mercredi 22 avril 2009

La conférence de Durban II "pas du tout un échec", d'après Kouchner

PARIS (AFP) — La conférence sur le racisme ("Durban II") de Genève n'est "pas du tout un échec" malgré les "insanités antisémites" proférées par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a estimé mardi le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.


"Ce n'est pas du tout un échec mais le début d'un succès" a déclaré M. Kouchner sur Europe 1 en justifiant le choix de ne pas boycotter la conférence par les avancées contenues dans le projet de déclaration finale.

Malgré le départ des ambassadeurs de l4union europénne durant le discours du président Ahmadinejad lundi, "nous n'avons pas quitté la conférence, et nous y revenons", a-t-il dit.

Alors que la conférence de Durban I en 2001 avait vu un "déferlement de racisme", Durban II s'apprête à adopter "un texte où figure tout ce que nous souhaitions, tout ce que les pays occidentaux souhaitaient" même si "ce n'est pas parfait", a-t-il affirmé.

"Nous avons travaillé des années pour avoir ce texte, certains de nos amis ont été convaincus, ceux que l'on appelle les arabes modérés, au Moyen-Orient, et nous ne pouvions pas les abandonner", a-t-il encore plaidé.

"Dans ce texte (...) tout ce que nous voulions mentionner, c'est à dire l'antisémitisme, la discrimination sur les personnes, la liberté d'expression, le génocide a été mentionné, la mémoire de l'Holocauste, les droits des femmes ont été mentionnés, la traite des êtres humains, les personnes atteintes du VIH, les personnes handicapées", a poursuivi M. Kouchner.

Interrogé sur le fait que les discriminations envers les homosexuels ne figuraient pas dans le texte, il a reconnu que "ça on n'a pas pu, on le fera la prochaine fois".

Interrogé pour savoir pourquoi la France n'avait pas, comme les Etats-Unis, Israël et plusieurs pays européens, boycotté cette conférence, il a affirmé que "nous pouvions choisir comme les autres de faire le gros dos et de ne pas y aller" mais "la chaise vide, c'est facile et on s'en va et on crie sur les autres".

Il a a réaffirmé que le discours de M. Ahmadinejad, qui a provoqué un tollé international et amené les pays de l'UE présents à Genève à faire sortir de la salle leurs ambassadeurs, était "inadmissible" de par ses "insanités antisémites".

Toutefois "M. Ahmadinejad était prévisible, il y a 192 pays à l'ONU, on ne peut pas leur interdire de parler", a-t-il ajouté.

M. Kouchner s'est également démarqué des Etats-Unis, qui ont boycotté la conférence et vivement dénoncé les propos de M. Ahmadinejad, tout en assurant que cela ne remettait pas en cause leur volonté de dialogue avec Téhéran.

"C'est plus qu'un paradoxe, cela peut être vraiment une erreur", a-t-il dit. "Ils (l'administration de Barack Obama) ont dit que c'était un texte insupportable, inacceptable, scandaleux, donc on parle", a-t-il ironisé.

Le dialogue avec l'Iran est "un dialogue très difficile avec un pays qui en effet fabrique la bombe atomique et donc il faut faire tout pour qu'elle ne soit pas utilisée", a-t-il ajouté.


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