Interrogatoires interminables, privation de sommeil et de nourriture, coups : le régime iranien est accusé par l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) d'obtenir par la force des aveux des manifestants emprisonnés pour avoir contesté les modalités de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin.
HRW a pu entrer en contact avec des personnes sorties de prison qui ont décrit leurs conditions de détention. Un manifestant de 17 ans, arrêté le 27 juin et relâché le 1er juillet, raconte que lui et ses codétenus ont dû "rester debout pendant quarante-huit heures sans avoir le droit de dormir". "La première nuit, ils nous ont attaché les mains et nous ont frappés à plusieurs reprises avec un bâton, témoigne le jeune homme. Ils n'arrêtaient pas d'insulter les prisonniers. L'atmosphère était effrayante. Tout le monde s'était fait dessus à cause de la peur et du stress. Il y avait des jeunes de 15 ans comme des vieux de 70 ans qui suppliaient les gardes d'avoir pitié d'eux, mais ils s'en moquaient."
L'adolescent explique que les détenus avaient les yeux bandés durant les deux jours d'interrogatoire et qu'ils n'ont eu droit, pour se nourrir, qu'à un gros morceau de pain sans eau.
En poussant à bout physiquement et psychologiquement les opposants du président Ahmadinejad, ces techniques ont permis d'obtenir des "aveux". Le garçon de 17 ans décrit la scène : "Le dernier jour, ils nous ont retiré le bandeau qu'on avait sur les yeux pour nous obliger à signer une feuille blanche sur laquelle était écrit en bas "Je reconnais l'exactitude de toutes les déclarations écrites ci-dessus"." Téhéran peut ainsi justifier ses accusations envers les pays étrangers mis en cause dans les troubles.
Mojtaba Zolnour, un représentant du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré, jeudi 2 juillet, que la plupart des détenus avaient avoué être mêlés à un complot étranger. Parmi eux, des hommes politiques, des défenseurs des droits de l'homme, des universitaires, des avocats et des journalistes, dont le correspondant de Newsweek, Maziar Bahari.
L'agence de presse officielle Fars a annoncé le 30 juin que M. Bahari aurait dénoncé les médias occidentaux, coupables de vouloir provoquer une nouvelle "révolution de velours". Accusation aussitôt démentie par l'hebdomadaire américain, qui réclame la libération de son journaliste détenu depuis le 21 juin "sans accès à un avocat".
"POSSIBLES REPRéSAILLES"
Un deuxième témoin est cité par HRW. Ce dernier était présent au tribunal révolutionnaire le 1er juillet, où était affichée une liste des manifestants arrêtés. Certains d'entre eux ont été libérés ce jour-là et, selon ce témoin, "presque tous avaient le visage et les mains contusionnés".
L'organisation affirme avoir recueilli les noms de 450 personnes arrêtées depuis le 13 juin. Mais Tom Porteous, le directeur du bureau de HRW à Londres qui a supervisé ces recherches, a expliqué au Monde qu'il "est très difficile de faire témoigner publiquement les personnes libérées car elles craignent des représailles". Il a enfin assuré que "sorti de Téhéran, très peu d'informations sont disponibles".
dimanche 12 juillet 2009
Des opposants iraniens victimes d'interrogatoires violents, selon Human Rights Watch
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