mardi 11 novembre 2008

L'Iran musical classique par les enfants du post-khomeynisme

Les quatre musiciens classiques persans invités, samedi 8 novembre, au Théâtre des Abbesses à Paris, trois sont trentenaires, et le chanteur, Ashkan Kamangari, né à Gorgaan, est âgé de 24 ans. On en conclura donc que la révolution iranienne a épargné sa musique savante des foudres révolutionnaires. Eux, les enfants du postkhomeynisme, n'ont pas de complexes, même si le sérieux est à la base de l'art complexe de cette musique à facettes.

Kamangari est fort en voix et suit les circonvolutions élégantes du kamanche (vielle jouée par Sina Jahanabadi) avec attention. "Pour son contenu social et ses magnifiques sonorités", le jeune homme avoue sa faiblesse pour la poésie d'Eghbal Lahouri (1877-1938).

A droite, il y a Ali Rahimi, un physique en long et en large, une calvitie précoce et une barbe seigneuriale. A gauche, Pasha Hanjani, tout bouclé, un ange de la Renaissance italienne. Il joue de la flûte nay, et c'est tout le vent des plaines qui souffle dans les roseaux. Mais son jeu est aussi percussif. Il épouse les rythmes imprimés par le zarb d'Ali Rahimi. Quand le géant prend le grand tambour rond dâf, c'est Byzance ! Il est le galop du cheval traversant la Khyber Pass, col mythique entre Afghanistan et Pakistan, Philly Joe Jones avant Coltrane, puis il en arrive aux boucles répétitives de la transe, soufie sans doute, et les têtes balancent.

Véronique Mortaigne


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