lundi 2 juin 2008

Une capacité de nuisance intacte malgré les sanctions

Le prix de l’essence, celui des loyers ou encore des tomates, c’est cela qui inquiète ici. Alors que de Washington à Vienne, siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la question du nucléaire iranien est l’objet de beaucoup d’inquiétudes, Téhéran joue l’indifférence. « Il y a un autisme du régime sur ce sujet », disait avant son départ un ambassadeur occidental qui, après avoir rencontré le principal négociateur iranien, observait encore : « Avec lui, ça n’a pas été un dialogue de sourds mais un monologue de sourd. »

La grande confiance du régime
Cette indifférence est-elle affectée ou réelle ? Un homme d’affaires arabe qui a des intérêts dans tout le Moyen-Orient souligne la grande confiance du régime depuis que la menace d’intervention directe des États-Unis s’est estompée à la suite de la publication du National Intelligence Estimate (le rapport des services de renseignement américains) selon lequel l’Iran aurait en 2003 cessé de concentrer tous ses efforts sur la fabrication de la bombe.
George W. Bush a dénié la validité de ce rapport et la plupart des spécialistes estiment qu’il ne correspond pas à la situation actuelle, mais le président Ahmadinejad juge, paraît-il, que les velléités d’intervention américaines resteront bloquées durablement.

La possibilité de bloquer le Golfe Persique
Au cours de sa tournée au Proche-Orient, le chef de l’Exécutif américain a pratiquement donné le feu vert à Israël pour lancer un raid sur les installations nucléaires iraniennes. Mais d’après notre interlocuteur, cela n’inquiète pas vraiment Téhéran qui estime que l’armée de l’État hébreu ne dispose pas de la puissance de feu suffisante pour annihiler ses installations. Le gouvernement iranien se sait, en outre, une capacité de nuisance considérable. Bloquer le Golfe Persique, par lequel transite la moitié du pétrole du Moyen-Orient, déclencher, par l’intermédiaire du Hezbollah, une nouvelle guerre, voire provoquer désordre et terreur dans d’autres parties du monde, serait, toujours selon le même, tout à fait dans ses possibilités. Les sanctions, décrétées par l’Onu contribuent au dérèglement d’une économie qui connaît, selon l’OCDE, une inflation d’au moins 25 % et qui ne progresse pas au rythme de celles du Golfe du fait d’un embargo sur toutes sortes de matériaux plus ou moins sensibles. Mais comme le dit un financier iranien : « Dans les pays en développement, c’est la politique qui dicte sa loi à l’économie. » Et, aussi longtemps que le pétrole restera à un cours très élevé, il en restera ainsi.

D.B.

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