vendredi 3 juillet 2009

En Iran, Mir Hossein Moussavi jette les bases d'un mouvement d'opposition démocratique

Deux jours après la confirmation, par le Conseil des gardiens de la Constitution, de la réélection contestée du président Ahmadinejad, le candidat malheureux à l'élection du 12 juin, l'ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi, a publié un communiqué, mercredi 1er juillet, dans lequel il jette les bases de ce qui pourrait devenir un grand mouvement d'opposition démocratique en Iran.

Réaffirmant que l'élection était "illégale" et le gouvernement à venir "illégitime", M. Moussavi affirme : "Notre devoir historique est de continuer à protester pour défendre le droit du peuple (...). Notre devoir révolutionnaire est d'empêcher que le sang versé par des centaines de milliers de martyrs ne mène à un gouvernement policier." Il conclut : "Je ne ferai pas de compromis sur les droits et le vote du peuple qui a été spolié. Si on ne résiste pas aujourd'hui, nous n'aurons aucune garantie qu'à l'avenir de tels événements amers ne se reproduisent pas."

"COUP D'ETAT"

Comment "résister" ? M. Moussavi l'explique dans une dizaine de points et de revendications précises : libération de tous les prisonniers politiques ; arrêt des "pressions" pour obtenir de faux aveux des prisonniers ; création d'une nouvelle loi électorale difficile à enfreindre ; application de l'article 27 de la Constitution qui prévoit l'autorisation de manifestations pacifiques ; liberté de parole ; fin de la censure, y compris sur Internet ; libertés politiques et création d'une télévision privée pour contrebalancer le service public.

Est-ce le début de la révolution de velours si redoutée par les fondamentalistes qui entourent M. Ahmadinejad ? Non, rétorque M. Moussavi, loin d'être une révolution "notre mouvement est légal, non clandestin et s'inscrit dans le cadre de la République islamique", qui était "appuyée par le peuple" et à présent "se trouve en danger, ne reposant que sur les forces sécuritaires".

Que sera ce "mouvement civique" s'il prend forme ? M. Moussavi ne le précise pas, mais il a obtenu l'accord de principe de l'autre candidat malheureux à la présidentielle, Mehdi Karoubi, ainsi que celui, tacite, de l'ancien président réformateur Mohammad Khatami, qui a qualifié l'élection de "coup d'Etat". Plusieurs groupes proches des réformateurs se sont dits prêts à discuter. Enfin, d'Ispahan, une nouvelle voix - et qui compte - s'est jointe à celles des hauts dignitaires religieux qui ont mis en garde le pouvoir, celle du grand ayatollah Taheri, qui, en 2002, avait démissionné de sa charge d'imam de la prière du vendredi, pour protester contre les dérives du pouvoir.

Les réactions à cet embryon d'opposition ont été jusque-là mitigées. Quelques parlementaires ont évoqué une "réconciliation nationale". D'autres ont estimé qu'en désobéissant au Guide suprême Ali Khamenei, M. Moussavi est responsable des troubles récents. Ils ont demandé qu'il soit arrêté.

Marie-Claude Decamps


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