lundi 22 juin 2009

Le ton monte entre l'Iran et les capitales européennes

La journée a été relativement calme, dimanche 21 juin, en Iran après celle de samedi marquée des manifestations à Téhéran, interdites par les autorités et violemment réprimées par la police. La télévision d'Etat a affirmé dimanche que 10 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées lors de ces manifestations. La présence des médias étrangers étant interdites, plusieurs vidéos-amateur ont circulé, dimanche, sur le Net, témoignant de la violence de ces manifestations. (Voir les vidéos diffusées par la BBC).

En Iran. S'il n'y a pas eu de rassemblements d'opposants dans la capitale dimanche, des tirs ont été entendus dans la soirée dans deux quartiers du nord de Téhéran, selon des témoins. Le candidat malheureux à la présidentielle, Mir Hossein Moussavi, a déclaré que protester contre la "fraude" était un "droit du peuple" tout en appelant ses partisans à la "retenue", dans un communiqué publié dimanche sur son site Internet. L'ancien président réformateur Mohammad Khatami a lui averti les autorités des conséquences "dangereuses" qu'il y a à interdire les manifestations de l'opposition.

Le ton monte entre l'Iran et les pays occidentaux. Si la rue est demeurée relativement calme, dimanche, la bataille s'est jouée sur le terrain diplomatique. Plusieurs hauts responsables iraniens ont en effet à nouveau accusé les pays occidentaux "d'ingérence", critiquant les déclarations de différents pays sur la situation interne de l'Iran après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad. "Ce n'est pas en tenant des propos hâtifs que vous entrerez dans le cercle des amis de la nation iranienne", a déclaré le président iranien sur son site Internet en s'adressant à Londres et Washington.

La chancelière allemande Angela Merkellui lui a répondu en appelant "fermement" Téhéran à procéder à un nouveau décompte du scrutin et à s'abstenir de toute violence contre les manifestants. Elle a été suivie par Nicolas Sarkozy qui a qualifié d'"inexcusable" l'attitude de l'Iran "face au désir légitime de vérité d'une grande partie de la population iranienne". Le ministre des affaires étrangères italien, Franco Frattini, a également appelé l'Iran à "favoriser la fin des violences" et à "vérifier la volonté exprimée par le peuple" lors de l'élection présidentielle. Samedi, Barack Obama avait aussi modifié sa position en demandant à Téhéran de "mettre fin à tous les actes de violence et d'injustice contre sa propre population".

La Grande-Bretagne accusée de "complot". C'est plus particulièrement la Grande-Bretagne qui a été la cible des attaques, dimanche, du régime iranien. Dimanche, le ministre des affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaki, a accusé directement Londres d'avoir "comploté contre l'élection présidentielle depuis plus de deux ans", selon la chaîne iranienne Press TV. De son côté, le ministre des affaires étrangères britannique, David Miliband, s'est empressé de démentir toute manipulation du mouvement de contestation.

Les journalistes dans la ligne de mire. Dans la foulée de ces déclarations, Téhéran a annoncé l'expulsion de Jon Leyne, le correspondant permanent de la BBC en Iran, accusé d'avoir "soutenu" les émeutiers (Voir l'article de la BBC). Avec les autres correspondants de la BBC, Leyne informait en temps réel sur la situation à Téhéran sur le site de la BBC. Le régime a également menacé de prendre d'autres mesures contre les médias britanniques. L'hebdomadaire américain Newsweek a également fait savoir qu'un de ses correspondants en Iran, le Canadien Maziar Bahari, a été arrêté dimanche par les autorités iraniennes (Voir l'article de Newsweek). La chaîne de télévision d'informations en continu à capitaux saoudiens, Al-Arabiya, a annoncé de son côté que la fermeture de son bureau de Téhéran, en vigueur depuis le 14 juin, avait été prolongée "jusqu'à nouvel ordre" par les autorités iraniennes.

Avant l'annonce de Newsweek, l'organisation Reporters sans frontières, elle, a affirmé que trois journalistes iraniens ont été arrêtés dimanche. Selon RSF, 33 journalistes et cyberdissidents iraniens sont désormais derrière les barreaux dans le pays. Quant aux médias étrangers, ils n'ont toujours pas l'autorisation de couvrir les événements en Iran. "Le travail des journalistes, iraniens ou étrangers, est gravement entravé. J'appelle les autorités iraniennes à respecter la liberté de la presse et de la communication", a déclaré le ministre des affaires étrangères français Bernard Kouchner.

De nouvelles manifestations de soutien en Europe. En Europe, des manifestations de soutien aux opposants iraniens se sont déroulées à Hambourg (plus de 2 000 personnes) et à Berlin (plusieurs centaines) en Allemagne. A Paris, ils étaient également plusieurs centaines (Voir le portfolio "Manifestation de soutien 'au peuple iranien' à Paris"), tandis qu'une centaine de personnes ont manifesté à La Haye, aux Pays-Bas.




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