jeudi 2 juillet 2009

le pouvoir accentue la pression contre Moussavi et Karoubi

Le régime iranien accentue la pression contre les contestataires de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, avec une demande d'enquête mercredi sur le rôle du premier d'entre eux, Mir Hossein Moussavi, dans les manifestations, et la fermeture d'un quotidien proche de Mehdi Karoubi, qui a qualifié d'illégitime la victoire du président sortant.

Les bassidji, les miliciens soutenant le Guide suprême Ali Khamenei et qui ont violemment réprimé les manifestations dans les rues iraniennes après le scrutin contesté du 12 juin, ont selon l'agence de presse semi-officielle Fars adressé une lettre au procureur général d'Iran pour demander une enquête.

Ils accusent Mir Hossein Moussavi, qui revendique la victoire à la présidentielle, d'avoir pris part à neuf crimes et délits contre l'Etat, dont une "atteinte à la sécurité de l'Etat", crime passible d'une peine maximum de dix ans de prison. M. Moussavi n'a pas réagi dans l'immédiat à ces charges.

Le régime iranien affirme que 17 manifestants et huit bassidji ont été tués dans les affrontements post-électoraux, un bilan qui n'a pu être vérifié de source indépendante compte tenu des restrictions imposées aux médias par Téhéran.

On ignore combien de personnes exactement ont été arrêtées pendant les manifestations de rue violemment réprimées par les forces de l'ordre et les milices mais la Fédération des droits de l'Homme a fait état d'au moins 2.000 interpellations.

Le pouvoir a déclaré que la cérémonie d'investiture de Mahmoud Ahmadinejad, réélu pour un second mandat de quatre ans, aurait lieu le 26 juillet au plus tôt.

Par ailleurs, les autorités iraniennes ont fermé un quotidien allié à Mehdi Karoubi à la suite des propos tenus par le candidat à la présidentielle, qui a jugé le gouvernement illégitime en raison des allégations de fraudes électorales, a rapporté mercredi sa formation politique.

La fermeture du journal "Etemad-e-Melli", ou "Confiance nationale", est un nouveau coup porté aux réformateurs par les autorités qui cherchent à bloquer les médias et les sites Web émettant des critiques à l'encontre de Mahmoud Ahmadinejad.

La réélection contestée du président sortant a été confirmée cette semaine par le puissant Conseil des gardiens, principale instance électorale iranienne, après recomptage de 10% des bulletins de vote.

Mehdi Karoubi, ancien président du Parlement, s'est joint à Mir Hossein Moussavi pour réclamer la tenue d'un nouveau scrutin. Récemment, M. Karoubi, considéré comme un modéré, a intensifié ses critiques à l'encontre de la présidentielle et pourrait s'imposer comme une voix majeure de la dissidence.

Mardi, il s'en est ainsi vivement pris au gouvernement iranien et s'est engagé à continuer de contester son autorité. Sa formation politique réformatrice, le Parti de la Confiance nationale, a déclaré que le quotidien auquel elle est liée avait été en réaction frappé de fermeture.

"Je ne considère pas ce gouvernement comme légitime", peut-on lire dans le communiqué mis en ligne sur le site web de Mehdi Karoubi. "Je poursuivrai le combat en toute circonstance et en usant de tous les moyens."

Mahmoud Ahmadinejad a réaffirmé mardi que le mouvement de contestation post-électoral était lié à une "révolution douce" bénéficiant du soutien de puissances étrangères. Les "ennemis" n'ont cependant "pas réussi à atteindre leurs objectifs", a-t-il déclaré, selon la télévision d'Etat.

La Suède, qui exerce la présidence de l'Union européenne pour ce semestre, a exhorté Téhéran mercredi à éviter toute confrontation avec la communauté internationale et à "introduire des réformes plutôt que créer des conflits" avec les Vingt-Sept, les Etats-Unis et d'autres pays. La Suisse a convoqué l'ambassadeur d'Iran à Berne pour lui faire part de sa préoccupation quant au respect des droits fondamentaux en Iran. AP


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