, s'il le faut." Considère-t-il comme certains que l'Egypte a "trahi" les Palestiniens ? Il reste prudent : "C'est un mot que je n'emploierais pas. Je préfère dire, sans les citer, que les pays arabes dits modérés auront une responsabilité morale et historique à assumer après ce qui s'est passé à Gaza."

Marie-Claude Decamps


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mardi 20 janvier 2009

Barack Obama se montre "tantôt réaliste, tantôt idéaliste"

Historien, Justin Vaisse est un spécialiste de la diplomatie américaine, et chercheur à la Brookings Institution.

Le départ de George Bush signe-t-il définitivement l'échec des néoconservateurs ?
En fait, ils n'ont jamais été dominants à Washington ou même dans l'administration Bush. L'influence intellectuelle de Bill Kristol ou Robert Kagan est notable, mais l'influence politique de décideurs comme Paul Wolfowitz, Doug Feith ou Elliott Abrams s'explique largement par leur alliance avec un autre courant, celui des "faucons nationalistes" comme Dick Cheney, Donald Rumsfeld ou John Bolton. Ces deux groupes ont promu l'intervention en Irak, mais pour des raisons différentes, s'opposant surtout à une troisième école, celle des réalistes.
Comment décrire ces trois camps ?
Les néoconservateurs veulent une Amérique forte, active et interventionniste, qui façonne son environnement international. Si elle ne le fait pas, des forces hostiles le feront, ce qui mettra en danger la sécurité des Etats-Unis et la paix internationale. Ils défendent la démocratie tant pour des raisons morales que pour des raisons de stabilité : les démocraties sont plus pacifiques (entre elles), elles n'engendrent pas de terrorisme ou de prolifération et ne menacent pas les Etats-Unis. Que ce soit pour l'URSS, l'Irak ou l'Iran, ils préfèrent changer le régime plutôt que de le légitimer par le dialogue avec lui.
Les faucons nationalistes partagent la vision musclée des néoconservateurs, mais ne s'intéressent pas à la question de la démocratie, des régimes politiques. Ils veulent projeter une image de force à l'extérieur pour que l'Amérique soit respectée.

Les réalistes, au contraire, prennent la diplomatie au sérieux. Ils privilégient l'ordre et l'équilibre des puissances, se méfient des grandes utopies, et acceptent la légitimité des régimes autocratiques, avec lesquels il faut parfois négocier pour avancer les intérêts américains.
Qui l'a emporté ?
Le 11-Septembre a changé la donne et a permis à l'alliance des faucons de l'emporter sur la question irakienne en 2002-2003 contre les réalistes, représentés par le secrétaire d'Etat Colin Powell et, à l'extérieur de l'administration, par Brent Scowcroft, ancien conseiller de Bush père, qui avait mis en garde contre une intervention en Irak dès l'été 2002. Mais suite aux déboires en Irak, et plus encore à partir de 2006, George Bush a pris un tournant réaliste sur tous les grands dossiers, avec Condoleezza Rice comme secrétaire d'Etat : Corée du Nord, Israël, terrorisme et même le principe de négocier avec l'Iran. Ce qui explique que la rupture d'Obama ne sera pas si profonde : c'est entre Bush I et Bush II que se sont faits les réajustements les plus importants.
Trouve-t-on, au sein de l'administration Obama, de telles divisions entre écoles de pensée ?
Même si leur perception de la puissance n'est pas la même que celle des néoconservateurs, il existe des "faucons libéraux", qui estiment que l'Amérique doit intervenir pour des causes humanitaires et pour empêcher les génocides, car ces désordres minent la stature morale de la communauté internationale et risquent de menacer la paix du monde et donc la sécurité des Etats-Unis. Leur chef de file est Madeleine Albright qui est très proche d'Hillary Clinton, l'actuelle secrétaire d'Etat, et de Susan Rice, l'ambassadrice à l'ONU, très en pointe sur la question du Darfour.
Qui sont les réalistes ?
Il ne faut pas exagérer l'importance de ces étiquettes. Mais dans le camp réaliste, on peut mentionner Joe Biden, le vice-président, Jim Steinberg, le numéro 2 du département d'Etat, et sans doute le général James Jones, le conseiller de sécurité - contrairement à ce qu'on pense, les militaires sont rarement interventionnistes. Ils seront réticents à intervenir sauf si les intérêts stratégiques de l'Amérique sont directement engagés. Ils privilégieront le dialogue avec Moscou et même Téhéran. Leur figure de référence : Zbigniew Brzezinski, qui vient de signer un livre avec le républicain Brent Scowcroft, ce qui montre la proximité des deux !

Il existe aussi une troisième école, celle qui met en avant l'importance des institutions internationales et du multilatéralisme. Quelqu'un comme Anne-Marie Slaughter, qui devrait diriger le centre d'analyse et de prévision du département d'Etat, insiste sur la nécessité de renforcer les organisations internationales et les normes collectives. Ces "institutionnalistes" pourraient jouer un rôle d'arbitrage entre les réalistes et les interventionnistes.
Et Barack Obama, quelle est sa vision du monde ?
Il s'est bien gardé de trop s'engager et, encore une fois, l'étiquetage a ses limites ! Tantôt il a paru réaliste, en évoquant l'ouverture vers l'Iran et une ligne plus douce vis-à-vis de la Russie, en consultant Zbigniew Brzezinski ou même Brent Scowcroft. Tantôt il a paru idéaliste, évoquant l'importance d'un leadership américain déterminé pour le "monde libre". Mais en même temps, ayant vécu à l'étranger, il est très conscient du problème d'image des Etats-Unis. Enfin, n'oublions pas que c'est un professeur de droit : ça ne fait pas de lui automatiquement un institutionnaliste, mais il est sensible à cette question de la légalité.


Propos recueillis par Corine Lesnes


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Paris et Londres veulent accroître les sanctions européennes contre l'Iran

Aider le président américain Barack Obama à traiter avec l'Iran en position de force ? C'est la motivation d'un groupe de pays européens, France et Royaume-Uni en tête, qui ont multiplié les démarches, ces dernières semaines, pour tenter de parvenir à de nouvelles sanctions de l'Union européenne (UE) contre la République islamique. L'Italie et, de façon plus nuancée, l'Allemagne, les ont rejoints. Mais les discussions entre Européens n'ont pas abouti à ce stade car les Vingt-Sept sont divisés.

L'Iran est aux prises avec la communauté internationale en raison de la poursuite de son programme d'enrichissement d'uranium, soupçonné d'avoir pour but la fabrication de l'arme nucléaire.

Les partisans de sanctions accrues estiment qu'il faut que l'UE se dote des moyens d'accompagner l'équipe Obama dans ce qui se profile comme une nouvelle stratégie américaine d'ouverture en direction de l'Iran (engagement) avec un "plus grand bâton", c'est-à-dire des pressions économiques accrues, indique-t-on de source diplomatique occidentale.

La France a été sur ce plan particulièrement active, notamment lors de sa présidence du Conseil européen, dans la continuité de ce que Nicolas Sarkozy avait décidé en 2007. Paris et Londres ont plaidé auprès des partenaires européens en faveur de nouvelles mesures, visant notamment le secteur énergétique de l'Iran et les activités bancaires du pays.

Il s'agirait d'empêcher l'Iran de se procurer certains équipements et technologies pour son industrie pétrolière, qui fournit une grande partie des revenus du pays. L'Iran connaît d'importants problèmes d'investissements et de modernisation de son infrastructure énergétique, rendus plus aigus encore par la chute des prix mondiaux du brut.

Ayant pour l'heure échoué dans leur tentative faute de consensus européen, les responsables français et britanniques semblent se concentrer sur un autre objectif : faire interdire sur le territoire de l'UE les activités des banques iraniennes Saderat et Mellat. Ces institutions sont déjà frappées de sanctions unilatérales américaines, la première en raison de son soutien à des "organisations terroristes", la seconde parce qu'elle aide le secteur nucléaire iranien.

Un autre axe de travail consiste à rallonger la liste des entités iraniennes déjà visées par des mesures européennes autonomes, afin de traquer les sociétés qui servent de "faux nez" aux activités de l'Iran dans sa stratégie de contournement des sanctions internationales.

Depuis des années, les Etats-Unis et Israël incitent les Européens à resserrer l'étau économique et financier sur l'Iran, pour contraindre son régime à satisfaire les demandes du Conseil de sécurité de l'ONU. On anticipe, à Paris et à Londres, que l'administration Obama poursuivra sur cette voie tout en ouvrant, sans doute, de nouveaux canaux de discussions avec l'Iran.

L'effort des Français et des Britanniques se heurte aux réticences de plusieurs pays européens soucieux de protéger leurs intérêts économiques. C'est le cas de l'Autriche, dont la firme OMV a conclu en 2007 un accord avec l'Iran dans le domaine pétrolier, et du Luxembourg, qui pense à son secteur bancaire. En Allemagne, pays dont de nombreuses PME sont actives en Iran, de forts tiraillements politiques existent entre la chancelière Angela Merkel (favorable à de nouvelles sanctions) et son ministre des affaires étrangère, Frank-Walter Steinmeier (qui y est opposé). La Suède a fait valoir que le processus des sanctions serait plus légitime s'il restait dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a voté trois résolutions de ce type depuis 2006. L'Espagne, la Grèce et Chypre veulent mettre l'accent sur le dialogue avec Téhéran.

Le flou entourant les intentions de l'équipe Obama ainsi que la perspective de l'élection présidentielle iranienne en juin pèsent sur le débat. "L'augmentation des sanctions ne ferait-elle pas le jeu des radicaux iraniens ?", s'interrogent certains. "Les Français poussent très fort, commente une source européenne, mais on ne voit pas très bien comment on peut faire alors que les Américains n'ont pas encore bougé."

Les Européens s'inquiètent de leur marginalisation sur le dossier nucléaire iranien, où ils ont joué depuis 2003 un rôle de premier plan. Les responsables français ont incité M. Obama à ne pas casser le canevas des efforts diplomatiques menés jusqu'à présent, estimant dangereux que Washington renonce à certaines exigences.

Alors que l'UE est sur une position d'attente, Paris, Londres et Rome ont discrètement décidé, en décembre 2008, d'aller de l'avant. En conseillant fortement aux banques, aux assurances, aux compagnies de navigation et à toute firme liée au secteur énergétique de se passer de transactions ou de contrats avec l'Iran.

Natalie Nougayrède



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vendredi 16 janvier 2009

L'Iran détient la clé de son propre réveil, par Shirin Ebadi

Alors que l'on vient de célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, on pourrait se laisser aller au découragement. Avec toute la violence et les violations des droits que rien ne semble pouvoir arrêter, le Moyen-Orient est un terrain propice à un tel sentiment de désespoir. En effet, l'extrême violence qui règne actuellement à Gaza va laisser son empreinte sur des générations de jeunes, fragiliser les perspectives de paix, et aggraver une crise humanitaire déjà profonde.

Nos combats sont nombreux et quelques lueurs d'espoir apparaissent dans cette région du monde. Je suis convaincue, par exemple, que mon pays détient la clé de son propre réveil.

En Iran, une jeune génération de femmes déterminées et cultivées oeuvre inlassablement pour faire progresser les droits des femmes. Il y a environ deux ans, elles ont lancé la campagne "Un million de signatures", un mouvement populaire visant à réformer le système judiciaire et à informer la population de la discrimination à l'égard des femmes. A ce jour, elles ont recueilli des signatures, dont celles de beaucoup d'hommes iraniens, et elles ont débattu avec des milliers d'Iraniens de l'importance d'une réforme de la justice.

Notre action collective est une réussite remarquable et un exemple fort de la manière dont une société civile dynamique sert de catalyseur pour le changement. Du point de vue du gouvernement, cependant, cette action prend trop d'importance.

En 2008, le gouvernement iranien a lancé une contre-campagne visant ces femmes, et des dizaines d'entre elles ont été emprisonnées, harcelées et privées de documents permettant de quitter le pays. Ces actes ne passent pas inaperçus. Récemment, deux experts des droits de l'homme des Nations unies ont présenté une déclaration conjointe exprimant leur profonde préoccupation. Les rapporteurs spéciaux Margaret Sekaggya and Yakin Erturk ont souligné que les autorités iraniennes prenaient particulièrement pour cible les femmes et les hommes actifs dans la campagne "Un million de signatures".

En décembre 2008, l'Iran a empêché Nasrin Sotoudeh, jeune avocate de renom oeuvrant pour la défense des droits humains, de se rendre en Italie où devait lui être remis un prix international des droits de l'homme. Quelques jours plus tard, la police iranienne a procédé à la perquisition et à la fermeture des bureaux d'une organisation que j'ai contribué à fonder, le Centre des défenseurs des droits de l'homme, au motif qu'elle exerçait ses activités sans autorisation. Une semaine plus tard, les autorités iraniennes ont perquisitionné mon propre cabinet, saisissant mes ordinateurs. Elles m'ont confisqué de nombreux dossiers confidentiels concernant la défense des droits d'Iraniens injustement emprisonnés ou privés de leurs droits fondamentaux pour avoir mené la campagne "Un million de signatures" et d'autres actions importantes pour la défense des droits de l'homme.

Il y a quelques jours, la police a laissé un groupe de "manifestants" s'attaquer à mon domicile et à mon cabinet. C'est un bien triste signe des temps que, en Iran, les protestations pacifiques organisées par des femmes demandant davantage de droits se terminent par des arrestations et de la violence de la part de la police iranienne, alors que cette même police a fermé les yeux pendant la manifestation violente de voyous devant chez moi.

Les jeunes défenseurs des droits de l'homme avec lesquels je travaille sont-ils intimidés ? Non ! Cette génération remarquable de militants iraniens comprend que les progrès réalisés par des forces modérées en Iran constituent une menace pour ceux qui craignent le changement. Cependant, ils n'acceptent pas que les actes insensés de ceux qui cherchent à freiner la progression de l'Iran les empêchent de poursuivre leurs efforts pour faire avancer le pays.

On m'interroge souvent à propos de l'élection présidentielle prévue en juin, et je réponds parfois que mon avis sur le futur vainqueur n'a pas vraiment d'importance. En tant qu'avocate, et ayant consacré ma carrière à lutter pour et au sein du système judiciaire iranien, je m'intéresse davantage à la légalité de la protection des droits de l'homme en Iran. La véritable réussite sera une élection respectant une procédure régulière. Les politiciens vont et viennent, mais un système judiciaire sain, efficace et juste, est la garantie à long terme de droits de l'homme accrus pour le peuple iranien.

Suis-je découragée par les derniers événements ? Non. En 2005, j'ai écrit que l'Iran connaissait un processus de "réveil", qu'un profond changement social se produisait dans la société. Les dernières mesures de répression contre les défenseurs des droits de l'homme sont inacceptables et constituent une régression, mais elles ne vont pas empêcher les Iraniens de rester sur la voie qu'ils ont choisie. Ce n'est pas une voie aisée, mais les voies dignes d'intérêt le sont rarement. Quels que soient les récents événements, je suis déterminée à rester en Iran et à poursuivre mon action de valorisation et de défense des principes des droits de l'homme.

Traduit de l'anglais par Isabelle Chérel.



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mercredi 14 janvier 2009

Le legs délicat du dossier iranien de Bush à Obama

Barack Obama promet une "nouvelle approche" à l'égard de l'Iran... Mais comment son arrivée à la Maison-Blanche peut-elle modifier les relations irano-américaines?

"Une nouvelle approche". C'est la politique préconisée par Barack Obama, à l'égard de l'Iran. Evasif mais optimiste, le président élu, qui entrera en fonction mardi prochain, a reconnu le 11 janvier sur la chaîne ABC, que le dossier iranien sera "l'un des plus gros défis" de son début de mandat.

"Nous avons une situation dans laquelle l'Iran n'exporte pas seulement le terrorisme à travers le Hezbollah et le Hamas, mais poursuit également un programme nucléaire qui pourrait potentiellement déclencher une course à l'arme atomique au Moyen-Orient", a ainsi expliqué le futur résident de la Maison-Blanche.

La question iranienne est l'un de ces nombreux legs de l'administration républicaine sur lesquels un changement de cap est attendu. Mais en sera-t-il ainsi? Pour l'ex-ambassadeur Denis Bauchard, conseiller pour le Maghreb et le Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (Ifri), et ancien président de l'Institut du Monde arabe, le fait de présenter l'Iran comme un interlocuteur désormais valable, est déjà un signe positif.

"L'Iran est une puissance régionale, un acteur-clé dans la résolution de nombreux conflits dans la région. Il faut le prendre au sérieux, et surtout lui donner la garantie que les Occidentaux n'essayeront pas de renverser le régime". Les 65 millions de dollars investis par les Etats-Unis en 2009, pour la "promotion de la démocratie" en Iran, sont, à ce titre, très mal perçus.

Il reste qu'un dialogue ne peut s'ouvrir que sur la base d'intérêts communs. L'Afghanistan et la lutte contre les taliban rassemblent les deux pays. En 2001, la République islamique avait déjà proposé ses services dans ce domaine, proposition à laquelle Washington n'avait finalement pas donné suite. L'Irak, dont l'Iran ne souhaite pas le démantèlement, peut être un autre de ces sujets soumis à négociations.

Il s'agirait là, en tout cas, d'une première étape avant d'aborder les problèmes de fond, dont le dossier nucléaire. Un sujet capital aux yeux des Etats-Unis et de la communauté internationale, mais difficile à traiter. Le New York Times révèle ainsi que l'administration Bush avait refusé, l'année dernière, une demande israélienne de missiles anti-bunker suffisamment performants pour détruire le complexe nucléaire iranien de Natanz, seul site officiellement identifié d'enrichissement de l'uranium. Le quotidien précise qu'en revanche, Washington avait autorisé des actions clandestines de sabotage afin d'entraver les appétits nucléaires de la République islamique.
Le 12 juin prochain, lors des élections présidentielles en Iran, Mahmoud Ahmadinejad pourrait ne pas être reconduit au pouvoir.

Ces révélations ne faciliteront pas la tâche de Barack Obama, qui semble néanmoins décidé à empêcher Téhéran de se doter de l'arme atomique. Selon le rapport de la mission française d'information parlementaire sur l'Iran, remis en décembre dernier, la première bombe nucléaire iranienne serait en état de fonctionnement dès 2010. Une démarche "à la japonaise" tient d'ailleurs à préciser Denis Bauchard, l'essentiel étant "d'être capable" de produire la bombe, et d'adopter une posture dissuasive.

Enfin, l'autre question-clé en suspens est celle de l'interlocuteur. Les relations irano-américaines sont, en effet, à l'aube d'un double changement. A l'investiture américaine de ce mois-ci répondra l'élection présidentielle en Iran, le 12 juin prochain, avec la possibilité que Mahmoud Ahmadinejad ne soit pas reconduit au pouvoir.

La perspective d'un début de normalisation des relations avec Washington s'invitera dans la campagne, selon Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS sur les Mondes iranien et indien, même si le partenaire privilégié d'Obama serait plutôt l'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution.

Le prochain président américain toucherait ainsi "l'Iran millénaire" plus que le gouvernement en place. Une initiative plus à même, selon le spécialiste, d'engager un dialogue constructif, à l'image de celui amorcé entre la Russie et l'Iran lors de la visite de Vladimir Poutine au maître de Téhéran en octobre 2007.

Par Marc Etcheverry



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vendredi 9 janvier 2009

David Petraeus: Iran et USA ont des intérêts communs en Afghanistan

L'Iran partage avec les Etats-Unis et ses alliés un certain intérêt à voir s'améliorer la situation en Afghanistan et pourrait faire partie d'un effort régional en ce sens, a suggéré jeudi le général David Petraeus, chef des opérations américaines en Afghanistan et en Irak.

La résolution du conflit en Afghanistan requiert "une stratégie régionale comprenant le Pakistan, l'Inde, les Etats d'Asie centrale, même la Chine et la Russie, et aussi, peut-être, à un moment donné, l'Iran", a estimé le général lors d'une conférence organisée par le centre de réflexion Institute of Peace.

"Il existe un intérêt commun entre l'Afghanistan, la coalition (des forces étrangères en Afghanistan) et l'Iran, mais il va sans dire qu'il existe aussi de gros conflits d'intérêts", a-t-il souligné, en disant "laisser cet élément de l'approche régionale aux diplomates et aux responsables politiques".

Près de 70.0000 soldats des forces de l'Otan et de la coalition militaire sous commandement américain sont déployés dans le pays pour soutenir le gouvernement pro-américain de Kaboul face à la rébellion menée par les talibans, qui a gagné du terrain ces deux dernières années.

Les Etats-Unis, qui ont rompu leurs relations diplomatique avec Téhéran depuis trente ans, accusent l'Iran de développer un programme nucléaire à des fins militaires.

Toutefois, le président élu américain Barack Obama a indiqué vouloir mettre en place une diplomatie "dure mais directe" avec l'Iran.

"Les Iraniens ne veulent pas voir l'Afghanistan tomber aux mains de forces sunnites extrémistes, comme les talibans, et ils ne souhaitent pas non plus voir empirer le problème de la drogue", a expliqué le général Petraeus.

L'Afghanistan est le premier pays producteur d'opium mondial, dont la plupart est transformée en héroïne, ensuite exportée dans d'autres pays dont l'Iran.

"Ils veulent également voir se développer le commerce" avec leur voisin afghan, a-t-il souligné.

Mais "ils peuvent aussi rendre la vie impossible aux forces afghanes et de coalition", a-t-il constaté, en évoquant l'interception occasionnelle en Afghanistan d'armements en provenance d'Iran.

Le général Petraeus a par ailleurs souligné l'importance du Pakistan voisin dans toute approche du problème afghan.

"A bien des égards, l'Afghanistan et le Pakistan sont devenus un seul et même problème, et la route à suivre en Afghanistan est incomplète sans une stratégie incluant et aidant le Pakistan", a-t-il assuré.

Les zones tribales situées au nord-ouest du Pakistan, de l'autre côté de la frontière avec l'Afghanistan, son considérées comme la base arrière des insurgés afghans et de leurs alliés du réseau Al-Qaïda.

Le chef des opérations d'Al-Qaïda au Pakistan et son lieutenant y ont été tués "au cours de la semaine dernière", a indiqué jeudi à l'AFP un responsable américain du contre-terrorisme, sous couvert d'anonymat.

"Il n'y rien de facile en Afghanistan, et cela continuera d'être le cas en 2009 et dans les années suivantes", a conclu le général Petraeus.

L'armée américaine a annoncé fin décembre l'envoi prochain de 20.000 à 30.000 renforts dans le pays.



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Après l'année de la crise, l'année de la guerre ?, par Gérard Chaliand

La crise financière puis économique de la seconde moitié de l'année 2008 ont fait oublier la gravité croissante de la situation au Moyen-Orient. L'intervention israélienne à Gaza n'est que le premier signal du recours à la force armée pour chercher à résoudre une situation qui depuis quatre ans n'a cessé de se détériorer.

La guerre du Liban de l'été 2006 n'avait apporté aucune solution. On constate au contraire un effet de dominos qui affecte l'ensemble du Grand Moyen-Orient, celui-là même que les néoconservateurs américains prétendaient remodeler de Beyrouth à Islamabad.

La perspective de la création d'un Etat palestinien paraît plus lointaine que jamais. Depuis quatre ans (seconde présidence Bush, élection de Mahmoud Ahmadinejad en Iran), les théâtres de conflits ont plutôt pris de l'ampleur : Liban, Afghanistan, Gaza.

En Irak, le fragile équilibre militaire instauré par le général Petraeus n'a déterminé aucune avancée politique. La lutte pour le pouvoir est ouverte et personne ne peut prévoir à quoi le pays ressemblera d'ici à 2012. Les pays frontaliers, l'Iran en premier chef et la Turquie pèsent de toute façon. Sans l'agrément de ces voisins, l'Irak ne connaîtra pas de paix durable.

L'Afghanistan, hier considéré comme un théâtre secondaire dont seule la capitale était sécurisée, se révèle depuis peu comme le centre d'une crise locale et régionale d'envergure. Le prochain renforcement militaire américain, même épaulé par l'OTAN, est nécessaire mais non suffisant. La solution est surtout politique. La victoire, pour les Occidentaux, est hors de question. Il s'agit plutôt de rétablir un équilibre permettant de négocier dans un rapport de force plus favorable. Cela implique une coopération régionale, en premier lieu avec le Pakistan, l'Iran et l'Inde.

Or nulle part nous ne voyons se dessiner une solution prochaine ou durable. L'OTAN aujourd'hui joue sa crédibilité, ballotté par des objectifs incertains, des missions trop disparates, des décisions peu cohérentes, des engagements trop divers : la défense antimissile en Pologne et en République tchèque, les prétentions d'élargissement à la Géorgie et à l'Ukraine. L'Alliance est perçue comme l'instrument de la volonté de puissance des Etats-Unis.

Si, en février, M. Nétanyahou l'emportait, ce qui est probable, si début juin M. Ahmadinejad est réélu, ce qui est moins assuré, toute perspective de résolution pacifique serait sans doute écartée. La guerre pourrait devenir inévitable et concerner toutes les zones où chacune des puissances concernées pourrait pousser ses pions. Les Etats membres du Conseil de coopération du Golfe ne seraient probablement pas épargnés. Imagine-t-on les effets économiques de l'embrasement de cette zone ?

ASSUMER LE FARDEAU


M. Obama risque alors de se voir entraîné dans un processus dont il ne porte pas la responsabilité mais dont il devra assumer le fardeau. Cette mécanique guerrière est désormais enclenchée et son centre de gravité politique est l'Iran, car, pour Israël, l'acquisition éventuelle du feu nucléaire par ce pays constitue, à tort ou à raison, un fait inacceptable et un facteur essentiel, beaucoup plus important que le Hamas ou le Hezbollah. L'Iran peut aussi contribuer, s'il le juge productif, à dissiper les tensions au Liban, en Irak et partiellement en Afghanistan ou, à l'inverse, les exacerber. C'est pourquoi le dialogue américano-iranien est devenu vital. L'importance de la situation exige une coopération très large dont ne sauraient être exclus ni les Russes ni les Chinois.

M. Obama dispose encore de la puissance nécessaire pour créer cette ouverture. L'UE peut renforcer l'action de ce dernier en donnant une meilleure cohérence dès lors qu'il s'agit de la Russie.

L'heure des petits et des grands trocs, tous intimement liés, est venue mais le temps presse. Sinon, c'est sur une situation dégradée que se recomposera un nouvel équilibre géostratégique qui risque fort d'être défavorable aux puissances occidentales.
Gérard Chaliand est géostratège.



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jeudi 8 janvier 2009

QUI A TUÉ L'AYATOLLAH KANUNI ?

Le Livre de la semaine:
QUI A TUÉ L'AYATOLLAH KANUNI ? de Naïri Nahapétian. Ed. Liana Lévi, 280 p
Lisez ce critique publié dans le Monde.

On pourrait appeler cela la mondialisation du roman noir. Autrefois, la situation était simple : l'essentiel de la production en matière de fiction policière provenait de Grande-Bretagne, des Etats-Unis ou de France (on peut ajouter la Belgique pour ne pas fâcher les amateurs de Simenon, même si ses intrigues ont pour décor la France, la plupart du temps).
On pourra toujours trouver çà et là quelques exceptions. Mais globalement, la plupart des pays du monde se contentaient d'importer chez eux le roman policier en provenance de ces trois sources. Mais, depuis quelques décennies, la répartition géographique du genre a considérablement évolué. Il suffit de flâner dans le rayon "policiers" de n'importe quelle bonne librairie pour s'en convaincre. On peut y trouver en bonne place des romans islandais, sud-africains, indiens, japonais, turcs, brésiliens...

C'est que la fiction policière apparaît souvent comme le meilleur moyen d'évoquer pour un large public la situation sociale et politique d'un pays. C'est ce que fait Naïri Nahapétian dans ce premier roman, qui place pour la première fois l'Iran sur la carte mondiale du roman policier.

L'auteur, née en 1970 en Iran, a quitté le pays à l'âge de 9 ans, après la révolution islamique. Mais elle y retourne régulièrement pour les besoins de son activité de journaliste. Le héros de Qui a tué l'ayatollah Kanuni ? est lui aussi un jeune reporter né en Iran de parents ayant activement milité contre le régime du shah, et qui a grandi en exil à Paris. Sa mère est morte en Iran dans des circonstances mal élucidées. Quant à son père, avec qui il entretient des relations houleuses, il tient un magasin de photos à Paris et a rompu tout lien avec son pays d'origine et son passé.

Le jeune journaliste, Narek Djamshid, retournant pour la première fois en Iran en 2005, à quelques semaines de l'élection présidentielle, est bien sûr en quête d'un bon reportage. Mais il est aussi à la recherche de son passé. A peine arrivé à Téhéran, il est pris en charge par une amie de sa mère, Leïla Tabihi, militante "féministe islamique" qui envisage de se présenter à l'élection, si du moins le Conseil des gardiens de la Constitution l'y autorise. En attendant, Leïla Tabihi a obtenu un rendez-vous avec l'ayatollah Kanuni, chargé de la répression des opposants, auprès de qui elle entend plaider la cause d'un certain nombre de prisonniers. Elle emmène Narek avec elle au palais de justice, mais à leur arrivée, ils découvrent l'ayatollah assassiné.

Bonne occasion pour Narek d'étudier de près le fonctionnement de la police et de se familiariser avec les geôles iraniennes. Qui a tué l'ayatollah Kanuni ? La liste des coupables possibles est longue : des partisans du shah, la CIA, d'anciens Moudjahidin du peuple ? S'agit-il d'une affaire privée, politique, financière ? Car les ayatollahs se livrent une lutte sans merci pour la direction des fondations pieuses qui gèrent, prétendument au profit du peuple, l'ancienne fortune du shah.

Comment peut-on être persan ? Narek a bien des raisons de se poser sans cesse la question. Si son père est persan, sa mère était d'origine arménienne, et il est reçu en Iran par sa famille maternelle. Naïri Nahapétian, qui a publié dans la revue Cemoti ("cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien") un article sur "République islamique et communautarisme : les Arméniens d'Iran", s'intéresse particulièrement à cet angle de vue et évoque dans son roman comme dans cet article un lieu aussi improbable que le club arménien de Téhéran, le seul restaurant en Iran où les femmes peuvent ne pas être voilées. Un lieu, bien entendu, interdit aux musulmans.

La situation en Iran est pleine de paradoxes pour un lecteur français. La preuve, en 2005 dans le contexte électoral une seule chose semblait certaine, un candidat au moins n'avait aucune chance, c'était "ce nabot d'Ahmadinejad" qui, comme la suite l'a montré, fut élu triomphalement avec plus de 70 % des suffrages. Autre paradoxe : comment définir par exemple une "féministe islamique" qui propose une relecture du Coran favorable aux femmes, mais dans le même temps vitupère contre "les dégâts causés par ce vent de désinvolture qui soufflait depuis l'Occident" et contre ces couples modernes qui refusent l'aide d'Allah et paient "au prix fort cette mentalité permissive aux effets destructeurs". L'écueil dans ce genre de livre - et Naïri Nahapétian ne l'évite pas toujours -, c'est de privilégier la dimension didactique au détriment de l'intrigue policière. Mais la lecture de ce premier roman reste plaisante et instructive, particulièrement en ce début d'année 2009, à quelques mois de l'élection présidentielle iranienne qui doit désigner le successeur de Mahmoud Ahmadinejad en juin prochain.
Gérard Meudal


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Le soutien ambigu de l'Iran au Hamas

Ce soutien pourrait permettre de renforcer les conservateurs en vue de la présidentielle de juin prochain.

Depuis quelques jours, d'étranges candidats au martyre campent, jour et nuit, dans le vieil aéroport Mehrabad de Téhéran. Esmaee Ahmadi, un des responsables de l'Organisation des étudiants du Basij - une force de mobilisation iranienne volontaire soutenue par l'ayatollah Ali Khamenei -, vient même de déclarer, tambour battant, que plus de 70 000 jeunes seraient prêts à mener des attentats suicides contre les troupes israéliennes à Gaza. Mais selon les spécialistes de l'Iran, cette annonce, certes effrayante, ne doit pas être prise au sérieux. «Ces candidats n'ont concrètement aucun moyen d'accéder à Gaza. Impossible, pour eux, d'envisager de passer par Israël, ni par la mer. Quant au passage de Rafah, il est contrôlé par l'Égypte, avec qui Téhéran entretient des relations tendues», relativise Davoud Hermidas Bavand, qui enseigne les sciences politiques à Téhéran. Et de rappeler qu'à l'été 2006, au pic de la guerre entre Israël et le Hezbollah, aucun de ces prétendus kamikazes n'avait atteint le sol libanais…

«Un ennemi commun»

Que cherche donc Téhéran ? Pour le professeur Bavand, il faut d'abord voir là une rhétorique politique plus qu'un appel au djihad (guerre sainte). «L'objectif est clair : mobiliser les masses à travers le monde arabo-musulman en se ralliant à la cause palestinienne ; et, en interne, renforcer la fraction politique conservatrice à l'approche de l'élection présidentielle de juin prochain», estime-t-il.

En fait, la République islamique n'a jamais caché son soutien, avant tout stratégique, au Hamas. Pour l'Iran, le blocus imposé sur Gaza et la suspension des aides financières européennes au gouvernement palestinien, après la victoire de ce parti politique aux élections législatives de 2006, représentaient une occasion rêvée pour renforcer son influence régionale. «Il ne fait aucun doute que l'Iran soutient moralement, politiquement et financièrement le Hamas. Ils ont un ennemi commun, Israël, qu'ils ont intérêt à affaiblir», note Davoud Hermidas Bavand.

Certains experts vont plus loin en estimant que les pièces détachées des roquettes palestiniennes tirées sur Israël seraient de fabrication iranienne. Mais si cette information, difficile à vérifier, s'avère juste, le politologue iranien estime qu'«il est néanmoins erroné de penser que le Hamas agit sous les ordres de Téhéran». «L'alliance stratégique a ses limites. N'oubliez pas que pendant la guerre Iran-Irak les Palestiniens se sont rangés du côté de Saddam Hussein contre Téhéran», dit-il.

De plus, «l'Iran n'a sûrement pas intérêt à provoquer un embrasement régional, qui servirait d'argument idéal à Israël pour s'attaquer à ses installations nuc­léaires», estime un diplomate occidental familier du dossier. Pour l'heure, dit-il, la République islamique sait qu'il vaut mieux ne pas faire trop mauvaise figure, et ce dans un seul but : «S'imposer comme un acteur régional incontournable au moment des pourparlers de paix.» Le porte-parole de la diplomatie iranienne, cité hier par l'agence Mehr, a indiqué que le président Mahmoud Ahmadinejad vient d'envoyer 22 émissaires dans plusieurs pays pour demander l'arrêt des attaques israéliennes et la fin du blocus de Gaza.
Delphine Minoui


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mercredi 7 janvier 2009

L'indignation suscitée en Iran par les événements de Gaza renforce le président Ahmadinejad

Cette semaine, les imposantes cérémonies chiites de l'Achoura ont pris un tour nouveau à Téhéran. Les pénitents qui commémorent en se frappant la poitrine la mort de l'Imam Hussein, tué à la bataille de Kerbala, en l'an 61 de l'Hégire, semblent lui avoir associé les événements sanglants de la bande de Gaza. Le martyre d'Hussein est aussi celui des "frères de Gaza" proclame plus d'un intervenant.

Dans un pays qui ne reconnaît pas Israël, mais accorde un large soutien financier au Hamas, les autorités ont pris dès le début de l'offensive israélienne une position en pointe. A la tribune du Majlis, le président du Parlement, Ali Larijani, a prophétisé que la bande de Gaza deviendra le "cimetière" des Israéliens.

Peu après, le Guide suprême, l'ayatollah Khamenei appelait les musulmans à aider Gaza décrétant que ceux qui donneraient leur vie à cette cause "seraient considérés comme des martyrs". Le ministère des affaires étrangères a proposé d'installer un hôpital en Egypte pour soigner les blessés. Un appel au boycottage des firmes qui ont des liens "sionistes" a été également lancé.

Enfin, pour faire bonne mesure la presse iranienne a fustigé la "trahison" et la "passivité" de certains dirigeants arabes. Le Jombhoui Eslami (conservateur) demandant même de "résister face au mouvement anti-islamiste et de commencer la bataille du sang contre l'épée".

"Gaza-Kerbala : c'est un effet miroir, nous a expliqué au téléphone depuis Téhéran Ahmad Mehram, professeur en sciences sociales. L'émotion indignée de la rue devant les images en boucle à la télévision des morts palestiniens jointe à l'effervescence du deuil de l'Achoura a créé un climat tel que tous ceux qui critiquaient les diatribes outrancières du président Ahmadinejad sur l'urgence de détruire Israël, estimant qu'elles donnaient une image désastreuse du pays, sont obligés de se taire."

DES JEUNES "PRÊTS À MOURIR"

Dans les faits, au-delà des déclarations enflammées, l'Iran laisse évoluer la situation en évitant soigneusement tout aventurisme. Les 70 000 jeunes qui, selon la presse officielle, se disent "prêts à aller mourir à Gaza" n'ont pas reçu le feu vert des autorités. Quant au chef des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, le général Mohammad Ali Jafari, interrogé sur quelle aide militaire l'Iran pourrait apporter au Hamas, il s'est contenté de répondre : "La résistance des habitants de Gaza et le profil de la guerre ne rendent pas nécessaire l'aide militaire d'autres pays. Ils ont les armes requises."

Indéniablement, du moins à ce stade, l'offensive d'Israël vient à point pour le président iranien, malmené ces derniers temps par les critiques.

Les élections législatives du printemps ont montré que les "ultras" sur lesquels il s'appuie ont perdu du terrain au Parlement, dominé par un rival potentiel pour l'élection présidentielle de juin, Ali Larijani, ancien négociateur en chef du dossier nucléaire.

M. Ahmadinejad, qui est aussi critiqué dans le clan conservateur pour sa mauvaise gestion de l'économie - l'inflation flirte avec les 30 % - n'a d'ailleurs pas encore indiqué s'il briguerait un nouveau mandat. Selon certains analystes, le Guide suprême hésiterait encore sur le choix du candidat conservateur à soutenir.

Si les événements de Gaza ont donné un répit au gouvernement iranien, ils lui ont aussi permis, dénoncent les réformateurs qui espèrent que l'ex-président Mohammad Khatami se présentera à la présidentielle, de faire pression sur ses adversaires.

Ainsi, un important journal proche des réformateurs, Kargozaran, a été fermé le 31 décembre. Officiellement pour avoir publié un article "critiquant les militants palestiniens à Gaza" et "justifiant les crimes contre l'humanité du régime sioniste".

C'est aussi sur l'accusation de "soutien aux sionistes", en dépit de ses communiqués dénonçant le sort des Palestiniens, que le Prix Nobel de la paix 2003, Shirin Ebadi, a vu sa maison attaquée à Téhéran il y a quelques jours, après que l'association des juristes en faveur des droits de l'homme qu'elle anime a été fermée.

Marie-Claude Decamps



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samedi 3 janvier 2009

L'Iran derrière les missiles Grad du Hamas

De Gaza, des centaines d'islamistes ont été envoyés en «formation» à Damas et à Téhéran, ces dernières années.

De « l'obus du pauvre » confectionné à base de sucre au début des années 2000, jusqu'aux missiles Grad, qui viennent de frapper pour la première fois Beersheva, à 40 km de la bande de Gaza : en quelques années, le Hamas est parvenu à allonger la portée de ses roquettes pour atteindre, désormais, Israël en profondeur, et créer la panique chez plus de 800 000 de ses ressortissants. Progressivement, ses tirs de roquettes ont remplacé les attentats suicides, comme principale arme contre l'État hébreu.

Ce « saut qualitatif » est dû à un renforcement des liens logistiques entre le Hamas et son allié iranien, via le Hezbollah libanais et la Syrie. Depuis la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de 2006, « des centaines de ses membres sont allés suivre des entraînements en Syrie et en Iran », affirme au Figaro un ancien responsable de la sécurité de l'Autorité palestinienne à Gaza. Ce sont les cadres de la branche militaire du Hamas, qui détiennent l'expertise en matière de lancement de roquettes, et non pas les centaines de membres des forces de l'ordre, qui ont été tués par Tsahal, depuis le début de son offensive, il y a une semaine. D'où la poursuite des tirs contre le sud de l'État hébreu. « Ces cadres sont cachés dans l'entrelacs de tunnels et de bunkers que le Hamas a construit depuis qu'il a renversé l'Autorité palestinienne à Gaza en juin 2007 », explique un observateur palestinien à Gaza.

Ce camouflage souterrain est l'autre nouveauté dans la stratégie de défense du Hamas face à Tsahal. Les islamistes ont en effet tiré les leçons de la très bonne résistance du Hezbollah au Liban face à Israël, durant la guerre de l'été 2006. S'inspirant du Parti de Dieu, le Hamas a creusé des galeries souterraines, lui permettant d'échapper aux bombardements israéliens, et aux drones, ces avions sans pilote qui repèrent les cibles à frapper. Le Hamas compte également sur ces bunkers pour faire face à une offensive terrestre de Tsahal. Ils permettent de stocker des armes, voire même de s'entraîner, comme c'était le cas dans les tunnels récemment mis au jour à Hébron, en Cisjordanie.

300 tonnes d'explosifs importés à Gaza

Plus de 400 roquettes artisanales ou de fabrication iranienne (Grad 1) ont été tirées, depuis une semaine. Le Hamas en dispose encore de plusieurs milliers, dont des katiouchas et des Grad 2, de plus longue portée, que les islamistes pourraient utiliser, en cas d'attaque terrestre. Les missiles pénètrent à Gaza, via les 200 à 300 tunnels de contrebande que le Hamas contrôle à la frontière avec l'Égypte, et dont une centaine seulement ont été détruits par Tsahal. Grâce à ces cavités, le Hamas a pu importer, selon Israël, 300 tonnes d'explosifs, qui lui manquaient pour la détonation des missiles, mais également des munitions antichars et des fusils d'assaut. « Les Grad parviennent en pièces détachées à Gaza, puis sont assemblées par les experts du Hamas qui ont été formés en Syrie ou en Iran », souligne un diplomate. Comme le Hezbollah, le Hamas dispose de petites unités très mobiles, communiquant entre elles par talkie-walkie. Persuadé qu'une offensive militaire israélienne était inéluctable, le Hamas a établi ces derniers mois un haut conseil de guerre, dirigé par Ahmad al-Jabari, un des chefs des brigades Ezzedine al-Qassam, sa branche armée, et Saïd Siam, son ancien ministre de l'Intérieur dans le gouvernement d'union nationale palestinien.

« En 2005, 70 % des roquettes n'atteignaient même pas Israël », se souvient un ancien artificier de la police palestinienne. « Mais à force de tâtonner, le Hamas a progressé, dans la détonation à la cible ou dans la stabilisation en vol de ses engins », ajoute-t-il. Cela étant, ses missiles manquent encore de système de guidage. « Les Iraniens ne donnent pas au Hamas toutes les armes que ce dernier réclame », affirme un proche de sa direction en exil. Pour Téhéran, donner davantage, c'est davantage contrôler : « or le Hamas y est opposé, il reste attaché à son indépendance », assure ce sympathisant. Récemment encore, Téhéran n'aurait pas accédé à une demande d'assistance du Hamas, d'après des sources proches du renseignement israélien. À Gaza, des responsables du Hamas promettent des « surprises » si Tsahal pénétrait en territoire palestinien. Fanfaronnade ? Pas sûr. Certains redoutent que le Hamas se serve de la poignée de djihadistes étrangers ou locaux, que le mouvement intégriste a laissé prospérer à ses flancs, pour commettre des attentats suicides contre les chars israéliens.



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vendredi 2 janvier 2009

L'Union européenne exprime ses "craintes" pour l'avocate iranienne Shirin Ebadi

Un peu plus d'une semaine après la fermeture à Téhéran, le 21 décembre 2008, des bureaux d'une association de défense des droits de l'homme dirigée par le prix Nobel de la paix 2003 Shirin Ebadi, l'Union européenne (UE) a fait part, mercredi 31 décembre, aux autorités iraniennes, de ses "craintes réelles" sur la sécurité de l'avocate iranienne.

"L'ambassadeur d'Iran en France a été convoqué aujourd'hui par la présidence du Conseil de l'Union européenne qui lui a marqué avec fermeté combien elle jugeait inacceptables les menaces pesant sur Mme Ebadi et ses collègues", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, au dernier jour de la présidence française de l'UE.

"La présidence a rappelé à l'ambassadeur d'Iran que les autorités iraniennes étaient comptables de la sécurité de Mme Ebadi qui suscite des craintes réelles au sein de l'Union européenne", a-t-il ajouté. La France a également demandé à l'Iran de "permettre la réouverture" du Cercle des défenseurs des droits humains et à lui accorder un statut légal "qu'il demande depuis des années".

Créé en 2000 par Shirin Ebadi et par d'autres défenseurs iraniens des droits humains, le Cercle avait prévu de célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme dans ses bureaux de Téhéran le 21 décembre, selon l'organisation internationale de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).

"CHARGES DOUTEUSES"


Cette organisation avait exprimé, le 23 décembre, son inquiétude devant les "nouvelles persécutions et éventuelles poursuites judiciaires dont Shirin Ebadi et les membres du Cercle pourraient faire l'objet".

"Il est en effet courant pour les autorités iraniennes, selon Human Rights Watch, de faire suivre ce genre de perquisitions, et autres mesures de harcèlement, d'arrestations arbitraires et de périodes de détention, conduisant souvent à des poursuites judiciaires basées sur des charges douteuses." L'organisation internationale rappelait ainsi que "Mohammad Sadiq Kaboudvand, fondateur de l'Organisation de défense des droits humains du Kurdistan, purge actuellement une peine de dix ans de prison en raison de ses activités de défenseur des droits humains".

L'attention portée par l'Union européenne à Mme Ebadi coïncide avec la reconnaissance par les autorités iraniennes de la détention d'un célèbre blogueur irano-canadien, interpellé pour des écrits présumés sur des figures vénérées du chiisme.

Le cas d'Hossein Derakhshan "fait l'objet d'une enquête préliminaire et il se trouve en détention", a notamment déclaré le porte-parole du ministère de la justice, Ali Reza Jamshidi, mardi. Son blog, hautement politisé, n'a pas été actualisé depuis le 30 octobre et, selon des informations diffusées de l'étranger, il aurait été interpellé le 1er novembre, à son arrivée à Téhéran, pour une visite privée.



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