mardi 10 juin 2008

George Bush souhaite faire avancer le dossier iranien lors de sa dernière tournée européenne

A son habitude, le président George Bush s'est levé tôt, lundi 9 juin, et cinq minutes avant 7 heures, il a expliqué à la presse l'objectif de son voyage en Europe, le dernier probablement avant la fin de son mandat. "Nous avons beaucoup de choses à discuter", a-t-il souligné, avant d'embarquer pour Ljubljana, première étape d'une tournée d'une semaine qui doit le conduire à Berlin, Rome, Paris, Londres et Belfast.

Alors que la page est presque déjà tournée, aux yeux du monde, sur les années Bush, le président américain est agacé, dit-on, par son étiquette de lame duck ("canard boiteux"). Il souhaite faire avancer quelques dossiers – Iran, Afghanistan – à la faveur des excellentes relations qu'il a maintenant dans les capitales européennes, même s'il est un peu déçu par la chancelière allemande Angela Merkel, qu'il ne trouve pas assez ferme avec la Russie, ou par Nicolas Sarkozy, qui n'a offert qu'un bataillon pour l'Afghanistan.

Sur l'Iran, M. Bush va tenter de "durcir un peu la détermination des Européens", estime Stephen Flanagan, du Center for Strategic International Studies (CSIS). Il va essayer de faire valoir que, quelles que soient les conclusions du National Intelligence Estimate (le rapport des agences de renseignement) de novembre 2007, la menace reste entière.

Comme ses partenaires européens, l'administration américaine pense cependant qu'il est encore possible de convaincre Téhéran de suspendre son programme par une nouvelle offre. Cette proposition, que préparent les Etats-Unis avec les cinq autres puissances qui suivent le dossier (Angleterre, Allemagne, France, Russie et Chine), va être évoquée par M. Bush, a indiqué le conseiller à la sécurité nationale, Steven Hadley.

RUMEURS D'ACTIONS MILITAIRES

Alors qu'elles s'étaient estompées, les rumeurs sur une possible action militaire contre les sites iraniens ont été relancées, la semaine dernière, par la visite du premier ministre israélien, Ehoud Olmert. M. Hadley a répété que la voie diplomatique était privilégiée. Mais certains à Washington sont préoccupés par le fait que la période de campagne électorale et le changement d'administration vont de fait donner un répit d'un an aux Iraniens. "Combien de temps peut-on perdre avant que les Iraniens ne soient en mesure de parvenir à quelque chose de vraiment significatif?", s'interroge M. Flanagan.

Cinq ans après la fracture sur l'Irak, le président Bush peut en tout cas se vanter de laisser à son successeur des relations transatlantiques parfaitement rétablies. Ce successeur est attendu de pied ferme. La présidence française de l'Union européenne prépare déjà un certain nombre d'initiatives qui pourront être présentées à Washington dès le lendemain de l'élection présidentielle, sans même attendre l'investiture de janvier 2009.

Les Européens auront aussi une liste de demandes devant eux, prévoient les experts. Jusqu'ici, ils avaient beau jeu de traîner les pieds, souligne Reginald Dale, du CSIS. Mais ils risquent fort de retrouver les mêmes exigences : augmentation de l'engagement en Afghanistan, renforcement des budgets militaires nationaux. "Ceux qui pensent que, dès que Bush aura quitté la Maison Blanche, une aube de paix et d'amour se lèvera au-dessus de l'Atlantique, risquent d'être déçus, dit M. Dale. Les intérêts fondamentaux de l'Amérique n'auront probablement pas beaucoup changé."

Pour l'instant, le républicain John McCain a dit aux Européens "ce qu'ils avaient envie d'entendre, sur une Europe forte et la coopération contre le réchauffement climatique", constate-t-il. Le démocrate Barack Obama, quant à lui, n'a pas évoqué sa politique européenne. Par son expérience personnelle, il est plus sensible aux questions africaines et asiatiques. S'il a travaillé à la sécurisation des anciens arsenaux nucléaires soviétiques, il n'a pas encore visité l'ouest de l'Europe.

Corine Lesnes


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