samedi 6 septembre 2008

L'Iran et le dialogue israélo-syrien au menu de la visite de Nicolas Sarkozy à Damas

Arrivé mercredi en Syrie pour une visite de deux jours visant notamment à réduire l'isolement international de Damas, Nicolas Sarkozy a réaffirmé que l'Iran "ne doit pas posséder l'arme nucléaire" et que la France est prête à parrainer un dialogue de paix direct entre Israël et la Syrie.

Le président français a rappelé à son hôte, le président Bachar el-Assad, la position de la France et des Occidentaux sur le nucléaire iranien tout en invitant la Syrie, alliée stratégique de Téhéran, à "jouer un rôle sur la question iranienne".

"L'Iran ne doit pas posséder l'arme nucléaire, mais l'Iran a droit, comme tous les pays du monde, à l'énergie nucléaire civile", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe au palais présidentiel Al-Chaab. "L'arme nucléaire pour l'Iran, c'est une menace pour la paix de la région et pour la paix du monde", a insisté M. Sarkozy, jugeant que "chacun à sa manière doit faire passer ce message".

Bachar el-Assad a pour sa part exprimé le souhait que le Proche-Orient soit "vide de toute arme de destruction massive", rappelant qu'il avait déposé un projet en ce sens auprès de l'ONU.

M. Sarkozy, dont la visite vise notamment a explorer la possibilité d'un dialogue direct entre la Syrie et Israël, a également souligné que la France était "disponible" pour "être le parrain" d'un tel dialogue. Il a jugé "très important que le jour soit proche où la Syrie et Israël parlent directement pour construire la paix dont tout le monde a besoin".

M. Sarkozy participera jeudi à une réunion à quatre (Syrie, France, Qatar et Turquie) où il sera question des pourparlers indirects engagés depuis mai entre la Syrie et Israël sous l'égide de la Turquie. Ce sommet quadripartite convoqué par Damas réunira, outre M. Sarkozy, Bachar el-Assad, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et l'émir du Qatar Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani. "La France soutient de toutes ses forces les discussions de paix indirectes entre Syriens et Israéliens", a affirmé M. Sarkozy mercredi.

Après son arrivée en fin d'après-midi à l'aéroport international de Damas, Nicolas Sarkozy a reçu un accueil en grande pompe au palais présidentiel. Un orchestre militaire a joué la Marseillaise et l'hymne national syrien, puis le président français et son homologue Bachar el-Assad ont passé des troupes en revue. Les deux hommes ont ensuite eu un entretien en tête-à-tête.

Avant sa visite, la première d'un chef d'Etat français à Damas depuis Jacques Chirac en 2002, il avait déjà indiqué que la France était prête à co-parrainer avec les Etats-Unis tout dialogue direct entre Israël et la Syrie.

La Syrie réclame la restitution du plateau du Golan, une zone stratégique conquise par Israël lors de la guerre des Six-Jours en 1967. Des négociations directes entre les deux parties avaient achoppé en 2000 sur l'ampleur du retrait israélien.

Bachar el-Assad a affirmé dans un entretien diffusé mardi soir sur France-3 qu'il existait désormais "une possibilité de paix" avec Israël. "Lorsque nous allons débuter les négociations directes sous un parrainage américain, français et turque, nous pourrons dire alors que nous approchons de la paix", a-t-il ajouté.

Les relations entre Paris et Damas ont connu une longue période de froid liée à la mise en cause de la Syrie dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005. Le contact a repris en mai, Bachar el-Assad ayant semble-t-il favorisé un déblocage de la crise politique au Liban, toujours sous forte influence syrienne. "Avec le président Bachar el-Assad, nous construisons pas à pas une relation que nous voulons confiante pour tourner la page des désaccords", a assuré M. Sarkozy mercredi.

La visite du président français vise aussi à sortir Damas de l'isolement international et à réduire l'influence de l'Iran sur son voisin syrien. La France espère toutefois mettre à profit la relation privilégiée entre Damas et Téhéran en pressant la Syrie de favoriser une évolution de son partenaire sur le dossier du nucléaire iranien, indique-t-on dans l'entourage de M. Sarkozy.

Le président français juge nécessaire le dialogue avec Damas, un acteur important sur la scène proche-orientale, notamment en raison de son influence sur le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. AP


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