mercredi 1 juillet 2009

Iran, la terreur (Edito du Monde)

En Iran, c'est l'heure de la terreur. Un régime à la légitimité de plus en plus contestée fait emprisonner, torturer et tuer. Comme s'il ne se sentait pas suffisamment fort et sûr de lui pour laisser un espace d'expression à une opposition légale, qui n'entend pourtant exister que dans le cadre de la République islamique.


Le président Mahmoud Ahmadinejad, avec le soutien du "Guide" spirituel du régime, l'ayatollah Ali Khamenei, a lâché ses chiens de garde. Cible désignée : tous les représentants de la vaste coalition d'opposants que l'ancien premier ministre, Mir Hossein Moussavi, avait réunie autour de son nom lors de l'élection présidentielle du 12 juin. Le fondamentaliste Ahmadinejad prétend l'avoir emporté au premier tour par 63 % des suffrages. Mais, avec une telle popularité, quel régime aurait besoin d'organiser pareille répression ?

Depuis que des millions d'Iraniens ont osé descendre dans la rue pour dénoncer la fraude électorale massive qui a marqué le scrutin du 12 juin, plus de 2 000 personnes ont déjà été arrêtées. Parmi elles, figurent certains ténors du camp réformateur : collaborateurs de M. Moussavi, anciens ministres, journalistes, universitaires, défenseurs des droits de l'homme. Mais, sur dénonciation des comités de quartier, sont aussi embarqués des Iraniens de tous âges, simplement soupçonnés d'avoir participé aux manifestations de juin.

Sinistre, le scénario est toujours le même : des hommes en civil armés qui, sans mandat d'aucune sorte, viennent procéder à ces interpellations à domicile, à toute heure du jour et de la nuit. Le pire est à craindre. Les pro-Ahmadinejad ont publiquement menacé les opposants d'exécution. Tabassage et torture sont monnaie courante dans les prisons. Dans nombre de cas, les personnes arrêtées ont purement et simplement disparu. Les Iraniens sont de nouveau soumis à l'arbitraire et à la violence des bassidji, ces milices du régime.

Il faut faire peur. Il faut soumettre une population éduquée et sophistiquée qui se reconnaît de moins en moins dans les proclamations illuminées de Mahmoud Ahmadinejad : quête de pureté islamique, obsession des complots de l'étranger, volonté de transformer la République islamique en une dictature islamique au sein de laquelle ne subsisterait plus aucun espace de liberté. Le régime s'en prend à l'Europe, faisant arrêter des Iraniens employés de l'ambassade de Grande-Bretagne ; il s'en prend à l'ONU, avec l'interpellation d'une collaboratrice locale. On espère des condamnations internationales, on attend un minimum de solidarité avec les Iraniens.


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