Ali Akbar Salehi a été nommé à la tête du nucléaire iranien en remplacement de Gholamreza Aghazadeh, un proche de l'opposant Mir Hossein Moussavi.
Le président réélu Mahmoud Ahmadinejad avait promis des remaniements au sein du pouvoir iranien. Ali Akbar Salehi a été nommé jeudi à la tête de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), en remplacement de Gholamreza Aghazadeh. Celui-ci, qui était en poste depuis douze ans, est réputé proche de Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à l'élection présidentielle du 7 juin dernier, et d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, adversaire déclaré d'Ahmadinejad.
Salehi a exercé les fonctions d'ambassadeur iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sous la présidence du réformiste Mohammad Khatami (1998-2005). Ce scientifique a soutenu en 1977 une thèse de doctorat sur le nucléaire au sein du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux États-Unis, avant d'enseigner à l'université de technologie Sharif (Téhéran), dont il sera nommé président. En 1999, il est chargé par Mohammad Khatami de représenter l'Iran auprès de l'AIEA, à Vienne, où il s'attire le respect de ses pairs pour ses connaissances techniques et sa grande probité dans l'exercice de ses fonctions. Mais l'orage éclate en août 2002, lorsque l'opposition iranienne en exil dénonce l'existence d'un programme nucléaire clandestin, lancé dix-huit ans plus tôt, en 1984.
Un diplomate pugnace
Sommé de justifier l'existence de ce programme, que Téhéran aurait dû déclarer à l'AIEA au regard de ses obligations vis-à-vis du traité de non-prolifération (TNP), le technicien se mue alors en diplomate rugueux, pugnace, dénonçant l'existence au Moyen-Orient d'une puissance nucléaire qui ne dit pas son nom, Israël, alors même que les pays occidentaux exigent de Téhéran qu'il cesse d'enrichir de l'uranium.
Tandis que Paris, Londres et Berlin se démènent pour trouver une solution à la crise iranienne, à l'automne 2003, il s'insurge contre «un monde où, si l'on commence à se plier aux exigences outrancières de l'Occident, les demandes de ce dernier n'auront plus de limite». Trois mois plus tard, le 18 décembre 2003, c'est pourtant lui qui paraphe le protocole additionnel du TNP autorisant l'AIEA à mener des inspections «renforcées et inopinées», afin de déterminer si le programme nucléaire iranien répond à des fins civiles ou à d'autres desseins moins avouables. Le protocole additionnel, jamais ratifié par le Majlis (parlement iranien), sera finalement dénoncé en 2006 par le président Mahmoud Ahmadinejad.
Placé à la tête de l'OIEA, Salehi va superviser le programme nucléaire iranien, qui s'apprête à entrer dans une phase opérationnelle : à Bouchehr (Sud), le premier réacteur nucléaire du pays, construit et alimenté en combustible par la Russie, doit entrer en service à la fin de l'année, tandis qu'à Natanz (Centre), 5 000 centrifugeuses ont déjà permis d'accumuler plus de 1,3 tonne d'uranium faiblement enrichi (UFE). De quoi alimenter en combustible des centrales nucléaires… qui n'existent pas encore, ou bien produire suffisamment d'uranium hautement enrichi (UHE) pour concevoir la première bombe atomique iranienne.
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