samedi 28 juin 2008

G8 : Corée du Nord et Iran doivent stopper leurs activités nucléaires

Au lendemain de la remise par Pyongyang d'une déclaration très attendue sur son programme nucléaire, les ministres des Affaires étrangères affichent leur fermeté.

Au dernier jour de leur réunion à Kyoto (centre-ouest du Japon), les ministres des Affaires étrangères du G8 ont appelé vendredi 27 juin la Corée du Nord et l'Iran à renoncer à leurs programmes nucléaires.
Jeudi, la Corée du Nord a remis à la Chine une déclaration très attendue sur son programme nucléaire. Celle-ci a été transmise vendredi aux autres parties engagées dans la négociation avec Pyongyang : les Etats-Unis, la Corée du Sud, le Japon et la Russie. Le document comprend des données sur les installations nucléaires et les quantités de plutonium dont dispose la Corée du Nord, mais pas sur les bombes atomiques proprement dites.

Abandon des armes nucléaires

"L'important est de la vérifier soigneusement et d'arriver à notre objectif final d'abandon des armes nucléaires" par Pyongyang, a déclaré le ministre japonais des Affaires étrangères, Masahiko Komura, à la presse.
Le Japon, qui n'a pas de relations diplomatiques avec Pyongyang, a jugé prématurée jeudi la décision américaine de retirer la Corée du Nord de la liste des pays soutenant le terrorisme. Il avait exprimé l'espoir que son allié américain resterait vigilant à l'égard du régime communiste nord-coréen.
Par ailleurs, Masahiko Komura a ajouté que les ministres du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie) avaient soutenu le Japon dans sa recherche d'une solution par Pyongyang du problème des Japonais enlevés par les services secrets nord-coréens, dans les années 70 et 80, afin d'enseigner la langue japonaise à leurs espions.
Tokyo affirme en effet que 17 de ses ressortissants ont été enlevés, alors que la Corée du Nord a reconnu en 2002 en avoir enlevé 13 au total. Cinq d'entre eux avaient été remis au Japon et 8 annoncés comme morts.
Pyongyang considérait jusqu'alors la question comme réglée. Mais la Corée du Nord a toutefois accepté à la mi-juin, sous la pression des Etats-Unis, de reprendre le dialogue avec Tokyo et de rouvrir une enquête.

"Processus encore très long"

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a souligné que le processus de désarmement de la Corée du Nord serait "encore très long avant l'objectif final de dénucléarisation totale de la péninsule coréenne".
Interrogée lors d'une conférence de presse sur un retrait de la Corée du Nord de la liste américaine des "Etats terroristes", amorcé jeudi à Washington, Condoleezza Rice a rappelé que ce processus "prendrait 45 jours". Au cours de ce délai légal, les premières vérifications de la déclaration nord-coréenne doivent pouvoir être mises en place.
Mais elle a ajouté que "beaucoup d'autres sanctions" frappaient encore la Corée du Nord, aux Etats-Unis mais aussi à l'ONU.
"Si je puis m'exprimer ainsi, la Corée du Nord n'est pas sortie de l'auberge !", a-t-elle souligné.
"La Corée du Nord n'a pas toujours rempli ses obligations par le passé, donc nous serons très attentifs à la suite" du processus d'abandon de son programme nucléaire.
En réponse à une question faisant référence au passage récent dans la capitale nord-coréenne de l'orchestre philarmonique de New York La secrétaire d'Etat américaine a par ailleurs affirmé n'avoir "aucun projet de (se) rendre à Pyongyang, ni d'y jouer du piano".

Nucléaire à des fins pacifiques

La déclaration nord-coréenne a donc été saluée comme un pas positif par la communauté internationale. Mais de son côté l'Iran continue de tenir tête aux pressions occidentales et refuse de renoncer à ses activités d'enrichissement d'uranium. Le pays affirme toujours que son programme nucléaire est mené à des fins pacifiques.
Le G8 s'est mis d'accord sur une politique de "dialogue et pressions" à l'égard de Téhéran.
"Nous, le G8, allons appeler l'Iran à coopérer avec la communauté internationale", a dit le ministre japonais.

Aucune légitimité au Zimbabwe

Les ministres des Affaires étrangères du G8 ont également affiché une position commune sur le Zimbabwe, dont le second tour des élections présidentielles a commencé vendredi, malgré le retrait de Morgan Tsvangirai en raison des violences visant ses partisans.
"Nous regrettons les actions des autorités zimbabwéennes, violence systématique, obstruction et intimidation, qui ont rendu impossible une élection présidentielle libre et équitable", indique la déclaration spéciale adoptée par les huit ministres.
"Nous n'accepterons pas la légitimité d'un gouvernement qui ne reflèterait pas la volonté du peuple zimbabwéen".
Ils ont estimé que les résultats du premier tour de l'élection, le 29 mars, à l'issue duquel le candidat de l'opposition Morgan Tsvangirai était arrivé devant le président Robert Mugabe, "doivent être respectés".
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a estimé que "cette imposture ne peut pas déboucher sur un résultat légitime".
"Nous allons voir quelles prochaines mesures peuvent être prises avec le Conseil de Sécurité" de l'ONU, a-t-elle ajouté.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a jugé de son côté que l'élection était "biaisée sous tous les aspects".
Il a notamment dénoncé "la brutalité du régime" et "l'organisation du scrutin".
"C'est donc très clair pour ce qui concerne le Royaume Uni, le gouvernement du Zimbabwe sous Robert Mugabe n'a aucune légitimité", a-t-il dit devant les journalistes. "Les seules personnes ayant une légitimité démocratique sont celles qui ont remporté le premier tour le 29 mars".


Aucun commentaire: