vendredi 19 juin 2009

Iran, le choix

Spécialistes et experts s'interrogent sur les événements d'Iran : crise de régime profonde menaçant la République islamique ou simple bataille de clans qui se partagent le pouvoir ? Pourtant, il y a une certitude, une vérité sur laquelle on n'insistera jamais assez et qui, elle, ne prête pas à discussion : le courage des manifestants qui, à Téhéran et dans d'autres villes de province, osent braver un pouvoir à la brutalité hélas tristement avérée. Pour qui connaît la haine de classe et la violence animant les bassidji, ces milices des bas quartiers au service du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad ; pour qui connaît le maillage serré de services secrets et de polices surveillant la population dans un pays où l'Etat de droit est inexistant, le courage de ces Iraniens de tous âges et de toutes conditions doit être salué. Ils risquent, leur intégrité physique, leur vie même, la prison et la torture.


Et la bataille qu'ils mènent va bien au-delà de l'Iran. Elle va peser sur la situation au Proche-Orient dans les mois à venir. Quelque chose d'important se joue dans les rues de Téhéran, encore impalpable, imprécis, mais sans doute déterminant. Les experts, là encore, n'ont pas tort de nous expliquer que les deux hommes qui s'affrontaient lors du scrutin contesté du vendredi 12 juin, Mahmoud Ahmadinejad et son principal adversaire, Mir Hossein Moussavi, sont du "sérail". Ils sont de cette nomenklatura révolutionnaire attachée à la survie de la République islamique et dont les différentes personnalités se partagent le pouvoir dans un jeu d'influences complexes où se mêlent intérêts matériels, rivalités personnelles et différences idéologiques - le tout sous le regard inquiet de celui qui a le dernier mot, le Guide, l'ayatollah Ali Khamenei.

Et pourtant, Ahmadinejad et Moussavi, ce n'est pas pareil. Dû côté du premier, un groupe obsédé de "pureté révolutionnaire", hypernationaliste, plus attaché que tous les autres au programme nucléaire militaire, qui s'est forgé son identité dans l'antiaméricanisme forcené (pour ne pas parler de la haine d'Israël qui anime son chef) et le soutien aux radicaux du Proche-Orient (Hamas palestinien et Hezbollah libanais) ; de l'autre, un groupe plus proche du clergé traditionnel, tout aussi attaché à la survie du régime islamique, mais qui pense que l'avenir d'un pays en situation économique et sociale catastrophique passe par une certaine ouverture à l'Ouest. D'un côté, un groupe que l'offre de dialogue du président Barack Obama déstabilise ; de l'autre, des gens tentés de la saisir. Ces différences-là comptent.


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