jeudi 30 juillet 2009

Ahmadinejad souffle le chaud et le froid

Le président Mahmoud Ahmadinejad le 11 juillet 2009 à Téhéran (© AFP Behrouz Mehri)


Entre libération des détenus et jugement des «émeutiers», le président iranien tente de calmer les critiques.

A Téhéran, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. L'agence officielle Irna a annoncé ce mercredi la comparution, à partir de samedi, de vingt «émeutiers» accusés d'avoir «perturbé l'ordre et la sécurité» et d'avoir eu «des liens avec les hypocrites» au cours des manifestations qui ont suivi la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier. Pour la justice iranienne, les charges sont lourdes: attentat à la bombe, port d'arme à feu, attaques contre les miliciens islamistes, envoi d'image pour les médias ennemis ou encore destruction de banques et de maisons.

Cette annonce fait suite à la libération hier de 140 détenus, emprisonnés lors de ces rassemblements, illégaux aux yeux du pouvoir. Le guide suprême Ali Khamenei avait également ordonné la fermeture du centre de détention de Kahrizak, au sud de Téhéran, où des manifestants sont également enfermés. Un revirement du pouvoir iranien qui intervient alors que les critiques pleuvent sur Mahmoud Ahmadinejad, même au sein de son propre camp. Quelques conservateurs lui ont en effet reproché d'avoir arraché les «aveux» de certains prisonniers politiques sous la contrainte.
Excuses demandées à Ahmadinejad

D'autre part, Ya Lessarat un hebdomadaire ultraconservateur, a demandé au président iranien de «présenter des excuses au peuple» pour avoir tardé à démettre de ses fonctions son gendre Esfandiar Rahim Mashaie, nommé au poste de vice-président contre l'avis du guide suprême. Le chef de l'État est également critiqué pour avoir limogé les ministres du Renseignement et de la Culture, connus «pour leur fidélité au guide». Dans son éditorial, Ya Lessarat prévient «si cela continue, nous vous demanderons de nous rendre notre vote, car nous n'avons pas voté pour une personne mais pour les principes de la révolution et de la fidélité au guide suprême».

L'opposition menée par Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux aux élections présidentielles, reste elle aussi très critique vis-à-vis d'Ahmadinejad et continue de contester sa victoire. Malgré le geste d'apaisement du président iranien avec la libération des 140 détenus, les réformistes ont appelé à de nouveaux rassemblements demain, pour commémorer la mort des «martyrs» de la répression, défiant l'interdiction du ministère de l'Intérieur de descendre dans la rue. Par ailleurs, près de 200 personnes ayant participé aux mouvements de contestation sont toujours détenues dans les prisons iraniennes, ce qui représente une autre injustice pour les partisans de Moussavi.


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