jeudi 3 décembre 2009

Retour des tensions avec l’Iran

Téhéran annonce la construction d’usines d’enrichissement d’uranium mais n’écarte pas l’option diplomatique. La communauté internationale, inquiète, s’impatiente.

En annonçant, dimanche, qu’il projetait de construire dix nouvelles usines d’enrichissement d’uranium et de produire de l’uranium enrichi à 20 %, l’Iran a bien évidemment suscité de nouvelles inquiétudes au sein de la communauté internationale. D’autant que la nouvelle survient après une résolution adoptée vendredi par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) condamnant Téhéran sur son programme nucléaire controversé. Le chef de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, Ali Akbar Salehi, a d’ailleurs indiqué sans ambages que cette décision était « une réponse ferme à la mesure scandaleuse du groupe 5 + 1 » (les membres du Conseil de sécurité plus l’Allemagne – NDLR). Il y a quelques semaines, pourtant, la proposition de l’AIEA et les réactions mesurées de l’Iran avaient soulevé quelques espoirs. L’offre visait à échanger son uranium faiblement enrichi (3,5 %) contre du combustible nucléaire (uranium enrichi à 20 %). Mais l’Iran veut plus de garanties et a demandé un échange simultané sur son territoire, ce que l’AIEA a refusé. Les communications sont donc de plus en plus brouillées. Si, pour l’heure, personne ne semble rechercher la rupture, le regain de tensions pourrait être exploité par certains pays qui, en jetant de l’huile sur le feu, détournent l’attention internationale de leur propre dossier.

Reste à savoir ce que cherche l’Iran, qui souffle le chaud et le froid, semble s’ouvrir avant de se refermer, et multiplie les déclarations contradictoires. Ainsi, malgré l’annonce de la construction de nouvelles usines, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, explique  : « Je pense qu’il existe encore une opportunité diplomatique et il est dans leur intérêt (aux Occidentaux – NDLR) de l’utiliser. » Il est vrai que la situation politique et économique de l’Iran est loin d’être stable. Au Parlement, 226 députés sur 290 ont cosigné une lettre réclamant au gouvernement « un plan rapide visant à réduire le niveau de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique ».

D’autre part, l’opposition entend faire, du 7 décembre, une grande journée de manifestation. Enfin, on vient d’apprendre que l’État contrôle désormais moins de 50 % de l’économie iranienne. La Maison-Blanche a prévenu que « le temps presse pour que l’Iran réponde aux inquiétudes grandissantes (…) sur son programme nucléaire ». Paris juge « très dangereux » que l’Iran « s’entête à ignorer les demandes » de l’AIEA.

Pierre Barbancey


Aucun commentaire: