jeudi 30 juillet 2009

Un ancien journaliste est mort en juin, trois jours après l’élection contestée d’Ahmadinedjad



Reporters sans frontières a appris avec tristesse le décès, survenu le 15 juin 2009, de l’ancien journaliste Alireza Eftekhari, âgé de 29 ans. Les circonstances exactes de sa mort restent inconnues à ce jour. D’après les informations recueillies par l’organisation, Alireza Eftekhari aurait succombé des suites d’une attaque cérébrale après avoir été battu. Son corps n’a été rendu à sa famille que le 13 juillet. Collaborateur pendant cinq ans pour Abrar Economie (au sein du groupe de publication Abrar http://www.abrarnews.com/), il avait quitté le journal en 2008.


“Alireza Eftekhari est le premier journaliste à mourir sous la répression mise en place par les autorités iraniennes au lendemain des résultats de l’élection du 12 juin. Nous exhortons les autorités à faire la lumière sur les causes de ce décès. Nous sommes très inquiets pour tous les autres journalistes toujours détenus, sans respect de leurs droits les plus fondamentaux“, a déclaré l’organisation qui présente ses condoléances à la famille d’Alireza Eftekhari.

Reporters sans frontières prend acte de la remise en liberté de la journaliste Shadi Sadr, le 28 juillet 2009, mais déplore qu’aucun nom de journaliste ne figure sur les listes des détenus libérables, suite à l’annonce de Mahmoud Ahmadinedjad, le 28 juillet, de libérer 140 détenus avant le 7 août.

A cette heure, Reporters sans frontières n’a pas pu confirmer l’information selon laquelle Saeed Hajjarian aurait été libéré. Les proches du journaliste gravement handicapé ont démenti l’information publiée sur les sites Internet conservateurs depuis le 29 juillet au matin. Selon sa famille autorisée à lui rendre visite en prison, le journaliste a été victime d’actes de tortures depuis son arrestation le 15 juin dernier. Son état de santé serait extrêmement préoccupant.

Par ailleurs, le quotidien Sedai Edalat, proche des réformateurs a été suspendu le 27 juillet par la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse, dirigée par le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique. Cette décision fait suite à la parution, par erreur, dans le numéro du journal paru le 25 juillet, d’un commentaire sur l’œuvre du célèbre poète iranien Ahmad Shamlo. Malgré des excuses publiées dès le lendemain par le journal, la commission considère ceci comme étant un “outrage clair à l’Ayatollah Khomeiny“. En vertu de l’article 27 de la loi sur la presse qui interdit tout “outrage contre le guide, fondateur de la République islamique et le grand ayatollah“, les journaux peuvent être suspendus et le responsable traduit devant la justice.



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Ahmadinejad souffle le chaud et le froid

Le président Mahmoud Ahmadinejad le 11 juillet 2009 à Téhéran (© AFP Behrouz Mehri)


Entre libération des détenus et jugement des «émeutiers», le président iranien tente de calmer les critiques.

A Téhéran, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. L'agence officielle Irna a annoncé ce mercredi la comparution, à partir de samedi, de vingt «émeutiers» accusés d'avoir «perturbé l'ordre et la sécurité» et d'avoir eu «des liens avec les hypocrites» au cours des manifestations qui ont suivi la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier. Pour la justice iranienne, les charges sont lourdes: attentat à la bombe, port d'arme à feu, attaques contre les miliciens islamistes, envoi d'image pour les médias ennemis ou encore destruction de banques et de maisons.

Cette annonce fait suite à la libération hier de 140 détenus, emprisonnés lors de ces rassemblements, illégaux aux yeux du pouvoir. Le guide suprême Ali Khamenei avait également ordonné la fermeture du centre de détention de Kahrizak, au sud de Téhéran, où des manifestants sont également enfermés. Un revirement du pouvoir iranien qui intervient alors que les critiques pleuvent sur Mahmoud Ahmadinejad, même au sein de son propre camp. Quelques conservateurs lui ont en effet reproché d'avoir arraché les «aveux» de certains prisonniers politiques sous la contrainte.
Excuses demandées à Ahmadinejad

D'autre part, Ya Lessarat un hebdomadaire ultraconservateur, a demandé au président iranien de «présenter des excuses au peuple» pour avoir tardé à démettre de ses fonctions son gendre Esfandiar Rahim Mashaie, nommé au poste de vice-président contre l'avis du guide suprême. Le chef de l'État est également critiqué pour avoir limogé les ministres du Renseignement et de la Culture, connus «pour leur fidélité au guide». Dans son éditorial, Ya Lessarat prévient «si cela continue, nous vous demanderons de nous rendre notre vote, car nous n'avons pas voté pour une personne mais pour les principes de la révolution et de la fidélité au guide suprême».

L'opposition menée par Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux aux élections présidentielles, reste elle aussi très critique vis-à-vis d'Ahmadinejad et continue de contester sa victoire. Malgré le geste d'apaisement du président iranien avec la libération des 140 détenus, les réformistes ont appelé à de nouveaux rassemblements demain, pour commémorer la mort des «martyrs» de la répression, défiant l'interdiction du ministère de l'Intérieur de descendre dans la rue. Par ailleurs, près de 200 personnes ayant participé aux mouvements de contestation sont toujours détenues dans les prisons iraniennes, ce qui représente une autre injustice pour les partisans de Moussavi.



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mercredi 29 juillet 2009

Les tensions restent vives au sein du régime iranien en dépit de premières mesures d'apaisement

"Je ne pense pas qu'ils aient la capacité de prendre ce type de décision tout de suite", avait déclaré la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, à la BBC le 23 juillet à propos du régime iranien. Mme Clinton était interrogée sur une éventuelle réponse de Téhéran aux offres d'ouverture faites par l'administration américaine pour tenter de désamorcer le dossier nucléaire. "Les débats internes qui se déroulent leur rendent difficile, si ce n'est impossible, un quelconque dialogue diplomatique", avait ajouté la secrétaire d'Etat.

Après un mois et demi de crise ouverte par la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin, ces tensions ne cessent toujours pas, à la fois entre le président et ses rivaux malheureux, mais également au coeur du régime.

M. Ahmadinejad a tenté de ramener le calme sur le premier front en demandant, mardi 28 juillet, dans une lettre adressée au chef du pouvoir judiciaire, Mahmoud Hachémi Chahroudi, de libérer d'ici au 7 août les personnes ne faisant pas l'objet de graves accusations parmi les manifestants qui ont été arrêtés alors qu'ils protestaient contre les conditions de sa réélection.

Cette décision de M. Ahmadinejad est intervenue après l'annonce des premières libérations de 140 personnes, le mardi 28 juillet, et, surtout, après l'ordre donné par le Guide suprême, Ali Khamenei, de fermer "un centre de détention qui ne respecte pas les normes nécessaires au respect des droits des accusés".

Samedi 25 juillet, l'un des candidats malheureux à l'élection présidentielle de juin, Mehdi Karoubi, avait violemment mis en cause "le comportement des agents de sécurité", jugé "pire que celui des sionistes en Palestine occupée".

"Le réseau de renseignements est devenu l'outil le plus opaque et terrifiant qui soit pour réprimer la population. Les prisonniers sont gardés dans des centres de détention illégaux, en proie à la torture mentale. Ils sont maltraités physiquement", avait ajouté M. Karoubi dans une lettre au ministre du renseignement.

Dans le même temps, le ministère de l'intérieur a refusé de donner son feu vert pour l'organisation d'une manifestation au cours de laquelle deux candidats malheureux à l'élection du 12 juin, Mir Hossein Moussavi, qui a pris la tête de la contestation, et M. Karoubi, entendaient commémorer le quarantième jour "des événements tristes qui ont vu nombre de nos compatriotes perdre la vie" au cours de manifestations de juin.

SIGNE DE DÉFIANCE

Sur le second front, la volonté de M. Ahmadinejad de conserver dans son entourage un proche, Esfandiar Rahim Mashaie, continue de jeter le trouble. Après avoir cautionné la réélection de M. Ahmadinejad en dépit des interrogations sur le scrutin, le Guide suprême s'était formellement opposé, le 24 juillet, à la nomination de M. Mashaie au poste de premier vice-président. M. Ahmadinejad avait tardé à obtempérer, provoquant selon les médias officiels la démission du ministre du renseignement, Gholamhossein Mohseni-Ejei.

M. Mashaie devrait finalement figurer dans le cabinet de M. Ahmadinejad mais, en signe de défiance, le Parlement a déposé en urgence une proposition de loi transformant les quatre vice-présidences en ministères.

Ce changement contraint désormais les postulants à obtenir le feu vert des députés. Dimanche, 200 députés avaient envoyé une lettre au président pour lui demander "de corriger son comportement de sorte que les points de vue du Guide suprême soient appliqués avec plus de rapidité et de sérieux", selon le député conservateur Mouss-al-Reza Servati, cité par l'agence Ilna. Un message on ne peut plus clair.

Gilles Paris (avec AFP et Reuters)



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Ahmadinejad demande la libération des manifestants arrêtés

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a appelé, mardi 28 juillet, le chef du pouvoir judiciaire à libérer d'ici au 7 août les manifestants arrêtés lors des protestations post-électorales et sur lesquels ne pèsent pas de graves accusations. Un peu plus tôt dans la journée, près de 140 personnes détenues après les manifestations, dont des groupes de défense des droits de l'homme dénonçaient les conditions de détention, avaient été relâchées de la prison d'Evin à Téhéran.

"Dans la mesure où un temps considérable s'est écoulé depuis leur arrestation, nous nous attendons à ce que la situation de tous les accusés soit examinée rapidement", a affirmé le président dans une lettre adressée au chef du pouvoir judiciaire, Mahmoud Hachémi-Chahroudi, selon la télévision d'Etat. Il lui demande "de faire preuve du maximum de compassion au nom de l'islam à l'égard de ceux parmi nos concitoyens qui se sont retrouvés inconsciemment sur cette voie (...) et de les libérer pour rendre heureuses leurs familles à l'occasion de l'anniversaire de la naissance de l'imam Mahdi" qui tombe le 7 août.

Selon les autorités, près de 2 000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations qui ont suivi le scrutin présidentiel du 12 juin et la réélection du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, et 300 restent en détention. Plus tôt dans la journée de mardi 28 juillet, Ali Khamenei avait ordonné la fermeture d'une prison. Officiellement car elle n'était "pas aux normes", mais selon certains opposants il s'agirait d'un assouplissement de la part du régime après la mort en prison du fils d'un dignitaire conservateur.

PAS DE CÉRÉMONIES POUR LES MANIFESTANTS TUÉS

Un député membre de la commission parlementaire de la justice a par ailleurs annoncé mardi 28 juillet que le bilan des morts lors des manifestations serait de trente. Le régime l'estimait jusqu'à présent à une vingtaine de victimes.

Les autorités ont cependant jusqu'ici refusé à l'opposition d'organiser une cérémonie de deuil à leur mémoire, jeudi 30 juillet, 40 jours après les premiers décès, comme le prévoit la tradition chiite. Le directeur politique du ministère de l'intérieur, Mahmoud Abbaszadeh Meshkini, a estimé que cette demande de rassemblement avait un objectif politique.

"Aucune autorisation n'a été donnée à ces groupes et ces personnes qui enfreignent la loi, ne reconnaissent pas leur défaite et n'acceptent pas le vote de la majorité, mais qui n'en sollicitent pas moins une autorisation de rassemblement", a ajouté le représentant du ministère de l'intérieur. Le candidat malheureux à la présidentielle et leader de l'opposition Mir Hossein Moussavi avait concédé qu'il entendait une nouvelle fois "tester le gouvernement".


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140 détenus de la prison d'Evine libérés

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, avait appelé au respect des droits des accusés. Plus de 200 personnes seraient encore incarcérées suite aux manifestations survenues après le scrutin du 12 juin.

Les autorités iraniennes ont libéré mardi 140 détenus de la prison d'Evine à Téhéran, qui avaient été arrêtés lors des manifestations de protestation contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, selon un député cité par l'agence Isna.

Environ 200 personnes restent en détention dont 50 «hommes politiques, des membres de groupes antirévolutionnaires et des étrangers». «Le procureur considère que certains des (50) ont fomenté les émeutes» et que les 150 autres détenus ont été directement impliqués dans les violences, selon ce député.

L'ordre de Khamenei

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait auparavant ordonné la fermeture d'un centre de détention où sont enfermés des manifestants arrêtés lors du mouvement de contestation, qui ne serait «pas aux normes». Selon la télévision d'Etat en langue anglaise Press-TV, l'ayatollah Khamenei «a donné l'ordre aux responsables pour qu'aucune injustice ne soit commise contre les gens (...) et d'agir contre toute violation contre la sécurité, de la vie et des droits des gens».

Il n'avait cependant pas précisé le lieu de ce centre de détention, la date de cette décision, ni l'organe qui en était responsable. Une commission parlementaire avait ensuite été formée sur ordre du président du Parlement, Ali Larijani, pour évaluer la situation dans les prisons.

1.000 à 2.000 arrestations

Le vice-président de la commission parlementaire, Farhad Tajari, a également annoncé qu'un des dirigeants réformateurs détenus à Evine, Saïd Hajjarian, un conseiller de l'ex-président Mohammad Khatami, «serait prochainement libéré». L'épouse d'Hajjarian avait estimé dans la presse que la vie de son mari était «en danger».

Selon les chiffres publiés par les médias officiels, entre 1.000 et 2.000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations de protestation contre les conditions de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin.

Malaise en prison

Par ailleurs, le chef des prisons de la province de Téhéran, Sohrab Soleimani, est revenu sur le cas de deux jeunes manifestants morts dans la prison d'Evine, identifiés comme Mohsen Ruholamini et Mohammad Kamrani.

«Je ne crois pas que quelqu'un puisse prétendre que ces personnes ont été frappées en prison. (Ruholamini) a été emmené à l'hôpital», selon Soleimani. Il a ajouté que Kamrani «a eu aussi un malaise en prison deux à trois heures plus tard et il a été également transféré à l'hôpital» avant que son corps soit remis à sa famille.

Ce mardi, le bilan officiel des émeutes post-électorales a été revu à la hausse par les autorités, qui l'évaluent désormais à «trente personnes au maximum». Il était auparavant d'une vingtaine de morts.


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l'influence croissante des pasdarans

Les Gardiens de la Révolution, qui ont participé au côté des milices islamiques bassidjis à la répression des manifestations après la présidentielle contestée du 12 juin, ont renforcé leur influence à l'occasion de ces événements. Et certains en Iran craignent que ce corps d'élite ne cherche à transformer la République islamique en un Etat militaire.

Les "pasdarans" ont joué un rôle important dans la crise qui vient de secouer le pays. Deux jours avant l'élection, alors que la campagne des candidats réformateurs était à son zénith, les Gardiens ont prévenu qu'ils écraseraient toute tentative de "révolution" populaire.

Quelques jours après que le Guide suprême, Ali Khamenei, eut adressé une mise en garde aux manifestants lors d'un prêche, les pasdarans ont averti que les protestataires devaient s'attendre à une "confrontation révolutionnaire" s'ils poursuivaient les manifestations. Une dure répression a alors suivi.

Les Gardiens ont été créés après la Révolution islamique de 1979 comme une force idéologique destinée à défendre le régime. Ce corps d'élite de 120.000 hommes possède ses propres unités terrestres, navales et aériennes, et serait mieux armé et équipé que l'armée régulière iranienne. En plus de sa puissance militaire, il a constitué ces dernières années un large réseau économique et politique en Iran, et certains s'inquiètent désormais de son emprise sur le pays.

Le candidat malheureux Mir Hossein Moussavi, qui conteste la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, et d'autres figures du camp réformateur ont appelé les hauts dignitaires religieux en Iran à dénoncer la répression croissante dans le pays. Ils ont évoqué "la propagation de la tyrannie dans le système de la République islamique". La semaine dernière, M. Moussavi a estimé que la société iranienne devenait "plus militarisée" et était plongée dans une "atmosphère de quasi coup d'Etat".

Pour Frédéric Tellier, de l'International Crisis Group (ICG), basé à Bruxelles, "la crise actuelle est moins un coup d'Etat que la phase finale de (la) conquête du pouvoir" par les pasdarans et "un avant-goût probable d'une purge politique beaucoup plus impitoyable et systématique à venir". Selon lui, les Gardiens pourraient achever leur conquête du pouvoir après la mort d'Ali Khamenei, aujourd'hui âgé de 70 ans, en imposant un nouveau modèle politique: une direction collégiale ou un régime militaire.

Ces dernières années, les Gardiens ont étendu leur influence dans la société. Ils contrôlent de nombreuses entreprises et décrochent régulièrement de juteux contrats de construction dans les secteurs du pétrole, du gaz et de l'agriculture. Ils gèrent un réseau de cliniques et contrôleraient clandestinement des docks pour importer des marchandises recherchées destinées au marché noir.

Avoir servi dans leurs rangs constitue un atout pour mener une carrière politique. Mahmoud Ahmadinejad et au moins cinq membres de son cabinet seraient d'anciens officiers de ce corps. Le président du Parlement, de nombreux députés, le maire de Téhéran et le patron de la radio et de la télévision publiques auraient également servi chez les pasdarans. "C'est la pépinière de la deuxième génération de dirigeants islamiques qui cherchent à préserver, sinon à radicaliser, les idéaux de la Révolution", explique Frédéric Tellier.

Les Gardiens dirigent les bassidjis, ces milices islamiques composées de civils, qui compteraient un million de membres, selon certaines estimations. Mais le plus important est peut-être leur relation avec le Guide suprême, Ali Khamenei, qui nomme les commandants des pasdarans.

"Les Gardiens et Khamenei ont une relation symbiotique. En échange de leur soutien à Khamenei, les Gardiens sont devenus une des institutions politiques et économiques les plus puissantes en Iran", explique Alireza Nader, du centre de recherche Rand, basé à Washington.

Mais l'ayatollah Khamenei est peut-être devenu "trop dépendant" des pasdarans, ajoute-t-il. "La récente contestation de l'élection présidentielle a montré que Khamenei doit compter sur les forces de sécurité, surtout sur les Gardiens, pour tenir ses adversaires politiques à l'écart du pouvoir." AP



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Moussavi appelle les Iraniens à descendre dans les rues

Par Delphine Minoui
La répression n'aura pas eu raison de Mir Hossein Moussavi. Dans un discours prononcé devant des membres du corps enseignant, et publié, hier soir, sur Ghalamnews, son site Internet, il appelle les Iraniens à saisir l'occasion des prochaines cérémonies religieuses commémorant l'imam Mehdi pour descendre tous les soirs dans les rues.

C'est la première fois que ce candidat malheureux aux élections - qui dénonce, depuis le début, l'illégalité des résultats - encourage aussi ouvertement les manifestants à poursuivre leur protestation. « Plus ils arrêteront de gens, plus le mouvement prendra de l'ampleur », prévient-il, en référence aux mauvaises conditions de détention (voir Le Figaro d'aujourd'hui). La violence de la répression postélectorale, qui a causa la mort d'au moins 100 personnes - selon les organisations de défense des droits de l'homme - constitue, pour lui, un inquiétant phénomène, qu'il envisage de combattre jusqu'au bout.


"Les morts et les arrestations sont une catastrophe. Le peuple ne pardonnera pas ceux qui sont derrière ces crimes. Ce pays de 70 millions d'habitants ne peut devenir une prison pour l'ensemble d'entre eux », dit-il.


Samedi, le réformateur Mehdi Karoubi, qui avait également brigué le poste de président, avait, pour sa part, ouvertement accusé les services de renseignement de torturer les manifestants arrêtés. « Le comportement des agents de sécurité iraniens est pire que celui des sionistes en Palestine occupée », avait-il soutenu, en ajoutant : « Peut-on infliger à des détenus des pressions mentales dans des mosquées, des écoles ou les sous-sols de bâtiments publics? ».


On connaissait Moussavi réservé, effacé. Mais six semaines après la victoire contestée d'Ahmadinejad - à l'origine de fissures politiques sans précédent dans l'histoire de la République islamique - l'ex-premier ministre iranien dans les années 80 s'est imposé comme un leader de la contestation. Il multiplie les communiqués sur Internet. Son épouse, Zahra Rahnavard, diffuse, de son côté, des messages aux Iraniens via sa page personnelle sur facebook. En l'espace de ces dernières semaines, le couple s'est distingué par son courage en rendant visite aux familles des jeunes « martyrs » de la répression iranienne - placées sous haute surveillance par les services de sécurité - .

« Ils nous accusent de violer les normes (...) En fait, c'est vous (i.e. ceux qui s'opposent au mouvement vert) qui violez les normes", s'insurge Moussavi. « Il suffit de jeter un coup d'œil sur quelques cas, comme ceux de Ruholamini, Arabi et (Neda) Agha Soltan (trois des manifestants tués lors des manifestations). Et là vous verrez à quel point ils ont violé les normes de tout un système. Ces actions ne correspondent pas à ce qu'on pouvait attendre de la République islamique », dit-il.



Mir Hossein Moussavi, ancien révolutionnaire, fervent opposant au Chah d'Iran, qui défendait bec et ongle les valeurs de la République islamique a changé. Son discours d'hier a presque pris la forme d'un mea culpa faisant référence à la mauvaise tournure prise par la théocratie iranienne depuis 1979, censée être basée sur le slogan « Indépendance, Liberté, République islamique ».

«Les Iraniens ne se sont-ils pas mobilisés pour atteindre la liberté ? N'ont-ils pas participé, par millions, à des manifestations à travers le pays, pour le 22 Bahman 1357 (11 février 1979), en prononçant des slogans en faveur de la liberté ? Les gens voulaient la liberté ? Où est cette liberté ?» , demande-t-il.

Pour lui, les violations des droits de l'homme de ces dernières semaines sont insoutenables. «Est-ce vraiment de ce système dont nous rêvions : un système où des hommes s'attaqueraient en pleine nuit au domicile des étudiants et d'autres personnes, où ils détruiraient leurs voitures ? Et ensuite, toutes les organisations, du ministère des Renseignements au Bassidj disent ne pas être responsables de ce genre d'activité... Mais alors, d'où viennent ces hommes ? De la planète Mars ? En cas de meurtre, ces Messieurs sont tellement forts qu'ils peuvent trouver l'assaillant. Mais là, ils sont incapables d'identifier les auteurs des crimes ! Qui peut y croire ?», s'interroge-t-il, sans détour.

D'après lui, la cérémonie prévue ce jeudi en hommage aux manifestants morts lors des protestations - et pour laquelle il a déposé une demande officielle, restée sans réponse - constitue un «test» pour le gouvernement.



«Nous voulons tester le gouvernement. Il n'y aura pas de discours, nous voulons simplement utiliser le Grand Mossala (lieu de prière) de Téhéran pour lequel des centaines de millions de dollars ont été dépensés», prévient-il.



Dans une mise en garde à peine voilée à l'attention des ténors du régime, il précise également que les gens «ne pardonneront pas les crimes commis», en référence aux jeunes tués lors des manifestations ou en prison. «Je dis aux gens qui ont commis ces crimes que le peuple a puni ceux qui avaient commis de tels crimes avant la révolution», prévient-il. «Le régime, dit-il, n'a d'autre choix que de revenir aux principes de la Constitution, sinon les gens vont l'obliger à le faire», précise-t-il.

Quant à la «vague verte», il s'agit, selon lui, d'un mouvement irréversible. «Ces Messieurs pensaient qu'après le 12 juin (jour du scrutin controversé), les gens rentreraient chez eux. Mais la mobilisation nationale massive, en dépit du prix à payer, qui est toujours visible dans les rues 40 jours plus tard, montre à quel point le mouvement est profond.»



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mardi 28 juillet 2009

La révolution iranienne, l'islam et la liberté

Un partisan de l'opposant Moussavi peint des slogans sur la Tour de la Liberté, à Téhéran. Pour Nicolas Baverez, «la révolution iranienne comporte peut-être une dimension historique, en marquant la première pierre d'une réconciliation possible de l'islam avec la modernité et la liberté». (Crédits photo : AP)


TRIBUNE - L'économiste Nicolas Baverez* voit dans le soulèvement iranien la possibilité d'une réconciliation de l'islam avec la modernité et la liberté.

Trente ans après la révolution de 1979, qui marqua le début du XXIe siècle avec le retour de la religion au premier rang de l'histoire, l'Iran connaît un nouveau soulèvement déclenché par la fraude massive organisée pour forcer la reconduction de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République.

Quatre périodes ont rythmé la révolution iranienne : la mise en place des nouvelles institutions de la République islamique ; la grande guerre patriotique qui repoussa, au prix d'effroyables pertes, l'attaque lancée par l'Irak de Saddam Hussein ; le relâchement du contrôle de la société et la libéralisation progressive de l'économie à partir de l'élection du président Khatami en 1997 ; la radicalisation religieuse, nationaliste et anti-occidentale lancée par le guide suprême, Ali Khamenei, en réaction aux émeutes étudiantes de 1999, radicalisation qui s'est accélérée depuis l'accession de Mahmoud Ahmadinejad aux fonctions de chef de l'État en 2005.

L'objectif des fondamentalistes ultras consiste à basculer de la République islamique, organisée autour d'un équilibre subtil entre le guide suprême et le conseil des experts incarnant le pouvoir religieux d'une part, la présidence et le Parlement (Majlis) faisant une place au suffrage universel d'autre part, vers un gouvernement islamique donnant aux religieux et à leurs alliés le contrôle total sur l'État, l'économie et la société. Sur le plan politique, le durcissement du régime a été orchestré par la montée en puissance des gardiens de la révolution, forts de 130 000 membres, qui ont intégré les milices bassidjis, quadrillé l'État et pris le contrôle de pans entiers de l'économie, à commencer par le marché noir. Sur le plan intérieur, une féroce répression s'est abattue sur les mouvements étudiants et les revendications autonomistes des minorités ethniques (baloutches, kurdes) ou religieuses (sunnites). Sur le plan international, l'Iran s'est installé à la tête de la lutte contre les États-Unis et Israël, déployant de puissants relais dans le Moyen-Orient avec le Hamas en Palestine, le Hezbollah au Liban, les milices chiites en Irak. Sur le plan stratégique, la République islamique s'est spécialisée dans la prolifération à travers les tirs de missiles, la mise en orbite d'un satellite et surtout la poursuite d'un programme nucléaire à visée explicitement militaire.

Une élection faussée peut déboucher sur une vraie révolution. Si l'insurrection des Iraniens ne provoque pas pour l'heure, en raison de l'intensité de la répression, le renversement du régime des mollahs, elle en a délégitimé les principes, les institutions et les dirigeants. Trois faits marquants sont à retenir. D'abord, en dépit des dizaines de morts, des centaines de disparus et des milliers d'arrestations, la contestation perdure, notamment à l'occasion des prières du vendredi. Des clivages majeurs se creusent au sein du clergé, avec la multiplication des prises de position hostiles au guide suprême par les ayatollahs Rafsandjani, Montazéri ou Ostadi, en charge des écoles religieuses de Qom. Enfin le régime est pris à son propre piège, la contestation politique devenant nécessairement une contestation religieuse, retournant contre les radicaux les slogans de la révolution de 1979 hostiles à la dictature et l'idéologie des martyrs - qui a pris pour le monde entier le visage ensanglanté de Neda Agha-Soltan.

Le mouvement est révolutionnaire en ce qu'il dévoile la véritable nature du régime iranien et qu'il est porteur d'un projet cherchant à concilier islam et liberté. La République islamique n'a plus de République ou d'islam que le nom. Elle s'affiche clairement en dictature corrompue, structurée autour de la fusion entre les gardiens de la révolution et de l'État, pratiquant un coup d'État permanent contre les citoyens, organisée autour d'un vaste appareil répressif qui contrôle l'économie et la société. Le caractère religieux du régime relève de la fiction dès lors que sa survie est fondée sur la violence contre le peuple, donc les fidèles, ce qui ne peut manquer de créer des divisions croissantes et irréconciliables entre les ayatollahs - dont témoigne le discrédit du guide suprême, Ali Khamenei. La République islamique reposait sur la foi, le nationalisme hystérique et la terreur qui sont la marque des régimes totalitaires. Or ces trois piliers sont fissurés, car critiqués ouvertement par la population et une partie du clergé. L'opposition, muselée, n'en dispose pas moins du soutien de la majorité de la population, de leaders potentiels et d'un projet alternatif, fondé sur une forme de distinction du religieux et du politique, une autonomie de l'État, la libéralisation de l'économie et de la société, la réintégration de l'Iran au sein de la communauté internationale.

L'Iran vit donc une authentique révolution pour la liberté, même si celle-ci ne se fixe pas pour but une démocratie de marché de type occidental. Une révolution dont les conséquences potentielles sont considérables.

Sur le plan intérieur, un nouveau durcissement est inévitable, caractérisé par l'expansion de l'appareil répressif, l'ascension des violences contre la population, l'exacerbation du nationalisme contre les minorités, l'emballement des provocations diplomatiques. De ce fait, un dénouement rapide et une révolution de velours sont exclus, les radicaux et les gardiens de la révolution ayant trop à perdre d'une libéralisation du régime. De même, le dénouement autour d'une intervention militaire extérieure est hautement improbable, car elle serait contre-productive en relégitimant les dirigeants actuels. La sortie de crise à la chinoise, mêlant autoritarisme politique et accélération du développement économique, est hors d'atteinte, car elle supposerait l'allégement du contrôle de l'économie et l'ouverture des frontières - avec pour préalable la normalisation de la situation internationale de l'Iran, et donc un accord sur le nucléaire -, toutes évolutions aux antipodes des objectifs d'Ahmadinejad et de ses parrains. Force est donc de constater que l'Iran se trouve dans une position où la violence de la dictature ne pourra sans doute être mise en échec que par une violence plus grande encore des Iraniens.

Au plan international, la position de l'Iran, formidablement renforcée par l'Administration Bush à travers la dénonciation de l'axe du mal, le fiasco irakien et le levier majeur offert à la République islamique sur les deux conflits d'Irak et d'Afghanistan, est fortement affaiblie. L'accélération des ambitions balistiques et nucléaires ne peut que renforcer l'isolement du pays et les craintes du monde arabe. La violence de la répression déstabilise l'image de la République islamique au sein du monde musulman. L'intensité et la durée des troubles créent le doute sur la stabilité et la pérennité du régime, affectant le statut de puissance régionale du pays et fragilisant ses alliés, Hamas et Hezbollah en tête. Pour toutes ces raisons, la crise constitue un succès pour l'Administration Obama, même si elle compromet ses projets de désarmement nucléaire à court terme. Pour les démocraties occidentales, l'heure est moins que jamais à l'option militaire mais au soutien indirect à la société iranienne, notamment par la diffusion de l'information et la mise à disposition des réseaux de communication.

La révolution iranienne comporte peut-être enfin une dimension historique, en marquant la première pierre d'une réconciliation possible de l'islam avec la modernité et la liberté. L'échec des stratégies de modernisation occidentales - à l'exemple de l'Iran du chah - et des expériences soviétiques, de l'Algérie à l'Irak en passant par l'Égypte, a ouvert à partir des années 1970 un formidable espace au fondamentalisme islamique. Celui-ci a exploré la voie de la théocratie, avec l'Iran depuis 1979, et celle du terrorisme de masse avec al-Qaida, qui se révèlent aujourd'hui comme autant d'impasses. La révolte des Iraniens en prend acte, qui vise à une forme de dissociation des domaines de la vérité, de la foi et de l'action politique. Elle est parfaitement respectueuse de l'identité nationale et de la culture de l'Iran comme de la foi islamique, mais entend les concilier avec la reconnaissance de droits politiques, l'autonomie de la société civile et l'insertion du pays dans la mondialisation. En cela, elle acte peut-être le début de la fin de la spirale régressive dans laquelle s'est enfermé le monde musulman depuis trois décennies. Aux fidèles de l'islam, la révolution iranienne montre que la révolte des consciences est possible contre la dictature et la corruption, y compris quand celles-ci s'abritent sous le masque d'une foi dévoyée. Aux Occidentaux, elle prouve que les droits politiques ne s'exportent pas par la force, mais se construisent dans les cœurs. À tous les hommes - y compris aux citoyens apathiques et rassasiés des démocraties -, elle rappelle qu'au-delà de la diversité des principes moraux et des fois religieuses, des institutions et des traditions, la liberté conserve une valeur universelle. Et qu'il ne reste parfois pas d'autre choix que de combattre pour la conquérir ou la préserver.

*Auteur de « En route vers l'inconnu » (Perrin)



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Nucléaire iranien: aucune option exclue, réaffirme Israël

Israël n'exclut "aucune option", y compris militaire, face à l'Iran, a souligné lundi le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak lors d'un entretien à Jérusalem avec son homologue américain Robert Gates.

M. Gates est un des quatre émissaires américains qui effectuent cette semaine un déplacement en Israël pour tenter de convaincre l'Etat hébreu de ne pas faire cavalier seul sur la question du nucléaire iranien, et laisser à la diplomatie le temps de porter ses fruits.

Outre Robert Gates, George Mitchell, l'émissaire spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient, le conseiller à la sécurité nationale James Jones et le conseiller spécial d'Hillary Clinton, chargé de l'Iran et du Proche-Orient, Dennis Ross doivent s'entretenir avec les responsables israéliens. Washington exige par ailleurs du gouvernement Nétanyahou qu'il gèle la construction des implantations juives de Cisjordanie.

L'entretien de lundi matin entre MM. Barak et Gates a plus particulièrement porté sur l'Iran. "Israël reste sur sa position fondamentale selon laquelle aucune option ne doit être écartée, même si la priorité à ce stade doit être donnée à la diplomatie", a commenté le ministre israélien de la Défense.

L'offre de dialogue américaine, a de son côté expliqué son homologue américain, n'est pas "à durée indéterminée". "Nous traiterons la situation au moment approprié", a-t-il commenté. Des sanctions sont une possibilité si la diplomatie échoue, a ajouté Robert Gates, en mentionnant également des projets pour un "parapluie de défense", aux contours vagues, destiné à protéger les alliés américains dans la région.

La ministre américaine des Affaires étrangères Hillary Clinton a déclaré la semaine dernière que l'Iran ne pourrait pas intimider et dominer la région si les Etats-Unis déployaient un tel "parapluie de défense", sur lequel elle n'a fourni aucune précision.

"Il n'y a pas besoin" d'un parapluie de défense américain, a commenté lundi un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Qashqavi. Il est en revanche nécessaire que Washington demande à l'Etat hébreu de "démanteler ses propres 200 têtes nucléaires", a-t-il affirmé. AP



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Les raisons du durcissement américain envers l'Iran


ANALYSE - Grand reporter au Figaro, Renaud Girard donne son regard sur les relations entre Washington et Téhéran.

À Washington, l'humeur à l'égard de l'Iran est en train de changer à vive allure. Le temps semble loin où, de la Maison-Blanche, dans un message télévisé du 20 mars 2009, le président Obama souhaitait aimablement le nouvel an perse aux dirigeants du régime théocratique de Téhéran. Lors du sommet des pays de l'Asean mercredi, la secrétaire d'État, Hillary Clinton, a déclaré que les États-Unis pourraient étendre leur protection («defense umbrella», en anglais) aux pays arabes du Golfe au cas où l'Iran ne renoncerait pas à son programme nucléaire militaire. Cette expression était jusque-là réservée aux membres européens de l'Otan ou au Japon, pays ayant conclu des accords stratégiques avec l'Amérique.

Le 6 juillet dernier, le vice-président Joe Biden avait déjà dit que les États-Unis ne pouvaient pas prétendre empêcher Israël, État souverain, de bombarder les installations atomiques iraniennes, le jour où le gouvernement de Jérusalem jugerait imminente la menace de destruction de l'État hébreu, maintes fois proférée par le président Mahmoud Ahmadinejad.

Cinq raisons expliquent l'actuel durcissement américain envers l'Iran. Les deux premières tiennent au régime islamiste de Téhéran lui-même. Ce dernier n'a rien fait pour saisir la main tendue de Barack Obama, qui proposait la réintégration de l'Iran dans le concert des nations (avec, à la clé, la levée de toutes les sanctions imposées par l'ONU, l'abandon de la doctrine Bush du «changement de régime», et le rétablissement de relations diplomatiques et commerciales normales avec l'Amérique), en échange de garanties iraniennes quant au caractère strictement civil de son programme de recherche atomique. Dès avant les élections présiden­tielles du 12 juin, Ahmadinejad avait déclaré «clos» le dossier nucléaire de son pays, montrant ainsi qu'il n'était pas question d'en négocier les tenants et les aboutissants avec Washington. Sans l'avouer au monde, l'Iran veut la bombe atomique. Pour des raisons de prestige, mais aussi parce qu'il se sent mal à l'aise face à quatre voisins, tous dotés de l'arme nucléaire : la Russie au nord, le Pakistan à l'est, la Ve flotte américaine au sud, Israël un peu plus loin à l'ouest.

Deuxièmement, le régime des mollahs a perdu beaucoup de sa crédibilité dans le monde arabo-musulman (auquel Obama avait consacré un discours spécial, au Caire, le 4 juin), depuis sa triche grossière au scrutin du 12 juin et la répression sanglante des manifestations populaires qui s'ensuivirent. La prétention de Téhéran à incarner une démocratie exemplaire quoique différente du modèle occidental ne tient plus. La triche n'est pas plus permise en Islam qu'ailleurs. Décrédibilisé internationalement et divisé intérieurement, le «gouvernement des clercs» est incontestablement affaibli. Il est toujours plus facile de durcir le ton à l'égard d'un régime affaibli par ses propres erreurs.

Troisième raison, l'Administration américaine ne peut pas à la fois exiger du gouvernement israélien le gel de sa politique de colonisation en Cisjordanie occupée et interdire à l'État juif de se préparer à répondre à la menace existentielle contenue dans les propos du président iranien.

La quatrième raison est d'ordre plus général. L'arrêt de la prolifération nucléaire est redevenu une priorité de la politique étrangère américaine. Clinton vient d'obtenir le soutien de ses homologues russe et chinois dans sa stratégie de fermeté à l'égard de la Corée du Nord. Il n'est plus question de carottes pour obtenir le retour des dirigeants fantasques de Pyongyang à la table de négociation. Ces derniers n'obtiendront d'aide économique pour leur population affamée qu'en l'échange d'une « dénucléarisation complète et irréversible ».

Cinquièmement, le président Obama subit chez lui des attaques de plus en plus concentrées, venues d'un Parti républicain prompt à lui reprocher sa « faiblesse » et sa « naïveté » dans le domaine international. «L'ouverture, c'est bien beau, mais il faudrait qu'elle commence à produire des résultats», lui assènent ses opposants.

Cependant, comme l'a rappelé Clinton elle-même, jeudi à la BBC, les offres de dialogue à Téhéran tiennent toujours. Mais les mollahs savent désormais à quoi s'en tenir : qu'ils n'espèrent pas la moindre faiblesse en provenance de Washington.

* Renaud Girard est grand reporter au service Étranger du Figaro



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Le guide suprême iranien ordonne de fermer un centre de détention



Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a ordonné la fermeture d'un centre de détention qui ne serait "pas aux normes", ont rapporté mardi les médias iraniens, citant le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Saïd Jalili.

L'ayatollah Khamenei "a donné l'ordre aux responsables pour qu'aucune injustice ne soit commise contre les gens (...) et d'agir contre toute violation de la sécurité, de la vie et des droits des gens", selon la télévision d'Etat en langue anglaise Press-TV.

M. Jalili a ajouté que, dans ce contexte, le numéro un iranien "a ordonné la fermeture d'un centre de détention qui ne respecte pas les normes nécessaires pour le respect des droits des accusés". Il n'a pas précisé le lieu de ce centre de détention, la date de cette décision, ni l'organe qui en était responsable.

Selon différents responsables iraniens, près de 2 000 personnes ont été arrêtées lors des manifestations qui ont suivi le scrutin présidentiel du 12 juin et la réélection du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, et 300 restent actuellement en détention. Les autorités ont également arrêté de nombreux responsables réformateurs et des journalistes.



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lundi 27 juillet 2009

Iran: deux ministres critiques du président quittent le gouvernement

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à Téhéran, le 14 juin (Damir Sagolj / Reuters)

Les dirigeants de l'opposition ont, eux, réclamé l'autorisation d'organiser, jeudi prochain à Téhéran une cérémonie, sans discours, en hommage aux personnes tuées au cours des manifestations contre la réélection d'Ahmadinejad.

Le régime iranien restait dimanche dans la tourmente après le départ de deux ministres ayant critiqué le président, Mahmoud Ahmadinejad, alors que l'opposition tentait de reprendre la main avec l'organisation d'une cérémonie pour les victimes des manifestations.

Un responsable chargé de l'information au bureau du président, cité par l'agence officielle Irna, a confirmé le limogeage du ministre des Renseignements, Gholamhossein Mohseni Ejeie. Il a démenti, en revanche, le limogeage d'autres ministres.

Le site Internet de la télévision d'Etat ainsi que les agences semi-officielles Mehr et Fars avaient annoncé que quatre membres du gouvernement - Mohseni Ejeie, le ministre de la Culture, Mohammad Hossein Safar Harandi, ainsi que ceux du Travail et de la Santé - avaient été renvoyés.

Selon Mehr, citant une «source bien informée», Mohseni Ejeie «a été démis de ses fonctions à la suite d'un affrontement verbal, lors d'une réunion du cabinet mercredi, à propos de la nomination d'Esfandiar Rahim Mashaie en tant que premier vice-président». L'agence a précisé qu'un ministre par intérim avait été nommé.

En soirée, Fars a publié des extraits de la lettre de démission envoyée dimanche au président par Safar Harandi. «En raison malheureusement des annonces récentes [de son limogeage par les médias] qui montrent la faiblesse de ce gouvernement que je respecte, je ne me considère plus comme le ministre de la Culture», écrit-il. Ancien rédacteur en chef du quotidien ultraconservateur Kahyan, celui-ci avait également critiqué la nomination de Rahim Mashaie, un proche du président.

Sa nomination, annoncée le 17 juillet, a provoqué un tollé au sein des conservateurs et des religieux. Ils ne lui pardonnaient pas une entorse à la rhétorique du régime, quand il avait affirmé en juillet 2008 que l'Iran était «l'ami du peuple américain et du peuple israélien».

Rahim Mashaie, lui, a finalement renoncé à son poste samedi. Mais le président ultraconservateur reste critiqué pour avoir tardé à obéir au Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Lequel avait ordonné d'«annuler» sa nomination. Ce limogeage intervient alors qu’Ahmadinejad doit prêter serment devant le Parlement le 5 août. La présentation du gouvernement et son approbation par les députés doivent intervenir peu après.

La polémique a relégué au second plan le mouvement de protestation contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier. Dimanche, les dirigeants de l'opposition, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, ont réclamé l'autorisation d'organiser jeudi à Téhéran une cérémonie, sans discours, en hommage aux personnes tuées au cours des manifestations.

Selon un bilan officiel, au moins 20 personnes ont trouvé la mort en marge de manifestations, dans les jours qui ont suivi le scrutin contesté. Les autorités avaient alors interdit les rassemblements dans tout le pays, une interdiction bravée à plusieurs reprises. La presse a rapporté dimanche la mort en détention d'un deuxième manifestant.

L'ex-président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani, qui avait soutenu Moussavi pendant la campagne, a pour sa part démenti dimanche toute «lutte pour le pouvoir» avec l'ayatollah Ali Khamenei. Rafsandjani, qui dirige deux institutions clés du régime, a indiqué qu'il gardait «espoir dans la capacité du Guide suprême (...) à résoudre les problèmes actuels».

(Source AFP)



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samedi 25 juillet 2009

À l'extérieur de l'Iran, l'opposition se mobilise

Le réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf participe à une manifestation, le 23 juin à Rome, après la réélection d'Ahmadinejad.

À travers le monde, des milliers de personnes vont célébrer samedi la journée internationale de soutien au peuple iranien. Traditionnellement divisée, l'opposition en exil se retrouve, pour la première fois, unie sous la bannière de la «vague verte».

Les yeux collés au téléviseur de cette maison de production parisienne, Mohsen Makhmalbaf scrute avec nostalgie les images de la campagne électorale iranienne. L'espoir y vibre, en grandeur nature : rassemblés sur une avenue de Téhéran, des milliers d'Iraniens, un ruban vert autour du poignet, crient à la caméra leurs désirs de changement. Le documentaire a été tourné par sa propre fille, Hanah, qui a dû quitter précipitamment le pays, après la réélection contestée d'Ahmadinejad, le 12 juin dernier. Depuis, la petite famille du cinéaste iranien, internationalement connu pour ses films défiant la censure, est réunie au complet, en France, leur nouvelle terre d'accueil. Du front culturel au front politique, la mobilisation est à son maximum. «Cette vidéo, c'est une preuve du “coup d'État”. Elle montre que de nombreuses personnes qui avaient boycotté les élections de 2005, se sont mobilisées pour Mir Hossein Moussavi - principal rival d'Ahmadinejad. À l'étranger, les Iraniens ont voté en masse. Aujourd'hui, ils se posent la question, “Où est mon vote ?”, et demandent au monde entier de ne pas reconnaître Ahmadinejad comme nouveau président», martèle Makhmalbaf, en fronçant les sourcils.

De l'hémicycle du Parlement européen - où il a déjà été reçu à deux reprises - aux studios des très regardés programmes persans de Voice of America, en passant par la manifestation géante de samedi, à Paris, ce porte-parole à l'étranger de la «vague verte» ne s'accorde aucun répit. Une mobilisation inédite suivie par des dizaines de milliers de ses compatriotes à travers la planète fait pour la première fois, le pont entre les Iraniens de l'intérieur et de l'extérieur.

Conseils de «désobéissance civile»

En apparence, la contestation souffre pourtant d'un manque de leadership. En Iran, les passions se cristallisent autour de Mir Hossein Moussavi, nouveau chef de l'opposition. Mais ses moyens sont limités. La plupart des ténors du camp réformateur sont toujours en prison. De nombreux activistes sont sous surveillance rapprochée. Les familles des jeunes manifestants tués vivent sous la menace d'être arrêtées si elles osent parler à la presse. À l'étranger, l'opposition traditionnelle à la République islamique n'a jamais été très unie. De Washington, où vit le fils de l'ancien chah d'Iran à Auvers-sur-Oise, la base des moudjahidins du peuple, les divergences sont criantes. Et leurs messages, souvent jugés trop poussiéreux. «Ces gens-là n'ont pas remis les pieds en Iran depuis trente ans. Ils ne savent rien de nos vraies aspirations», souligne, sans concession, Taraneh, une activiste iranienne, contactée à Téhéran. Mais, pour la première fois en trente ans, les événements de ces dernières semaines ont ­soudé l'opposition en exil.

«Nous sommes tous les maillons d'une grande chaîne humaine verte», s'enthousiasme Makhmalbaf, pour qui l'absence de véritable «tête» constitue, en fait, la force de la nouvelle opposition. «Aujourd'hui, chaque citoyen iranien est à la fois un manifestant et un ambassadeur de la cause iranienne», dit-il. Un simple détour sur YouTube permet de saisir l'étonnante portée de ce mouvement. Entre vidéos saisies sur le vif lors des manifestations téhéranaises et enregistrements clandestins de meetings entre bassidjis, un ambassadeur bien atypique y donne rendez-vous aux Iraniens. Il s'appelle Mohsen Sazegara. Cet ex-gardien de la révolution, entré en dissidence, et exilé depuis 2003 aux États-Unis, s'adresse quotidiennement à ses compatriotes, en leur donnant, durant dix minutes, des conseils en «désobéissance civile» : porter des masques lors des manifestations pour éviter d'être identifiés, ne pas lancer des pierres, offrir des fleurs aux policiers … Sur le mur de son studio d'enregistrement, on peut distinguer le «V» de la victoire. «Notre mouvement est avant-tout pacifique», insiste-t-il.

Dernière technique en vogue : l'identification, par des opposants en exil, de certains miliciens bassidjis, principaux acteurs de la répression, par diffusion de leurs photos, adresses et numéros de téléphone. C'est Amir Farshad Ebrahimi, un opposant réfugié en Allemagne, qui vient de lancer la mode, en postant, sur son blog, une multitude de détails embarrassant pour ces soldats de l'ombre. «Un jour, l'un d'entre deux m'a appelé à Berlin en m'accusant de manquer d'éthique. Je lui ai répondu : “Tuer des innocents, n'est-ce pas manquer d'éthique ?”. Aujourd'hui, notre force, c'est de refuser de nous taire», confie-t-il.



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Le premier vice-président iranien abandonne ses fonctions


Le premier vice-président iranien Esfandiar Rahim Mashaie, dont la nomination par le président Ahmadinejad a provoqué un tollé chez les conservateurs, a abandonné samedi ses fonctions, selon l'agence de presse iranienne Fars. "Obéissant aux ordres du guide suprême, je ne me considère pas comme le premier vice-président mais (...) servirai notre cher peuple comme je le pourrai", a indiqué Rahim Mashaie cité par l'agence Fars.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait ordonné au président Ahmadinejad de renvoyer Esfandiar Rahim Mashaie."La nomination de M. Esfandiar Rahim Mashaie au poste d'adjoint du président est contraire à votre intérêt et à celui du gouvernement et elle provoquera la division et la frustration de vos partisans", a estimé M. Khamenei dans une lettre à M. Ahmadinejad, citée vendredi 24 juillet par la télévision publique. "Il faut annuler cette nomination", a ajouté le guide suprême dans ce courrier.

La nomination de M. Rahim Mashaie, annoncée le 17 juillet, a provoqué une levée de bouclier chez les conservateurs, dont la plupart avaient accordé un soutien sans faille à M. Ahmadinejad lors des semaines houleuses qui ont suivi la présidentielle. Les conservateurs reprochent à M. Rahim Mashaie d'avoir affirmé, en 2008, que l'Iran était "l'ami du peuple américain et du peuple israélien", contrastant en cela avec les attaques verbales de Téhéran contre Israël.

Les appels à son limogeage se sont faits plus pressants ces derniers jours, au point qu'un important dignitaire religieux a affirmé que le guide suprême lui-même souhaitait le remplacement du nouveau premier vice-président.

Malgré ces critiques, M. Ahmadinejad a apporté un soutien sans faille à son premier vice-président. "Il est comme une source d'eau pure (...) Certains me demandent pourquoi j'ai tant d'affection pour lui, je leur réponds : pour mille raisons", a-t-il ainsi déclaré mercredi. Jusque-là vice-président chargé du tourisme, M. Rahim Mashaie est un proche du président : sa fille est mariée au fils de M. Ahmadinejad.




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jeudi 23 juillet 2009

Iran : appel pour la libération de Clotilde Reiss

Pierre Briant, Yann Richard, Bernard Hourcade, Azadeh Kian, Farhad Khosrokhavar, Christian Bromberger, etc.

Le partage des connaissances, au-delà des frontières nationales, constitue un processus fondamental dans l’élaboration du savoir. La mobilité des étudiants et des chercheurs est garante de cette logique intellectuelle basée sur la découverte de l’autre. La coopération scientifique à un niveau international doit dès lors transcender les clivages et les crises politiques afin de répondre à cette nécessité d’échange culturel et scientifique. Nous nous réjouissons qu’actuellement près de 2 000 étudiants iraniens aient choisi la France pour poursuivre leurs études et leurs recherches dans tous les domaines, y compris en sciences sociales. Trop rares sont au contraire les étudiants et universitaires français ou non iraniens qui s’intéressent à l’Iran du passé et du présent ; le risque est de voir le pays pâtir d’une méconnaissance qui est source d’incompréhensions néfastes et de propos simplificateurs


Nous tenons dès lors à souligner combien il est important que des étudiants et chercheurs puissent mener des études de terrain en Iran. Leur présence constitue la garantie de connaissances et de relations interculturelles solides, bénéfiques, aussi bien pour le pays d’accueil que pour le pays d’origine des chercheurs. Les universitaires font un travail somme toute ordinaire, mais cependant essentiel, en cherchant à connaître les cultures et les sociétés du monde. Nous, étudiants, doctorants, chercheurs et professeurs familiers de l’Iran, tenons à exprimer notre profonde inquiétude suite à l’arrestation de Clotilde Reiss, notre amie et collègue, détenue depuis le 1er juillet à la prison d’Evin (Téhéran). Clotilde a consacré l’entièreté de son parcours académique à l’étude de la langue persane et de la culture iranienne. Son travail l’a donc naturellement amenée à séjourner en Iran afin d’y effectuer les indispensables recherches de terrain. Après avoir soutenu son mémoire de master portant sur l’enseignement primaire de l’histoire-géographie en Iran, elle a accepté - quoi de plus banal ? - le poste de lectrice de français que lui avait proposé l’université d’Ispahan. Emprisonner une étudiante parce qu’elle cherche à comprendre l’Iran et la culture iranienne est absurde et va à l’encontre de l’entente mutuelle, du respect des peuples et de la paix. Pour toutes ces raisons, nous appelons vivement à la libération de Clotilde Reiss.

Parmi les signataires de cet appel, des universitaires concernés par la recherche en Iran :

Lire la liste complète des signataires sur le site : www.soutienaclotilde.wordpress.com



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mardi 21 juillet 2009

Clotilde Reiss ne verra pas l'ambassadeur de France à Téhéran

L'ambassadeur de France à Téhéran ne verra pas la chercheuse française emprisonnée Clotilde Reiss mardi 20 juillet comme cela était prévu. "Il avait été admis qu'aujourd'hui mardi à Téhéran, Clotilde Reiss recevrait la visite de notre ambassadeur, a expliqué le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner. Pour le moment, ce n'est pas fait, il semblerait que la visite soit reportée, peut-être à demain, en tout cas cette semaine."



La jeune Française est détenue en Iran depuis le 1er juillet, pour espionnage, après avoir pris des photos de manifestations avec son téléphone portable. C'est la deuxième fois qu'une rencontre avec l'ambassadeur est reportée. Jeudi, Bernard Kouchner avait indiqué au Sénat qu'une visite de l'ambassadeur était prévue samedi 18 juillet. Celle-ci n'a pu avoir lieu et une nouvelle rencontre avait été programmée ce mardi 20 juillet.

L'ambassadeur a toutefois eu dimanche au téléphone la jeune Française. Les entretiens téléphoniques ne peuvent avoir lieu qu'à l'initiative de Clotilde Reiss. Cette conversation s'est déroulée "dans un bon climat", Clotilde Reiss "a dit que la détention lui pesait mais qu'elle était bien traitée et qu'elle tenait le coup", a précisé Bernard Kouchner en saluant son "courage". "Il y aura une démarche commune de la présidence de l'Union européenne" assurée par la Suède, a-t-il ajouté.



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Le régime iranien en proie aux luttes de pouvoir

L'ayatollah Khameini et l'ex-président Rafsandjani, en 1999. (crédit : ATTA KENARE/AFP)


Le guide de la révolution, l'ayatollah Khamenei, a adressé lundi une mise en garde à l'ex-président Rafsandjani, qui avait parlé de «crise» dans le pays.


Plus qu'un avertissement, c'est le signe d'une guerre déclarée entre deux hommes, entre deux clans. «Nos élites doivent être vigilantes. Toute parole, toute action, toute analyse qui aident (les ennemis) vont à l'encontre des intérêts de la nation», a prévenu, lundi, l'ayatollah Ali Khamenei, dans une allocution rapportée par la télévision d'État. Avant d'ajouter : «Ceci est un jour d'examen. Celui qui échoue ne pourra pas le repasser l'année prochaine.»

Sous forme de rappel à l'ordre, le message vise explicitement l'ex-président Rafsandjani. Ce dernier s'était ouvertement rangé, vendredi, du côté de l'opposition, à l'occasion de la grande prière. Il y avait évoqué la crise de confiance des Iraniens, après le résultat contesté du scrutin du 12 juin dernier, au cours duquel il avait soutenu Moussavi, rival déclaré d'Ahmadinejad. Il y avait également demandé la libération des personnes emprisonnées et la réouverture des journaux suspendus.

Si sa prise de position embarrasse aujourd'hui le guide suprême, c'est parce qu'elle révèle la faille qui ne cesse de se creuser au sommet d'un système dont ils sont, tous deux, les principaux artisans. Acteurs importants de la révolution de 1979, ennemis jurés de l'ex-chah d'Iran, Khamenei et Rafsandjani sont de vrais piliers du régime iranien. Les deux hommes se connaissent depuis bien longtemps. À la mort de l'imam Khomeyni, en 1989, Rafsandjani a d'ailleurs joué un rôle actif dans le choix de Khamenei à la succession du père fondateur de la République islamique. Il a hérité, en retour, de l'appui nécessaire pour briguer le poste de président de la Répu­blique, précédemment occupé par Khamenei. Mais, au fil des années, leurs affinités s'effritent. En 2005, la discorde éclate. Pendant la campagne électorale, le guide suprême affiche ouvertement son soutien au maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad, rival affiché de Rafsandjani. Un soutien, diront certains, motivé par la crainte de voir Rafsandjani, défenseur d'une libéralisation économique à la chinoise, signer l'arrêt de mort de la République islamique en ouvrant les vannes du pays.

À charge de revanche, Rafsandjani qui reste très influent en raison de sa double casquette de chef du Conseil de discernement et de l'Assemblée des experts, deux instances clés du régime aurait, selon ses proches, tenté de passer un «deal» avec le guide, quelques mois avant le dernier scrutin. Le premier se serait engagé à garantir le retrait de l'ex-président réformateur, Khatami, de la course électorale au profit d'un homme en apparence plus effacé, Mir Hossein Moussavi en échange de la neutralité de Khamenei envers Ahmadinejad, candidat à sa réélection. À l'annonce des résultats contestés du scrutin, le pacte est brisé. Rafsandjani se sent trahi. Pendant un mois, il s'isole, évitant toute forme d'intervention publique. Jusqu'à sa sortie remarquée de vendredi dernier.

Entre les deux hommes, deux écoles de pensée s'affrontent aujourd'hui au grand jour : un Iran qui s'isole et se recroqueville sur lui-même, contre un Iran qui cherche à s'ouvrir et à assouplir son discours. Une guerre qui se déroule, en partie, par médias interposés. Ce week-end, le journal conservateur Kayhan s'en prenait directement à Rafsandjani en l'accusant de soutenir «ceux qui violent la loi» en référence aux manifestants. Moussavi, soutenu par Rafsandjani, se réfugie, lui, sur Internet. Dans son dernier communiqué interactif, publié lundi sur le Web, il s'attaque à la télévision d'État dont le directeur est nommé par le guide qu'il accuse de diffuser «de fausses accusations comme des publicités pour machines à laver», allusion à la multiplication des programmes dénonçant ce que certains ultras appellent « une révolution de velours dirigée par l'Occident».

Contagion en province

Lundi, les sites Web étaient également nombreux à relayer l'appel à un référendum sur les élections, lancé par l'Association des religieux combattants (ARC), dirigée par Mohammad Khatami. Quant à la controverse de ce week-end autour de la nomination d'Esfandiar Rahim Mashaie, gendre d'Ahmadinejad, au poste de vice-président, elle a vite été étouffée par un démenti posté sur son site Internet, visant, semble-t-il, à camoufler les tensions internes. La rue, elle, reste le baromètre le plus visible de la crise postélectorale qui menace de paralyser le pays. Alors que de nouvelles vidéos postées sur YouTube, prises par des manifestants à Shiraz, dans le Sud, et à Racht, dans le Nord, montrent que la grogne commence à gagner la province, de nouveaux rassemblements sont prévus, aujourd'hui, dans la capitale iranienne.

Delphine Minoui, à Beyrouth


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lundi 20 juillet 2009

Les pro-Khatami demandent un référendum en Iran

L'ex-président réformateur Mohammad Khatami sur une affiche de campagne du candidat Moussavi, le 30 mai 2009 à Téhéran (© AFP Atta Kenare)


L'association des religieux combattants, dirigée par l'ancien président Mohammad Khatami, estime que des «millions d'Iraniens ont perdu confiance dans le processus électoral».

L'Association des religieux combattants (ARC), dirigée par l'ancien président Mohammad Khatami et qui regroupe des religieux réformateurs, a demandé lundi l'organisation d'un référendum estimant que des «millions d'Iraniens ont perdu confiance dans le processus électoral».
Selon la constitution iranienne, seul le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, peut ordonner l'organisation d'un référendum. L'Association soutient également les propositions de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui a demandé vendredi la libération des prisonniers et l'autorisation des journaux interdits, pour ramener le calme et restaurer la confiance partiellement perdue des Iraniens.
Appel à la libération des personnes arrêtées

Par ailleurs, lors d'une réunion de la direction de l'Association avec des familles des personnes arrêtées ces dernières semaines, l'ex-président Khatami (1997-2005) a une nouvelle fois demandé «la libération des personnes arrêtées».

Plusieurs membres de son gouvernement, mais aussi de nombreux responsables réformateurs et des journalistes, ont été arrêtés lors des troubles qui ont suivi la présidentielle du 12 juin et sont toujours détenus. Les candidats de l'opposition, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, ont dénoncé les résultats officiels donnant le président sortant vainqueur et réclamé en vain de nouvelles élections.

(Source AFP)



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Khamenei accuse à nouveau l'étranger


Le Guide suprême du régime iranien, l'ayatollah Khamenei, s'en prend à nouveau à l'étranger pour expliquer les troubles en Iran depuis la présidentielle du 12 juin. Alors que la prière de vendredi 17 juillet a été suivie par de nouvelles manifestations à Téhéran, il a dénoncé lundi 20 juillet une intervention "très claire", des étrangers et de leurs médias.


"Alors que l'intervention des étrangers et en particulier leurs médias est très claire, leur prétention selon laquelle ils n'interviennent pas dans les affaires intérieures iraniennes est le signe de leur déshonneur", a déclaré le numéro un iranien devant les responsables du pays. La principale cible des autorités iraniennes est la Grande-Bretagne et la chaîne de télévision BBC en persan, qu'elles accusent d'avoir soutenu et provoqué les manifestations et les troubles. "Les ennemis du peuple iranien, via leurs médias, donnent des instructions aux fauteurs de trouble pour qu'ils commettent des désordres, des destructions et des affrontements, et dans le même temps, ils affirment qu'ils n'interviennent pas dans les affaires intérieures iraniennes", a estimé Ali Khamenei.

Ce discours du Guide suprême visait aussi l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani qui avait dirigé la prière vendredi 17 juillet. Il avait estimé que le pouvoir avait perdu une partie de la confiance du peuple après la présidentielle controversée. Il avait aussi demandé la libération des personnes emprisonnées lors des troubles et la réouverture des médias suspendus afin de rétablir la confiance perdue. "Quiconque veut conduire la société vers l'insécurité, quel que soit son rang et son titre, sera détesté par le peuple", a prévenu Ali Khamenei. "Nos élites doivent être vigilantes. Toute parole, toute action, toute analyse qui aident (les ennemis) sera contraire à la voie du peuple", a-t-il dit.



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Le vice-président iranien Rahim Mashaie dément avoir démissionné

Le site Internet personnel d'Esfandiar Rahim Mashaie, nommé vendredi premier vice-président iranien, a démenti lundi 20 juillet sa démission, comme l'avait annoncé la veille la télévision iranienne en langue anglaise Press-TV.

"Dans une action coordonnée, certains sites Internet ont publié une information concernant la démission de M. Rahim Mashaie, le premier vice-président, dans le but de porter atteinte au gouvernement", peut-on lire sur le site (en persan). "Cette information est une rumeur et un mensonge et ces rumeurs sont propagés par les ennemis (...) du gouvernement", ajoute le site.

DEMANDE D'UN RÉFÉRENDUM

De son côté, l'Association des religieux combattants, créée notamment par l'ancien président Mohammad Khatami et qui regroupe des religieux réformateurs, a demandé lundi 20 juillet la tenue d'un référendum, estimant que "des millions d'Iraniens ont perdu confiance dans le processus électoral".

Selon la Constitution iranienne, seul le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, peut ordonner l'organisation d'un référendum. L'Association soutient également les propositions de l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui a demandé vendredi la libération des prisonniers et l'autorisation des journaux interdits, pour calmer le climat politique et ramener la confiance partiellement perdue des Iraniens.



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dimanche 19 juillet 2009

Rafsanjani cherche "la voie d'un compromis" en Iran

Et si Ali Akbar Hashemi Rafsanjani était la planche de salut du régime des mollahs?


Aux yeux de Bernard Hourcade, géographe spécialiste de l'Iran et directeur de recherche au CNRS, le régime pourrait négocier avec l'ancien président iranien pour sauver la République islamique.

Comment analysez-vous la prise de position, aujourd'hui, lors de la prière du vendredi à Téhéran de l'ancien Président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani appelant à relâcher les manifestants et à "regagner la confiance perdue"?

Le président Rafsandjani continue de soutenir le mouvement contestataire conduit par Mir Hossein Moussavi, il le montre en exigeant la libération des personnes emprisonnées. Mais il cherche aussi à apaiser la crise que traverse l'Iran. Il n'a d'ailleurs pas utilisé le terme de révolution. Il cherche la voie d'un compromis, d'une réconciliation dont il serait le réconciliateur.

Comment peut réagir le "guide suprême", Ali Khamenei qui, lui, soutient ouvertement le président réélu Mahmoud Ahmadinedjad?

Il est probable que l'intervention de Rafsandjani à la prière du vendredi d'aujourd'hui ait été négociée avec le guide. Rafsandjani est aujourd'hui à la tête du Conseil de discernement, une assemblée de 80 haut-dignitaires, toutes tendances confondues, qui a pour fonction, entre autres, de dégager des consensus. Il est donc probable qu'en dépit des divergences très fortes qui les opposent, Rafsandjani et Khamenei essaient de trouver un terrain d'entente afin d'éviter l'effondrement de la République islamique.

Pensez-vous que la fracture qui sépare, en Iran, les partisans de Mahmoud Ahmadinedjad et ses opposants peut durer longtemps?

Ce qui vient de se produire est une rupture profonde dans l'histoire de la République Islamique. En effet, des forces très hétérogènes se sont unies autour de Moussavi. Elles forment une sorte d'Union Nationale ou d'Union dans l'opposition et sont réunies par très peu de points communs. Cependant elles cherchent à se rassembler autour des grands enjeux auxquels l'Iran doit faire face, c'est à dire essentiellement l'ouverture aux Etats-Unis rendue possible par la main tendue d'Obama, qui doit recevoir une réponse rapide.

Il y a donc aujourd'hui une rupture très profonde en Iran et elle sera persistante car elle est à la fois marquée dans les institutions et parmi la population.

La structuration de l'Iran en bipartisme droite-gauche, gauche-droite, à 45%-55% d'un côté ou de l'autre est certainement durable. C'est ainsi que le pays va évoluer dans les prochaines années.



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Tollé conservateur en Iran après la nomination du nouveau vice-président


Plusieurs responsables conservateurs iraniens ont critiqué, dimanche 19 juillet, le président, Mahmoud Ahmadinejad, pour avoir nommé un de ses proches, Esfandiar Rahim Machaii, premier vice-président. "Il est nécessaire d'annuler la nomination de M. Rahim Machaii par respect pour le peuple conservateur" fidèle aux principes de la révolution islamique, a écrit Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien Kayhan. Le directeur du journal conservateur est nommé par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et soutient le président Ahmadinejad.

"De nombreuses personnes proches du président comme le peuple qui le soutient sont hostiles à la nomination de M. Rahim Machaii et s'en inquiètent", a ajouté M. Shariatmadari. La nomination d'Esfandiar Rahim Machaii, qui était vice-président chargé du tourisme et remplace Parviz Davoudi, a été annoncée vendredi.

M. MACHAII AVAIT DÉCLARÉ QUE L'IRAN ÉTAIT "L'AMI DU PEUPLE ISRAÉLIEN"

Le nouveau premier vice-président est considéré comme très proche de Mahmoud Ahmadinejad et sa fille a épousé le fils du président iranien. En juillet 2008, il avait affirmé que l'Iran était "l'ami du peuple israélien", dans une déclaration inhabituelle contrastant avec les attaques verbales de Téhéran contre Israël. A l'époque, ces déclarations avaient provoqué un tollé, notamment chez les dignitaires religieux et les parlementaires conservateurs, qui avaient exigé son départ.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait dû intervenir pour mettre un terme à la polémique. Il avait désavoué les propos de M. Rahim Machaii, tout en demandant la fin de la polémique. Un religieux conservateur, Ahmad Khatami, un des imams de prière du vendredi de Téhéran, a également critiqué la nomination de M. Rahim Machaii. "Cette nomination (...) est un défi aux membres de l'Assemblée des experts et du Parlement" qui avait dénoncé les propos de de M. Rahim Machaii à l'époque, a déclaré M. Khatami.



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samedi 18 juillet 2009

Un homme «sûr» à la tête du nucléaire iranien

Ali Akbar Salehi est un ancien ambassadeur iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Crédits photo : AFP


Ali Akbar Salehi a été nommé à la tête du nucléaire iranien en remplacement de Gholamreza Aghazadeh, un proche de l'opposant Mir Hossein Moussavi.

Le président réélu Mahmoud Ahmadinejad avait promis des remaniements au sein du pouvoir iranien. Ali Akbar Salehi a été nommé jeudi à la tête de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), en remplacement de Gholamreza Aghazadeh. Celui-ci, qui était en poste depuis douze ans, est réputé proche de Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à l'élection présidentielle du 7 juin dernier, et d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, adversaire déclaré d'Ahmadinejad.

Salehi a exercé les fonctions d'ambassadeur iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sous la présidence du réformiste Mohammad Khatami (1998-2005). Ce scientifique a soutenu en 1977 une thèse de doctorat sur le nucléaire au sein du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux États-Unis, avant d'enseigner à l'université de technologie Sharif (Téhéran), dont il sera nommé président. En 1999, il est chargé par Mohammad Khatami de représenter l'Iran auprès de l'AIEA, à Vienne, où il s'attire le respect de ses pairs pour ses connaissances techniques et sa grande probité dans l'exercice de ses fonctions. Mais l'orage éclate en août 2002, lorsque l'opposition iranienne en exil dénonce l'existence d'un programme nucléaire clandestin, lancé dix-huit ans plus tôt, en 1984.

Un diplomate pugnace

Sommé de justifier l'existence de ce programme, que Téhéran aurait dû déclarer à l'AIEA au regard de ses obligations vis-à-vis du traité de non-prolifération (TNP), le technicien se mue alors en diplomate rugueux, pugnace, dénonçant l'existence au Moyen-Orient d'une puissance nucléaire qui ne dit pas son nom, Israël, alors même que les pays occidentaux exigent de Téhéran qu'il cesse d'enrichir de l'uranium.

Tandis que Paris, Londres et Berlin se démènent pour trouver une solution à la crise iranienne, à l'automne 2003, il s'insurge contre «un monde où, si l'on commence à se plier aux exigences outrancières de l'Occident, les demandes de ce dernier n'auront plus de limite». Trois mois plus tard, le 18 décembre 2003, c'est pourtant lui qui paraphe le protocole additionnel du TNP autorisant l'AIEA à mener des inspections «renforcées et inopinées», afin de déterminer si le programme nucléaire iranien répond à des fins civiles ou à d'autres desseins moins avouables. Le protocole additionnel, jamais ratifié par le Majlis (parlement iranien), sera finalement dénoncé en 2006 par le président Mahmoud Ahmadinejad.

Placé à la tête de l'OIEA, Salehi va superviser le programme nucléaire iranien, qui s'apprête à entrer dans une phase opérationnelle : à Bouchehr (Sud), le premier réacteur nucléaire du pays, construit et alimenté en combustible par la Russie, doit entrer en service à la fin de l'année, tandis qu'à Natanz (Centre), 5 000 centrifugeuses ont déjà permis d'accumuler plus de 1,3 tonne d'uranium faiblement enrichi (UFE). De quoi alimenter en combustible des centrales nucléaires… qui n'existent pas encore, ou bien produire suffisamment d'uranium hautement enrichi (UHE) pour concevoir la première bombe atomique iranienne.



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Verrou iranien

Edito du Monde
La crise ouverte en Iran le 12 juin par la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad n'est pas terminée. C'est, au demeurant, ce terme de "crise", délibérément dramatique, qu'a utilisé Akbar Hachémi Rafsandjani lors de la prière à l'université de Téhéran, vendredi 17 juillet, pour qualifier la "période difficile" traversée par le régime.

Cette prise de position illustre l'ampleur des divisions au sein de la direction du pays et témoigne de la détermination de ceux qui se veulent les porte-parole de la première opposition à prendre forme depuis des décennies. Cette opposition naissante ne semble être découragée ni par la violence de la riposte policière ni par les admonestations du "Guide", Ali Khamenei, dépositaire d'un dogme, le "pouvoir du docte", aujourd'hui ébranlé.

Cette crise de "confiance", selon les mots de l'ancien président de la République islamique, est sans précédent depuis la révolution de 1979. Elle a provoqué un raidissement de Mahmoud Ahmadinejad et a nourri les critiques tous azimuts de ses partisans à l'encontre des pays qui critiquent les modalités du scrutin présidentiel iranien et s'alarment du sort réservé aux contestataires.

Visé par ce raidissement, l'ambassadeur de France à Téhéran a été convoqué le 16 juillet au ministère iranien des affaires étrangères. Il y a entendu des critiques sur la brutalité de la police en France, à l'encontre de ceux qui "n'(y) sont pas heureux de leurs conditions de vie". Cette diatribe avait toutes les allures de représailles après la convocation du représentant iranien à Paris, en juin. Celui-ci avait été informé que la France s'inquiétait de la répression des manifestations de Téhéran.

Il ne s'agit pas, hélas, de la seule arme utilisée par le président et ses proches. Depuis le 1er juillet, une jeune Française, Clotilde Reiss, lectrice en français à l'université d'Ispahan, est incarcérée à la prison d'Evine. Des accusations d'espionnage, jugées "invraisemblables" par le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, pèsent sur elle.

Même si l'ambassadeur de France a déjà été autorisé à lui rendre visite, le sort réservé à cette jeune femme est inadmissible. Les éléments du dossier sont dérisoires. Son incarcération ressemble plutôt à une vengeance, doublée d'une prise d'otage.

On comprend qu'une certaine discrétion des autorités françaises, comme souvent dans ce genre d'affaires, soit la meilleure alliée de la jeune universitaire. Cela n'interdit pas de penser que le pouvoir iranien aggrave chaque jour son cas en la gardant sous les verrous.



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L'heure de Rafsandjani

Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. Crédits photo : AP

L'éditorial de Pierre Rousselin du 18 juillet - «L'entrée en scène de Rafsandjani, derrière la candidature de Mir Hussein Moussavi, projette sur la scène publique le clivage qui s'est creusé au sein de la hiérarchie du régime».

L'opposition iranienne n'a pas renoncé à son combat contre le durcissement du régime des mollahs. L'intervention, vendredi, de l'ancien président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, lors de la prière du vendredi à Téhéran, marque un tournant dans la longue et difficile transition, sans doute irréversible, qui s'est amorcée en Iran avec le trucage de la présidentielle du 12 juin.

L'entrée en scène de Rafsandjani, que l'on savait derrière la candidature de Mir Hussein Moussavi, projette sur la scène publique le clivage qui s'est creusé au sein de la hiérarchie du régime.

En appelant à la libération des victimes de la répression, en jugeant légitimes les doutes exprimés sur le résultat de la présidentielle, en préconisant un large débat public à la télévision, Rafsandjani s'est placé en situation de recours, face à un guide suprême de la révolution qui a perdu sa légitimité le jour où il a pris fait et cause pour Mahmoud Ahmadinejad.

Le défi lancé aux deux protagonistes du coup de force du 12 juin n'est pas le fait de n'importe qui. Rafsandjani est un homme riche et puissant. Il est l'un des fondateurs de l'Iran khomeyniste, premier président du Majlis (Parlement) devenu ensuite président de la République islamique. C'est même lui qui a choisi l'ayatollah Ali Khamenei pour succéder à Khomeyni en tant que guide suprême de la révolution. L'idée était, à l'époque, de désigner un homme plutôt effacé et inoffensif, dépourvu d'une autorité religieuse incontestée, pour assurer une transition, avant de se mettre d'accord sur le nom du véritable successeur de Khomeyni. La suite en a été autrement. L'affrontement entre Khamenei et Rafsandjani, personnellement accusé de corruption pendant la campagne pour la présidentielle, s'est petit à petit développé et vient d'atteindre son paroxysme.

D'un côté, le repli nationaliste et autoritaire incarné par le président Mahmoud Ahmadinejad et ses diatribes antioccidentales. De l'autre, un conservatisme réformateur avec un véritable projet politique : introduire en Iran une évolution «à la chinoise», où l'ouverture économique permettrait de légitimer le régime.

En un mois, Khamenei et Ahmadinejad ont pu regagner le contrôle de la rue par une répression brutale et efficace. Mais ils sont incapables de rallier les opposants et de surmonter les divisions internes qui partagent en deux camps la hiérarchie politique et les plus hautes autorités religieuses du pays. Ce sont ces divisions internes qui font courir le plus grand risque au régime.

Toute contagion de la contestation au corps des gardiens de la révolution, État dans l'État et garde prétorienne de la République islamique, serait le signe d'une fragilité fatale.

À 75 ans, Rafsandjani joue le tout pour le tout. Il ne se serait pas lancé à découvert s'il n'avait pas de sérieux appuis. Le combat qu'il vient d'engager n'est pas de ceux que l'on peut abandonner à mi-parcours.



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La révolte malgré tout

Manifestation à Téhéran, le 17 juillet 2009 (© AFP Poya Porhedari)

On la disait essoufflée, désorganisée, terrorisée par les arrestations massives et les frappes sans aucune retenue des bassidji (miliciens), mais l’opposition est toujours là. Un mois après la répression sanglante de la manifestation du 20 juillet, elle a retrouvé vendredi le chemin de la rue, mobilisant plusieurs dizaines de milliers de personnes dans l’enceinte et autour de l’université de Téhéran. Cette fois, le régime n’a pu interdire ce rassemblement, puisqu’il s’agissait d’une cérémonie politico-religieuse qui incarne les valeurs de la République islamique. Les participants étaient essentiellement venus pour deux raisons : écouter le prêche de la prière du vendredi prononcé par l’ex-président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. Et plus encore soutenir Mir Hossein Moussavi, le candidat réformateur dont c’était la première apparition publique depuis la fraude et, donc, affirmer leur refus de reconnaître la validité de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Slogans hostiles à ce dernier : «Démission, démission» ou «mort au dictateur». D’autres visaient Moscou, qui a reconnu Ahmadinejad : «Mort à la Russie.» Bannières vertes - la couleur de Moussavi - en grand nombre. Rafsandjani a même dû calmer l’ardeur des participants.

Comme à l’accoutumée, les milices islamiques et la police antiémeute ont attaqué les manifestants et procédé à des arrestations. Les forces de l’ordre ont aussi fait usage de balles de peinture pour les marquer. L’avocate Shadi Sadr, spécialisée dans la défense des droits de l’homme, a été arrêtée. L’un des religieux réformateurs, Mehdi Karoubi, qui fut lui-même candidat, a été molesté et insulté par des policiers en civil.

Ennemi juré. En fait, l’événement était bien double, le discours de Rafsandjani étant lui-même très attendu. Ce religieux est à la fois un ennemi juré d’Ahmadinejad et un pilier du régime. Il préside deux institutions clés : l’Assemblée des experts, chargée de superviser les activités du guide suprême, et le Conseil de discernement, qui a vocation à résoudre les conflits en son sein. Il est donc considéré comme intouchable. Moins ambigu, moins alambiqué que dans ses précédents prêches, il s’est gardé cependant de toute attaque frontale contre Ahmadinejad. A propos du scrutin présidentiel, il a déclaré que s’il y avait eu fraude, c’est que «le gouvernement n’était pas islamique». A propos des prisonniers, il a été encore plus critique, appelant le pouvoir à libérer les Iraniens arrêtés par centaines depuis le scrutin du 12 juin. Il a aussi dénoncé avec des termes très vifs le comportement des forces de l’ordre : «L’imam Khomeiny ne voulait pas l’emploi de la terreur ou des armes, même dans le combat [pour la révolution]». Il a enfin reconnu que le régime traversait une «crise» et que le régime avait, «dans une certaine mesure, perdu la confiance du peuple» et que celle-ci ne serait pas rétablie «en une nuit ou deux». «Nous avons tous perdu. […] Ceux qui ont été touchés dans les incidents ont besoin de compassion. Nous devrions consoler les [personnes] endeuillées et rapprocher leurs cœurs du régime», a-t-il encore insisté.

En se gardant d’être aussi ferme que Moussavi, qu’il soutenait lors de l’élection présidentielle, mais en se rangeant néanmoins dans le camp hostile à Ahmadinejad et en proposant la réconciliation, Rafsandjani s’est présenté comme un possible recours, voire comme un sauveur. En s’interrogeant sur la validité du vote et en refusant d’incriminer des «puissances étrangères» dans les événements sanglants des semaines passées, il a aussi défié Ali Khamenei et contribué encore un peu plus à son isolement.

Occasion. Dans les jours précédents la prière du vendredi, les partisans de Moussavi avaient d’ailleurs débattu de l’opportunité d’aller ou pas à cette cérémonie. «Les plus radicaux refusaient de s’y rendre pour ne pas cautionner le régime, d’autres étaient partisans d’y aller pour renforcer Rafsandjani contre Khamenei et les derniers estimaient qu’il s’agissait de la meilleure occasion possible pour manifester», souligne le chercheur Reza Moïni.

Pour l’opposition, le but est atteint. Elle a réussi sa première grande manifestation depuis celle du 9 juillet - qui marquait le 10e anniversaire de la répression des émeutes étudiantes de 1999. Mais pour les étudiants, fer de lance du mouvement, l’été sera très long, le régime ayant fait fermer toutes les universités de peur qu’elles soient des foyers de subversion.

JEAN-PIERRE PERRIN




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