mercredi 5 août 2009

Ahmadinejad, isolé, prête serment

Le président Mahmoud Ahmadinejad prête serment, à côté du chef du pouvoir judiciaire , l'Ayatollah Mahmoud Hashemi Shahrudi. Crédits photo : AFP

Mahmoud Ahmadinejad a promis que ce nouveau mandat de quatre ans serait «le début de changements importants en Iran et dans le monde». Devant le Parlement, une manifestation a été dispersée.

«L'épopée de l'élection présidentielle du 12 juin est le début de changements importants en Iran et dans le monde». C'est avec ces mots que le président iranien a prêté serment mercredi, devant le Parlement. «Nous résisterons face aux pays oppresseurs et nous allons continuer à agir pour changer les mécanismes discriminatoires dans le monde, au bénéfice de toutes les nations». Mahmoud Ahmadinejad entame ainsi un second mandat très contesté, qui pourrait lui rendre la tâche difficile pour les quatre années à venir.

Le président iranien, dont la réélection n'a toujours pas été reconnue par l'opposition, sait qu'il peut compter sur l'appui du guide suprême, l'ayatollah Khamenei, numéro un du régime. Lundi, ce dernier lui a renouvelé son soutien, en validant officiellement sa réélection. «Pourtant, le président n'a jamais été aussi isolé sur la scène politique», prévient Ali Reza Nader, chercheur à la Rand Corporation, un think-tank basé à Washington.

Signe d'un mouvement de contestation qui refuse de s'essouffler et qui persiste à dénoncer le trucage des dernières élections, de grandes figures du courant réformiste - parmi lesquelles les ex-présidents Khatami et Rafsandjani - ont sciemment boudé la cérémonie le confirmant à son poste. Le soir même, des milliers d'Iraniens sont montés symboliquement sur leur toit pour crier «Mort au dictateur !».

«Déterminés à empoisonner la vie du futur gouvernement»

Mercredi matin, la police anti-émeute et les miliciens islamistes ont dispersé plusieurs centaines de manifestants de l'opposition qui tentaient de se rassembler devant le Parlement. «Notre mouvement est déterminé à empoisonner la vie du futur gouvernement, dans les jours, les mois et les années à venir», prévient un courriel qui fait actuellement le tour d'Internet et qui se revendique de la «vague verte», en référence à l'opposition qui se cristallise autour de Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, les deux rivaux réformistes d'Ahmadinejad lors du scrutin du 12 juin dernier. Sur la blogosphère, oùs'activent les protestataires, Ahmadinejad écope désormais du titre de «président imposé d'Iran». Malgré de sévères mises en garde, le quotidien réformiste Etemad-e Melli parle, lui, de «gouvernement issu d'un coup d'État». Interdite d'accès au procès controversé d'une centaine d'opposants, qui a commencé samedi et qui doit reprendre jeudi, la presse libérale s'est rattrapée, ces derniers jours, en relayant différents messages condamnant «l'extorsion d'aveux sous la contrainte».

Isolé, Mahmoud Ahmadinejad l'est également dans son propre clan, celui des fondamentalistes. Certains de ses alliés traditionnels lui reprochent, par exemple, d'avoir tardé à se défaire de son vice-président Esfandiar Rahim Mashaie, comme lui avait pourtant demandé Khamenei. Le limogeage de son ministre des Renseignements - qui s'était discrètement opposé aux fameux «aveux» - et celui de son ministre de la Culture ont également révélé au grand jour d'importantes dissensions internes. Ces fissures qui traversent la faction la plus dure du régime laissent présager des discussions houleuses au moment de la composition du futur gouvernement iranien. Les ministres choisis par Ahmadinejad devront être validés par les députés iraniens, majoritairement conservateurs, mais de plus en plus critiques à l'égard du président. Le défi international s'annonce lui aussi difficile à relever. Mardi, la France a fait savoir qu'elle n'adresserait pas les félicitations d'usage. La chancelière allemande et le président américain ont adopté la même attitude, même si la Maison-Blanche a reconnu mardi qu'Ahmadinejad était bien le président «élu» d'Iran.


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