dimanche 19 juillet 2009

Rafsanjani cherche "la voie d'un compromis" en Iran

Et si Ali Akbar Hashemi Rafsanjani était la planche de salut du régime des mollahs?


Aux yeux de Bernard Hourcade, géographe spécialiste de l'Iran et directeur de recherche au CNRS, le régime pourrait négocier avec l'ancien président iranien pour sauver la République islamique.

Comment analysez-vous la prise de position, aujourd'hui, lors de la prière du vendredi à Téhéran de l'ancien Président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani appelant à relâcher les manifestants et à "regagner la confiance perdue"?

Le président Rafsandjani continue de soutenir le mouvement contestataire conduit par Mir Hossein Moussavi, il le montre en exigeant la libération des personnes emprisonnées. Mais il cherche aussi à apaiser la crise que traverse l'Iran. Il n'a d'ailleurs pas utilisé le terme de révolution. Il cherche la voie d'un compromis, d'une réconciliation dont il serait le réconciliateur.

Comment peut réagir le "guide suprême", Ali Khamenei qui, lui, soutient ouvertement le président réélu Mahmoud Ahmadinedjad?

Il est probable que l'intervention de Rafsandjani à la prière du vendredi d'aujourd'hui ait été négociée avec le guide. Rafsandjani est aujourd'hui à la tête du Conseil de discernement, une assemblée de 80 haut-dignitaires, toutes tendances confondues, qui a pour fonction, entre autres, de dégager des consensus. Il est donc probable qu'en dépit des divergences très fortes qui les opposent, Rafsandjani et Khamenei essaient de trouver un terrain d'entente afin d'éviter l'effondrement de la République islamique.

Pensez-vous que la fracture qui sépare, en Iran, les partisans de Mahmoud Ahmadinedjad et ses opposants peut durer longtemps?

Ce qui vient de se produire est une rupture profonde dans l'histoire de la République Islamique. En effet, des forces très hétérogènes se sont unies autour de Moussavi. Elles forment une sorte d'Union Nationale ou d'Union dans l'opposition et sont réunies par très peu de points communs. Cependant elles cherchent à se rassembler autour des grands enjeux auxquels l'Iran doit faire face, c'est à dire essentiellement l'ouverture aux Etats-Unis rendue possible par la main tendue d'Obama, qui doit recevoir une réponse rapide.

Il y a donc aujourd'hui une rupture très profonde en Iran et elle sera persistante car elle est à la fois marquée dans les institutions et parmi la population.

La structuration de l'Iran en bipartisme droite-gauche, gauche-droite, à 45%-55% d'un côté ou de l'autre est certainement durable. C'est ainsi que le pays va évoluer dans les prochaines années.


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