dimanche 1 mars 2009

Nucléaire, gaz, armement : le partenariat Moscou-Téhéran se renforce

Retardée à maintes reprises par le passé, la construction par la Russie de la première centrale nucléaire iranienne à Bouchehr (Sud) est achevée. L'inauguration a eu lieu en fanfare, mercredi 25 février, en présence de Sergueï Kirienko, le chef de l'agence fédérale russe de l'énergie atomique, et de son homologue iranien, Gholamreza Aghazadeh. La mise en service définitive de la centrale n'interviendra pas avant plusieurs mois.

La Russie a d'ores et déjà livré le combustible nucléaire nécessaire au démarrage de la centrale, mais il n'a pas encore été introduit dans le réacteur. Après utilisation, ce combustible devra lui être renvoyé, sous étroite surveillance de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). L'Iran fait l'objet de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, en raison de sa coopération insuffisante avec l'AIEA et de son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.
L'achèvement de Bouchehr - un projet que la Russie a repris à l'allemand Siemens en 1994 - couronne le partenariat entre Moscou et Téhéran. Alors que les Occidentaux comptent avoir le feu vert de Moscou pour des pressions accrues sur Téhéran, soupçonné de produire du nucléaire à des fins militaires, la Russie ne cesse de renforcer des relations déjà étroites avec la République islamique.

MISSILES SOL-AIR S-300
Outre le nucléaire civil, les deux puissances régionales bordant la mer Caspienne ont tissé des liens dans le domaine énergétique, avec la création, en octobre 2008, d'un cartel du gaz (Russie, Qatar, Iran). La coopération militaire se porte également bien. L'Iran est, avec l'Inde et la Chine, l'un des trois principaux clients de Rosoboronexport, l'agence russe en charge des ventes d'armements.
En 2007, l'Iran a acheté à la Russie des systèmes de défense antiaérienne TOR-M1. Signé il y a quelques années, un autre contrat prévoit la fourniture de missiles sol-air S-300. Officiellement, la Russie n'a encore rien livré, mais le thème des S-300 est utilisé par Moscou comme une carte supplémentaire dans le jeu diplomatique international.
La Russie n'a aucun intérêt à voir émerger une puissance nucléaire dans la zone eurasienne qu'elle ambitionne de dominer, mais son attitude est ambiguë. A Moscou, le programme nucléaire iranien n'est pas perçu comme une menace.
Selon le général Leonid Ivachov, ancien chef d'état-major de l'armée russe, "la vraie question n'est pas de savoir si l'Iran est capable ou non de fabriquer des armes nucléaires". "L'existence d'un petit stock d'armes nucléaires sans autre forme de soutien est d'ordre dissuasif. Attaquer d'autres pays, gagner une guerre nucléaire dans un conflit avec une coalition de grandes puissances demanderait un potentiel que l'Iran ne possède pas et ne possédera pas dans un proche avenir", affirme le général Ivachov.

Marie Jégo


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