mardi 3 juin 2008

Nucléaire: l'AIEA veut des explications de l'Iran et envoie des inspecteurs en Syrie

Le directeur général de l'AIEA Mohamed ElBaradei a exigé lundi des "explications complètes" de l'Iran sur son programme nucléaire controversé et a parallèlement annoncé l'envoi d'inspecteurs en Syrie au sujet du présumé réacteur nucléaire détruit par Israël en septembre.

S'adressant aux représentants des 35 pays membres du Conseil des gouverneurs de l'agence onusienne à l'ouverture de sa réunion d'été, il a jugé "regrettable" l'absence de progrès de la part des dirigeants iraniens, qui ont refusé de s'expliquer sur la militarisation présumée de leur programme.

"Je leur demande une nouvelle fois d'être pleinement coopératifs", a déclaré M. ElBaradei, en rappelant que cela faisait cinq ans que son agence cherchait à établir la véritable nature des activités nucléaires de Téhéran.

Le succès de cette démarche "dépend en premier lieu de ce que l'Iran fasse preuve de la transparence nécessaire et fournisse des explications complètes", a déclaré le patron de l'AIEA.

L'agence souhaite notamment une "clarification sur le faisceau d'allégations (...) sur de possibles dimensions militaires du programme nucléaire iranien", a-t-il rappelé.

Selon des renseignements que l'AIEA a affirmé tenir de dix pays, l'Iran aurait mené par le passé des études suggérant une militarisation de son programme, notamment sur le façonnage d'une ogive nucléaire ou l'adaptation du missile Shahab-3.

Téhéran, qui proclame que son programme nucléaire est strictement pacifique, a jusqu'à présent jugé "sans fondement" ces documents, qualifiés de "prétendues études", et a affirmé avoir fourni toutes les explications nécessaires.

M. ElBaradei a par ailleurs annoncé l'envoi en Syrie d'inspecteurs de l'AIEA du 22 au 24 juin afin de détermnier si oui ou non ce pays avait entrepris, comme l'affirme Washington, de construire un réacteur nucléaire à Al Kibar, avant que ce site présumé ne soit détruit par un raid israélien en septembre.

"J'attends la pleine coopération de la Syrie dans ce dossier", a-t-il déclaré.

M. ElBaradei a parallèlement jugé "profondément regrettable" qu'Israël et les Etats-Unis aient attaqué l'installation nucléaire syrienne présumée sans permettre auparavant à l'agence de l'inspecter.

Selon ces deux pays, Damas était en train de s'équiper d'un réacteur nucléaire à finalité militaire, avec l'aide de la Corée du Nord.

D'après des documents et des photographies détaillées fournis en avril par Washington à l'AIEA, le présumé réacteur en construction présentait des similitudes avec le réacteur nord-coréen de Yongbyon produisant du plutonium. Damas a rejeté ces allégations en les qualifiant de "ridicules".

Tout en déplorant le "recours unilatéral à la force avant que l'agence n'ait la possibilité d'établir les faits" à Al Kibar, M. ElBaradei a formellement rappelé à la Syrie son obligation de "signaler à l'agence tout projet et toute construction d'installation nucléaire".

La Syrie et l'Iran sont tous deux membres du Traité de non-prolifération nucléaire par lequel ils se sont engagés à ne pas chercher à se doter de l'arme atomique et à accepter des inspections, à la différence d'Israël, qui n'a pas rejoint ce traité.

Téhéran est sous le coup de trois séries de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU pour avoir refusé de geler ses activités d'enrichissement d'uranium, qui peuvent avoir des finalités militaires.

Le groupe composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et de l'Allemagne a indiqué vouloir présenter prochainement à Téhéran une offre "rafraîchie" de large coopération en échange d'une suspension de ces activités.

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