mercredi 1 avril 2009

Rencontre américano-iranienne en marge de la conférence sur l'Afghanistan

Entre l'Iran et les Etats-Unis, ce n'est pas encore le dégel, mais c'est un premier pas. Après 30 ans de brouille et de tension, deux diplomates de haut rang, l'Américain Richard Holbrooke et l'Iranien Mehdi Akhundzadeh, se sont rencontrés mardi à La Haye en marge d'une conférence internationale sur l'Afghanistan.

Le face-à-face a été bref mais "cordial" entre l'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, mais c'est un nouveau signe du changement de ton et d'attitude qui caractérise les relations entre ces deux pays depuis l'arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama.

Publiquement, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui représentait Washington à cette conférence, a minimisé la signification de cette rencontre entre son émissaire et celui de son homologue iranien. La rencontre "n'a porté sur rien de substantiel. Elle était cordiale, non prévue et ils ont décidé de rester en contact", a expliqué aux journalistes la chef de la diplomatie américaine.

Pour autant, ce face-à-face a été observé de près pour savoir si Washington et Téhéran pouvaient à nouveau travailler ensemble sur un sujet d'intérêt commun -en l'occurrence, l'Afghanistan-, trente ans après la Révolution islamique de 1979 et la rupture des relations diplomatiques bilatérales. Les deux pays ont certes coopéré en 2001 et 2002 lors du renversement du régime taliban par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Mais ce début de dialogue a été à nouveau rompu lorsque l'administration Bush a inclus l'Iran dans son "axe du mal", même si les prédécesseurs de Hillary Clinton, Colin Powell et Condoleezza Rice ont eu des contacts informels avec des ministres iraniens des Affaires étrangères.

Autre signe inhabituel de l'ouverture d'un canal diplomatique direct entre les deux pays, Mme Clinton a révélé que sa délégation avait remis en main propre une lettre à la délégation iranienne lors de cette même conférence. La missive américaine sollicite l'aide de Téhéran pour régler la question de trois ressortissants américains, détenus ou portés disparus en Iran, et souligne que leur retour au pays serait interprété comme un geste humanitaire.

La situation de ces trois citoyens américains -Robert Levinson, Roxana Saberi, Esha Momeni- était déjà connue, tout comme la position de Washington à leur sujet. Ce qui est nouveau, c'est le choix de l'administration Obama d'approcher directement l'Iran, sans passer par un intermédiaire.

Cette conférence se tenait aux Pays-Bas quelques jours après l'annonce par le président Barack Obama de la nouvelle stratégie américaine pour l'Afghanistan et de l'envoi de 17.000 soldats supplémentaires, de 4.000 formateurs militaires pour les forces de sécurité afghanes et de centaines de civils chargés d'aider à la mise en oeuvre de la politique de développement dans ce pays.

Dans leur discours, Mme Clinton et le président afghan Hamid Karzaï ont tendu la main aux talibans "repentis", ceux qui accepteraient de renoncer à la violence et de rompre leurs liens avec al-Qaïda. Les Etats-Unis tentent ainsi de suivre une voie qui s'est révélée fructueuse en Irak où d'anciens insurgés ont rejoint les forces gouvernementales et américaines.

Les talibans "devraient se voir proposer une forme honorable de réconciliation et de réintégration au sein d'une société pacifique s'ils sont prêts à renoncer à la violence, à rompre avec al-Qaïda et à soutenir la Constitution", a déclaré Mme Clinton.

La secrétaire d'Etat américaine a estimé que les combattants talibans s'étaient alliées aux forces anti-gouvernementales davantage "par désespoir" que par engagement véritable dans un pays où peu d'actions sont menées pour lutter contre la pauvreté et encourager le développement.

Dans leur déclaration finale, les participants de la conférence promettent de promouvoir la bonne gouvernance et d'institutions plus solides en Afghanistan, tout en favorisant la croissance économique et renforçant la sécurité.

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