samedi 4 juillet 2009

Des ultraconservateurs veulent un procès contre Moussavi en Iran


TEHERAN - Un rédacteur en chef considéré comme proche des plus hautes autorités iraniennes a affirmé samedi que Mirhossein Moussavi et l'ancien président Mohammad Khatami avaient commis des "crimes terribles" et devraient être traduits en justice.


Dans une tribune publiée dans son quotidien ultraconservateur Kayhan, Hossein Shariatmadari suggère que le candidat malheureux à la présidentielle et ses partisans ont agi sur ordre des Etats-Unis.

"Un tribunal public, sous les yeux du peuple, doit juger les terribles crimes et la claire trahison commis par les principaux éléments à l'origine des troubles récents, dont Moussavi et Khatami", écrit Hossein Shariatmadari, qui passe pour être un proche de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien.

Selon un autre journal ultraconservateur, Javan, une centaine de parlementaires ont adressé une lettre aux autorités judiciaires pour leur demander de juger les meneurs des "émeutes post-électorales". Ils y désignent Mirhossein Moussavi et un autre candidat modéré battu, Mehdi Karoubi.

La présidentielle du 12 juin dernier a provoqué un mouvement de contestation sans précédent depuis la révolution islamique de 1979 et suscité un regain de tensions avec les Occidentaux. Les violences post-électorales ont fait au moins 20 morts.

Les autorités ont affirmé que les manifestations du camp réformateur, qui dénonce une élection truquée au profit du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, largement réélu, ont été organisées par des éléments subversifs et des puissances étrangères, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

"Tout ce qu'ils ont fait était en ligne avec les instructions données par le passé par les responsables américains", accuse ainsi Hossein Shariatmadari.

AMBIGUÏTÉS

Lors d'un discours prononcé à l'occasion de la Journée des mines et de l'industrie, samedi, Mahmoud Ahmadinejad a accusé les puissances occidentales d'avoir exploité l'élection iranienne pour détourner l'attention de la crise économique.

"Les pays affectés par la crise financière ont durement tenté de distraire l'opinion publique mondiale de cette énorme crise, aussi ont-ils créé ce problème de grippe porcine ou essayé de faire quelque chose d'autre de notre élection", a-t-il lancé.

Les forces de sécurité iraniennes ont réprimé violemment les manifestations et mis un terme au mouvement populaire, mais les divisions apparues dans les arcanes du pouvoir demeurent, et Mirhossein Moussavi et ses alliés se refusent à abdiquer, jugeant illégitime le nouveau gouvernement.

Un haut dignitaire religieux pro-réformateur, le grand ayatollah Yusof Saanei, a exhorté les autorités à ne pas violer les droits du peuple. Il les met en outre en garde contre des difficultés futures à gouverner.

Dans un communiqué publié vendredi sur son site internet, il

affirme que beaucoup d'Iraniens demeurent sceptiques quant à l'issue du scrutin parce que les "ambiguïtés" sur l'élection n'ont pas été levées.

"Je vous rappelle qu'aucun ordre ou commandement ne peut être considéré comme une permission ou une excuse pour violer les droits du peuple et que ce serait un grand péché", écrit Yusof Saanei, proche du grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, architecte de la révolution tombé en disgrâce aux yeux de l'actuel régime, qui l'a assigné à résidence.

Les autorités nient toute irrégularité lors de la présidentielle, dont elles affirment qu'il s'agit de l'élection la plus "saine" dans l'histoire de la République islamique.

Elles accusent pour leur part Mirhossein Moussavi d'être à l'origine des effusions de sang qui ont suivi l'annonce des résultats, ce que conteste l'ancien Premier ministre.

L'opacité entretenue par le régime et l'interdiction faite aux journalistes étrangers de couvrir les manifestations ont rendu difficile d'établir un bilan des violences.

Le chef de la police iranienne Ismail Ahmadi-Moghaddam a affirmé mercredi que 1.032 personnes avaient été interpellées pour des faits liés aux troubles post-électoraux, dont la plupart ont été libérées depuis. Les autres ont été "présentées aux tribunaux civils et révolutionnaires", a-t-il dit.

Mais selon la Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran, les informations collectées permettent d'estimer à 2.000 le nombre de responsables de l'opposition, enseignants, journalistes, étudiants et autres manifestants qui seraient encore détenus dans le pays.


Aucun commentaire: