samedi 28 mars 2009

Les Chroniques d'Iran

La réalisatrice iranienne Soudabeh Moradian filme le quotidien de son pays, comme elle le voit, comme elle le vit, sans commentaire. Retrouvez chaque mercredi un épisode des chroniques d'Iran, avec Arte.tv
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mardi 24 mars 2009

Barack Nixon ?

Barack Obama a adressé, le 20 mars, aux dirigeants iraniens, un message solennel exprimant sa "détermination à rechercher un dialogue honnête fondé sur un respect mutuel". Le geste est historique, tant il semble signaler le début d'un dégel, après presque trente ans d'absence de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la République islamique.

Trente ans, c'est-à-dire depuis la spectaculaire prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran, qui avait scellé le basculement de l'Iran dans le rôle d'ennemi de Washington au Moyen-Orient. La diplomatie américaine semble prête à opérer un grand virage, rompant avec la décision prise en 2002 par l'équipe de George Bush de classer l'Iran dans l'"axe du Mal", en dépit des efforts que Téhéran avait consentis contre les talibans en Afghanistan.

Ce retournement complet, s'il se confirme, évoque un précédent mémorable. En 1972, Richard Nixon avait stupéfié le monde en se rendant à Pékin pour rencontrer Mao Tsé- toung et établir, pour la première fois, des relations avec la Chine communiste. Les Etats-Unis cherchaient alors à se désengager du Vietnam et à élargir leur palette diplomatique dans la "guerre froide" contre l'Union soviétique. A la veille du voyage, Nixon avait griffonné sur un papier les priorités à aborder : "1. Taïwan - le plus crucial (en référence à la demande chinoise d'une réduction de la présence militaire américaine dans la région). 2. Vietnam - le plus urgent."

L'époque est bien sûr différente, mais on peut imaginer que M.Obama ait rédigé la note suivante : "1. Garanties de sécurité - le plus crucial (pour le régime iranien, qui veut être assuré que Washington a cessé d'en vouloir à son existence même). 2. Irak, Afghanistan - le plus urgent (volonté américaine de trouver une issue à ces théâtres d'intervention militaire)." Le chantier est immense, et les chances de succès sont loin d'être garanties, face à un pouvoir iranien opaque et prompt à tergiverser. Rien n'indique que M. Obama puisse s'envoler de sitôt pour Téhéran. Washington veut privilégier une stratégie des petits pas.

La question centrale, passée sous silence dans le message de M. Obama, est celle des travaux nucléaires iraniens, qui se rapprochent d'une capacité militaire. La Russie est sollicitée pour accroître la pression sur Téhéran. Les Israéliens veulent des garanties, comme les pays arabes du Golfe. La diplomatie est réactivée, c'est une bonne chose. Mais le péril nucléaire iranien reste entier. Et le délai pour le neutraliser se réduit inexorablement.



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vendredi 20 mars 2009

La main tendue d'Obama aux Iraniens

S'il est d'usage pour les présidents américains de publier un message de paix à l'occasion de Nowrouz, le Nouvel An iranien, celui qui émanait chaque année de l'administration Bush n'était jamais très long, et il était essentiellement dirigé vers la communauté iranienne des Etats-Unis. Le message de Barack Obama, diffusé, jeudi 19 mars, alors qu'il était dans l'avion de retour de Los Angeles, tranche singulièrement : le président américain s'adresse directement aux dirigeants de l'Iran, un pays avec lequel les Etats-Unis n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis près de trente ans.


Depuis son entrée en fonctions, Barack Obama réfléchissait à un signe en direction de Téhéran. Un projet de lettre avait été évoqué dans la presse, en réponse au message de félicitations que le président Mahmoud Ahmadinejad lui avait adressé après l'élection du 4 novembre. Mais, à quelques mois de l'élection présidentielle en Iran, la nouvelle administration n'avait pas envie d'avoir l'air de choisir un interlocuteur. Pour le Nouvel An persan, Barack Obama a opté pour un message vidéo de trois minutes trente-cinq posté sur le site de la Maison Blanche et sur YouTube. Il est adressé à tous les Iraniens, et à aucun leader en particulier.



"Je voudrais parler directement au peuple et aux dirigeants de la République islamique d'Iran", dit-il, en rendant hommage à la culture et à la civilisation iraniennes, qui, de la musique aux arts, ont "fait du monde un endroit plus beau et meilleur".

Loin des appels à "changer de comportement" lancés par son prédécesseur, M. Obama prend soin de souligner le "respect" que les Etats-Unis ont pour l'histoire iranienne. Il fait miroiter des perspectives de partenariat et de commerce, insiste sur "l'humanité" commune plutôt que sur les divergences, et cite même un poète persan de l'époque médiévale, Saadi : "Les enfants d'Adam sont des membres d'un même corps, créés d'une même essence." Avant de terminer par la formule rituelle en persan : "Eid-e shoma mobarak." ("Joyeuses fêtes".)
M. Obama reconnaît que, depuis trente ans, les relations entre les deux pays sont tendues. Mais "en cette saison de nouveaux commencements, ajoute-t-il, je voudrais parler clairement aux dirigeants de l'Iran : nous avons de graves différends qui ont grandi avec le temps. Mon administration s'est maintenant engagée dans une diplomatie qui entend traiter l'ensemble des questions qui sont devant nous, et dans la recherche de liens constructifs entre les Etats-Unis, l'Iran et la communauté internationale. Ce processus ne progressera pas par les menaces. Nous recherchons au contraire une relation qui soit honnête et fondée sur le respect mutuel."
RÉACTION FAVORABLE DE L'IRAN
L'Iran a "le droit" de prendre la place qui lui revient dans la communauté des nations, poursuit le président. "Vous avez ce droit, mais il s'accompagne de vraies responsabilités. Cette place ne peut être obtenue par la terreur et les armes, mais par des actions pacifiques qui démontrent la véritable grandeur du peuple et de la civilisation iraniens." Comme il l'avait fait dans son discours d'investiture, il oppose ceux qui "détruisent" à ceux qui ont "le talent de construire et créer".
L'Iran a réagi, vendredi matin, en accueillant "favorablement" ces propos.

M. Obama avait fait de sa volonté d'engager le dialogue avec l'Iran l'un des axes de sa campagne. Depuis qu'il a pris ses fonctions, il a engagé une "révision" de la politique à l'égard de l'Iran qui a déjà fait bouger les lignes. Tout en affirmant que rien n'a changé dans l'objectif qui est d'empêcher Téhéran de se doter d'une capacité nucléaire, et tout en répétant que le processus de sanctions, négociées par les Européens, la Chine et la Russie, reste à l'ordre du jour, les responsables américains ont engagé une diplomatie, d'apparence anodine, de petits gestes.

La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a annoncé une conférence internationale sur l'Afghanistan le 31 mars à La Haye, à laquelle Téhéran a été invité. Quelques jours après sa rencontre à Genève avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, le département d'Etat a indiqué que le diplomate Patrick Moon, du bureau de l'Asie du Sud et centrale, allait se rendre à Moscou, le 27 mars, pour une réunion du groupe de Shanghaï (Russie, Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan et Ouzbékistan), et qu'il y rencontrerait probablement les délégués iraniens. Les Etats-Unis n'en sont pas membres mais puisqu'il doit être question de l'Afghanistan, Moscou les a invités. Selon la presse, les Russes auraient fait un geste en suspendant la livraison de missiles S-300 à l'Iran.

L'administration américaine semble avoir décidé d'explorer toutes les possibilités de dégel des relations, sans attendre le résultat de l'élection présidentielle iranienne du 12 juin. Lors de son voyage en Europe début avril, M. Obama doit se rendre en Turquie, pays qui s'est proposé comme intermédiaire entre Washington et Téhéran. Selon la presse, qui cite le quotidien israélien Haaretz, les Israéliens auraient remis à MmeClinton une liste de demandes concernant d'éventuels pourparlers. Notamment qu'une date butoir soit fixée, pour en limiter la durée.



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jeudi 12 mars 2009

l'ex-premier ministre Moussavi, un modéré candidat à la présidentielle

L’élection présidentielle iranienne n'a lieu que le 12 juin et la campagne n'est pas officiellement commencée, mais le camp réformateur compte, depuis mardi 10 mars, un troisième candidat, l'ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi, 68 ans.

A la tête du gouvernement au temps de la guerre Iran-Irak (1980-1988), M. Moussavi, un modéré, retiré jusque-là de la vie publique et respecté par les vieilles générations d'Iraniens, rejoint les deux candidats réformateurs déclarés, l'ancien président de la République islamique, Mohammad Khatami, et l'ex-président du Parlement, Mehdi Karroubi. Parmi les conservateurs, aucun candidat de premier plan ne s'est inscrit, même si l'actuel président, le fondamentaliste Mahmoud Ahmadinejad, élu en 2005, laisse entendre qu'il briguera un second mandat. Le "fractionnement" apparent du vote réformateur est aussi, nous a confié un analyste proche de M. Khatami, "une façon concertée d'occuper le terrain, en étant certain qu'un réformateur arrivera au second tour. Et surtout un moyen de contrecarrer l'inévitable "sélection" des candidats qui sera opérée en avril par le Conseil des gardiens (rouage essentiel du régime contrôlé par les conservateurs qui aux législatives du printemps avait invalidé une majorité de candidats réformateurs)." "Cette fois, nous alignons trois candidats de poids, un ex-premier ministre, un ex-président, un ex-président du Parlement, les éliminer tous des listes serait une provocation", estime cet analyste, pour qui "le favori est M. Khatami qui, selon des sondages internes, devrait gagner, si aucune fraude ne se produit".
Marie-Claude Decamps


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mardi 10 mars 2009

LE LIVRE DU JOUR : « L'Iran et la France malgré les apparences »

L'Iran se rapproche du seuil fatidique de la capacité de fabriquer une arme nucléaire. Michel Makinsky de l'Escem (Ecole supérieure de commerce et de management de Poitiers) s'interroge sur la réelle portée des sanctions décidées contre ce pays. Au-delà de celles-ci, il discerne une autre arme plus redoutable : celle des pressions indirectes américaines pour que les sociétés étrangères réduisent leurs relations avec l'Iran. De quoi aggraver les problèmes économiques et donc politiques à Téhéran. Cette méthode ne prépare-t-elle pas cependant la voie à un retour en force des sociétés américaines le jour où les Etats-Unis se rapprocheront de l'Iran ? En tout cas, l'inflexion de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy n'est pas passée inaperçue à Téhéran et les relations sont aujourd'hui tendues.

Les relations entre la France et l'Iran sont anciennes et complexes. Certes, en réunissant des textes publiés à l'occasion du bicentenaire d'un traité signé par Napoléon Bonaparte et l'envoyé de Fath Ali Shah d'Iran le 4 mai 1807 contre la Russie, l'ouvrage collectif prenait le risque d'être sur les points d'actualité parfois dépassé. Mais les récits de cette longue histoire permettent sans doute de comprendre mieux l'enjeu de cette région.
J. H.-R.
« L'Iran et la France malgré les apparences », sous la directionde Mahmoud Delfani, Editions Europerse, 242 pages, 20 euros.



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lundi 9 mars 2009

L'Iran effectue de nouveaux essais balistiques

L'Iran aurait procédé à un nouveau tir expérimental de missile de longue portée, selon une information diffusée, dimanche 8 mars, par la chaîne de télévision iranienne anglophone Press TV. Mais l'agence de presse semi-officielle Fars a indiqué pour sa part qu'il s'agirait d'un missile air-mer d'un rayon d'action de 110 km, pouvant être utilisé par des avions contre des objectifs navals. Cent dix kilomètres est une portée nettement inférieure à celle du missile Shahab, qui, selon les autorités iraniennes, peut parcourir deux mille kilomètres et atteindre ainsi le territoire israélien et les bases américaines de la région du Golfe.

L'Iran procède régulièrement à des manoeuvres militaires ou teste de nouvelles armes pour montrer sa détermination à contrer toute attaque venant d'ennemis comme Israël et les Etats-Unis, qui accusent la République islamique de chercher à se doter de l'arme atomique.

Quelques jours auparavant, un officier iranien de haut rang avait déclaré que les missiles iraniens pouvaient désormais atteindre les sites nucléaires israéliens. Israël, de son côté, n'exclut pas d'intervenir militairement contre l'Iran si la diplomatie ne permet pas de résoudre le contentieux nucléaire avec Téhéran. L'Iran a souvent déclaré que ses missiles étaient à même d'atteindre Israël, mais n'avait pas jusqu'alors mentionné d'objectifs précis. Israël serait le seul Etat du Proche-Orient à disposer d'armes atomiques.


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L'Iran expulse un journaliste italien qui travaillait sans carte de presse

Stenio Solinas était entré en Iran avec un "visa de touriste et avait publié des articles manquant d'objectivité", assure Mohsen Mogadaszadeh, le directeur du ministère de la Culture et de la Guidance islamique.

L'Iran a expulsé un journaliste italien qui travaillait sans autorisation des autorités, a rapporté samedi 7 mars l'agence Fars.
Mohsen Mogadaszadeh, le directeur du ministère de la Culture et de la Guidance islamique chargé des médias étrangers, a affirmé que Stenio Solinas, du quotidien Il Giornale, était entré en Iran avec un "visa de touriste et avait publié des articles manquant d'objectivité".
Il a ajouté que "le journaliste pouvait demander un visa de presse et travailler légalement dans le pays" au lieu d'utiliser un visa touristique. La date de son expulsion n'a pas été précisée.

De nombreux précédents

Les autorités iraniennes ont demandé ces derniers mois à plusieurs journalistes étrangers ayant des visas de presse de quitter le pays, notamment le chef du bureau de la télévision pan-arabe Al-Arabiya, Hassan al-Fahs, ou encore le numéro deux de l'AFP à Téhéran, Stuart Williams.
Il y a plus d'un mois, les autorités ont également arrêté la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, pour avoir mené des activités journalistiques alors que sa carte de presse lui avait été retirée.
L'adjoint du procureur de Téhéran Hassan Haddad a toutefois affirmé vendredi qu'"elle doit être libérée dans les tout prochains jours".



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« Le mot féministe n'existe pas en persan »

Journaliste iranienne, Shahla Sherkat a créé Zanân, un mensuel féminin critique et novateurà travers lequel elle s'est battue pour faire avancer les droits des femmes.
Shahla Sherkat.

En 1991, cette journaliste crée Zanân, (Femmes) considéré comme le premier magazine féministe iranien. Pendant 16 ans, Zanân se bat pour faire avancer les lois, combattre les discriminations. Le mensuel aborde des sujets originaux, comme le statut des veuves de martyrs, la toxicomanie des femmes mariées, la difficulté d'entrer dans un stade pour suivre un match de foot. Sans oublier la mode, la cuisine... Mais en 2008, le gouvernement du très radical Ahmadinejad suspend sa parution, que Shahla Sherkat ne désespère pas de reprendre.

Être le premier journal féministe d'Iran, qu'est-ce que cela signifiait ?

Avant, ce mot était tabou. C'était presque une insulte ! Beaucoup de gens n'en connaissaient pas la signification. De façon progressive, nous avons commencé à définir le féminisme. Le féminisme a commencé en Occident, nous l'avons adapté à l'Iran. Nous avons ouvert la voie, et d'autres journaux ont continué.

Vous parlez persan (l'interview se fait par traductrice iranienne interposée, NDLR) mais vous prononcez le mot « féminisme ».

En persan, il n'y a pas de mot pour dire « féminisme ». Pas plus que pour dire « modernité » ! Les gens qui écrivent des dictionnaires cherchent à le traduire, mais ils ne trouvent pas d'équivalent. Ça ne marche pas ! Quant à ce qui, chez nous, est l'équivalent de votre Académie française, elle ne veut même pas en entendre parler.

Quels combats a menés Zanân ?

Nous avons sensibilisé les femmes à leurs droits. Pour revendiquer, il fallait qu'elles aient une base. Beaucoup ne sont pas conscientes des discriminations dont elles sont victimes. Nous avons aussi cherché à améliorer l'image de la femme. Dans les séries télé, elle était toujours représentée comme un être répugnant et exigeant, qui harcelait son pauvre petit mari. Ça a changé, heureusement. Nous nous sommes aussi battues pour faire évoluer les lois, notamment celles qui régissent la famille.

Que fallait-il améliorer ?

En cas de succession, une femme ne recevait que la moitié de ce qu'un homme recevait. Et l'homme, chef de famille, était le seul à avoir le droit de demander le divorce. La garde des garçons étaient confiée à la mère jusqu'à deux ans, celle des filles jusqu'à sept ans, puis elle revenait au père. Aujourd'hui l'égalité est rétablie en matière de succession. Les femmes peuvent demander le divorce, un tribunal peut le prononcer même si le mari le refuse. Tous les enfants restent chez leur mère jusqu'à sept ans. Mais c'est insuffisant, et nous l'avons dénoncé. De plus, pour voyager, la femme doit demander au mari. Il doit signer pour que la femme obtienne son passeport.

Vous dénoncez aussi les effets pervers de certaines lois.

Oui, une femme travaillant à mi-temps peut recevoir un salaire à temps plein. Et les congés maternité peuvent être prolongés très longtemps. Cela dissuade d'embaucher des femmes. Comme partout, les femmes n'ont pas les mêmes chances que les hommes de trouver du travail, et sont moins bien payées.

Mais la condition de la femme est meilleure en Iran que chez vos voisins d'Afghanistan ou des émirats arabes ?


Aucune comparaison ! Cela tient à notre histoire, à notre culture. Les femmes peuvent travailler, avoir une vie dynamique, des loisirs, aller au cinéma, faire du sport, du ski, du shopping... Le nombre de femmes qui font des études atteint 60 %. À tel point que l'on a instauré des quotas dans les universités pour qu'il n'y en ait pas trop ! Zanân a protesté contre ça.

La lapidation existe-t-elle toujours en cas d'adultère ?

Oui, pour les hommes comme pour les femmes. La différence, c'est qu'un homme marié dira qu'il a contracté un « mariage temporaire » avec une autre. Une femme mariée ne s'en sortira pas comme ça, puisque les femmes n'ont pas droit à la bigamie... Cette pratique avait été suspendue il y a quelques années, sous la pression de l'Union européenne. Mais elle a repris, car la loi n'a jamais été changée. Alors les juges l'appliquent de nouveau, en disant qu'ils subissent des pressions de la part des familles.

Avec Ahmadinejad, il semble que les libertés se restreignent par rapport au gouvernement Khatami ?


Un seul exemple. La chargée des Droits des femmes au gouvernement a dit que pour ratifier la Convention de l'Onu pour l'élimination de toute discrimination envers les femmes, il faudrait d'abord passer sur son cadavre...

Recueilli par Florence PITARD.



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dimanche 8 mars 2009

Premier signe d'ouverture de l'équipe Obama en direction de l'Iran

Avec la proposition américaine présentée, jeudi 5 mars à Bruxelles, par Hillary Clinton d'une conférence internationale sur l'Afghanistan, à laquelle l'Iran serait invité, un nouveau signe de décrispation a été donné par l'administration Obama. Même si l'idée d'associer Téhéran aux discussions sur l'Afghanistan est agitée depuis des mois à Washington, l'invitation à la réunion du 31 mars est la première ouverture concrète.

Une fois les contacts engagés, comment amener Téhéran à renoncer à son programme nucléaire ? La commission des affaires étrangères du Sénat, présidée par le démocrate John Kerry, a tenu trois journées d'auditions sur la question. Elle a entendu, jeudi, les deux doyens de la diplomatie américaine, Zbigniew Brzezinski et Brent Scowcroft, l'un démocrate, l'autre républicain.

D'entrée, M. Bzrezinski a fixé les termes de l'alternative pour Barack Obama. Soit le but des négociations est d'"encourager les Iraniens à être intransigeants", afin de les rendre responsables de l'échec, auquel cas il suffit de les menacer de sanctions renforcées, d'exiger des préconditions, de répéter que l'option militaire reste valable, et de les accuser d'encourager le terrorisme. Soit des négociations "sérieuses" s'engagent afin de "créer les conditions pour que l'élite iranienne considère qu'il est dans son intérêt d'aller vers la modération".

Pour l'ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, les Iraniens ont laissé des "ambiguïtés" qu'il est peut-être possible d'exploiter. "Ils n'avancent pas à toute allure sur le programme nucléaire" par exemple. Le régime islamique vise, selon lui, le modèle japonais de quasi-Etat nucléaire : il ne veut pas forcément se doter de la bombe, au contraire des Coréens du Nord. C'est pourquoi il n'est pas partisan d'imposer une date butoir aux négociations, du moins "pas publiquement".

UNE DÉCISION CONTROVERSÉE


Selon les experts, poser des conditions préalables, comme l'ont fait les Européens avec la suspension de l'enrichissement est improductif. Les négociations devraient être multilatérales sur le nucléaire ("un problème qui n'est pas seulement américain"), bilatérales sur les autres dossiers, comme l'Irak. "Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas d'accord sur le Hamas que nous devons exclure de coopérer sur l'Afghanistan", a dit Richard Haass, le président du Council on Foreign Relations.

Brent Scowcroft, ex-conseiller à la sécurité nationale, sous Gerald Ford et George Bush père, a relevé les contradictions de l'administration précédente : "Nous déclarons qu'un Iran nucléaire est inacceptable. Et nous mettons en œuvre un bouclier anti-missile pour s'y préparer !"Son alter ego a déploré que le mot de "terrrorisme" soit employé à tort et à travers: "Quand la Corée du Nord coopère sur le plutonium, on la retire de la liste des sponsors du terrorisme. Quel rapport ?"

La crise économique a perturbé les calculs. Les positions des pays producteurs d'hydrocarbures (Iran, Russie,) sont moins favorables mais les Européens seront peut-être encore plus réticents à imposer des sanctions lourdes, sauf à bénéficier de compensations, de même que la Chine, dépendante du pétrole iranien.

Comment commencer ? Le républicain engagerait le dialogue secrètement : discuter avec les Américains reste une décision "controversée" en Iran.Le démocrate a appris à ses dépens que le secret pouvait "être exploité pour nous mettre dans une position embarrassante". Il pense que le dialogue doit s'engager rapidement, "à bas niveau" s'il le faut, mais avant l'élection présidentielle iranienne de juin : pour ne pas laisser à Mahmoud Ahmadinejad la possibilité de prétendre que "les Etats-Unis attendent sa défaite pour négocier".

Corine Lesnes



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samedi 7 mars 2009

Le Maroc rompt ses relations avec l'Iran

Rabat a mis un terme à ses liens avec l'Iran à la suite de l'émotion provoquée dans le monde sunnite par des déclarations du gouvernement chiite de Téhéran mettant en cause la souveraineté de Bahreïn.

Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran à la suite de l'émotion provoquée dans le monde sunnite par des déclarations du gouvernement chiite de Téhéran mettant en cause la souveraineté de Bahreïn, a annoncé vendredi 6 mars le ministère des Affaires étrangères à Rabat.
Fin février, Rabat avait rappelé pour une semaine son chargé d'affaires par intérim à Téhéran à cause de cette affaire.
Des médias avaient rapporté qu'Ali Akbar Nateq-Nouri, conseiller du Guide de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, avait déclaré que l'Iran détenait la souveraineté sur le royaume bahreïni. Par la suite, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait adressé au roi de Bahreïn, Hamad Bin Aïssa al Khalifa, un message destiné à apaiser les tensions.

Message de soutien de Mohammed VI


Le roi Mohammed VI a adressé à la mi-février un message au souverain de Bahreïn pour lui faire savoir qu'il le soutenait et a qualifié d'absurdes et contraires aux valeurs de tolérance de l'islam les propos attribués à Nateq-Nouri.
Le délai d'une semaine s'étant écoulé après le rappel de son chargé d'affaires et le Maroc n'ayant reçu aucune explication, "le royaume du Maroc a décidé la rupture, à partir de ce vendredi, des relations diplomatiques avec la République islamique d'Iran", dit le ministère dans un communiqué.
Rabat parle d'une "attitude inadmissible, dirigée contre le seul Maroc", de la part de Téhéran dans cette affaire et d'"un activisme avéré" contre "l'unicité du culte musulman et du rite malékite sunnite dont est garant le roi Mohammed VI".

"ingérence intolérable"


"Ce type d'actions (...) constituent une ingérence intolérable dans les affaires intérieures du royaume et sont contraires aux règles et à la déontologie de l'action diplomatique", précise le communiqué officiel publié sur le site internet de l'agence officielle Map.
La religion est un sujet très sensible au Maroc dont le souverain est le seul dirigeant musulman à porter le double titre de "Commandeur des croyants" et de chef de l'Etat.
Le royaume chérifien, qui entretenait des liens étroits avec l'Iran à l'époque du chah jusqu'à son renversement en 1979, n'avait normalisé ses relations avec la République islamique d'Iran que vers la fin des années 1990 en échangeant des ambassadeurs. (Reuters)


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vendredi 6 mars 2009

L'Iran affirme que ses missiles peuvent toucher les installations nucléaires israéliennes

Le général Mohammad Ali Jafari, commandant des Gardiens de la révolution, a averti mercredi Israël que ses installations nucléaires se trouvaient à portée des missiles iraniens.

"Toutes les installations dans les différentes parties des terres occupées par le régime sioniste sont à portée des missiles iraniens", a déclaré le général Jafari, cité par l'agence officielle IRNA.

Les missiles Shahab-3 ont une portée de plus de 2.000km, ce qui permettrait à l'Iran d'atteindre Israël, situé à un millier de kilomètres de Téhéran. L'Iran affirme en outre que ses avions de guerre peuvent maintenant effectuer des allers-retours jusqu'à l'Etat hébreu sans avoir besoin de se ravitailler en carburant.

Mardi, l'adjoint du général Jafari, Mohammad Hejazi, avait déclaré que à l'agence semi-officielle Fars que Téhéran avait préparé en cas d'attaque israélienne un plan de représailles qui infligerait "des pertes élevées sur une période de temps restreinte".

"L'ennemi s'abstient de lancer une action militaire parce qu'il a évalué les dégâts qu'il subirait dans une guerre contre l'Iran", a estimé Mohammad Hejazi. "Après avoir analysé les capacités de défense de l'Iran, il est arrivé à la conclusion qu'une confrontation militaire avec l'Iran le plongerait dans un bourbier sans fin".


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Charia en Iran : un homme condamné à perdre la vue

Un Iranien a été condamné à recevoir dix gouttes d'acide dans chaque œil pour avoir défiguré et rendu aveugle une femme. "Œil pour œil, c'est la loi du talion", explique la victime.

Une Iranienne défigurée à l'acide et rendue aveugle, s'est déclarée en Espagne "soulagée" par l'application de la loi du talion contre son agresseur, condamné à perdre la vue par la justice iranienne, selon plusieurs interviews publiées jeudi 5 mars dans la presse espagnole.
Ameneh Bahrami réside en Espagne, où elle a été traitée à l'Institut de micro-chirurgie oculaire (IMO) de Barcelone (nord-est), et a concédé une série d'entretiens à la presse du pays, un mois après la confirmation en appel de la sentence contre son agresseur, infligée en vertu de la charia, la loi islamique.

"Il comprendra ma douleur"


"La personne qui a fait cela doit passer par la même souffrance. Seulement de cette manière, il comprendra ma douleur", déclare, au quotidien ABC, cette jeune femme au visage défiguré, avec des paupières soudées sur l'œil gauche.
Elle explique avoir éprouvé du "soulagement" à l'annonce de la sentence, "pas seulement par vengeance mais aussi pour qu'aucune autre fille ne subisse la même chose".
L'agresseur "sera anesthésié et ne souffrira pas. Il n'aura pas le visage défiguré (...) et n'aura pas les lésions internes que moi j'ai eues. Il doit payer. Œil pour œil, c'est la loi du talion", explique-t-elle.
L'agresseur, Majid, qui avait reconnu avoir jeté de l'acide au visage d'Ameneh Bahrami, en 1994, parce qu'elle refusait sa demande en mariage, a été condamné en novembre à recevoir dix gouttes d'acide sulfurique dans chaque oeil. Cette peine a été confirmée par la cour suprême iranienne début février.

Loi du talion

Selon la loi iranienne fondée sur la charia, les auteurs de coups et blessures intentionnelles sont punis selon la loi du talion, qui consiste à infliger au coupable le même traitement qu'il a fait subir à sa victime.
D'après la jeune femme, il était prévu à l'origine que l'agresseur ne soit condamné qu'à perdre un seul œil, la loi islamique stipulant "qu'un homme équivaut à deux femmes" et donc qu'un seul œil de l'agresseur valait les deux yeux de sa victime.
Mais, "j'ai expliqué au juge qu'avec un œil on pouvait encore vivre", déclare-t-elle à El Pais. Elle dit avoir ainsi obtenu que son agresseur perde ses deux yeux et en échange elle a renoncé à recevoir une indemnisation de 20.000 euros.



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jeudi 5 mars 2009

L’Iran relance la guerre des mots contre Israël

Ce sont les mots que les Américains n’aiment pas entendre et c’est le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui les a prononcés hier lors d’une conférence sur Gaza à Téhéran. Qualifiant Israël de «tumeur cancéreuse», il a appelé tous les musulmans à la «résistance» face à Israël, exposant qu’elle était le «seul moyen de sauver la Palestine». «On ne pourra sauver la Palestine en mendiant auprès des Nations unies», a-t-il aussi déclaré, réitérant son idée d’un retour de tous les réfugiés palestiniens suivi d’un référendum sur l’avenir du territoire israélien.

Mais si l’Etat hébreu apparaît désormais comme ayant remplacé les Etats-Unis dans le rôle du Grand Satan dans la terminologie du régime, la plus haute autorité de l’Etat iranien n’a pas oublié de sermonner le président américain, Barack Obama, qu’il a accusé de prendre la «défense du terrorisme gouvernemental» d’Israël malgré ses promesses de changement. Il a enfin qualifié d’«erreur de jugement» le fait qu’«un pays nommé Israël soit une réalité de soixante ans qui doive être acceptée».

Dégel. Si la charge du numéro 1 iranien peut surprendre, c’est qu’elle intervient alors qu’on note de légers signes de dégel dans les relations entre Washington et Téhéran. On relève ainsi que les sites favorables au président Mahmoud Ahmadinejad scrutent scrupuleusement les petits gestes favorables à Téhéran que la nouvelle administration américaine peut montrer ici et là.

Sans doute faut-il placer le discours du Guide dans le contexte de la conférence de Téhéran sur Gaza, qui se veut une réplique à celle conclue lundi en Egypte par une promesse de la communauté internationale de verser 4,5 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) pour la reconstruction de l’enclave palestinienne. En Iran, les participants ont d’ailleurs crié à hue et à dia sur cette dernière, qualifiée par Ali Akbar Mohtashamipour, secrétaire de la conférence de Téhéran, de «spectacle de marionnettes» destiné à «approuver les atrocités du régime sioniste à Gaza». Les propos sont d’autant plus enflammés que l’Iran et le Hezbollah n’ont rien fait, du moins militairement, pour venir en aide à leurs «frères idéologiques» du Hamas.

Dure. Et, comme c’est souvent le cas en Iran, les propos du Guide répondent sans doute d’abord à des impératifs intérieurs. Même si toutes les candidatures ne sont pas encore déclarées, l’Iran est déjà en campagne pour le scrutin présidentiel de juin, laquelle promet d’être dure. Le journal Kayhan a ainsi menacé l’ex-président Khatami, prétendant à un troisième mandat, d’un destin comparable à celui de la Pakistanaise Benazir Bhutto. Ces derniers jours, Khatami et un autre candidat réformateur, Mehdi Karoubi, ont même été empêchés de tenir des discours, l’un dans une mosquée, l’autre dans une université.

Le Guide, lui, a semble-t-il choisi son camp. Le 23 août, il a lancé à Ahmadinejad : «Ne considérez pas que c’est votre dernière année à la tête du gouvernement. Non. Travaillez comme si vous aviez cinq autres années devant vous.» En attaquant violemment Israël et en tançant Obama, le Guide intervient à sa manière au profit des «radicaux». Sans que cela n’annonce nécessairement un refus à la main tendue par Washington.


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Ce que disent les juifs d’Iran

Les juifs d’Iran sont l’objet de tous les fantasmes, fantasmes alimentés par les déclarations du président Ahmadinejad niant le génocide ou le minimisant. Une exposition de caricatures sur la Shoah, largement négationniste, s’était tenue à Téhéran en décembre 2005. Il est surprenant, dans ces conditions, que les juifs d’Iran soient la principale communauté juive au Proche-Orient (après celle d’Israël, bien évidemment).

Roger Cohen, journaliste au New York Times, a séjourné en Iran. Il en a rapporté plusieurs articles très intéressants dont l’un, publié le 22 février sur le site du journal, s’intitule « What Iran’s Jews Say ».

« Ispahan. Sur la place de la Palestine, en face d’une mosquée appelée Al-Aqsa, il y a une synagogue où les juifs de cette ancienne cité se rassemblent à l’aube. Sur le portique, une bannière : “La communauté juive d’Ispahan salue le 30e anniversaire de la révolution islamique”.

Les juifs d’Iran enlèvent leurs chaussures, attachent les phylactères autour de leur bras, et prennent place. Le murmure des prières en hébreu s’élève à travers la synagogue encombrée de beaux tapis et de plantes tristes. Soleiman Sedighpoor, un marchand d’antiquités au magasin plein de trésors, conduit le service sous un chandelier.

J’avais rendu visite à Sedighpoor, 61 ans, les yeux clairs, le jour précédent dans sa petite échoppe poussiéreuse. Il m’avait vendu, avec réticence, un bracelet de perles avec des miniatures perses. Les pères achètent et les enfants vendent, a-t-il murmuré, avant de m’inviter à la synagogue. J’avais accepté et lui avais demandé ce qu’il pensait des slogans “Mort à Israël” (“Mag bar Esrael”) qui ponctuaient la vie en Iran.

“Laissez-les dire ‘mort à Israël’, a-t-il répondu. Je suis dans cette boutique depuis 43 ans et je n’ai jamais eu de problèmes. J’ai rendu visite à des proches qui habitent en Israël, mais quand je vois ce qui s’est passé à Gaza, je manifeste comme un Iranien.”

Le Proche-Orient est une région inconfortable pour les minorités. (...) Pourtant, 25 000 juifs environ vivent en Iran, la plus grande minorité juive avec celle de Turquie dans le Proche-Orient musulman. Il y a plus d’une dizaine de synagogues à Téhéran. Ici, à Ispahan, quelques-unes accueillent une communauté de 1 200 juifs, descendants d’une communauté vieille de 3 000 ans.

Durant les dernières décennies, depuis la création de l’Etat d’Israël et la révolution islamique de 1979, le nombre de juifs a diminué de 190 000. Mais l’exode n’a pas été comparable à celui des pays arabes, dont 800 000 juifs ont émigré en Israël. En Algérie, en Tunisie, en Egypte et en Irak – des pays où vivaient plus de 485 000 juifs en 1948 –, il en reste moins de 2 000. (...)

Bien sûr, le cycle inachevé des guerres d’Israël se sont déroulées contre des Arabes, non des Perses, ce qui explique en partie cette différence. Et pourtant, un mystère persiste au sujet les juifs iraniens. Il est important de décider ce qui est le plus important : les invectives d’annihilation anti-israéliennes, le déni de l’holocauste et autres provocations, ou le fait que la communauté juive vit, travaille, prie dans une relative tranquillité.

Je préfère sans doute les faits aux mots, mais j’affirme que la réalité de la civilité des Iraniens à l’égard des juifs nous dit plus sur l’Iran – sa sophistication et sa culture – que la rhétorique enflammée.

C’est peut-être parce que je suis juif et que j’ai été traité avec tant de chaleur en Iran. Ou peut-être parce que j’ai été impressionné par le fait que la fureur provoquée par Gaza et relayée par les affiches et la télévision ne se soit jamais transformée en insultes ou en violences contre les juifs. Ou peut-être parce que je suis convaincu que la caricature du “mollah fou” et le parallèle entre tout compromis avec l’Iran et Munich (1938) – une position populaire dans certains cercles américains – sont trompeurs et dangereux.

Je sais que, si de nombreux juifs ont quitté l’Iran, ce n’est pas sans raison. L’hostilité existe. L’accusation d’espionnage en 1999 contre un groupe de juifs de Chiraz, largement rendue publique, a montré la pire face du régime. Les juifs élisent un représentant au parlement, mais peuvent aussi voter pour un musulman s’ils préfèrent. Un musulman, en revanche, ne peut pas voter pour un juif.

Parmi les minorités, les Bahâ’is – sept d’entre eux ont été récemment arrêtés et accusés d’espionnage pour Israël – ont subi un traitement particulièrement brutal.

J’ai demandé à Morris Motamed, qui fut un membre du parlement, s’il se sentait utilisé comme un Quisling. “Non, a-t-il répliqué. En fait, je sens une tolérance profonde ici par rapport aux juifs.” Il a ajouté que le slogan “Mort à Israël” le préoccupe, mais a critiqué le “double standard” qui permet à Israël, au Pakistan et à l’Inde d’avoir la bombe nucléaire, mais pas à l’Iran.

Le double standard ne fonctionne plus, car le Proche-Orient est devenu plus sophistiqué. Une manière de considérer les tirades anti-israéliennes calomnieuses est de les voir comme une manière d’attirer l’attention sur la bombe israélienne, sur les 41 années d’occupation de la Cisjordanie, sur le refus de discuter avec le Hamas, sur l’usage répété par Israël de sa force supérieure. Le langage israélien peut être méprisable, mais toute paix au Proche-Orient – et tout engagement avec Téhéran – devra prendre en compte ces trois points.

“Green Zoneism”, la définition d’une politique proche-orientale sur la base de mondes imaginaires, ne conduit nulle part.

Le réalisme à l’égard de l’Iran doit prendre en compte l’œcuménisme du carrefour Palestine. A la synagogue, Benhur Shemian, 22 ans, m’a dit que Gaza prouvait que le gouvernement israélien était “criminel”, mais qu’il croyait toujours en la paix. A la moquée Al-Aqsa, Monteza Foroughi, 72 ans, a désigné la synagogue et m’a dit : “Ils ont leur prophète, nous avons le nôtre. Et c’est bien comme cela.” »


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Dennis Ross, l’Iran et la politique de Barack Obama

Le 23 février, le département d’Etat américain a annoncé la nomination de Dennis B. Ross comme conseiller spécial de la secrétaire d’Etat pour le Golfe et pour l’Asie du sud-ouest. « Plus précisément, poursuit le communiqué, il [Ross] fournira, comme conseiller spécial, à la secrétaire d’Etat et aux principaux responsables du département d’Etat, des avis stratégiques et des perspectives pour la région ; proposera des évaluations et agira pour assurer l’intégration d’une politique efficace dans la région ; coordonnera avec les principaux responsables le développement et la formulation de nouvelles approches politiques ; et participera, à la demande de la secrétaire d’Etat, aux activités inter-agences en relation avec la région. »

Attendue depuis des semaines, cette nomination soulève bien des questions. Pourquoi, d’abord, a-t-elle tant tardé, ce retard soulevant des inquiétudes en Israël, dont Dennis Ross est considéré, à juste titre, comme un « ami » ? Ensuite, quelles sont ses fonctions exactes ?

Sur son blog, le 23 février, Jim Lobe, chef du bureau de l’agence Inter Press Service (IPS) à Washington, publie un billet intitulé « Ross gets an appointment but maybe not quite the one he wanted ».

« Il y aura sans aucun doute de nombreux commentaires sur la signification précise de cette annonce et la future autorité et influence de Ross. Mais si vous comparez cette annonce à la manière dont le Washington Institute for Near East Policy (WINEP) présentait la chose à ses responsables – Ross sera “ambassadeur extraordinaire” (at large) et “le principal conseiller de la secrétaire d’Etat sur une série de problèmes du Proche-Orient, du processus de paix israélo-palestinien à l’Iran” –, vous mesurez la différence. Non seulement il n’a pas obtenu ce statut de “principal” conseiller de Clinton, mais son domaine d’intervention est limité au Golfe et à l’Asie du sud-ouest, une région pour laquelle, contrairement à ce qu’affirme le communique du département d’Etat, il a très peu, pour ne pas dire aucune expérience directe. »

« Cela ne veut pas dire que Ross n’aura pas d’influence sur la définition de la politique à l’égard de l’Iran, mais son rôle semble limité : a) au strict conseil, sans participation directe à la mise en œuvre de la politique, et b) au département d’Etat, à moins que Clinton ne lui demande de travailler avec d’autres agences gouvernementales. Ses responsabilités à l’égard de la seule secrétaire d’Etat – il n’y a aucune mention de contact direct avec le président ou la Maison Blanche – sont à comparer au statut » de l’envoyé spécial pour le Proche-Orient, George Mitchell, et du représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan, Richard Holbrooke, qui dépendent directement de la Maison Blanche.

Quelques jours plus tard, le 3 mars, le même Lobe fait son autocritique dans un article intitulé « Ross Is Clearly a Major Player ». Il s’appuie pour cela sur les premiers résultats de la visite de Hillary Clinton au Proche-Orient. Clinton a déclaré au ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis qu’elle ne croyait pas à l’ouverture vers l’Iran, et Obama a envoyé une lettre au président russe proposant de renoncer au bouclier antimissile en Europe de l’Est en échange d’un appui de Moscou à plus de sanctions contre Téhéran. Lobe y voit la mise en application du rapport sur l’Iran du Bipartisan Policy Center (septembre 2008), rapport auquel ont collaboré des néoconservateurs connus comme Michael Rubin et Michael Makovsky. D’autre part, pour Lobe, les déclarations de Clinton en Israël et en Palestine sont conformes à ce que pense Ross : « Fatah et Cisjordanie d’abord ».

Laura Rozen, sur le site de Foreign Policy, explique pourquoi les diplomates ont tellement de mal à définir les fonctions de Ross (« Why State’s having a hard time explaining Dennis Ross’s job, », 25 février).

Ces questions rejoignent celles d’Omid Memarian sur The Huffington Post (2 mars), « Is Dennis Ross Iran’s Real envoy ? » Il pense que William Burns, le sous secrétaire d’Etat aux affaires politiques, jouera un rôle plus important que Ross. De même, il pense que Lee Hamilton, qui a codirigé avec James Baker le rapport bipartisan sur l’Irak publié en décembre 2006, et qui est un des seuls responsables américains à avoir été en contact avec le guide de la révolution Ali Khamenei, aura aussi un rôle important. Hamilton affirme que « le point de départ des relations américano-iraniennes devrait être d’affirmer notre respect pour le peuple iranien, notre refus de la stratégie de changement de régime, et de reconnaître les problèmes de sécurité de l’Iran et son droit à l’énergie nucléaire civile ».

Ces interrogations reflètent à la fois les incertitudes sur l’avenir de la politique de Barack Obama et les appréciations critiques sur la personnalité de Dennis Ross, l’un des responsables de la politique proche-orientale de Bush père et de William Clinton. Il est un membre actif du lobby pro-israélien. Il a été en charge du dossier israélo-palestinien et il est sûrement l’un des responsables de l’échec du processus d’Oslo. Il porte également une lourde responsabilité dans l’échec des négociations entre la Syrie et Israël en 2000. Pour une biographie critique, lire « Right Web, » 30 octobre 2008.

Sur les vues de Ross telles qu’elles se sont exprimées durant la campagne en faveur d’Obama, lire son entretien avec le quotidien israélien Haaretz (24 octobre 2008), « Dennis Ross on why he’s working for Obama and how he’d talk to Iran ».

La difficulté, selon les remarques du professeur Gary Sick, qui a servi au Conseil national de sécurité sous les présidences Ford, Carter et Reagan, et qui fut le principal conseiller à la Maison Blanche durant la révolution irakienne (1979) et la crise des otages américains (lire ses commentaires plus anciens sur « Quelle menace iranienne ? ») est que Ross a adopté des positions assez différentes. D’abord, il a défendu un dialogue sans conditions avec l’Iran, donc un dialogue qui s’ouvrirait sans que l’Iran renonce à l’enrichissement de l’uranium, mais qui s’accompagnerait de pressions économiques supplémentaires ; il excluait le recours à la force (lire le rapport 2008 du Jewish People Policy Planning Institute, institut que préside Ross).

En revanche, il a participé à la rédaction du rapport bipartisan sur l’Iran (lire plus haut) qui prône une politique beaucoup plus dure, puisque le dialogue est conditionné à l’arrêt de l’enrichissement de l’uranium ! Et le rapport prévoit un blocus de l’Iran et même une campagne de bombardements aériens... Ross a défendu ces positions à plusieurs occasions : lire, par exemple, « Dennis Ross : 18 Months to Avoid War with Iran » (The Huffington Post, 5 juillet 2007). Il affirmait alors qu’il restait 18 mois pour éviter la guerre ; ce délai est désormais passé...

Pour les vues de Gary Sick sur une autre politique américaine à l’égard de l’Iran, lire son texte du 21 janvier 2009, « The Republic and the Rabhar », National Interest.
Alain Gresh


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Abbas critique l'ingérence de l'Iran dans les affaires palestiniennes

Nous envoyons un message à l'Iran : arrêtez de vous ingérer dans nos affaires", a affirmé, mercredi 4 mars, le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors d'une conférence de presse à Ramallah, aux côtés de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Celle a effectué sa première visite au Proche-Orient. L'Iran "intervient uniquement pour approfondir la division entre les Palestiniens", a-t-il asséné.

Aux côtés de Mahmoud Abbas, la secrétaire d'Etat a déclaré que les Etats-Unis voulaient progresser rapidement sur la voie de la paix au Proche-Orient et annoncé le retour de l'émissaire américain dans la région après la formation d'un gouvernement en Israël. "Nous sommes déterminés à progresser. Le temps presse", a déclaré Mme Clinton après des entretiens avec M. Abbas et le premier ministre palestinien, Salam Fayyad.

Téhéran organise, mercredi 4 mars, une conférence sur Gaza qui réunit pendant deux jours la direction du Hamas et des représentants de pays de la région et des délégations sud-africaine et nigériane. Elle se veut une réponse à celle conclue, lundi 2 mars, en Egypte par une promesse de la communauté internationale de verser 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza.


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dimanche 1 mars 2009

Nucléaire, gaz, armement : le partenariat Moscou-Téhéran se renforce

Retardée à maintes reprises par le passé, la construction par la Russie de la première centrale nucléaire iranienne à Bouchehr (Sud) est achevée. L'inauguration a eu lieu en fanfare, mercredi 25 février, en présence de Sergueï Kirienko, le chef de l'agence fédérale russe de l'énergie atomique, et de son homologue iranien, Gholamreza Aghazadeh. La mise en service définitive de la centrale n'interviendra pas avant plusieurs mois.

La Russie a d'ores et déjà livré le combustible nucléaire nécessaire au démarrage de la centrale, mais il n'a pas encore été introduit dans le réacteur. Après utilisation, ce combustible devra lui être renvoyé, sous étroite surveillance de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). L'Iran fait l'objet de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, en raison de sa coopération insuffisante avec l'AIEA et de son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.
L'achèvement de Bouchehr - un projet que la Russie a repris à l'allemand Siemens en 1994 - couronne le partenariat entre Moscou et Téhéran. Alors que les Occidentaux comptent avoir le feu vert de Moscou pour des pressions accrues sur Téhéran, soupçonné de produire du nucléaire à des fins militaires, la Russie ne cesse de renforcer des relations déjà étroites avec la République islamique.

MISSILES SOL-AIR S-300
Outre le nucléaire civil, les deux puissances régionales bordant la mer Caspienne ont tissé des liens dans le domaine énergétique, avec la création, en octobre 2008, d'un cartel du gaz (Russie, Qatar, Iran). La coopération militaire se porte également bien. L'Iran est, avec l'Inde et la Chine, l'un des trois principaux clients de Rosoboronexport, l'agence russe en charge des ventes d'armements.
En 2007, l'Iran a acheté à la Russie des systèmes de défense antiaérienne TOR-M1. Signé il y a quelques années, un autre contrat prévoit la fourniture de missiles sol-air S-300. Officiellement, la Russie n'a encore rien livré, mais le thème des S-300 est utilisé par Moscou comme une carte supplémentaire dans le jeu diplomatique international.
La Russie n'a aucun intérêt à voir émerger une puissance nucléaire dans la zone eurasienne qu'elle ambitionne de dominer, mais son attitude est ambiguë. A Moscou, le programme nucléaire iranien n'est pas perçu comme une menace.
Selon le général Leonid Ivachov, ancien chef d'état-major de l'armée russe, "la vraie question n'est pas de savoir si l'Iran est capable ou non de fabriquer des armes nucléaires". "L'existence d'un petit stock d'armes nucléaires sans autre forme de soutien est d'ordre dissuasif. Attaquer d'autres pays, gagner une guerre nucléaire dans un conflit avec une coalition de grandes puissances demanderait un potentiel que l'Iran ne possède pas et ne possédera pas dans un proche avenir", affirme le général Ivachov.

Marie Jégo



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Washington : comment approcher l'Iran ?

La nouvelle politique américaine envers Téhéran est en train de timidement se dessiner. Mais à tâtons. Pendant sa campagne, Barak Obama avait fait du dialogue avec l'Iran un des éléments de sa candidature. Or, à moins de quatre mois des élections présidentielles iraniennes, c'est la prudence qui prime. ..

La nomination, cette semaine, de Dennis Ross, d'abord pressenti comme envoyé spécial en Iran, au poste - moins prestigieux - de conseiller spécial auprès de Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat pour le Golfe et l'Asie du Sud-Ouest, en est la meilleure illustration. Cet ex-négociateur au Proche-Orient de Bill Clinton, co-fondateur du groupe United Against Nuclear Iran, était perçu, par certains, comme étant trop proche du lobby pro-israëlien.
« C'est une façon mesurée et équilibrée de le garder impliqué sans faire trop de dégâts », note ainsi Steve Clemons, expert à la New America Foundation, un centre de recherche progressiste de Washington, sur son blog « The Washington Note ». D'après lui, si Dennis Ross s'était retrouvé à jouer directement le rôle d'émissaire, « cela aurait servi de prétexte à la campagne populiste du président (iranien Mahmoud) Ahmadinejad qui se représente aux élections en juin, et cela aurait été considéré en Iran comme un signe qu'Obama n'est pas sérieux au sujet d'un changement stratégique des relations avec l'Iran ».
Dans un article paru, mercredi, dans le Los Angeles Times, Paul Richter y voit, lui, le signe d'une volonté délibérée de l'équipe d'Obama de ne pas précipiter la nouvelle politique américaine et de prendre le temps qu'il faudra pour préparer d'éventuelles discussions avec l'Iran - des discussions dont le contenu reste encore vague.

Une analyse qui rejoint l'éditorial de David Ignatius, publié hier dans les colonnes du Washington Post. On y apprend que l'équipe de la Maison Blanche consulterait, sur l'Iran, un certain Lee Hamilton, connu pour ses prises de position modérées, et dont on a pu entendre parler en 2006, à l'époque où il co-dirigeait l'Iraq Study Group qui suggérait un engagement avec le régime iranien. Hamilton, selon Ignatius, fait partie de ceux qui favorisent un processus de rapprochement progressif, sur le même modèle que celui qui avait été privilégié avec l'ex-Union soviétique.

Reste à voir sous quelle forme pourraient avoir lieu les discussions préliminaires, sachant qu'un entretien direct entre Obama et Ahmadinejad, ou encore Ali Khamenei, le guide suprême -numéro un du régime iranien - est bien évidemment inenvisageable. Selon Hamilton, cité par Ignatius, Washington devra, pour lancer des discussions, s'engager à « montrer notre respect envers le peuple iranien, renoncer à la politique de « regime change », trouver des opportunités de dialogue sur différents sujets, et reconnaître les soucis sécuritaires de l'Iran ainsi que son droit à l'énergie nucléaire civile ». Mais l'administration américaine doit également compter avec les réticences de certains membres du Congrès, des Israéliens et des Arabes modérés qui voient d'un mauvais œil la perspective d'un dialogue, voir d'un compromis, entre les Etats-Unis et l'Iran...

De plus, une question majeure reste en suspens : comment amorcer l'éventuel dialogue ? Les sujets d'attaque sont nombreux : L'humanitaire - en évoquant, par exemple, la disparition de l'Américain Robert Levinson en Iran, le diplomatique - en envisageant l'ouverture d'une section des intérêts américains à Téhéran (actuellement représentés par l'Ambassade de Suisse) -, ou encore l'Afghanistan - un dossier bien connu des deux pays, et sur lequel ils ont déjà planché ensemble, en 2003, à travers des négociations menées dans l'ombre... Pour l'heure, diverses idées semblent être proposées. Mais on continue à avancer dans le flou, aussi bien du côté américain que du côté iranien...
Delphine Minoui


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