jeudi 5 mars 2009

L’Iran relance la guerre des mots contre Israël

Ce sont les mots que les Américains n’aiment pas entendre et c’est le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui les a prononcés hier lors d’une conférence sur Gaza à Téhéran. Qualifiant Israël de «tumeur cancéreuse», il a appelé tous les musulmans à la «résistance» face à Israël, exposant qu’elle était le «seul moyen de sauver la Palestine». «On ne pourra sauver la Palestine en mendiant auprès des Nations unies», a-t-il aussi déclaré, réitérant son idée d’un retour de tous les réfugiés palestiniens suivi d’un référendum sur l’avenir du territoire israélien.

Mais si l’Etat hébreu apparaît désormais comme ayant remplacé les Etats-Unis dans le rôle du Grand Satan dans la terminologie du régime, la plus haute autorité de l’Etat iranien n’a pas oublié de sermonner le président américain, Barack Obama, qu’il a accusé de prendre la «défense du terrorisme gouvernemental» d’Israël malgré ses promesses de changement. Il a enfin qualifié d’«erreur de jugement» le fait qu’«un pays nommé Israël soit une réalité de soixante ans qui doive être acceptée».

Dégel. Si la charge du numéro 1 iranien peut surprendre, c’est qu’elle intervient alors qu’on note de légers signes de dégel dans les relations entre Washington et Téhéran. On relève ainsi que les sites favorables au président Mahmoud Ahmadinejad scrutent scrupuleusement les petits gestes favorables à Téhéran que la nouvelle administration américaine peut montrer ici et là.

Sans doute faut-il placer le discours du Guide dans le contexte de la conférence de Téhéran sur Gaza, qui se veut une réplique à celle conclue lundi en Egypte par une promesse de la communauté internationale de verser 4,5 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) pour la reconstruction de l’enclave palestinienne. En Iran, les participants ont d’ailleurs crié à hue et à dia sur cette dernière, qualifiée par Ali Akbar Mohtashamipour, secrétaire de la conférence de Téhéran, de «spectacle de marionnettes» destiné à «approuver les atrocités du régime sioniste à Gaza». Les propos sont d’autant plus enflammés que l’Iran et le Hezbollah n’ont rien fait, du moins militairement, pour venir en aide à leurs «frères idéologiques» du Hamas.

Dure. Et, comme c’est souvent le cas en Iran, les propos du Guide répondent sans doute d’abord à des impératifs intérieurs. Même si toutes les candidatures ne sont pas encore déclarées, l’Iran est déjà en campagne pour le scrutin présidentiel de juin, laquelle promet d’être dure. Le journal Kayhan a ainsi menacé l’ex-président Khatami, prétendant à un troisième mandat, d’un destin comparable à celui de la Pakistanaise Benazir Bhutto. Ces derniers jours, Khatami et un autre candidat réformateur, Mehdi Karoubi, ont même été empêchés de tenir des discours, l’un dans une mosquée, l’autre dans une université.

Le Guide, lui, a semble-t-il choisi son camp. Le 23 août, il a lancé à Ahmadinejad : «Ne considérez pas que c’est votre dernière année à la tête du gouvernement. Non. Travaillez comme si vous aviez cinq autres années devant vous.» En attaquant violemment Israël et en tançant Obama, le Guide intervient à sa manière au profit des «radicaux». Sans que cela n’annonce nécessairement un refus à la main tendue par Washington.

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