dimanche 14 décembre 2008

L'Iran présent, malgré les propos de M. Sarkozy contre M. Ahmadinejad

Finalement confirmée, la venue à Paris du ministre iranien des affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, pour la réunion sur l'Afghanistan, a failli être annulée. La raison : une montée des tensions avec la France, après les propos tenus, lundi 8 décembre, par Nicolas Sarkozy, lors d'un discours prononcé à l'Elysée à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. "Quel malheur que (l'Iran) soit représenté aujourd'hui par certains de ses dirigeants", avait déclaré le président français, en allusion à son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad. "Cela m'est impossible de serrer la main à quelqu'un qui a osé dire qu'Israël doit être rayé de la carte", avait-il poursuivi. "Je ne peux pas m'asseoir à la table, après ce qu'a été la Shoah, le XXe siècle, avec un homme qui a osé dire" cela. "D'autres discuteront. Peut-être les Etats-Unis, un jour, essaieront-ils de tendre la main, et sans doute que nous aussi, la France, devons participer", avait ajouté M. Sarkozy.

L'Iran avait réagi en convoquant, mercredi, l'ambassadeur français à Téhéran, Bernard Poletti, à son ministère des affaires étrangères. La télévision iranienne rapportait que le diplomate français avait reçu une "mise en garde sur les conséquences" qu'aurait sur les relations bilatérales "la répétition par des responsables français de tels propos irréfléchis". Le voyage de M. Mottaki en France était aussi mis en doute.

Jeudi, à Paris, le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagnaux, déclarait que la France restait "ouverte au dialogue avec l'Iran, notamment sur les questions régionales". Le conflit israélo-palestinien "ne peut en aucun cas servir de prétexte pour remettre en cause le droit d'Israël à exister", ajoutait-il. "Les déclarations iraniennes qui remettent en cause ce droit sont inacceptables, et ne peuvent avoir qu'un impact négatif sur la perception de l'Iran par la communauté internationale."

Il rappelait en outre que la France déployait à l'égard de l'Iran une " approche qui combine la fermeté et une ouverture au dialogue". Cette formule fait référence à la stratégie diplomatique suivie depuis plusieurs années par la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sur le dossier nucléaire iranien. Le regain de tensions entre Téhéran et Paris intervient à un moment où se discute, entre responsables européens, la possibilité de nouvelles sanctions contre l'Iran.

Le 6 octobre, l'ambassadeur iranien à Paris avait été convoqué au Quai d'Orsay, qui lui avait transmis des protestations de l'Union européenne à propos de la répression politique en Iran, notamment contre des étudiants et des militantes féministes.

Natalie Nougayrède

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