Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a appelé, dans son prêche lors de la prière du vendredi 28 août, à punir les chefs de l'opposition pour les troubles qui ont suivi sa réélection contestée à la présidentielle du 12 juin. "De sérieuses actions devraient être entreprises contre les chefs [de l'opposition] et les principaux instigateurs des incidents. Ceux qui ont provoqué, organisé et mis en œuvre la doctrine ennemie devraient être affrontés avec fermeté", a-t-il dit dans ce prêche diffusé par la radio.
Il s'agit de la première requête en ce sens du président, dont la réélection a été longuement contestée par ses concurrents, principalement le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi et le réformateur Mehdi Karoubi, qui ont dénoncé des fraudes. Des responsables ont précédemment appelé à sanctionner les opposants, tel le religieux Ahmad Khatami, dont les vues expriment généralement celles des ultraconservateurs, ou encore Yadwollah Javani, chef du bureau politique des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime.
"Quel est le rôle de [l'ancien président Mohammad] Khatami, [Mir Hossein] Moussavi et [Mehdi] Karoubi dans ce coup d'Etat ? S'ils en sont les instigateurs, et c'est le cas, les responsables de la justice et de la sécurité doivent les arrêter, les juger et les punir", a écrit M. Javani dans l'hebdomadaire Sobhe Sadegh. Des manifestations de rue, sans précédent depuis l'avènement de la République islamique en 1979, ont été organisées pour protester contre la victoire de M. Ahmadinejad validée par le numéro un du régime, Ali Khamenei.
L'OPPOSITION DÉNONCE DES "PROCÈS SPECTACLES"
"Ceux dont le rôle a été moindre et ceux qui ont été trompés devraient être traités avec compassion islamique", a en revanche estimé le chef de l'Etat. "Les leaders des émeutes devraient être exécutés", a rétorqué la foule. Les manifestations de masse ont été sévèrement réprimées par les autorités. Sur quelque quatre mille personnes arrêtées, trois censt sont toujours derrière les barreaux, selon des sources officielles, qui ont fait état de trente morts. L'opposition a de son côté dressé une liste de soixante-neuf personnes tuées.
Depuis le 1er août, quelque cent quarante personnes, dont des responsables du camp réformateur, ont comparu devant le Tribunal révolutionnaire pour leur implication dans la contestation. Parmi elles un ex-ministre, des personnalités politiques de premier plan, des journalistes et des universitaires. Ces procès, toujours en cours, ont été dénoncés par l'opposition et la communauté internationale comme des "procès spectacles".
M. Karoubi a aussi dénoncé des viols et des cas de torture sur des manifestants emprisonnés. Il a soumis le 24 août des preuves à des membres d'une commission parlementaire chargée d'évaluer la situation des manifestants arrêtés. Fin juillet, Téhéran avait été amené à fermer la prison de Kahrizak après la mort d'au moins deux détenus, des suites de blessures infligées pendant leur incarcération selon des médias. Dans son prêche de vendredi, M. Ahmadinejad a toutefois accusé les opposants d'être derrière ces sévices. "Ce qui est arrivé dans les (...) centres de détention faisait partie du plan de l'ennemi mis en application par les agents du mouvement de renversement" du régime.
samedi 29 août 2009
Ahmadinejad menace de punir les chefs de l'opposition
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