samedi 5 décembre 2009

Accident pour Damas, attentat selon Téhéran

moyen-orient . Une explosion a détruit un bus iranien, hier, en Syrie. Pour le régime, le coupable est un pneu.

Par JEAN-PIERRE PERRIN



Qui faut-il croire ? La version officielle syrienne qui affirme que la mystérieuse explosion d’un autobus iranien survenue hier à Damas est due à l’éclatement… d’un pneu ? Ou Téhéran, dont la télévision d’Etat, via son correspondant, a jugé qu’elle avait été «probablement causée par une bombe posée sous le véhicule» ? Accident ou attentat, l’explosion a fait au moins trois morts, dont un enfant, selon la Syrie. Mais le bilan pourrait être plus élevé : celui donné hier soir par Debka, site proche des services de sécurité israéliens faisait état - ce qui est sans doute très exagéré - de dizaines de morts. Coïncidence ou non, cette explosion est intervenue alors que le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, qui est aussi le principal négociateur du régime de Téhéran sur le nucléaire, Saïd Jalili, se trouvait à Damas pour une visite officielle à l’allié stratégique syrien, lors de laquelle il a rencontré le président Bachar al-Assad.

Pour le ministre syrien de l’Intérieur, Saïd Sammour, il ne s’agit que d’un accident. «Le pneu a explosé car il y avait trop de pression», a-t-il dit. Reste à expliquer l’extrême violence de l’explosion qui, selon les images, a déchiqueté le véhicule. Le souffle a projeté des débris à une dizaine de mètres alentour. Cité par l’AFP, Mohammad Issa, directeur de l’hôpital Khomeiny situé dans ce même quartier, a indiqué que les cadavres étaient «en lambeaux».

Le bus, qui avait acheminé des pèlerins iraniens dans la capitale syrienne, aurait été vide au moment de l’explosion. Celle-ci n’est pas sans rappeler l’attentat à la voiture piégée qui, le 27 septembre 2008, avait fait 17 morts près de ce quartier qui abrite le principal mausolée chiite de la capitale. Le siège des services de sécurité syriens est situé à proximité. Le précédent attentat avait visé un officier supérieur.

S’il s’agit d’un nouvel attentat, ce qui apparaît une évidence, qui l’a organisé ? Le précédent avait été imputé par Damas à un groupe lié à Al-Qaeda. Est-ce encore le cas ? Après l’assassinat - par les Israéliens - d’Imad Moughnieh, le chef militaire du Hezbollah, tué dans l’explosion de sa voiture l’an dernier, puis celui du général Mohammed Souleimane, l’homme chargé du dossier nucléaire syrien, cette nouvelle attaque ébranle l’image de stabilité que voudrait donner le régime de Damas.


Aucun commentaire: