dimanche 2 août 2009

Iran : des députés portent plainte contre Moussavi

Alors qu'une centaine de manifestants contestant la réélection de Mahmoud Ahmadinelad sont jugés depuis samedi, des députés iraniens ont porté plainte devant la justice contre le candidat de l'opposition Mir Hossein Moussavi pour ses "actions extrémistes". "Nous voudrons que la justice examine cette plainte" déposée il y a plusieurs semaines, a déclaré le député conservateur Mohammad Taghi Rahbar, cité dimanche 2 août par l'agence Fars.

Quelques heures plus tôt, M. Moussavi avait dénoncé le procès organisé contre des manifestants et des responsables réformateurs, en affirmant que les "aveux" obtenus "rappellent des tortures moyenâgeuses", selon son site internet. Lors de l'ouverture des procès samedi, plusieurs personnalités du camp réformateur avait regretté d'avoir pris part au mouvement de contestation de la victoire du président Mahmoud Ahmadinejad lors de l'élection présidentielle du 12 juin, certains affirmant même qu'il n'y avait pas eu de fraudes durant ce scrutin.

"TORTURES MOYENÂGEUSES"

"De quoi veulent-ils convaincre le peuple avec des aveux qui rappellent des tortures moyenâgeuses ?", s'est-il interrogé. "Ils disent que les enfants de la révolution ont avoué lors du procès de samedi leurs liens avec les ennemis et un plan pour renverser la République islamique. Tout ce que j'ai entendu, c'est un gémissement qui traduit ce qu'ils ont enduré pendant ces cinquante jours", a-t-il affirmé avant de dénoncer "un procès où tout est truqué".

Un peu plus tôt, l'ancien président réformateur iranien Mohammad Khatami avait lui aussi dénoncé le procès de ces manifestants, pami lesquels figurent certains de ses proches, estimant que les aveux obtenus n'avaient aucune crédibilité (Lire aussi : "Mohammad Khatami dénonce le procès des manifestants anti-Ahmadinejad"). Samedi, Mohammad Ali Abtahi, qui fut son vice-président, l'avait accusé au procès d'avoir passé un "pacte" avec Mir Hossein Moussavi et l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani et avait demandé pardon pour avoir participé aux manifestations.

AHMADINEJAD INVESTI MERCREDI

Peu après ce revirement inattendu, ce fut au tour du journaliste irano-canadien Maziar Bahari, travaillant pour Newsweek, de demander pardon au guide suprême lors d'une déclaration à la presse à la sortie de l'audience, a rapporté l'agence Irna. "Inconsciemment, j'ai participé à la révolution de velours" que l'Occident voulait organiser en Iran avec l'aide de ses médias, a-t-il déclaré. Le sociologue irano-américain Kian Tajbaksh, également sur le banc des accusés, a quant à lui affirmé qu'un projet de longue date des Etats-Unis visait à changer le régime iranien.

Le procès est entré dimanche dans sa deuxième journée avec la comparution de dix autres personnes. Poursuivies notamment pour troubles à l'ordre public et atteinte à la sécurité nationale, les accusés encourent jusqu'à cinq ans de prison, selon l'agence Fars. Si en outre ils sont reconnus coupable d'être des "mohareb" (ennemis de Dieu), ils risquent la peine de mort.

Ce procès représente le dernier avatar d'une campagne officielle visant à étouffer les voix dissidente alors que le président Mahmoud Ahmadinejad doit être investi au Parlement mercredi. L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême du pays qui a entériné le résutat de l'élection et exigé l'arrêt des manifestations, approuvera officiellement lundi l'octroi d'un second mandat à l'ultraconservateur Ahmadinejad.

Un conseiller du président démissionne

Le conseiller à la presse du président iranien Mahmoud Ahmadinejad a présenté sa démission afin de laisser les mains libres au président pour choisir les membres de son prochain cabinet, a rapporté dimanche 2 août l'agence de presse iranienne Isna.

Le président Ahmadinejad a été critiqué par ses amis conservateurs pour avoir nommé un proche, Esfandiar Rahim Mashaie, au poste de premier vice-président. Les conservateurs reprochent à M. Rahim Mashaie ses déclarations selon lesquelles l'Iran est "l'ami du peuple israélien".

Le président a aussi été critiqué pour avoir limogé le ministre des renseignements, Gholamhossein Mohseni Ejeie.


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