Le débat sur l'Iran a été laborieux. Jusqu'à la dernière minute, les membres du G8 ont hésité entre diffuser un communiqué à part (solution prônée par la France et le Royaume Uni) ou l'inclure dans la déclaration générale, selon la recommandation de la Russie. Finalement, ils ont placé le chapitre sur l'Iran en tête de la déclaration politique, signe de l'esprit de compromis qui a soufflé sur le sommet.
Sur le fond, le G8 se borne à reprendre les termes du communiqué publié après la réunion des ministres des affaires étrangères du G8 à Trieste le 26 juin. Il "déplore" les violences commises après les élections mais reste déterminé à "trouver une solution diplomatique" à la question du programme nucléaire iranien. Il renvoie à une prochaine réunion, en septembre avant le sommet du G20 à Pittsburgh (24 et 25 septembre), l'occasion de "dresser le bilan de la situation".
Dans sa conférence de presse, après le dîner des chefs d'Etat, Nicolas Sarkozy a donné une coloration beaucoup plus dramatique au communiqué. Sur le dossier nucélaire, "le G8 a décidé de donner sa chance à la négociation mais avec un rendez-vous qui sera Pittsburgh. S'il n'y a pas d'avancées, nous serons amenés à prendre des décisions", a-t-il dit.
Le mot de sanctions ne figure nulle part, mais "l'esprit, c'est ça". Il a laissé entendre que la Russie avait donné des assurances. "Ceux qui ont des réserves sur des sanctions se sont engagés à dire : Pittsburgh, c'est le rendez-vous."
M. Sarkozy a relevé que M. Ahmadinejad prêtera serment en août et nommera un gouvernement. "Entre août et septembre, il reviendra aux Iraniens de choisir l'évolution des choses", a-t-il dit.
IMPATIENCE COLLECTIVE
Les Etats-Unis n'étaient pas favorables à une réaction agressive et souhaitaient s'en tenir au communiqué de Trieste. Ils considèrent que la priorité est le dossier nucléaire.
"De toute évidence, tout le monde éprouve des sentiments forts sur le sujet de la répression. Mais nous devons rester concentrés sur le nucléaire", expliquait David Axelrod, le conseiller politique de M. Obama, peu avant le dîner.
Le texte adopté leur a donné satisfaction. Mike Froman, le sherpa de M. Obama, a estimé que, au-delà du document, les discussions avaient montré "une impatience collective" vis-à-vis de l'Iran.
Depuis l'élection du 12 juin en Iran, la Maison Blanche a choisi une attitude en retrait, soulignant qu'un tel comportement correspondait aux souhaits de l'opposition iranienne. Le président français a pris le contre-pied. La violence qu'a exercée Téhéran est "profondément choquante", a-t-il dit. "Dire cela, ce n'est pas s'ingérer. Les Iraniens sont les premiers à demander la vérité."
M. Sarkozy a fait ajouter une condamnation des propos du président iranien niant l'Holocauste. Il a aussi obtenu que le G8 mentionne les détentions injustifiées d'étrangers et les arrestations "inadmissibles" de ressortissants étrangers. Il a rappelé que la France prend "très au sérieux" l'arrestation de la jeune universitaire Clotilde Reiss. "Clotilde doit être libérée sur le champ", a-t-il dit.
Le président américain a de son côté placé le dossier iranien dans une perspective plus vaste : la lutte anti-prolifération. Il a obtenu entière satisfaction sur le programme qu'il a développé à Prague début avril. Le G8 a notamment endossé son idée d'un sommet sur la sécurité nucléaire, qui se tiendra début mars à Washington.
Arnaud Leparmentier Corine Lesnes
jeudi 9 juillet 2009
Iran : "le G8 a décidé de donner sa chance à la négociation"
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