dimanche 29 juin 2008

L'Iran menace de bloquer le détroit d'Hormuz

En cas d'attaque contre son territoire, l'Iran mettrait en place des contrôles sur le trafic maritime dans la région du Golfe, point de transit de 40% du pétrole mondial, a affirmé le commandant des Gardiens de la révolution cité samedi par un quotidien iranien.

Selon le journal Jam-e Jam, Mohammad Ali Jafari a également mis en garde les pays voisins de l'Iran contre des représailles s'ils participaient à une attaque contre son pays.

"Il est naturel, pour tout pays attaqué par un ennemi, d'avoir recours à tous les moyens et toutes les possibilités pour s'opposer à cet ennemi", explique-t-il.

"Au sujet de la voie principale d'exportation de ressources énergétiques, l'Iran agira évidemment de sorte à contrôler le Golfe persique et le détroit d'Hormuz", a-t-il ajouté, en référence à cette zone d'importance stratégique par laquelle transite près de deux cinquièmes du pétrole mondial.

Les craintes d'une escalade violente dans les relations tendues entre l'Occident et l'Iran, quatrième producteur mondial de pétrole, en raison des soupçons sur la nature du programme nucléaire iranien, sont l'un des facteurs ayant conduit à la flambée actuelle des cours sur le mondé mondial.

Le pétrole a de nouveau enchaîné les records vendredi pour atteindre un plus haut historique en frôlant les 143 dollars.

Les puissances occidentales et Israël soupçonnent la République islamique de chercher à se doter d'un armement atomique, alors que Téhéran affirme que son programme nucléaire n'a pour finalité que de produire de l'électricité.

L'hypothèse d'une attaque contre l'Iran, que les Etats-Unis n'ont pas exclu en cas d'échec d'une résolution de la crise par la voie diplomatique, s'est renforcée en juin.

La semaine dernière, le New York Times a fait état de manoeuvres israéliennes qui semblaient être la répétition d'une éventuelle offensive aérienne contre les installations nucléaires de la République islamique. Téhéran avait réagi en promettant une réponse "dévastatrice" en cas d'agression.

Les dirigeants iraniens ont souvent soufflé le chaud et le froid sur l'éventualité d'utiliser le pétrole comme arme lors d'un conflit. De telles menaces ont déstabilisé le marché qui craint une paralysie des approvisionnements en provenance du Golfe.

"S'il y a une confrontation entre nous et l'ennemi en dehors de la région, cela touchera assurément la question du pétrole", affirme Jafari samedi.

"DROIT DE REPONSE"

"Après cette action (la prise de contrôle des voies maritimes du Golfe), les prix du pétrole augmenteront considérablement et c'est l'un des facteurs qui affaiblira les ennemis", a-t-il souligné.

Selon Jafari, qui commande les "pasdaran" (Gardiens de la révolution, bras armé du régime iranien), une action militaire pourrait "retarder les activités nucléaires de l'Iran, mais certainement pour un temps assez court".

Le journal Jam-e Jam a également rapporté des propos selon lesquels il met en garde les pays voisins contre l'utilisation de leur territoire comme base arrière pour agresser son pays.

"Si l'offensive est lancée depuis le sol d'un autre pays (...) le pays attaqué a le droit de répondre à cette action militaire là ou elle a débuté", a-t-il dit.

Le Koweït, d'ou est partie l'invasion de l'Irak en mars 2003, ainsi que l'Irak lui-même, ou sont stationnés quelque 160.000 soldats américains, ont déjà fait savoir qu'ils n'accepteraient pas de servir de rampe de lancement pour attaquer l'Iran.

Selon des analystes, l'Iran n'aurait pas la possibilité de contenir la puissance de feu américaine mais pourrait provoquer des troubles dans la région en déployant de petites unités pour s'en prendre aux transports maritimes ou faisant appel à ses alliés pour s'attaquer aux intérêts israéliens et américains.

Par le passé, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait averti que l'Iran se retournerait contre les intérêts américains s'il était attaqué.

"L'Iran peut nuire aux intérêts américains de différentes façons, même très loin", a souligné Jafari, affirmant également que les Etats-Unis étaient "plus vulnérables qu'Israël" parce qu'ils ont des troupes déployées dans la région.

Sans les citer, il a aussi fait référence au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien, deux groupes soutenus par Téhéran, comme des soutiens possibles pour lancer des représailles contre l'Etat juif.

"Les Israéliens savent que s'ils s'attaquent militairement à l'Iran (...) le monde islamique et chiite, particulièrement dans la région, est capable de provoquer un choc fatal", a-t-il dit, ajoutant qu'Israël est à portée des missiles iraniens.

Edmund Blair, version française Gregory Schwartz et Grégory Blachier


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