Le chef de la contestation en Iran Mir Hossein Moussavi s’est dit jeudi la cible de pressions du pouvoir pour renoncer à sa demande d’annulation de la présidentielle remportée par Mahmoud Ahmadinejad, mais a renouvelé son appel à poursuivre les manifestations dans le calme.
M. Ahmadinejad, pour sa part, a demandé au président américain Barack Obama de ne plus interférer dans les affaires iraniennes, une accusation rejetée par la Maison Blanche.
Entre-temps, le grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a mis en garde contre la répression des protestations après la réélection controversée de M. Ahmadinejad le 12 juin.
Par ailleurs, la Russie a mis en garde contre le risque d’«isoler» le régime de Téhéran alors que Rome et Paris appellent à une position «ferme» sur les violences post-électorales en Iran lors de la réunion du G8 qui s’est ouverte jeudi soir à Trieste (Italie).
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé que «l’isolement de l’Iran» était «une approche erronée», à l’issue d’un entretien avec le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
Interrogé sur la volonté des ministres des Affaires étrangères du G8 de condamner les violences qui ont suivi l’élection présidentielle iranienne, M. Lavrov a répondu que «personne ne souhaite condamner» le processus électoral dans ce pays.
«Le mot-clé est l’implication» de l’Iran et non son isolement, a ajouté le chef de la diplomatie russe, dont l’approche se veut plus conciliante que celle de Washington et de Paris.
Le G8 réunit l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, les Etats-Unis, le Canada, le Japon et la Russie.
M. Frattini s’est malgré tout dit convaincu que le document final «condamnera» les violences en Iran.
La contestation en Iran, sans précédent depuis 30 ans, a été durement réprimée et les manifestations qui avaient rassemblé jusqu’à plusieurs centaines de milliers de personnes la semaine dernière ont considérablement perdu de leur ampleur.
Les manifestations ont fait au total 20 morts, dont huit membres de la milice islamique Bassidj, a rapporté jeudi sur son site internet la chaîne de télévision publique en langue anglaise Press TV.
D’autres médias publics avaient fait état auparavant de 17 personnes tuées, un chiffre impossible à vérifier pour les médias étrangers, qui n’ont le droit de couvrir que les événements autorisés par le pouvoir.
M. Moussavi, soutenu par le camp réformateur, s’est dit soumis à des «pressions (qui) visent à (le) faire renoncer à (sa) demande d’annulation de l’élection», selon son site Kalemeh.
Il a expliqué que son «accès à la population est complètement limité» par les autorités. «Nos deux sites internet ont beaucoup de problèmes. La publication de (son journal de campagne) Kalameh Sabz a été interdite et les membres de la rédaction ont été arrêtés. D’autres journaux (réformateurs) sont aussi confrontés à de sévères restrictions».
Mais il a ajouté que «rien ne pourra (l’) empêcher d’obtenir des droits pour le peuple iranien» et renouvelé son appel à la poursuite de la contestation dans le calme.
Même son de cloche chez le dissident Montazeri, dont le rang est le plus élevé dans le clergé chiite en Iran.
«Si le peuple ne peut pas revendiquer ses droits légitimes dans des manifestations pacifiques et est réprimé, la montée de la frustration pourrait détruire les fondations de n’importe quel gouvernement, aussi fort soit-il», a-t-il dit.
Selon des médias, 140 universitaires, journalistes, intellectuels et étudiants ont été arrêtés, dont 70 membres d’associations islamiques d’étudiants ayant rencontré M. Moussavi.
Kalemeh, le site internet du journal de M. Moussavi, rapportait jeudi soir que seules quatre des personnes arrêtées pour avoir rencontré le candidat mercredi demeuraient en détention, et que les autres avaient été libérés dans la matinée.
Le pouvoir a exclu l’annulation du scrutin et annoncé que le nouveau président et son gouvernement seraient investis entre le 26 juillet et 19 août.
Le Conseil des gardiens, chargé de valider les résultats, s’est donné jusqu’à lundi pour examiner les plaintes mais a clairement indiqué que cela ne remettrait pas en cause le résultat final.
Le régime a renouvelé ses critiques à l’égard de l’Occident, en demandant à M. Obama de cesser d’interférer dans les affaires de l’Iran.
«J’espère que vous (M. Obama) éviterez de vous ingérer dans les affaires de l’Iran et exprimerez des regrets de manière à ce que le peuple iranien en soit informé», a dit M. Ahmadinejad.
Mardi, M. Obama avait condamné la répression des manifestations et estimé que la légitimité de la réélection de M. Ahmadinejad posait de «sérieuses questions».
Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs a affirmé jeudi que M. Obama avait déjà précédemment remarqué que des dirigeants iraniens avaient tenté de faire jouer aux Etats-Unis un rôle dans la crise politique.
«J’ajouterai le président Ahmadinejad à la liste de ces personnes», a-t-il dit.
La Russie a elle mis en garde contre le risque d’«isoler» le régime de Téhéran lors de la réunion du G8 qui s’est ouverte jeudi soir à Trieste (Italie).
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé que «l’isolement de l’Iran» était «une approche erronée».
Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini s’est malgré tout dit convaincu que le document final du G8 «condamnera» la répression sanglante des manifestations en Iran, «mais rappellera dans le même temps que le processus électoral est une question iranienne».
(Source AFP)
samedi 27 juin 2009
Moussavi dénonce les pressions pour le faire reculer
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