Elle est devenue, à la vitesse éclair de l'Internet, une icône, incarnant le mouvement de révolte en cours contre le régime de Téhéran: Neda, dont le visage ensanglanté et l'agonie présumée ont été filmés par un vidéaste amateur quelque part dans une rue d'Iran.
La vidéo, qui dure moins d'une minute, saisit le moment où la jeune femme s'effondre après avoir été semble-t-il frappée par une balle, le sang coulant de son nez et de sa bouche. Des images extrêmement violentes.
Des gens tentent désespérement d'arrêter le sang qui se met à couler, les yeux de la jeune fille se révulsent. Pendant tout ce temps, un homme aux cheveux blancs, vêtu d'une chemise à rayures, présenté comme son père sur Internet, a répété, en farsi: "n'aie pas peur, n'aie pas peur, Neda ma chérie, n'aie pas peur".
Savoir qui elle était, confirmer ce qui s'est exactement passé, si la jeune fille est bien morte, vérifier une quelconque information de manière indépendante est extrêmement difficile, la presse étant interdite de séjour dans les rues par le régime.
Mais samedi, deux vidéos distinctes de la même scène, filmées semble-t-il par des amateurs, ont été diffusées sur YouTube et Facebook. Selon les personnes qui ont posté cette vidéo, la jeune fille aurait été abattue par un bassidji, membre de la milice gouvernementale.
Et depuis, relais Internet aidant, ces images ont été vues sur la Toile ou à la télévision par un nombre incalculable de personnes sur la planète. Des milliers de personnes rendent hommage à la jeune fille sur le Net, ont créé des sites à sa mémoire, dénoncent le régime des mollahs à qui ils reprochent son martyre et, telle une icône, sa photo est brandie dans les manifestations de soutien aux Iraniens.
A en croire une connaissance de la famille s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, Neda travaillait à mi-temps dans une agence de voyages et sa famille se serait vue interdire de funérailles en public lundi.
Malgré les brouillages et autres blocages de sites Web, les images de Neda circulent dans le pays aussi, notamment téléchargées sur les portables et envoyées via Bluetooth.
Ces images sanglantes peuvent avoir un impact important auprès de l'opinion publique, dans un pays où le concept du martyre a de profondes résonances, la foi chiite accordant un rôle de premier plan au sacrifice au nom de la justice.
Pendant la révolution islamique de 1979, la mort de manifestants et les défilés de deuil qui les ont suivies ont eu une place importante dans la montée en puissance du mouvement qui renversa le Chah.
Interrogé par l'agence APTN à Paris, Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), a noté que la jeune fille était en train de devenir "une sorte de symbole de la répression". Mais "nous ne savons pas grand-chose sur les conditions dans lesquelles cette vidéo a été filmée", a-t-il ajouté, avant de mettre en garde contre l'"espèce de guerre de l'image" en cours en Iran: "tout le monde essaye d'utiliser Internet que soit les pro-Moussavi ou les pro-Ahmadinejad". AP
jeudi 25 juin 2009
Neda, un symbole médiatique pour l'opposition iranienne
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