mardi 4 novembre 2008

Iran : limogeage du ministre de l'intérieur.

C'est un coup dur pour le Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Son nouveau ministre de l'intérieur - et un de ses proches alliés - vient d'être limogé. Ce matin, le Parlement a adopté à une large majorité (188 sur 247 députés présents dans l'hémicycle) la motion de censure contre Ali Kordan, accusé d'avoir un faux diplôme de la prestigieuse université britannique d'Oxford.

Ali Kordan avait été nommé ministre de l'intérieur en août dernier, en remplacement de Mostapha Pour Mohammadi, contraint de démissionner suite à certains désaccords avec le Président. Signe du remue ménage politique qui secoue le gouvernement actuel, Kordan est le dixième ministre sur un total de 21 à quitter son poste depuis l'élection d'Ahmadinejad en 2005.
Au cours de ces dernières semaines, l'affaire de son pseudo doctorat de droit s'est retrouvée au cœur d'une vive polémique dans les cercles politiques de Téhéran. Largement diffusée sur Internet - 200 000 sites web en auraient fait référence - la copie du document l'a finalement poussé à reconnaître, le mois dernier, qu'il avait été falsifié.
Dénonçant « la campagne de l'oppression mondiale » contre sa personne, il refusa pourtant de démissionner.
Furieux, de nombreux députés du Parlement - dirigé par Ali Larijani, un adversaire d'Ahmadinejad - décidèrent alors de prendre l'affaire en main. "Une personne qui est en charge de la sécurité du pays a joué avec la confiance du Parlement", s'insurge Ebrahim Nekounam, un député conservateur de province.
"La position sensible du ministère de l'Intérieur exige que M. Kordan quitte ce poste pour servir ailleurs. Ce qui est important aujourd'hui, c'est la réputation du régime de la République islamique", déclare un autre député, Ali Asghar Dastgheib.
Mais le dossier est épineux. Car ce vétéran de la République islamique, ancien vice-président de la télévision d'Etat et ancien fonctionnaire aux ministères du Travail et du Pétrole, bénéficie de la protection du Président iranien. Ce dernier n'a, d'ailleurs, pas hésité à dénoncer la motion de censure. Il avait préalablement annoncé qu'il refuserait d'assister à la séance, comme c'est la règle.
En Iran, le ministère de l'Intérieur est un organe sensible, chargé d'organiser les élections, de nommer les gouverneurs de province, de superviser les conseils locaux et municipaux et d'autoriser les partis politiques et les organisations non gouvernementales. Or, à l'approche des élections présidentielles de juin prochain, son rôle s'avère particulièrement stratégique pour les candidats à venir, parmi lesquels l'actuel président en personne.
Ces derniers jours, l'affaires avait pris une tournure encore plus explosive après la tentative d'un représentant du gouvernement, Mohammad Abassi, de soudoyer certains députés en leur versant des chèques de 50 millions de rials (5.000 dollars) et en leur faisant signer, à leur insu, un papier dans lequel ils renonçaient à la motion de censure.
Mohammad Abassi a finalement été renvoyé par le président iranien et interdit d'aller au Parlement par celui de la chambre.


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