dimanche 15 juin 2008

L'Iran devrait réagir bientôt à la nouvelle offre des Six

L'Iran compte donner prochainement une réponse aux propositions avancées par les grandes puissances pour l'inciter à suspendre son programme d'enrichissement d'uranium mais a exclu samedi de le stopper pendant d'éventuelles négociations.

"Il s'agit d'une offre qui va être étudiée (par les Iraniens) et nous attendons une réponse qui, espèrent-ils, viendra bientôt", a déclaré Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne lors d'une conférence de presse à Téhéran, ou il est venu remettre samedi la nouvelle offre des "Six".

"Nous continuons à réclamer une suspension, une suspension pendant les négociations, et nous verrons alors le bout des négociations", a-t-il ajouté.

Sans rejeter officiellement cette nouvelle proposition, adoptée en mai par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie et la Chine, les autorités iraniennes ont à nouveau exclu toute suspension de leur programme d'enrichissement d'uranium.

"La position de l'Iran est claire; toute condition est inacceptable", a déclaré Gholamhossein Elham, porte-parole du gouvernement iranien. "Si les mesures (présentées par Solana) stipulent la suspension, il n'est même pas question d'en débattre", a-t-il tranché.

Solana et ses interlocuteurs iraniens se sont toutefois engagés à poursuivre les discussions entamées pour mettre fin à une crise qui alimente la flambée des cours du pétrole, a-t-on appris de source autorisée à Téhéran.

"Un nouveau canal diplomatique a été ouvert (...) Il s'agira d'une base pour de nouvelles négociations sur le dossier nucléaire", a déclaré un haut fonctionnaire ayant requis l'anonymat.

"Les deux parties sont convenues de rester en contact et de poursuivre le travail", a confirmé un diplomate européen.

Washington et ses alliés européens menacent d'alourdir les trois trains de sanctions que le Conseil de sécurité de l'Onu à infligés à Téhéran pour condamner la poursuite de son programme d'enrichissement d'uranium.

La République islamique, quatrième producteur mondial de pétrole, affirme qu'il est exclusivement de nature civile, sans parvenir à dissiper les soupçons, et revendique un droit à maîtriser le cycle de l'atome.

L'offre, nouvelle mouture des mesures incitatives rejetées par l'Iran en 2006, propose notamment une coopération dans le nucléaire civil et un élargissement des échanges commerciaux dans l'aéronautique civile, l'énergie, la haute technologie et l'agriculture.

"Nous offrons une proposition dont nous aimerions qu'elle serve de point de départ à de véritables négociations, une proposition qui autoriserait l'Iran à bâtir un programme d'énergie nucléaire moderne", a ajouté Solana.

Le porte-parole de la diplomatie européenne a remis une lettre signée par les ministres des Affaires étrangères des Six dans laquelle ils se disent "convaincus qu'il est possible de changer l'état actuel de la situation".

"Des négociations formelles pourront débuter dès que les activités iraniennes liées à l'enrichissement et au traitement seront suspendues", ajoutent-ils.

Mais des diplomates ont minimisé les chances de percée.

A Paris, ou il était en visite, George Bush s'est dit "déçu que les dirigeants (iraniens) aient rejeté cette offre généreuse d'emblée". "Cela constitue un signe au peuple iranien que leurs dirigeants sont prêts à les isoler davantage", a ajouté le président des Etats-Unis après un entretien avec Nicolas Sarkozy.

Manouchehr Mottaki, chef de la diplomatie iranienne, a fait savoir que la réponse de Téhéran serait liée à celle des Six, qui ont également pris livraison le mois dernier d'une offre de négociations iranienne. "Il est naturel que la réaction iranienne (...) dépende de la réponse logique et constructive (des Six) à l'offre iranienne", a-t-il expliqué, selon l'agence de presse Irna.

Cette offre, dit-on dans les milieux diplomatiques, ne fait aucun cas des craintes suscitées par le programme d'enrichissement d'uranium, ce qui semble la vouer à l'échec.

Avec Hashem Kalentari et Zara Hosseinian, version française Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André


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