jeudi 27 mars 2008

Les soupçons sur le caractère militaire du nucléaire iranien se multiplient





Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté récemment une troisième série de sanctions destinées à forcer l'Iran à interrompre son programme nucléaire, Le Monde a eu accès à des documents attestant que Téhéran a poursuivi un programme nucléaire militaire après 2003, contrairement à ce qu'affirmait un rapport de la direction nationale du renseignement américain, publié le 3 décembre 2007.

Le 25 février, le directeur général adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le Finlandais Olli Heinonen, avait présenté des preuves de l'existence de ce programme militaire nucléaire iranien. Une lettre adressée courant 2004 à Gholam Reza Aghazadeh, vice-président de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran (AEOI), par l'ingénieur Mahdi Khaniki, l'un des principaux interlocuteurs de l'AIEA et ancien ambassadeur d'Iran en Syrie, confirme ses accusations.

Ce document dresse un état des lieux des relations de Téhéran avec les inspecteurs de l'agence de Vienne. Mahdi Khaniki rappelle notamment que les inspecteurs de l'AIEA - qui agissent sous la direction de M. Heinonen - ont exigé de voir les contrats portant sur l'acquisition de pièces détachées entrant dans la mise au point des centrifugeuses. Assemblées en "cascade", ces centrifugeuses permettent d'enrichir l'uranium, éventuellement jusqu'à obtenir une qualité militaire.

"Lors d'une réunion qui s'est déroulée le 31 janvier 2004 en présence du Dr Rohani (Hassan Rohani, principal négociateur du programme nucléaire iranien jusqu'à fin 2005), celui-ci a décidé que ces contrats devaient être préparés conformément aux souhaits de l'AEOI, de façon à ce qu'ils soient prêts à être fournis à l'AIEA." "Il faut noter, ajoute-t-il, que le représentant du ministère de la défense et d'assistance aux forces armées a indiqué lors de cette réunion que les contrats avaient été rédigés pour une présentation (à l'AIEA)."

"Or, poursuit Mahdi Khaniki, des parties de ces contrats, que j'ai moi-même vues au ministère de la défense, étaient biffées de lignes noires et les quantités ne figuraient pas ; il semble donc que ces contrats provoqueront plus de questions que ceux qui devraient (normalement) être présentés à l'Agence (l'AIEA)." Et de conclure : "Naturellement, j'ai demandé au préalable à l'ingénieur Mohamadi de préparer le nombre nécessaire de contrats (corrigés) et j'espère qu'il l'a déjà fait."

Pour les spécialistes du dossier iranien, cette lettre représente une preuve évidente de l'implication du ministère de la défense iranien dans le dossier nucléaire. Ce qui conforte les soupçons sur le caractère militaire de ce programme, tout en attestant des efforts des Iraniens pour en dissimuler la nature.

Selon des sources proches d'un service de renseignement, ce courrier s'inscrit dans le cadre du "Projet 13", dont l'intitulé est "projet pour la disparition des menaces". Ce projet aurait vocation à tromper les inspecteurs de l'AIEA. Le Centre de recherche en physique (PHRC) de Lavizan Shian a ainsi été rebaptisé "AMAD", et ses "départements" sont devenus des "projets", afin de brouiller les pistes. Dans un deuxième temps, probablement en 2006, l'appellation "AMAD" a également été supprimée. Depuis, il n'est plus fait mention que du "Centre" pour désigner la direction du programme nucléaire militaire.

Les services de renseignement américains ont capté, à la mi-décembre 2006, une conversation entre deux fonctionnaires non identifiés tenue au ministère de la défense à Téhéran et faisant état de divergences entre responsables de l'AEOI et du ministère de la défense. L'un des deux interlocuteurs fait référence au "Centre" et souligne : "L'AEOI s'occupait de ses intérêts, et sa politique se situait à 180 degrés de la nôtre. Actuellement, comme pour la CTBTO (Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires), je pense que le ministère de la défense doit avoir le dernier mot, parce qu'ils (les dirigeants de l'AEOI) savent qu'au bout du compte nous avons l'intention de conduire des tests." Le doute subsiste sur la nature de ces "tests", mais cette référence renforce les soupçons.

Les informations rendues publiques par Olli Heinonen, en février, à Vienne, contredisent une partie des conclusions du rapport des services américains en décembre 2007. Pour expliquer cette incohérence, certains diplomates français évoquent un "dysfonctionnement majeur" au sein de l'administration américaine.

D'autres sources avancent que, courant 2007, les services de renseignement américains, ainsi que le Pentagone, se sont inquiétés du climat va-t-en-guerre qui régnait alors à Washington, et du risque de voir le président George Bush ouvrir un nouveau front militaire contre l'Iran. Le rapport du mois de décembre aurait alors eu pour but de couper court à la tentation de l'exécutif américain de recourir à la force.

Laurent Zecchini


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dimanche 23 mars 2008

A Téhéran, les ultraradicaux s’affirment dès le premier tour des législatives

آنالیز ژان پیر پران، فرستاده روزنامه لیبرسیون به تهران در باره آخرین تحولات ایران ، بخصوص انتخابات مجلس را در اینجا بخوانید


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Dissuasion: Sarkozy veut un dialogue avec l'UE

جمعه 21 مارس آقای سارکوزی در سخنرانی خود درباره سیاست دفاعی کشور، ایران را تهدیدی برای امنیت اروپا دانست. او همچنین در این سخنان خواستار همکاری نزدیکتر کشورهای اروپایی شد. خلاصه این سخنرانی را در این مقاله هفته نامه اکسپرس بخوانید



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samedi 22 mars 2008

Etre juif en Iran


Etre juif en Iran
LE MONDE 2 | 21.03.08

© Le Monde.fr


De notre envoyée spéciale en Iran

Dans la République islamique du très antisioniste président Mahmoud Ahmadinejad vivent toujours quelque 30 000 juifs. La communauté, qui jouit de la liberté de culte, est même représentée au Parlement – par un seul député. Plongée dans le quotidien discret d'une des plus anciennes diasporas du monde.[...]


[...]Lectures et chants s'enchaînent dans une légère cacophonie. La porte de la synagogue claque au gré des entrées et sorties des enfants. Côté femmes, à gauche, on chuchote allègrement entre deux récitations murmurantes. Côté hommes, à droite, sourires et saluts de la main s'échangent à la moindre occasion. Puis arrive le moment où l'on pose deux fauteuils l'un en face de l'autre devant l'estrade centrale. Toute l'assemblée devient silencieuse. On fait asseoir le bébé sur les genoux de son père. En face, le mohel (circonciseur) prépare son nécessaire : couteau, flacon et morceaux de coton. La foule se resserre autour d'eux. Armé d'un petit couteau à double tranchant, le mohel se penche sur le sexe du nourrisson pendant qu'un homme, debout, éponge le front en sueur du jeune père, occupé à retenir les gesticulations de son enfant. Caméscopes et téléphones portables sont tendus vers la scène. Quelques minutes plus tard, sous les youyous stridents des femmes, le bébé apparaît au-dessus de l'assistance, porté à bout de bras par son père. Les chants en hébreu résonnent sous le plafond de la synagogue. Dans une salle attenante, un buffet est garni de ragoûts, de salades et de poissons grillés. Et le père, au milieu de ses convives, verse à qui veut des rasades de whisky et de vodka!

DISCOURS ANTI-ISRAÉLIEN


Cette cérémonie de circoncision se tient à la grande synagogue Yusef-Abad, en plein centre de Téhéran, capitale de la très antisioniste République islamique d'Iran. Difficile d'imaginer que cet endroit aux allures de bâtiment administratif, situé en plein quartier résidentiel, accueille chaque semaine des centaines de juifs de Téhéran. A quelques encablures de là, sur les murs de la capitale, ne lit-on pas de ravageurs "Down with Israël" (A bas Israël)? Répandu en Iran depuis la révolution islamique de 1979, le discours anti-israélien est encore plus présent maintenant que Mahmoud Ahmadinejad a accédé à la présidence du pays. En octobre 2005, quelques mois après son élection, reprenant les propos de l'imam Khomeiny, Ahmadinejad appelait à "rayer de la carte l'Etat d'Israël", qu'il comparait à une "tumeur".

Quelques semaines plus tard, il affirmait que les Occidentaux "ont inventé le mythe du massacre des juifs". Puis le régime des mollahs organisa un concours "international" de caricatures sur la Shoah. Et les 11 et 12 décembre 2006, le monde entier assistait, incrédule, à une énième provocation de la présidence iranienne : la tenue à Téhéran d'une conférence sur l'Holocauste à laquelle était invitée la quasi-totalité des négationnistes de la planète. Ils s'étaient employés pendant deux jours à nier les preuves du génocide des juifs par l'Allemagne nazie et à faire du sionisme le produit d'une gigantesque imposture. Depuis, pas un mois ne s'écoule sans que des déclarations d'un goût douteux ne viennent illustrer la nouvelle stratégie iranienne de diabolisation des juifs et d'Israël.

Pourtant, forte de quelque 30 000 membres, la communauté juive iranienne est la plus importante du Moyen-Orient – en dehors de l'Etat hébreu. Vieille de deux mille sept cents ans, c'est aussi la plus ancienne diaspora juive vivante du monde. Comme dans la plupart des pays musulmans, elle partage avec la communauté chrétienne le statut de minorité protégée (dhimmi-s) réservé aux gens du Livre. Reconnus en tant que minorité religieuse, les juifs sont libres de pratiquer leur culte dans leurs synagogues, de célébrer leurs mariages… mais ne jouissent pas des mêmes droits que les musulmans (notamment concernant les droits d'héritage) et ne peuvent accéder à des emplois dans la haute administration ou dans l'armée.

BOUCHERIES CASHER

"Nous pratiquons notre religion dans la sérénité et ne manquons de rien, avance Farhad Aframian, jeune rédacteur en chef de la revue juive Ofogh-Bina. Nous avons une vingtaine de synagogues à Téhéran, des écoles juives, des crèches pour nos enfants en bas âge, quelques boucheries casher, notre propre hôpital, etc. A l'intérieur de nos synagogues, on fait ce qu'on veut. Le gouvernement ne nous embête pas. On a même le droit de consommer de l'alcool pour les besoins de nos cérémonies!"

Dans les rues de Téhéran, vous ne verrez que rarement des juifs coiffés d'une kippa. La plupart la mettent juste avant d'entrer dans la synagogue. Et les femmes juives, même si elles se distinguent souvent par des vêtements soyeux et colorés, respectent strictement le code vestimentaire qu'impose la loi islamique : foulard et "mantô" qui cache les formes féminines. Signe de méfiance? "Nous ne voulons pas attirer l'attention sur nous. Nous savons que notre discrétion est une condition à notre relative liberté", répond Arash Abaie, 36 ans, professeur de religion juive, éditeur de livres en hébreu et lecteur à la synagogue Yusef-Abad. Pour lui, aucune contradiction majeure à être juif en terre d'islam. "Il n'y a pas de ghettos ou de quartiers exclusivement juifs en Iran. Nous sommes bien intégrés et ne sentons aucune hostilité de la part de nos compatriotes, poursuit-il. Il faut savoir aussi que nous, juifs d'Iran, nous nous définissons d'abord et avant tout comme iraniens."

On conçoit mal, pourtant, que les déclarations négationnistes et les multiples provocations du président Ahmadinejad aient pu les laisser indifférents. Par la voix de Moris Motamed, son unique représentant au Parlement, la communauté juive a officiellement condamné ces propos. Quand Mahmoud Ahmadinejad a remis en cause l'Holocauste il y a deux ans, le député a organisé une conférence de presse pour protester publiquement contre ces déclarations. Il y affirmait que lest un fait historique avéré et que remettre en question cette tragédie humaine est une insulte pour tous les juifs du monde. Pour Moris Motamed, toutefois, ces provocations ne constituent pas une menace directe à l'égard de la communauté. "Ahmadinejad ne fait que reprendre le discours de ses prédécesseurs. Dès le lendemain de la révolution, Khomeiny a explicitement fait la distinction entre les sionistes et les juifs en disant : Nous respectons le judaïsme mais nous méprisons le sionisme. Les slogans que nous entendons encore aujourd'hui visent Israël en tant que puissance occupante. Ils ne sont pas antisémites et ne nous visent pas. Cette différenciation est fondamentale pour nous", clame Moris Motamed. Il ne cache pas qu'il lui arrive de soutenir publiquement le peuple palestinien quand il estime cela nécessaire. Et l'Association juive de Téhéran, comme elle le rappelle dans son livret de présentation, a elle-même régulièrement protesté contre "les crimes du régime israélien et les violations des droits de l'homme à l'égard des Palestiniens".

DÉTACHEMENT

Reste qu'il y avait à l'évidence une arrière-pensée antisémite dans l'organisation du concours de caricatures sur la Shoah ou dans la négation de l'Holocauste. "Nous ne sommes pas dupes. Les provocations d'Ahmadinejad visent à justifier la désignation d'Israël comme ennemi extérieur. Ça lui permet de détourner l'attention des gens quant aux problèmes intérieurs", analyse le député, impassible. Pierre angulaire de la politique étrangère du pays, cette lutte contre le "régime sioniste usurpateur" est aussi une manière de s'attirer les sympathies des pays arabes de la région dans le but de faire de l'Iran la plus grande puissance du Moyen-Orient.

Les déclarations présidentielles n'émeuvent pas non plus outre mesure la population. Moses, 51 ans, qui tient une boutique de textile, préfère s'en amuser. "Que voulez-vous? Laissons-le parler! C'est un dictateur. Il est fou. Tout le monde le sait. Pour nous, ça ne change rien." " Ça fait des années qu'on entend les mêmes discours, on n'y prête plus attention. Ça fait partie du décor", soupire Robin, étudiant en anglais. Un détachement qui s'explique, selon Arash, par le peu d'intérêt que suscitent ces questions-là. "Les juifs d'Iran ne se mêlent pas beaucoup de politique. Ici, il est très difficile de trouver des livres sur l'histoire de l'Holocauste. Si bien que même les juifs iraniens n'ont pas une grande conscience de la Shoah. Cette tragédie ne les touche pas personnellement." Yom HaShoah, qui commémore l'Holocauste, est l'une des seules fêtes du calendrier hébraïque à ne pas être célébrées en Iran.

La nécessité (ou l'obligation) de s'intégrer semble être une caractéristique de cette communauté. C'est en tout cas l'un des buts revendiqués par l'Organisation des femmes juives qui, créée voici soixante ans, est la plus ancienne association juive d'Iran. "Nous organisons régulièrement des concerts ou des conférences ouvertes à toutes les confessions afin de favoriser les échanges avec la majorité , souligne Marjan Yashayayi, membre active de l'organisation et directrice de la bibliothèque de l'Association juive de Téhéran. Et nous sommes très fiers de constater que les universitaires musulmans sont plus nombreux que les juifs à venir emprunter nos livres sur la religion et la culture hébraïques." De même, malgré l'existence d'écoles juives, beaucoup de familles préfèrent inscrire leurs enfants dans les écoles musulmanes pour qu'ils s'intègrent mieux et apprennent les bases de l'islam. D'autant qu'au concours d'entrée à l'université, chaque élève, quelle que soit sa confession, doit passer une épreuve de "sciences islamiques". Pour ne pas sécher sur la date de décès du septième imam, mieux vaut donc avoir fréquenté un lycée musulman.

Mais lorsque la conversation se prolonge, les juifs iraniens rencontrés osent se plaindre. "Ce n'est pas si facile d'être juif en Iran, raconte Esther. Ma sœur était chef d'équipe dans une entreprise pharmaceutique de plus de 200 employés. Elle devait devenir manager – tous les employés y étaient favorables. Au dernier moment, la direction lui a fait savoir que si elle voulait le poste, elle devait se convertir à la religion musulmane. Comme elle a refusé, on lui a demandé de partir."

LIENS ÉCONOMIQUES


Daniela, 13 ans fréquente un collège musulman. Elle explique, quant à elle, que d'autres élèves la traitent parfois d'"ennemi" "C'est vrai que dans certains cas, notre religion est un handicap. Mais notre sort est beaucoup plus enviable que celui des bahaïs, par exemple", concède Marjan, faisant référence aux 350 000 fidèles de la foi bahaï, dissidence de l'islam née au XIXe siècle. "La situation des juifs d'Iran n'est pas pire que celle d'autres minorités, confirme Parvaneh Vahidmanesh, qui prépare un doctorat et un livre sur l'histoire des juifs en Iran. Minorité persécutée, les bahaïs sont empêchés de célébrer leur culte. Les juifs, souvent commerçants, ingénieurs ou médecins, ont plus de pouvoirs et de richesses que les chrétiens ou les zoroastriens. Ils ont cette chance d'avoir tissé des liens économiques avec les musulmans et de jouir d'aides de la diaspora américaine ou israélienne."

"INTERDICTION FORMELLE D'ALLER EN ISRAËL"


Malgré la rupture des liens diplomatiques entre l'Iran et Israël, les juifs iraniens maintiennent quelques relations avec l'Etat hébreu. Surtout à travers la famille. Beaucoup ont un cousin, un oncle, un frère, des grands-parents vivant à Tel-Aviv ou Jérusalem puisqu'à la création de l'Etat d'Israël en 1948, puis à la révolution de 1979, une part très importante de la communauté juive d'Iran a émigré. Kamran, père de trois enfants, est commerçant à Ispahan. Trois de ses sœurs habitent à Jérusalem. Il leur rend visite chaque année. "C'est écrit noir sur blanc sur notre passeport : interdiction formelle d'aller en Israël. Pour voir notre famille, on doit donc passer par Chypre ou la Turquie et, à Jérusalem, on nous délivre un visa sur feuille volante, raconte-t-il. Mes sœurs m'appellent régulièrement et on communique beaucoup par mail. Elles s'inquiètent de savoir comment ça se passe pour nous ici, surtout depuis qu'Ahmadinejad est au pouvoir. C'est vrai que sous Khatami [le précédent président, réformiste, de 1997 à 2005], on se sentait plus à l'aise, plus libres de s'exprimer. Mais je les rassure : pour l'instant, on n'a pas trop à se plaindre."

Ce vendredi soir-là, veille de sabbat, toute la petite famille est réunie. Dans le salon, le poste est branché sur le programme en persan de Radio-Israël, animée par des Iraniens de Jérusalem. Le fils aîné, Jonathan, 23 ans, est aussi un lecteur assidu du Jerusalem Post et de Haaretz, qu'il consulte en ligne pour, dit-il, s'informer de ce qui se passe en Israël. Comme beaucoup de jeunes de son âge, il ne veut pas se contenter des journaux iraniens, pour la plupart soumis à la censure. Etudiant en informatique, Jonathan se sent bien intégré. Plus tard dans la soirée, il émettra tout de même quelques réserves : "En tant que juif, on sait que, professionnellement, on rencontrera des obstacles. On ne peut pas espérer faire carrière dans l'armée ou devenir haut fonctionnaire. Ni prétendre à une poste d'avocat ou de magistrat. Et comme les médias, l'édition ou l'éducation sont complètement islamisés, la plupart d'entre nous préfèrent s'orienter vers des voies plus neutres : ingénierie, médecine, pharmacie." Pour rien au monde, pourtant, Jonathan n'irait vivre en Israël ("J'aime mon pays et j'aurais trop peur des attentats"), mais il comprend que certains Iraniens en aient envie. Fin décembre, un groupe d'une quarantaine d'immigrants juifs, aidés financièrement par l'Agence juive, est arrivé à Tel-Aviv sous les caméras et les appareils photo de dizaines de journalistes. L'Agence juive a alors déclaré que ces hommes et femmes avaient quitté leur pays à cause d'un antisémitisme croissant. Difficile de savoir où s'arrête la vérité et où commence la manipulation politique, note Arash, qui remarque néanmoins que ce genre d'événement, largement médiatisé dans les médias iraniens, ne fait qu'aggraver l'image des juifs en Iran.

En novembre 2007, le Guardian avait fait état "d'un nombre croissant d'émigrations de juifs d'Iran vers Israël à cause des tensions grandissantes entre les deux pays", et citait l'exemple de Benyamin, un jeune enseignant d'hébreu qui aurait été menacé de mort parce que soupçonné d'espionnage pour le compte d'Israël.

ENTRE PROVOCATION ET TOLÉRANCE

Moris Motamed le reconnaît, les tensions internationales provoquent parfois des remous jusque dans la vie quotidienne des juifs iraniens. A Shiraz, dans le sud du pays, au cours de l'été 2006, en pleine guerre entre Israël et le Hezbollah soutenue par Téhéran, une boutique juive par exemple a été plastiquée par un groupe de musulmans extrémistes. Dans cette ville connue pour son conservatisme, la méfiance à l'égard des journalistes se fait nettement plus sentir qu'à Téhéran. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que Shiraz était le théâtre d'incidents graves. Aujourd'hui encore, le souvenir de "l'affaire des treize juifs" y est vivace. En 2000, treize étudiants et professeurs de religion juifs avaient été arrêtés et emprisonnés pour "espionnage au profit de l'entité sioniste". Ils ne furent relâchés que quelques années plus tard au prix d'une importante mobilisation inter nationale. Rencontré à Ispahan, Benyamin, l'un de ces treize prisonniers, aujourd'hui rabbin, indique d'emblée qu'il ne veut pas reparler de cet événement, se contentant de faire visiter le bain des ablutions de la principale synagogue d'Ispahan… C'est là toute l'ambiguïté de la situation de la communauté juive d'Iran, entre provocations, humiliations et tolérance. "Cela fait des siècles et des siècles qu'en Iran, juifs et musulmans vivent ensemble en se respectant. Au regard de l'histoire mondiale, on peut dire qu'on s'en sort pas mal, résume Marjan. Au fond d'eux-mêmes, beaucoup de juifs iraniens espèrent représenter un modèle pour les Palestiniens et les Israéliens. On est la preuve qu'on peut vivre en paix malgré les différences. Ce serait bien, ça, de le mettre dans votre article", avait insisté Marjan. C'est chose faite.

A leur demande ou à notre propre initiative, nous avons changé les prénoms de certaines des personnes interviewées.
Lucie Geffroy



FEUILLETON A SUCCES SUR LE SCHINDLER IRANIEN

Pendant six mois, ce fut l'une des séries-phares du petit écran iranien. Diffusé à partir de septembre 2007 tous les lundis soir sur la première chaîne de la télévision d'Etat, " Virage à degré zéro " (" Madar-é sefr daradjé "), qui évoque le génocide juif pendant la seconde guerre mondiale, a passionné des milliers de téléspectateurs iraniens. Le feuilleton raconte l'histoire d'amour à Paris, dans les années 1940, entre Habib, jeune étudiant iranien, et Sara, une Française de confession juive. Grâce à la complicité d'un diplomate de l'ambassade d'Iran, sorte de Schindler à l'iranienne, Habib réussit à sauver sa belle des camps de concentration nazis.

Le scénario rappelle un événement historique peu connu : sur ordre du chah, Abdol Hussein Sardari, ambassadeur iranien en poste à Paris, a sauvé des camps près d'un millier de juifs en leur délivrant de faux passeports iraniens. Les producteurs l'ont clamé haut et fort : le but de cette série était de montrer que si l'Iran est antisioniste, il n'est pas antisémite et qu'au-delà des provocations au plus haut sommet de l'Etat, les Iraniens n'ont jamais tué de juifs. L'Association juive d'Iran se félicite encore de la diffusion de " Virage à degré zéro ", qui tranche avec ces feuilletons bas de gamme où le méchant a toujours un nom à consonance juive.


UNE COMMUNAUTE MILLENAIRE QUI S'AMENUISE


La communauté juive d'Iran est vieille de deux mille sept cents ans. Ses membres descendent des juifs qui ont préféré rester dans la région après l'exil de Babylone, quand le roi de Perse CyrusII le Grand permit aux juifs de retourner à Jérusalem pour y reconstruire le temple détruit par Nabuchodonosor. A cette époque, la Perse faisait figure de terre de liberté et non d'exil. De nos jours, de nombreux lieux saints, tels que le tombeau d'Esther à Hamadan, font toujours l'objet de pèlerinages.

Depuis le milieu du XXe siècle, la communauté juive d'Iran n'a cessé de se réduire. La création de l'Etat d'Israël a provoqué une première vague d'émigration. D'après David Menashri, directeur du centre d'études iraniennes de l'université de Tel-Aviv, entre 1951 et 1978, 40 800 Iraniens juifs ont migré vers Israël. Parmi eux, Moshe Katsav, président de l'Etat hébreu de 2 000 à 2007. Mais c'est la révolution islamique qui a suscité le plus de départs. Avant 1979, on comptait environ 100 000 juifs en Iran. Ils ne sont plus que 30 000. La majorité a émigré vers les Etats-Unis, principalement en Californie. D'autres ont fui en Europe. En 2007, on dénombrait environ 15 000 juifs à Téhéran, 6 000 à 7 000 à Shiraz, 3 000 à Ispahan et le reste réparti entre les cités de Kerman, Kashan, Yazd et Hamadan.


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vendredi 21 mars 2008

L'essor de l'Iran, effet collatéral de la guerre en Irak



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Shirin Ebadi dénonce l'absence de démocratie réelle en Iran



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Le futur Majlis iranien sera dominé par des conservateurs divisés




Le second tour des élections législatives en Iran n'aura lieu que fin avril ou début mai. Mais l'attribution de la soixantaine de sièges qui reste à pourvoir ne devrait pas modifier la physionomie du futur Majlis (parlement), tel qu'il se présente d'ores et déjà, après les résultats du premier tour, le 14 mars[...]

Les conservateurs, toutes listes confondues, sont arrivés largement en tête, enlevant 139 sièges sur 290 (dont 19 sièges sur les 30 que compte la capitale, Téhéran). Une victoire quasi "programmée", puisque près de 2 000 candidats, en grande majorité des réformateurs, avaient été rayés des listes par le Conseil des gardiens, organisme chargé du contrôle des élections et composé de juristes et de religieux sous influence conservatrice.
Au final, dans ce premier tour des législatives, seuls une centaine de sièges ont fait l'objet d'une véritable compétition entre forces politiques. Les réformateurs, surtout ceux de la mouvance de l'ancien président Mohammad Khatami, ont emporté 34 sièges dès le premier tour. En outre, une quarantaine de candidats indépendants ont été élus.

Des chiffres qui auraient dû même être révisés à la hausse, selon certains stratèges réformateurs qui se plaignent "d'irrégularités" dans le comptage des voix à Téhéran. En Iran, un candidat doit recueillir 25 % des suffrages exprimés pour être élu au premier tour. Or à Téhéran, 170 000 bulletins nuls ou blancs n'auraient pas été pris en compte, permettant à 19 candidats conservateurs de passer la barre, au lieu de onze en appliquant strictement la loi.

Le futur Parlement, largement dominé par les conservateurs, sera-t-il pour autant aligné sur les positions ultraconservatrices du président Mahmoud Ahmadinejad ? Rien n'est moins sûr, estiment la plupart des analystes. Laminée mais toujours présente, la "minorité" réformatrice s'apprête à mener une dure opposition parlementaire à un an de l'élection présidentielle de 2009.

De plus, la grande coalition conservatrice des "défenseurs des principes" est loin d'être uniforme. La liste proche de M. Ahmadinejad ("La bonne odeur de servir"), qui en fait partie, n'a obtenu qu'environ 15 % des suffrages. Et le succès d'Ali Larijani, l'ex-négociateur du dossier nucléaire élu triomphalement à Qom, la ville sainte, dominée par un clergé chiite qui n'a jamais vraiment adoubé le "laïc" Ahmadinejad et ses amis Gardiens de la révolution, laisse présager de futures batailles à la présidentielle.

LE GUIDE SOUTIENT M. AHMADINEJAD

D'autant qu'il faudra aussi compter avec d'autres personnalités conservatrices comme le maire de Téhéran, Mohammad Bagher Qalibaf, ou l'ancien chef des Gardiens de la révolution, Mohsen Rezai. Tous deux sont, comme M. Larijani, plutôt critiques envers la politique économique inflationniste de M. Ahmadinejad et l'effet négatif de ses diatribes enflammées en politique étrangère. Ce qui pourrait les amener à conclure des alliances "tactiques" au coup par coup avec l'opposition réformatrice pour tenter de contrôler certaines dérives gouvernementales. "Si le gouvernement continue à appliquer ses choix controversés, alors la majorité du Parlement sera contre lui", a prévenu Amir Amiri, porte-parole d'un courant conservateur critique, selon l'agence ISNA.

M. Ahmadinejad n'aura sans doute pas les mains libres, mais il n'est pas pour autant sans ressource. En effet, sortant de façon inattendue de sa réserve et surtout de son rôle d'arbitre, le Guide suprême, l'ayatollah Khamenei, a pris directement parti pour lui dans cette élection, allant jusqu'à le féliciter publiquement pour sa "gestion exemplaire" du dossier nucléaire. "Le sort du président est désormais lié au bon vouloir du Guide, commentait par téléphone un député indépendant. Si la situation économique s'aggrave et le mécontentement aussi, le Guide s'en séparera et trouvera un autre fusible."

Marie-Claude Decamps (avec AFP)


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John McCain s'emmêle sur l'Iran et Al Qaïda



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samedi 15 mars 2008

« En Iran, la réalité du pouvoir est détenue par le guide de la révolution »



L'intégralité du débat avec Les législatives du 14 mars devraient connaître une faible participation, signe du "désinterêt de la population pour la politique", estime Mohammad-Reza Djalili, professeur à l'Institut des hautes études internationales de Genève. Pour lui, "l'Iran n'est pas une démocratie mais une théocratie, dirigée par une oligarchie de fondamentalistes, à la tête de laquelle se trouve le guide suprême de la révolution islamique". , vendredi 14 mars, à 11 h .



Dyarb : Même si la victoire des conservateurs est assurée, ce scrutin peut-il tout de même réserver quelques surprises ?

Mohammad-Reza Djalili : Oui, ce scrutin peut réserver une surprise, en tout cas celle des rapports à l'intérieur du groupe des conservateurs, qui se divise en deux parties : les radicaux et les pragmatiques. Les radicaux se regroupent autour du président Ahmadinejad, et les pragmatiques sont liés à M. Rafsandjani ou M. Qalibas, maire de Téhéran. Il y a entre eux des sensibilités différentes par rapport à la fois à la politique interne et à la politique extérieure de l'Iran, et le rapport de force qui s'établira entre ces deux groupes va probablement influencer l'évolution, en tout cas cosmétique, de la politique iranienne.

Yann_Farmine : Pensez-vous que le régime actuel peut continuer à se baser sur des représentants élus avec très peu de soutien populaire ?

Mohammad-Reza Djalili : Oui, parce qu'au Parlement les représentants élus ne constituent qu'un des aspects du régime. La réalité du pouvoir est détenue par le Guide de la révolution, dont les positions sont connues et qui représente la continuité du régime. Et en fait, tout ce qui est issu des élections parlementaires, présidentielle ou municipales n'a qu'un rôle d'appoint dans ce système. L'Iran n'est pas une démocratie, c'est une théocratie, dirigée par une oligarchie de fondamentalistes, à la tête de laquelle se trouve le Guide suprême de la révolution islamique.

frofra : Pourquoi l'expérience du sixième Parlement (2000-2004) dominé par les réformateurs ne pourrait-elle pas se répéter aujourd'hui ?

Mohammad-Reza Djalili : Parce qu'il y a une présélection avant les élections. A peu près 40 % des candidats ont été écartés du fait qu'ils étaient proches du Coran réformateur. Et les réformateurs ne sont présents que dans environ 30 % des circonscriptions. A partir de là, il est évident qu'il n'y aura pas de surprise et que, même s'il y a quelques représentants réformateurs au Parlement, ils ne feront pas le poids face à la majorité conservatrice.

tofou : Pourquoi Mohammad Reza Khatami n'a-t-il pas appelé à un boycott du scrutin ?

Mohammad-Reza Djalili : C'est une très bonne question, et ça nous ramène aux fondements du système. Les gens qui s'agitent sur la scène politique de la République islamique et qui sont autorisés à avoir une activité politique sont des fidèles parmi les fidèles au régime. Et jamais un de ces représentants, le plus réformiste qu'il soit, ne fera quoi que ce soit qui mette en danger la stabilité du pouvoir.

Pendant huit ans, M. Khatami, réformateur, a été président de la République islamique, et jamais il n'a pris de position pouvant se traduire par une menace sur l'avenir du régime. Donc toutes ces personnalités font partie du sérail, et, de ce fait, sont dans l'incapacité de faire une véritable opposition. Ce n'est pas une opposition, ce sont des sensibilités différentes et concurrentielles qui animent la politique iranienne.

toubatou : La population tient-elle rigueur aux autorités des mauvais chiffres de l'inflation et du chômage ?

Mohammad-Reza Djalili : Bien évidemment. La population est la première victime de cette situation, avec un taux d'inflation que le gouvernement lui-même évalue à 19 %, et un taux de chômage entre 20 et 30 % de la population, il est évident qu'une partie importante de la population est victime d'une politique économique désastreuse. Cette situation est d'autant plus inquiétante que, ces derniers temps, l'Iran a eu des revenus pétroliers considérables qu'il a mal gérés, en fait. Cette rente, à part quelques distributions sous forme de charité aux plus démunis et des investissements dans des secteurs comme le nucléaire, n'a pas permis de lancer un véritable programme de développement économique.

Ce qui rend la situation encore plus difficile pour les Iraniens, c'est qu'ils sont conscients que, de l'autre côté du golfe Persique, l'Arabie saoudite, et surtout les Emirats, connaissent un boom économique considérable. Chaque jour, il y a plusieurs dizaines de vols entre les villes iraniennes et Dubaï. Et les Iraniens sont très au courant de ce qui se passe dans ce petit pays. Ils comparent leur situation à celle des habitants des Emirats, où vit d'ailleurs une importante communauté iranienne. Et à partir de là, ils prennent de plus en plus conscience des difficultés dans lesquelles ils sont englués à l'intérieur de leur propre pays.

Tadbir : Beaucoup croient que l'économie iranienne est "morte" ou en veille par rapport à son potentiel. Si aujourd'hui l'Iran avait la possibilité de se libérer économiquement, quel scénario serait le plus probable ? Un avenir industriel comme celui de l'Inde et de la Chine ou au contraire un modèle plus semblable à celui des autres pays du Golfe ?

Mohammad-Reza Djalili : Si l'Iran avait une politique économique d'ouverture, il serait certainement l'un des pays émergents le plus important de tout le continent asiatique. L'Iran a tous les moyens des pays pétroliers arabes, plus des potentialités très grandes dans les domaines agricole et industriel. Il possède aussi un très grand marché de plus de 70 millions d'habitants, une population relativement bien formée, très majoritairement alphabétisée. Tout cela conjugué pourrait faire de l'économie iranienne une des économies dynamiques du continent asiatique.

jean_paul_de_la_rica : Quel est l'effet des sanctions de l'ONU et des Etats sur la société iranienne?

Mohammad-Reza Djalili : Les effets sont multiples. D'abord au niveau du secteur privé, qui est un secteur relativement petit en Iran. Les sociétés iraniennes sont pénalisées par les sanctions. Au niveau de la population, à chaque fois qu'une nouvelle sanction est votée par exemple au niveau du Conseil de sécurité, on constate un renchérissement du coût de la vie et une diminution du pouvoir d'achat des ménages iraniens.

Sur le plan des secteurs étatisés de l'économie, les sanctions contribuent à diminuer considérablement l'apport de capitaux étrangers et bloquent des grands projets comme celui de l'exportation du gaz iranien vers le sous-continent indien, projet que poursuit l'Iran depuis des années, auquel s'opposent les Américains. Cela, évidemment, fait que l'Iran, en ayant les deuxièmes réserves mondiales de gaz, est aujourd'hui obligé d'importer pour sa consommation interne du gaz tout en étant dans l'incapacité d'exporter son gaz vers des marchés extérieurs.

jean_paul_de_la_rica : Quelles sont les sanctions les plus significatives dans leurs effets ? Celles de l'ONU ou celles unilatérales des Etats-Unis (Iran Sanction Act) ?

Mohammad-Reza Djalili : Il y a deux types de sanctions : les sanctions américaines, qui datent d'une quinzaine d'années au moins et les sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies qui sont plus récentes et ont un effet à l'heure actuelle plus psychologique qu'économique. Mais les sanctions américaines ne concernent pas uniquement les Etats-Unis, elles concernent aussi, par exemple, beaucoup d'entreprises européennes, qui hésitent à travailler avec l'Iran par peur des répercussions sur leurs activités aux Etats-Unis.Un certain nombre de banques européennes importantes, et de plus en plus de banques asiatiques, ont réduit leurs activités en Iran à cause des sanctions américaines. Donc l'activité économique iranienne au niveau international rencontre d'importantes difficultés liées à ces sanctions.

fgfg : Le nucléaire est-il un sujet de débat au sein de la société iranienne ?

Mohammad-Reza Djalili : Oui, le nucléaire est un sujet de débat au sein de la société iranienne, et le gouvernement iranien utilise ce débat pour jouer sur la fibre nationaliste de la population iranienne. Mais il n'y a pas de débat ouvert sur cette question. On ne peut pas, par exemple, s'interroger sur le coût de ce programme, ou sur les problèmes de sécurité que les centrales peuvent créer pour l'Iran. Cependant, depuis quelque temps, on constate un autre souci de la société iranienne par rapport au nucléaire, qui ressort des sondages et des interviews avec l'homme de la rue, qui a l'impression que tout est sacrifié pour le nucléaire et que les problèmes sociaux et économiques réels, de la vie quotidienne, sont relégués au deuxième rang des préoccupations du gouvernement. Par ailleurs, une frange importante de la population critique l'intransigeance de la politique de M. Ahmadinejad sur le plan international et pense que cela a un coût politique considérable pour l'Iran.

LucasMom : Peut-on aujourd'hui parler de la société civile comme d'un contre-pouvoir en Iran?

Mohammad-Reza Djalili : A un certain moment, après l'élection présidentielle de 1997 qui a amené M. Khatami au pouvoir, on a assisté à une renaissance de la société civile iranienne, encouragée par la venue au pouvoir d'un leader réformateur. Mais progressivement, cette société civile a été désillusionnée par rapport à la politique de M. Khatami, et depuis 2005, après l'élection de M. Ahmadinejad, on a l'impression que cette société civile a pris un profil très bas et n'existe plus, en tout cas plus autant, qu'à l'époque Khatami sur la scène politico-sociale de l'Iran. Victimes de répression, ces responsables ont peur, et ils ont perdu leurs capacités d'être un véritable contre-pouvoir. En fait, on peut résumer la situation d'une façon plus simple : face au système, les forces de changement qu'incarne la société civile aujourd'hui sont en capacité beaucoup moindre que par le passé.

Sahmaz : Qu'en est-il des sentiments de la population iranienne vis-à-vis d'Israël ? Répond-elle favorablement aux imprécations de son président ou voit-elle là des tentatives de détourner l'attention loin des échecs internes du régime ?
Gui : Les diatribes anti-occidentales et antisionistes du président Ahmadinejad sont-elles partagées par la société civile dans sa majorité ?

Mohammad-Reza Djalili : Par rapport à Israël, il n'y a pas un ressentiment iranien comme il en existe dans le monde arabe. L'Iran est loin d'Israël, et la question arabo-israélienne n'est pas une priorité pour l'opinion publique iranienne. Par ailleurs, on a constaté à plusieurs reprises, dans des manifestations étudiantes par exemple, en Iran, le reproche que les étudiants font au régime d'une trop grande implication auprès des Palestiniens. Un des slogans les plus entendus est : "Oublie un peu la Palestine, pense à nous". Et les Iraniens, donc, ont quand même une mémoire historique de leur passé récent, c'est-à-dire qu'ils n'oublient pas que durant la guerre Iran-Irak, qui a été désastreuse pour ces deux pays, l'OLP a soutenu Saddam Hussein. Et dans cette perspective, un soutien renforcé au mouvement palestinien ne rencontre aucune popularité véritable au sein de la population iranienne.

Par rapport à l'Occident, il y a une relation de fascination et de crainte à la fois. Depuis un siècle et demi, l'Iran observe, étudie l'Occident, et l'occidentalisation a été une préoccupation constante de plusieurs générations d'Iraniens. En même temps, les Iraniens sont très conscients des capacités de l'Occident d'intervenir dans les affaires de leur région. Et ils craignent les politiques interventionnistes qui leur rappellent le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle, où, par exemple, l'Angleterre a joué un rôle déterminant dans la politique iranienne. Cela étant, l'émigration iranienne, très nombreuse, amène les Iraniens à s'installer dans les pays occidentaux, et aussi en Amérique du Nord. Et d'une certaine manière, les relations de la société iranienne avec l'Occident depuis la révolution islamique se sont renforcées considérablement, à travers une véritable diaspora qui s'est constituée en moins de trois décennies.

frofra : Comment les Iraniens perçoivent-ils ce qui se passe actuellement chez leur voisin irakien ?

Mohammad-Reza Djalili : Il est évident que l'Iran est un voisin très au courant de ce qui se passe à l'intérieur de l'Irak. L'Iran a les plus longues frontières avec l'Irak, et à travers les liens qui existent entre les communautés chiites, les Iraniens suivent de très près l'évolution de la situation en Irak. Si, en 2003, dans les premières semaines de l'intervention américaine en Irak, l'opinion publique iranienne était relativement favorable à l'égard de cette intervention, très vite, avec la détérioration de la situation en Irak, les Iraniens sont devenus très critiques par rapport à la politique des Etats-Unis dans ce pays, et les Iraniens craignent que, même après le départ des Américains, si une guerre civile se produit à l'intérieur de l'Irak, que leur pays soit d'une manière ou d'une autre impliqué dans le chaos irakien. Donc c'est avec crainte et inquiétude que l'opinion publique iranienne suit les affaires de l'Irak.

Sahmaz : Quels sont selon vous les risques d'une crise militaire entre l'Iran et d'autres pays ? Doit-on craindre des frappes aériennes ?

Mohammad-Reza Djalili : Crise militaire ? Je ne crois pas qu'il existe un risque de confrontation avec les pays voisins. En revanche, on ne peut pas exclure une frappe aérienne américaine ou israélo-américaine. Mais depuis la publication du rapport des agences américaines sur l'arrêt du programme nucléaire iranien, le risque d'une intervention militaire américaine s'est fortement éloigné. Et peu de gens aujourd'hui craignent une confrontation dans l'immédiat avec les Etats-Unis. Ce qui n'était pas le cas il y a encore quelques mois.

Marie_S. : Comment se porte la liberté d'expression en Iran ? Quelle place pour les médias ?

Mohammad-Reza Djalili : En Iran, il y a une liberté d'expression très relative. Cela se vérifie par le nombre de journalistes emprisonnés, le nombre de journaux et de revues interdits à la publication, le nombre de livres censurés. Des journalistes iraniens, à l'époque des réformateurs, disaient toujours qu'en Iran, il existe la liberté d'expression, mais ce qui n'existe pas, c'est la liberté après l'expression. Et aujourd'hui, où la presse réformatrice est réduite à sa plus simple expression, cette marge de liberté s'est encore réduite.
En ce qui concerne les mass média, radios et télévisions, ils sont totalement aux mains de l'Etat. Aucune chaîne privée, aucune radio privée, n'est tolérée. Mais les Iraniens restent relativement bien informés à travers les radios et télévisions émettant de l'extérieur en langue persane. Des radios comme la BBC, qui sera bientôt dotée d'une chaîne de télévision, sont très écoutées en Iran. Et probablement une des chaînes les plus importantes suivies en Iran est la télévision de la Voice of America, qui émet chaque jour plusieurs heures de programmes. Le gouvernement essaie de perturber les ondes et, de temps en temps, lance des campagnes contre les antennes paraboliques. Mais il semble que ce soit une guerre perdue d'avance étant donné le nombre considérable de ces antennes, qu'on trouve par millions à travers tout le pays. Donc s'il y a désaffection par rapport aux programmes des chaînes nationales, il y a un engouement pour ce qui vient de l'extérieur.

Sahmaz : Certains commentateurs estiment que les jeunes Iraniens ne veulent pas se rebeller par crainte d'être amenés à payer un prix du sang semblable à celui versé par leurs parents (guerre contre l'Irak). Qu'en pensez-vous ? Comment expliquer le poids de la chape de plomb sur cette génération qui n'a pas connu la révolution ?

Mohammad-Reza Djalili : L'Iran est des rares pays du Moyen-Orient qui a connu deux révolutions au XXe siècle : la révolution constitutionnelle de 1906, et la révolution islamique de 1979. De plus, ce pays a vécu la guerre la plus dure qui se soit déroulée dans le tiers monde dans la deuxième moitié du XXe siècle. Dans cette perspective, il est évident que les gens ne sont pas prêts à se lancer dans une contestation qui générerait de la violence. C'est pourquoi on a l'impression que la société iranienne est bloquée.

Par ailleurs, chaque année, on estime que 200 000 Iraniens, souvent les mieux formés, quittent le pays. Le gouvernement, d'ailleurs, ne fait rien pour qu'ils restent. Et de cette manière-là, il réduit une éventuelle explosion sociale. Un autre élément qui entre en considération, c'est que les Iraniens sont pratiquement 24 heures sur 24 préoccupés par la question de joindre les deux bouts dans leur vie quotidienne. Beaucoup de gens exercent deux métiers pour pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Leur préoccupation est de ce fait très éloignée de la politique. Il y a un désintérêt par rapport à la politique, qu'on remarque à la fois chez les jeunes et les moins jeunes dans la société iranienne. Cela va d'ailleurs se traduire probablement par une participation faible aux élections législatives d'aujourd'hui.

H. : Que signifierait un taux d'abstention important pour le régime en place ?

Mohammad-Reza Djalili : Pour un régime révolutionnaire et populiste, qui base tout son discours sur la mobilisation de la population, la non-participation aux élections est évidemment un très grave problème. Dans cette perspective, les deux tendances, conservatrice et réformatrice, s'activent pour atteindre le niveau minimum de 50 % de participation. Ce qui ne sera probablement pas atteint, surtout dans les grandes villes comme Téhéran. D'après les chiffres officiels, aux élections législatives de 2004, la participation dans la capitale était aux alentours de 35 %. Et il est probable que la participation aux élections d'aujourd'hui sera de moins de 35 %, ce qui est un constat d'échec face à la population urbaine la mieux formée et la mieux à même d'apprécier la situation politique. Il en sera peut-être différent dans les campagnes et dans les petites villes, où l'enjeu électoral a une dimension de compétition entre notables locaux. Quoi qu'il en soit, le gouvernement fera son possible en envoyant par exemple des gardiens de la révolution ou les bassidjis (jeunes miliciens) voter, même, s'il le faut, à plusieurs reprises.

jean_paul_de_la_rica : Peut-on s'attendre à une remobilisation pour l'élection présidentielle ?

Mohammad-Reza Djalili : L'élection présidentielle, évidemment, est plus importante et mobilise davantage que les élections parlementaires. Mais cela dépend aussi des candidats, du contexte politique de l'année prochaine. Et il est à mon avis trop tôt pour faire une évaluation de la mobilisation à propos de cette élection. S'il s'agit de renouveler le mandat de M. Ahmadinejad et que tout l'appareil de l'Etat s'engage dans cette direction, il est fort probable que la mobilisation électorale sera faible.

Shalliam : Quel rôle joue la diaspora iranienne, aux Etats-Unis notamment, dans la politique interieure iranienne ? Quelle est sa position par rapport aux autorités iranniennes et à sa politique ? Influence-t-elle la politique américaine vis-à-vis de l'Iran ? Est-elle constituée en lobby ?

Mohammad-Reza Djalili : Comme je l'ai dit, c'est une jeune diaspora. A l'époque du shah, il n'y avait pas plus de quelques centaines de milliers d'Iraniens vivant à l'extérieur des frontières du pays. Aujourd'hui, on estime que la diaspora iranienne regroupe environ 4 millions de personnes. C'est une diaspora relativement élevée, ayant une bonne formation, et s'intégrant sans trop de problèmes dans les pays où elle s'est installée. Ce n'est pas une diaspora prolétaire, donc moins mobilisable en tant que telle. La diaspora iranienne essaie de se créer un certain nombre d'institutions, et commence, aux Etats-Unis du moins, à avoir un certain impact dans les élections américaines, surtout au niveau des Etats américains, par exemple en Californie.

Le problème de l'influence de la diaspora à l'intérieur de l'Iran sur le plan politique se pose en termes institutionnels. Pour qu'une diaspora puisse peser sur la scène intérieure du pays d'origine, à mon avis, il faut qu'il y ait des relais à l'intérieur de cette société, des relais organisés et structurés. Vu l'impossibilité de mettre en place en Iran des partis politiques, ou plus généralement des organisations à but politique, l'impact de la diaspora sur la scène politique iranienne reste relativement limité.

OR : A votre avis, quelles sont les chances d'ouverture du régime et d'évolution de la société ?

Mohammad-Reza Djalili : Le régime iranien est un régime extrêmement idéologique, et les changements au sein du régime, jusqu'à présent, ont été des changements relativement réduits. Il est difficile d'imaginer une transformation de fond en comble de ce régime. Quant à la société, c'est une société traumatisée par sa situation économique, qui a énormément de mal à s'organiser et à traduire sa volonté en mouvements politiques.

Dans cette perspective, à court terme, des changements importants me semblent difficiles. Mais dans une perspective de moyen terme, on peut s'attendre à des évolutions qui, à mon avis, iront immanquablement dans le sens d'une séparation progressive de la religion et de la politique, et d'une démocratisation du système politique iranien. Depuis plus de cent ans, il y a un courant démocratique en Iran, et ce courant démocratique, si les conditions le permettent, réémergera de manière probablement inattendue, comme d'ailleurs la manière tout à fait inattendue dont s'est produite la révolution islamique il y a près de trente ans.

Chat modéré par François Béguin


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Les conservateurs partent favoris des législatives en Iran



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vendredi 14 mars 2008

« En Iran, j'essaie de briser le silence »


چندی پیش دو مقاله از خانم دلفین مینوی از روزنامه فیگارو را در این وبلگ چاپ کردم. امروز خانم مینوی در شلان در نزدیکی نانت هستند تا در گفتگوی به مناسبت پخش مجدد فیلم پرسپولیس، شرکت کنند. به همین بهانه روزنامه وست فرانس مقاله ای در مورد او بچاپ رسانده است، که در اینجا می خوانید



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Iran: "Les digues finissent toujours par céder"


آقای ابطهی از بنیانگذاران ساخت و توسعه وبلگ سیاسی در ایران است. او در این مصاحبه از وبلگ و وبلگ نویسی در ایران و همچنین از انتخابات 14 مارس می گوید.
مصاحبه لوپوئن را با آقای ابطهی در اینجا بخوانید



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"L'Iran souhaite devenir la puissance dominante de la région"


یان ریشارد استاد دانشگاه پاریس 3 و نویسنده کتاب ( ایران ، تولید یک جمهوری اسلامی ) در این مصاحبه نقش و اهمیت ایران را در ناحیه بررسی می کند.
مصاحبه با اکسپرس را در اینجا بخوانید



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Khamenei met en garde contre les "ennemis" de l'Iran



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L'amiral Fallon démissionne après ses critiques de la politique de Bush


استعفای دریاسالار ویلیام فالن، فرمانده نیروهای آمریکایی در خاوره میانه، سه شنبه 11 مارس رسما اعلام شد. در پی پخش این خبر، خبرهای ضد و نقیض در مورد دلایل استعفا و ارتباط آن با مساله ایران، در خبرگزایهای متفاوت به چاپ رسید.
امروز روزنامه لومند در مقاله ای مفصل دلایل استعفای ایشان را مورد بررسی قرار می دهد.
در همین مورد مقاله روزنامه فیگارو را نیز در اینجا بخوانید




L'amiral William Fallon a démissionné, mardi 11 mars, de son poste de chef du CentCom (Central Command) de l'armée américaine. Cette zone géographique s'étend du Proche-Orient au Pakistan. A ce titre, l'amiral était le commandant en chef des guerres menées par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. Même si le département de la défense le nie, il apparaît que son départ a été exigé par la Maison Blanche.


Tout est parti de la publication, dans la revue Esquire de mars, d'un long portrait-enquête, intitulé "Un homme entre guerre et paix", écrit par le journaliste Thomas Barnett. Celui-ci a rencontré à de nombreuses reprises l'amiral et ses proches. Les propos qu'ils lui ont tenus, sans jamais prononcer le nom du président Bush, sont sévères pour la vision des conflits de l'actuelle administration américaine.

Chargé de veiller sur les intérêts vitaux américains dans la zone qu'il dirige, l'amiral Fallon - décrit par le journaliste comme un "brillant stratège" - n'élude pas la charge politique de sa fonction. Concernant le président iranien Ahmadinejad et la menace de "troisième guerre mondiale" que représente sa politique nucléaire militaire, selon George Bush, l'amiral juge que "ces roulements de tambours constants n'aident pas et sont inutiles". Lui estime "qu'il n'y aura pas de guerre" avec l'Iran, et c'est "à cela qu'il travaille". Il est adepte d'"avancer doucement en montrant son gros bâton". En d'autres termes, il est opposé aux rodomontades sans les moyens de parvenir à ses fins. Selon lui, il faut faire le contraire et commencer par comprendre comment fonctionne l'adversaire : "Les Iraniens sont comme les Chinois : ce serait génial d'amener l'Iran à jouer le jeu, à la fin." Mais pour cela, il faut d'abord prendre langue et ne pas bloquer toute issue.

"Comment Fallon peut-il s'en sortir en s'opposant si effrontément à son propre commandant en chef ?, se demandait M. Barnett. La réponse est qu'il ne pourra pas s'en sortir encore très longtemps. Bush n'a pas l'habitude que des subordonnés expriment leurs pensées aussi librement que le fait Fallon, il pourrait en avoir assez." C'est, semble-t-il, ce qui est arrivé mardi.

L'amiral, inquiet des conséquences, selon lui, néfastes de la guerre en Irak sur la modernisation de l'armée américaine, avait manifesté à l'automne 2007 son hostilité à la stratégie d'une "offensive" (surge) de longue durée dans ce pays. Il plaidait en faveur du retrait des trois quarts des effectifs américains d'Irak d'ici à 2010.

M. Bush a rendu hommage à un homme qui "a servi son pays avec honneur et détermination". Evoquant "une accumulation de choses" qui ont mené l'amiral Fallon à quitter son poste, le secrétaire à la défense, Robert Gates, a jugé "ridicule" l'idée que cette démission induirait une approche américaine plus belliqueuse envers Téhéran. Chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid a déclaré : "Voilà un nouvel exemple du fait que l'indépendance et la franchise (...) ne sont pas bienvenues dans cette administration."
Sylvain Cypel
Article paru dans l'édition du 13.03.08

A ce sujet, lisez aussi cet article du Figaro



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vendredi 7 mars 2008

Pasdarans et "turbans" se disputent le pouvoir en Iran

انتخابات مجلس در ایران 14 مارس برگزار می شود. دلفین مینوی در این مقاله احتمال به روی کار آمدن پاسداران را مورد تجزیه و تحلیل قرار می دهد.


lien vers l'article du Figaro


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mardi 4 mars 2008

La fausse victoire de l'Iran en Irak

پاتریک کلود در این مقاله که فردا 5 مارس در روزنامه لومند چاپ می شود، سفر آقای احمدی نژاد به عراق وشروع دوران جدیدی از روابط ایران و عراق را تجزیه و تحلیل می کند.



Sans précédent dans l'histoire moderne de la région, la visite de quarante-huit heures effectuée dimanche et lundi à Bagdad par Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d'Iran, n'aurait jamais pu avoir lieu si l'armée américaine n'avait pas envahi l'Irak en 2003 et renversé la dictature baasiste, laïque et presque génétiquement "anti-perse" du nationaliste arabe sunnite qu'était Saddam Hussein.


C'est "la grande ironie de l'Histoire" telle qu'elle est soulignée depuis des mois par tous les médias arabes et par nombre de gouvernants, sunnites et alliés de l'Amérique (Egypte, Jordanie, Arabie saoudite), qui craignent beaucoup, comme l'ont dit et répété le roi Abdallah II de Jordanie et le raïs égyptien Hosni Moubarak, la création d'un "croissant chiite" au Moyen-Orient. Peu charitables, les journaux arabes soulignaient, lundi, à l'envi combien "l'arrivée en fanfare de Mahmoud Ahmadinejad à l'aéroport de Bagdad" tranchait avec "le secret et l'obsession sécuritaire qui ont entouré les visites de tous les leaders occidentaux, à commencer par celles du président Bush, engagés dans la guerre d'Irak".

De Zalmaï Khalilzad, l'actuel ambassadeur américain aux Nations unies, à Henry Kissinger, l'ancien chef de la diplomatie de Nixon, en passant par le président George W. Bush, qui indique régulièrement qu'un départ précipité de ses troupes de l'ancienne Mésopotamie "offrirait l'Irak à l'Iran" sur un plateau, la plupart des experts s'accordent à penser que les invasions américaines post-11-Septembre dans la région ont "favorisé la position iranienne", en débarrassant la République islamique d'au moins deux de ses ennemis les plus décidés : le régime taliban d'Afghanistan, renversé en novembre 2001, et celui des baasistes irakiens, dix-sept mois après.

Dimanche, même la presse saoudienne, qui n'est pas précisément pro-iranienne, ne pouvait s'empêcher d'ironiser sur la réception réservée à M. Ahmadinejad par le premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, au coeur même de la fameuse "zone verte", ultrafortifiée, que les Américains ont créée en 2003 à Bagdad. Présents en très grand nombre dans cette zone sécurisée, les soldats américains n'ont "participé en rien" à la sécurité de l'Iranien, a précisé l'ambassade. Néanmoins, nous confie, de Bagdad, un participant aux festivités de dimanche, "entendre Ahmadinejad attaquer Bush, à un jet de pierre de la chancellerie américaine, avait quelque chose de surréaliste".

Washington et Téhéran, qui continuent à s'affronter durement dans toutes les enceintes internationales à propos du nucléaire et des ambitions expansionnistes régionales de l'Iran, partagent pourtant, à présent, au moins un objectif commun : celui de soutenir les pouvoirs, fragiles et instables, mis en place à Kaboul et à Bagdad dans le sillage des bombardements. On affirme cependant périodiquement, à Washington, que l'intérêt de Téhéran, dans ces deux pays, est aussi, d'une part, de veiller à y conserver, voire à y entretenir, une certaine instabilité, de manière à les contraindre à solliciter l'aide iranienne, et, d'autre part, de "fixer" les troupes américaines dans les guérillas, pour entraver une éventuelle attaque contre leur régime.

Téhéran nie tout, bien entendu. "Notre intérêt est la stabilité de l'Irak", a répété M. Ahmadinejad, à Bagdad, ironisant sur "le ridicule qu'il y a, pour ceux qui ont envoyé 160 000 soldats en Irak, à nous accuser faussement d'intervenir dans ce pays". Il est cependant évident pour tout le monde dans la région que l'Iran n'a aucun intérêt à renforcer des pouvoirs régionaux alliés du "grand satan".

Quelles que soient les promesses émises dans les débats de campagne aux Etats-Unis, les principaux acteurs de la région, à commencer par les dirigeants irakiens, n'imaginent pas une seconde - ni d'ailleurs ne souhaitent, pour beaucoup d'entre eux - le départ complet et définitif d'Irak des Américains. Au-delà des motivations de politique interne et de la volonté officielle d'établir une "solide amitié" avec l'Irak, il est possible qu'une des clefs du calendrier de la visite de M. Ahmadinejad à Bagdad - pourquoi maintenant et pas après la fin de l'administration Bush, début 2009 ? - soit la volonté iranienne d'entraver autant que faire se peut les négociations irako-américaines en cours, visant à "solidifier" le stationnement à long terme d'un grand nombre de soldats américains en Irak.

Officiellement, "les Etats-Unis ne cherchent pas à établir de bases militaires permanentes en Irak", affirme Robert Gates, secrétaire à la défense, aux parlementaires démocrates qui s'en inquiètent. Mais la "déclaration de principes pour l'amitié et la coopération", conclue le 26 novembre 2007 entre M. Bush et M. Al-Maliki, chef du gouvernement irakien, comporte bel et bien une dimension sécuritaire. Une négociation est en cours sur un "statut des forces" américaines qui resteront présentes sur le sol irakien - on parle, à Bagdad, de 50 000 à 60 000 hommes - après que la "souveraineté totale" du pays aura été restituée à son gouvernement élu, par les Nations unies, vers la fin 2008.

Les travaux d'agrandissement et de modernisation en cours dans près d'une demi-douzaine de bases militaires présentement occupées par les forces américaines pourraient leur permettre d'héberger "autour de 100 000 hommes", nous disait récemment, à Bagdad, un haut fonctionnaire irakien familier des négociations. En d'autres termes, quelles que soient les ambitions iraniennes dans ce pays, et mis à part les échanges économiques, culturels et religieux qui se multiplient entre les deux peuples, majoritairement chiites, l'Iran islamique n'aura pas le champ complètement libre en Irak avant longtemps.

De fait, la victoire iranienne, qui serait née des erreurs de l'administration Bush dans la région, doit être sérieusement relativisée. Pour un politologue iranien en exil comme Kaveh L. Afrisiabi, auteur de nombreux ouvrages sur la République islamique, tout le trompe-l'oeil de "la prétendue avancée des intérêts iraniens dans la région" est là. "L'Iran est désormais encerclé de bases américaines", écrit-il, et, pour ses dirigeants, "c'est devenu une préoccupation permanente".

Selon cet expert, "malgré la chute des talibans et des baasistes irakiens, l'Iran, depuis le 11 septembre 2001, a perdu du terrain dans sa région d'influence".


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Iran: "Des sanctions dénuées de bases et de sens"

پنجشنبه گذشته ( 29 فوریه) آقای علی آهنی، سفیر دولت ایران در پاریس، در مصاحبه ای با هفته نامه L'express عواقب و تاثیرات قطعنامه جدید علیه ایران را بازگو می کند.
این مصاحبه را در اینجا بخوانید.


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Sanctions et mesures incitatives des résolutions de l'ONU

nouvel observateur در این مقاله لیست کامل تحریم های شورای امنیت سازمان ملل علیه ایران را چاپ کرده است. قعطنامه جدید سازمان ملل دیروز 3 مارس ، با 14 رای موافق به تصویب رسید. و تنها اندونزی به قطعنامه ۱۸۰۳ شورای امنیت علیه ایران رای ممتنع داد.


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dimanche 2 mars 2008

Ahmadinejab à Bagdad: une nouvelle page entre les ex-frères ennemis

آقای احمدی نژاد امروز یکشنبه 2 مارس وارد عراق شد . مقاله روزنامه لیبرسیون را در این مورد در اینجا بخوانید.


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L'AIEA détient des preuves que l'Iran a mené un programme nucléaire militaire après 2003









Les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), bras de l'ONU chargé de vérifier le respect des normes de non-prolifération, détiennent des documents indiquant que l'Iran a mené des travaux sur l'élaboration d'une ogive nucléaire et que ces efforts se sont poursuivis au-delà de l'année 2003, contrairement à ce qu'ont affirmé les agences de renseignement américaines en décembre 2007.

Ces éléments ont été exposés pour la première fois dans le détail, le 25 février, par le directeur général adjoint de l'AIEA, le Finlandais Olli Heinonen, lors d'une présentation à huis clos devant des représentants des missions étrangères auprès du siège de l'Agence, à Vienne. Depuis 2005, M. Heinonen pilote les équipes d'inspecteurs internationaux qui enquêtent sur le programme nucléaire de l'Iran. Son exposé est allé plus loin que le contenu du rapport transmis le 22 février par le directeur de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, qui évoquait à la fois une meilleure coopération de l'Iran avec l'Agence et une "possible dimension militaire" du programme nucléaire iranien, sans se prononcer sur la nature de ce programme. L'exposé de M. Heinonen va aussi à l'encontre de la conclusion du rapport du renseignement américain de décembre 2007, selon lequel les travaux iraniens sur la mise au point d'une ogive nucléaire ont marqué un "arrêt" à l'automne 2003, sans reprendre depuis. Le rapport de M. ElBaradei ne se prononçait pas sur un tel "arrêt".

La présentation de M. Heinonen a suscité une vive colère du représentant iranien, Ali Asghar Soltanieh, présent lors de la réunion. Ce dernier a parlé d'une falsification des documents et d'une tentative américaine de saborder la coopération entre l'Iran et l'AIEA. L'exposé portait sur trois projets iraniens : la conversion de dioxyde d'uranium (Green Salt Project), des études sur des explosifs de haute intensité et la mise au point d'un corps de rentrée de missile. Des documents ont été montrés sur des travaux portant sur des systèmes de mise à feu à haute tension et des détonateurs multiples pouvant se déclencher simultanément.

M. Heinonen a montré une description d'un système de détonateurs relié à une distance de 10 km à un puits de 400 m de profondeur. Selon les officiels iraniens, ce dispositif est destiné à tester des armes conventionnelles. Mais M. Heinonen a commenté que, d'après les renseignements en sa possession, la seule application possible était le développement d'une arme nucléaire. Il a en outre dévoilé des documents (schémas, photographies, planches, films) que l'AIEA n'avait jusque-là jamais soumis aux officiels iraniens. Ils concernent la fabrication d'une ogive nucléaire. L'un d'eux est un compte rendu établi par une équipe iranienne sur l'état d'avancement d'un projet de corps de rentrée de missile (projet "P111"). Il porte sur l'une des multiples étapes du projet, celle allant du 9 juillet 2003 au 14 janvier 2004, c'est-à-dire au-delà de l'"arrêt" dont parlait le rapport du renseignement américain.

Le compte rendu iranien s'ouvre sur une phrase en farsi : "Le destin ne change quiconque que s'il change le destin." Le document détaille le développement d'une enceinte capable d'accueillir une arme pour tête de missile. Des croquis montrent la tête de missile intégrant l'arme, de forme sphérique, ainsi que des éléments électroniques. Des simulations mathématiques ont été faites. Les paramètres correspondent à ceux d'une tête de missile Shahab-3. M. Heinonen a présenté des animations montrant le fonctionnement du missile, et une séquence pouvant mener à une explosion à une altitude d'environ 600 m. Il a affirmé qu'une telle altitude n'était compatible qu'avec l'emploi d'une charge nucléaire, et que l'utilisation d'explosifs de type conventionnel, ou bien de charges chimiques ou biologiques, était exclue. M. Heinonen a projeté un film montrant sous différents angles les éléments de la tête de missile, ainsi que leur montage et des préparatifs pour des tests en laboratoire. Il a dit fonder sa présentation sur trois types de renseignements : des éléments fournis par les services secrets de plusieurs pays, des informations propres à l'Agence et des documents issus des réseaux d'acquisition auxquels l'Iran a eu recours.

A la sortie de cette réunion, l'ambassadeur britannique auprès de l'AIEA, Simon Smith, s'est dit frappé par le fait que "certaines des dates évoquées se situent au-delà de 2003". L'ambassadeur iranien, Ali Asghar Soltanieh, a de son côté accusé l'AIEA d'avoir outrepassé son mandat. Il a contesté l'authenticité des documents, affirmant que "n'importe quel étudiant" pourrait en être l'auteur.

Les affirmations de M. Heinonen signalent une différence de ton par rapport à M. ElBaradei, dont le rapport était plus ambigu. Cela semble confirmer l'existence de tiraillements au sein de l'AIEA entre, d'un côté, les experts vérificateurs techniques et, de l'autre, le directeur, qui revendique un rôle de "politique" et voue une farouche hostilité à l'administration Bush depuis les manipulations du renseignement qui ont précédé la guerre d'Irak en 2003. Le briefing de M. Heinonen est intervenu à l'approche de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence, qui s'ouvre lundi 3 mars à Vienne. Il précède aussi un vote prochain, à l'ONU, sur un nouveau train de sanctions contre la République islamique.


Natalie Nougayrède



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samedi 1 mars 2008

Le président iranien tisse sa toile dans les pays arabes

دلفین مینوی ، روزنامه نگار مستقل در این مقاله دلایل اهمیت سفر آقای احمدی نژاد به بغداد را تشریح می کند. بگفته خانم مینوی علاوه بر اینکه سفر آقای احمدی نژاد اولین سفر بالاترین مقام دولتی ایران به عراق(از زمان جنگ تا به امروز) است، این سفر جنبه ای سنبلیک نیز دارد و آن، برای آقای احمدی نژاد، بثبت رساندن اهمیت نقش ایران در منطقه است.

خانم مینوی از سال 2002 تا به امروز با روزنامه های فیگارو و لوپوئن در فرانسه همکاری می کند.



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A nouveau le nucléaire iranien


آلن گرش روزنامه نگار فرانسوی، متخصص خاور میانه است . او همچنین تا سال 2005 سردبیری ماهنامه لوموند دیپلوماتیک را به عهده داشت.

آلن گرش در این مقاله به تجزیه وتحلیل کامل از آخرین گزارش آژانس بین المللی انرژی هسته ای در ضمینه فعالیتهای اتمی ایران که در 22 فوریه انتشار یافت، می پردازد.





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Le pied de nez de Ahmadinejad en Irak

Chaque fois que George W. Bush se rend en Irak - la dernière fois, en septembre 2007 -, sa visite est tenue secrète et n’est annoncée qu’après son départ du pays. Et il se garde bien aussi de passer ne serait-ce qu’une seule nuit à Bagdad. Rien de semblable avec Mahmoud Ahmadinejad qui arrive en grande pompe, dimanche, dans la capitale irakienne pour une visite annoncée de longue date, qualifiée d’«historique» et qui promet d’être spectaculaire. Une visite de deux jours qui accaparera tous les regards, à commencer par ceux de Washington, obligé de surcroît de veiller à la sécurité d’un homme présenté comme un ennemi de l’Amérique.

Perspectives. Paradoxalement, ce n’est pas pour rencontrer les dirigeants irakiens que le président iranien vient en Irak. Ceux-ci connaissent bien le chemin de Téhéran où nombre d’entre eux - le président Jalal Talabani (qu’Ahmadinejad qualifie de «frère d’arme»), le Premier ministre Nouri al-Maliki, les dirigeants de plusieurs partis chiites - ont passé de longues années en exil lorsque Saddam Hussein était au pouvoir. Depuis sa chute, ils y sont revenus à plusieurs reprises, notamment pour signer des accords commerciaux.

Hautement symbolique, la visite de Ahmadinejad s’inscrit d’abord dans la contre-offensive menée par Téhéran pour desserrer l’étau américain dans la région. Les Etats-Unis font ouvertement campagne pour isoler l’Iran en raison de son programme nucléaire mais aussi du fait de son implication dans les affaires arabes. Elle vise à témoigner que l’Iran est un partenaire incontournable dans la région, d’où l’éclat que Téhéran veut lui donner. En dernier ressort, elle s’inscrit dans la perspective toute proche des élections législatives iraniennes (14 mars) que les partisans du Président devraient perdre si le scrutin n’est pas truqué.

C’était déjà avec la volonté de contrer l’influence américaine que Ahmadinejad s’était rendu aux Emirats arabes unis l’an dernier, malgré le contentieux territorial entre les deux pays, avant de participer - une première pour Téhéran - à un sommet du Conseil de coopération du Golfe, une institution créée pour contrer «l’hégémonisme iranien» dans la région. En décembre, il se trouvait en Arabie Saoudite, fort d’une invitation personnelle du roi Abdallah à participer au pélerinage de La Mecque.

En fait, les dirigeants arabes ont deux discours : l’un qui assure Téhéran de leur amitié et l’autre qui s’alarme des visées iraniennes dans le Golfe, en Palestine, au Liban et en Irak. Aussi, la visite de Ahmadinejad dans l’ancienne Mésopotamie ne sera sans doute pas aussi appréciée que celles dans les capitales arabes. Celles-ci suivent à la loupe les développements en Irak, où l’action de Téhéran est jugée déstabilisatrice. Tout rapprochement irano-irakien est également jugé préoccupant.

«Influence». Selon un rapport de l’institut de recherches Chatham House de Londres, publié en 2006, Téhéran a désormais plus d’influence en Irak que Washington, pas seulement dans les cercles du pouvoir mais aussi dans la rue. Un dirigeant chiite, Hassan al-Shimmari, la résume ainsi : «L’Iran a la capacité de déstabiliser la situation politique en provoquant la violence, en soutenant et en armant des milices et à travers son influence au sein du gouvernement. Le système politique irakien n’est pas encore assez mature. Cela permet à l’Iran d’intervenir dans les affaires irakiennes.» Parfois au bénéfice de Washington qui profite actuellement de la trêve décidée par le trublion chiite Moqtada al-Sadr, chef de l’Armée du Mahdi, qui est tombé dans le giron iranien. Une trêve qui a forcément reçu l’aval de l’Iran et qui vient d’être renouvelée peu avant la visite iranienne.


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Politique internationale : Bush critique Obama

پرزیدنت بوش در آخرین سخنرانی خود، از آقای اباما ، کاندیدای دمکرات،انتقاد کرد.

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"Ahmadinejad : "L'Iran est la première puissance du monde"





Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé, jeudi 28 février, dans un discours télévisé, que l'Iran est "la première puissance du monde. Son nom résonne comme un coup de poing dans les dents des puissants et les remet à leur place". Mise au point qui, à l'heure où de nouvelles sanctions sont discutées au Conseil de sécurité de l'ONU, a permis à M. Ahmadinejad de mettre en garde ses adversaires qu'il accuse de "collaborer avec l'ennemi".


A l'approche des législatives du 14 mars en Iran, les critiques des réformateurs, mais aussi de certains conservateurs, ne l'ont pas épargné sur les carences de sa politique économique aggravées par les sanctions en cours, de même que sur son jusqu'au-boutisme sur le dossier nucléaire qui a, disent-ils, "isolé l'Iran". La veille, dans une attaque à la violence inattendue, l'ex-négociateur nucléaire Hassan Rohani - un des représentants du Guide, l'ayatollah Khamenei, au Conseil suprême de la sécurité nationale - avait lancé : "Est-ce que la politique étrangère signifie dire des grossièretés et fanfaronner ? Il faut un comportement accommodant pour faire baisser les menaces et assurer les intérêts du pays."

Cette sortie faisait suite à une diatribe en apparence contradictoire du Guide. Après avoir laissé son représentant esquisser une perspective plus ouverte envers l'Occident, il avait salué "le rôle personnel" du président "dans les progrès sur le nucléaire". Ce qui a été interprété comme un soutien électoral, mais avec réserve.



M.-C. D.





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