mardi 7 juillet 2009

Téhéran accentue sa pression sur les médias

Après avoir gagné la bataille de la rue sur le mouvement de protestation contre la réélection, le 12 juin, du président Mahmoud Ahmadinejad, le régime iranien accentue son offensive contre les médias.

Dimanche 5 juillet, le chef de l'appareil judiciaire iranien, l'ayatollah Mahmoud Hachemi-Chahroudi, a ainsi menacé de poursuivre les personnes coopérant avec les télévisions satellitaires étrangères. "L'amélioration qualitative et quantitative des chaînes de télévision par satellite, hostiles, nécessite des actions déterminées pour faire face à ce phénomène", a-t-il écrit dans une lettre adressée au système judiciaire, selon l'agence de presse officielle IRNA. "Ceux qui collaborent avec de telles chaînes de télévision ou sites Internet seront inculpés", a-t-il ajouté.

La couverture des mouvements de protestation avait été interdite aux médias étrangers qui, en revanche, ont largement repris et diffusés les messages et les images mis en ligne par des Iraniens sur Internet. L'Iran compte environ 23 millions d'utilisateurs du Web.

Malgré la menace de mener "une lutte sans merci contre ces émissaires hostiles", la justice a ordonné la libération, dimanche, de Iason Athanasiadis-Foden. Ce journaliste gréco-britannique travaillant pour le Washington Times avait été arrêté, le 19 juin à l'aéroport de Téhéran. M. Athanasiadis-Foden devait quitter l'Iran, dimanche soir. Parallèlement, le chef de la police nationale, le général Ismail Ahmadi-Moghadam, a affirmé que les "deux tiers" du millier de personnes arrêtées à Téhéran lors des manifestations avaient été libérées.

Si la contestation a été chassée des rues sous la pression des milices et des forces de l'ordre, elle continue d'agiter les plus hautes sphères religieuses. L'Association des enseignants et chercheurs de l'école théologique de Qom, qui regroupe des religieux réformateurs, a ainsi mis en cause les résultats de la présidentielle du 12 juin.

DES "PREUVES SOLIDES"

Dans un communiqué, elle a affirmé qu'en raison des prises de position de membres du Conseil des gardiens de la Constitution en faveur de M. Ahmadinejad avant la présidentielle cet organe n'avait "pas le droit de porter un jugement sur l'élection". L'association estime que cet organe n'a pas pris en compte "les plaintes et les preuves solides des candidats" malheureux, en particulier Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, soutenus par les réformateurs.

Les religieux réformateurs ont aussi critiqué la répression des manifestations. "Dans un climat sécuritaire, on a répondu par la violence à la voix pacifique du peuple pour demander justice et malheureusement des dizaines de personnes ont été tuées ou blessées et des centaines d'autres ont été arrêtées illégalement", dit le communiqué. "Comment peut-on affirmer qu'un gouvernement né après tant d'irrégularités est légitime ?", demande l'association. - (AFP, AP, Reuters, BBC.)


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