vendredi 26 décembre 2008

Tony Blair invite Damas et Téhéran à s'impliquer

Tony Blair a déclaré qu'une stratégie "globale" pour le Proche-Orient concernant tous les problèmes de la région était nécessaire pour enrayer la violence en Irak. Il met au défi l'Iran et la Syrie de s'impliquer pour aider à stabiliser la situation

Tony Blair a mis au défi lundi l'Iran et la Syrie de s'impliquer pour aider à stabiliser la situation en Irak, sous peine d'être isolés sur la scène internationale.

Le Premier ministre britannique a déclaré qu'une stratégie "globale" pour le Proche-Orient concernant tous les problèmes de la région était nécessaire pour enrayer la violence en Irak.

Il a aussi laissé entendre qu'un "nouveau partenariat" était possible avec Damas et Téhéran.

Mais le chef du gouvernement, accusé par ses détracteurs d'être trop tolérant à l'égard de la Syrie et de l'Iran, a affirmé que la politique de Londres n'avait pas changé.

Ces deux pays, a-t-il dit, doivent cesser de soutenir le terrorisme et, dans le cas de la République islamique, renoncer à ses ambitions en matière nucléaire.

"Tout comme la situation (en Irak) évolue, de même notre stratégie doit évoluer pour y faire face", a déclaré l'orateur dans son discours annuel en matière de politique étrangère à l'occasion du banquet du lord-maire de Londres.

Pour Blair, une stratégie globale pour la région doit commencer par s'attaquer au conflit israélo-palestinien, puis à l'imbroglio libanais.

Il faut, a-t-il dit, offrir aux Iraniens "un choix stratégique clair": "ils arrêtent de soutenir le terrorisme au Liban ou en Irak; ils respectent, sans les fouler aux pieds, leurs obligations internationales. Dans ce cas, un nouveau partenariat est possible".

Le porte-parole du Premier ministre britannique a mis les points sur les i: "Ou alors ils en subiront les conséquences, à savoir l'isolement". Même chose pour Damas, a précisé le porte-parole.

Le président américain George Bush a, quant à lui, constamment refusé d'engager un dialogue avec Damas et Téhéran. Depuis la défaite électorale des républicains, qui ont perdu les deux chambres du Congrès le 7 novembre, son administration se dit cependant ouverte à toute idée nouvelle pour améliorer la situation en Irak.

Les démocrates proposent l'organisation d'une conférence internationale à laquelle seraient conviés Syriens et Iraniens. Réagissant à cette proposition, le secrétaire général de la Maison blanche, Josh Bolten, a déclaré qu'aucune option n'était écartée par la présidence américaine.

Téhéran prêt à dialoguer avec les Etats-Unis
Bush doit rencontrer ce lundi le groupe d'études sur l'Irak, chargé de formuler des recommandations sur des changements de stratégie en Irak. Certains membres de cette commission sont favorables à une implication de la Syrie et de l'Iran.

Blair, qui s'entretiendra mardi avec les membres de cette commission présidée par James Baker et Lee Hamilton, devait insister lundi sur la nécessité pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de prendre en compte l'évolution du conflit en Irak dans l'élaboration de leur politique pour ce pays.

"Nous avons constamment soutenu que l'Iran et la Syrie devaient faire face à leurs responsabilités", a déclaré lundi à Bruxelles le ministre britannique de la Défense, Des Browne.

"On ne peut pas appréhender l'Irak en dehors de son cadre régional (...) Nous avons invité l'Iran et la Syrie à s'engager aux côtés du gouvernement irakien et à accepter la responsabilité de la paix et du développement et nous continuerons à le faire", a-t-il ajouté.

Dans une interview à la BBC, Des Browne a démenti que la Grande-Bretagne soit en train de modifier sa stratégie en raison des résultats des élections américaines. "Le gouvernement irakien a lui-même été en contact avec ses voisins et il y a eu des visites ministérielles", a-t-il rappelé.

Comme George Bush, Tony Blair est confronté à une opinion majoritairement hostile à sa politique irakienne. Ces reproches se doublent, pour le Premier ministre britannique, de railleries au sujet de son alignement constant sur les Etats-Unis.

L'alourdissement du bilan humain de cette campagne militaire accroît la pression sur les deux dirigeants pour qu'ils retirent progressivement leurs soldats d'Irak. Quatre soldats britanniques ont été tués dimanche dans le sud de ce pays.

En réaction à ces multiples appels, l'Iran s'est dit prêt lundi à examiner une éventuelle demande officielle de dialogue de la part des Etats-Unis. "S'ils veulent vraiment engager des pourparlers avec l'Iran, ils doivent en proposer de manière officielle et alors l'Iran avisera", a fait savoir le ministère des Affaires étrangères.

Blair a fait de la paix au Proche-Orient l'une des priorités de ses derniers mois au pouvoir. Il devrait quitter ses fonctions dans le courant de l'année 2007.


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