Après avoir essuyé de nombreuses critiques d'élus républicains à propos de l'Iran, Barack Obama a réajusté mardi 23 juin sa position vis-à-vis du régime islamique et de la répression des manifestations. "Je condamne fermement les actions violentes et je m'associe aux Américains dans le deuil pour pleurer chaque vie innocente perdue", a déclaré mardi le président américain, ajoutant que la légitimité de la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, que le pouvoir iranien a exclu mardi d'annuler, posait de "sérieuses questions". La presse américaine y voit le début d'un changement, qui reste encore prudent.
La crise en cours nécessite un "changement fondamental de la posture américaine (…). A son crédit, le président Obama a entamé ce changement hier", estime mardi le Washington Post. La première inflexion du discours d'Obama, selon le journal, a été de se ranger "sans ambiguïté du côté de ceux qui se lèvent pour la justice". Nombre de médias américains, comme le site Internet Politico, font d'ailleurs remarquer que le président américain a bien montré "vers quel côté penche sa sympathie" et que ce dernier a été touché par la vidéo amateur, diffusée sur le Net, de la jeune Neda, apparemment tuée lors d'un rassemblement pro-Mousssavi, et aujourd'hui présentée comme une martyre par les manifestants.
Le quotidien conservateur Washington Post, de son côté, se félicite du "recul en ce qui concerne la volonté de dialogue avec Khamenei". Ce que le Wall Street Journal analyse comme le début d'un "changement significatif de l'approche de la Maison Blanche dans tout le Proche-Orient", dont la stratégie de dialogue avec l'Iran était la pierre angulaire. Le quotidien estime d'ailleurs que ces déclarations du président Obama constituent à ce jour sa "critique la plus acerbe des élections iraniennes".
UN PRÉSIDENT QUI RESTE PRUDENT
Au contraire, le Christian Science Monitor estime qu'Obama se ménage des "portes ouvertes" pour pouvoir ensuite engager des discussions avec le pouvoir qui "émergera du tumulte, quel qu'il soit". L'hebdomadaire explique d'ailleurs que la position nuancée d'Obama et son refus d'afficher ouvertement son soutien aux opposants est calculée de manière à "empêcher le régime iranien de faire porter la responsabilité des troubles sur la CIA ou la Maison Blanche". Ce qui n'a pourtant pas empêché le ministre de l'intérieur iranien d'accuser mercredi la CIA d'avoir financé les émeutiers. L'hebdomadaire Time va plus loin en affirmant que la "position circonspecte" d'Obama répond à une volonté de donner une image de fermeté à ses propres concitoyens.
La presse américaine souligne la difficile position dans laquelle se trouve le président américain, condamné à rester un spectateur impuissant devant les événements en Iran, tout en risquant d'être tenu pour responsable de la situation par les conservateurs américains. "Même sans intervention américaine, les mollahs ont essayé de faire porter le chapeau à Obama ; alors imaginez s'il avait suivi les propositions des conseillers de Bush et avait essayé de joindre Moussavi", relève Time. Dans le même temps, une éventuelle aggravation de la situation en Iran pourrait être imputée à son relatif désengagement et nuirait également à son image : "Il apparaîtrait alors fébrile et inexpérimenté."
D'où une rhétorique "s'adaptant aux événements" tout en veillant "à ne pas modifier la stratégie". Le New York Times fait d'ailleurs valoir que "derrière un discours tout en muscles, M. Obama dispose de bien peu de moyens de pression sur le gouvernement iranien".
Antonin Sabot
jeudi 25 juin 2009
Les marges de manœuvre limitées de Barack Obama
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