samedi 6 décembre 2008

La Cour de Luxembourg ménage les Moudjahidines iraniens

Le tribunal de première instance de la Cour européenne de justice a annulé, jeudi 4 décembre, le gel des fonds des Moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI), inscrite sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne depuis 2002.

Rendue, une fois n'est pas coutume, dans la foulée des plaidoiries faites, la veille, à Luxembourg, cette décision constitue un revers pour l'Union européenne et, en particulier, pour la France qui en assume la présidence et qui avait invoqué, en juillet, de nouvelles raisons de maintenir l'OMPI sur la liste noire du terrorisme. Or la Cour européenne a estimé que les droits de la défense des Moudjahidines avaient été "violés" car aucune de ces raisons ne lui avait été communiquée. Présidente du Conseil national de la résistance iranienne, la vitrine politique des Moudjahidines, Maryam Radjavi s'est aussitôt félicitée de cette "victoire de la justice". Elle fait suite à une autre décision rendue en mai par la cour d'appel de Londres, qui a obligé le gouvernement britannique à retirer l'OMPI de sa propre liste du terrorisme.

REDOUTABLES LOBBYISTES

Selon un représentant du Conseil de l'UE, qui dispose de deux mois pour faire appel, le jugement de Luxembourg n'entraîne cependant pas la remise en cause de l'inscription de l'OMPI sur la liste européenne. Sa révision revient à échéance régulière, notamment à chaque fin de présidence, et la France ne paraît pas disposée à changer d'avis sur la question. Interrogé par le Monde, un responsable du renseignement français rappelle les actions violentes commises par le passé par l'OMPI, la pratique du suicide par immolation comme cela a été le cas en juin 2003 à Paris, et il met en avant le comportement de "secte" de l'organisation "qui n'hésite pas à séparer les familles". En 2003, une spectaculaire opération de police avait été conduite au siège de l'OMPI à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise) par le juge Jean-Louis Bruguière et 17 personnes, dont Mme Radjavi, ont été mises en examen. Mais cinq ans plus tard, le dossier est toujours en jachère. "On est dans l'enlisement", dénonce Behzad Naziri, membre de la résistance iranienne qui se veut la seule opposition crédible au régime de Téhéran.

Depuis, les sympathisants de l'OMPI mènent un combat sans relâche pour sortir de la liste noire. Redoutables lobbyistes, ils ont obtenu récemment le soutien de 150 députés allemands.

Isabelle Mandraud






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