mercredi 2 septembre 2009

Ahmadinejad en difficulté au Parlement

Mahmoud Ahmadinejad, hier au Parlement iranien, en discussion avec Soussan Keshavarz, pressentie à l'Éducation. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Les députés iraniens qui passent au crible depuis dimanche le nouveau gouvernement présenté par Ahmadinejad doivent trancher dès mercredi. Un véritable test pour le président réélu, dont la victoire reste controversée.


C'est une nouvelle épreuve de force pour Mahmoud Ahmadinejad. À peine les consultations sur son nouveau gouvernement ont-elles commencé, dimanche au Parlement iranien, que ses choix suscitent déjà de vives polémiques. Pour être acceptée, la liste de ses 21 ministres doit passer l'épreuve du vote de confiance des députés, prévue dès mercredi. Mais d'influents parlementaires du clan conservateur, dont il fait pourtant partie, butent d'ors et déjà sur sa sélection. En fait, ce sont moins ses orientations politiques qui lui sont reprochées que sa façon de choisir des ministres sur la base de leur fidélité envers sa personne, plutôt que sur leurs véritables compétences.

«Le président veut contrôler les ministères sensibles, comme ceux des Renseignements, de l'Intérieur, de la Culture, du Pétrole et des Affaires étrangères. Il a choisi pour cela des gens dont la principale caractéristique est d'être soumis et cela n'est pas dans l'intérêt du pays», estime sans détour, le député conservateur Ali Motahari. Pour lui, le cabinet présenté est «dans l'ensemble faible».

Dans son discours d'introduction d'une heure, dimanche matin, Ahmadinejad a préféré faire la sourde oreille, en assurant que son nouveau gouvernement défendrait «la grandeur» de la nation iranienne et saurait «faire face aux pays oppresseurs», avant d'encourager les députés à «un vote fort qui transformera en désespoir les espoirs des ennemis». Mais cette rhétorique antioccidentale est avant tout perçue comme une volonté de faire diversion, en pleine crise politique post-électorale. Une tactique bien rodée qu'il a déjà mise en exercice, vendredi dernier, en appelant à «punir les leaders de l'opposition», sous-entendu Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, ses deux principaux adversaires lors du scrutin du 12 juin dernier.

Trois femmes choisies

Parmi les 10 des 21 ministres que le Parlement iranien a entendu, lundi, se trouvaient ceux de l'Éducation, des Renseignements, de l'Économie, des Affaires étrangères et de la Santé. Selon la règle, les consultations se font par ordre alphabétique. Retransmis en direct à la télévision et sur la radio nationale, le débat s'est avéré houleux.

Plusieurs députés ont notamment butté sur la candidature de Soussan Keshavarz, à l'Éducation. Elle fait partie des trois femmes introduites par Ahmadinejad. Cette initiative, inédite en République islamique d'Iran, fait couler beaucoup d'encre. Elle a été vivement critiquée par les ultras. «L'islam respecte la femme. Mais cela ne veut pas dire qu'on doit leur laisser des positions sociales importantes», s'est insurgé l'ayatollah Ahmad Khatami, un religieux conservateur, qui dirige régulièrement la grande prière du vendredi à Téhéran.

Mais de l'avis de nombreux parlementaires, ce sont, avant tout, ses compétences qui posent problème. «Que se passe-t-il pour qu'au lieu de choisir des gens compétents et forts à la tête des ministères, on propose des gens qui n'ont pas le niveau ?», s'est indigné Ali Abbaspour, le président de la commission de l'éducation au Parlement. Avant d'ajouter : «Nous avons besoin de ministres forts. Ce n'est pas une question de sexe. Si le président propose des ministres forts, quand bien même il s'agisse de femmes, les hommes rentreront à la maison. Il n'y a pas de problème.»

Un autre choix, celui de Heydar Moslehi au ministère des Renseignements, continue de faire polémique. Selon le député Jamshid Ansari, cet homme au passé douteux, et qui n'est autre que l'ex-représentant du guide auprès de la milice des bassidjis, manque sérieusement d'«expérience».


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