vendredi 18 juillet 2008

Sur le nucléaire, l'Iran envoie des signaux contradictoires

L'Iran a envoyé ces dernières semaines des signaux contradictoires à propos de la crise nucléaire avec l'Occident, laissant planer l'incertitude sur sa volonté de compromis pour sortir de cinq années d'impasse. Alors qu'Ali Velayati, le principal conseiller du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a récemment affirmé que l'Iran avait intérêt à trouver un compromis avec les grandes puissances, le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad a insisté sur le refus de Téhéran de suspendre l'enrichissement d'uranium.

Samedi, lors des négociations à Genève entre le négociateur nucléaire iranien Saïd Jalili et le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana, les choses devront se clarifier. Cette rencontre est d'autant plus importante que, pour la première fois, un responsable politique américain y participera.


Le "paquet" des grandes puissances remis à la mi-juin à Téhéran par M. Solana propose à Téhéran une coopération élargie à condition qu'il suspende son enrichissement d'uranium. Ce que Téhéran refuse. Le jour où Javier Solana a remis l'offre des grandes puissances, le porte-parole du gouvernement a ainsi affirmé que l'Iran n'accepterait aucune proposition ne reconnaissant pas son droit à l'enrichissement. Ensuite, le nouveau président du Parlement, Ali Larijani, ancien négociateur nucléaire, a déclaré que l'Iran allait examiner l'offre "avec vigilance". Mais la déclaration d'Ali Velayati a créé le plus grand trouble.


"Un nouveau jeu (...) qui n'apportera rien d'autre que l'humiliation"


Dans une interview au quotidien iranien Jomhouri Eslami , il a affirmé : "Ceux qui agissent contre nos intérêts veulent que l'on rejette l'offre. C'est dans notre intérêt de l'accepter." Ancien chef de la diplomatie entre 1981 et 1997, il a également affirmé que les responsables devaient "éviter les déclarations et les slogans provocateurs et illogiques", en faisant référence au président Ahmadinejad.


Quelques jours plus tard, le chef de la diplomatie Manouchehr Mottaki évoquait "un nouveau processus" dans un entretien avec des journalistes à New York, en évitant de parler directement de la question de l'enrichissement. Mais dans le même temps, Mahmoud Ahmadinejad a continué à répéter que l'Iran n'accepterait pas de suspendre son programme d'enrichissement, suspension exigée par les grandes puissances, qui soupçonnent l'Iran de vouloir l'utiliser pour fabriquer l'arme atomique. Il a ainsi décrit l'offre comme "un nouveau jeu (...) qui n'apportera rien d'autre que l'humiliation" pour les grandes puissances.

Changement important


L'Iran a également fait monter la tension en testant le 9 juillet plusieurs missiles, dont un Shahab 3 capable d'atteindre le territoire israélien, pour montrer sa capacité militaire. Mahmoud Ahmadinejad a également affirmé que M. Velayati était "libre" d'exprimer son point de vue mais n'était pas "impliqué dans la prise de décision sur le nucléaire". Mercredi, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lui a apporté un soutien remarqué en affirmant que le président "exprimait" la position consensuelle du pays sur le nucléaire.


Lors d'un entretien télévisé lundi, Mahmoud Ahmadinejad a évoqué, semble-t-il avec enthousiasme, un "calendrier" pour les négociations en discussion entre MM. Solana et Jalili, samedi à Genève. Il faisait référence à une proposition des grandes puissances selon laquelle les deux parties mèneront des pré-négociations pendant six semaines, durant lesquelles l'Iran acceptera de ne pas poursuivre son programme d'enrichissement. En échange, les grandes puissances n'adopteront pas de nouvelles sanctions contre Téhéran.


Surtout, Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que des discussions entre l'Iran et les États-Unis seraient "possibles dans un avenir proche" alors que les deux pays ont rompu leurs relations depuis 1980. Le lendemain, les États-Unis ont opéré un changement important en annonçant la participation du sous-secrétaire d'État William Burns aux discussions de Genève.


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