samedi 18 juillet 2009

Verrou iranien

Edito du Monde
La crise ouverte en Iran le 12 juin par la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad n'est pas terminée. C'est, au demeurant, ce terme de "crise", délibérément dramatique, qu'a utilisé Akbar Hachémi Rafsandjani lors de la prière à l'université de Téhéran, vendredi 17 juillet, pour qualifier la "période difficile" traversée par le régime.

Cette prise de position illustre l'ampleur des divisions au sein de la direction du pays et témoigne de la détermination de ceux qui se veulent les porte-parole de la première opposition à prendre forme depuis des décennies. Cette opposition naissante ne semble être découragée ni par la violence de la riposte policière ni par les admonestations du "Guide", Ali Khamenei, dépositaire d'un dogme, le "pouvoir du docte", aujourd'hui ébranlé.

Cette crise de "confiance", selon les mots de l'ancien président de la République islamique, est sans précédent depuis la révolution de 1979. Elle a provoqué un raidissement de Mahmoud Ahmadinejad et a nourri les critiques tous azimuts de ses partisans à l'encontre des pays qui critiquent les modalités du scrutin présidentiel iranien et s'alarment du sort réservé aux contestataires.

Visé par ce raidissement, l'ambassadeur de France à Téhéran a été convoqué le 16 juillet au ministère iranien des affaires étrangères. Il y a entendu des critiques sur la brutalité de la police en France, à l'encontre de ceux qui "n'(y) sont pas heureux de leurs conditions de vie". Cette diatribe avait toutes les allures de représailles après la convocation du représentant iranien à Paris, en juin. Celui-ci avait été informé que la France s'inquiétait de la répression des manifestations de Téhéran.

Il ne s'agit pas, hélas, de la seule arme utilisée par le président et ses proches. Depuis le 1er juillet, une jeune Française, Clotilde Reiss, lectrice en français à l'université d'Ispahan, est incarcérée à la prison d'Evine. Des accusations d'espionnage, jugées "invraisemblables" par le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, pèsent sur elle.

Même si l'ambassadeur de France a déjà été autorisé à lui rendre visite, le sort réservé à cette jeune femme est inadmissible. Les éléments du dossier sont dérisoires. Son incarcération ressemble plutôt à une vengeance, doublée d'une prise d'otage.

On comprend qu'une certaine discrétion des autorités françaises, comme souvent dans ce genre d'affaires, soit la meilleure alliée de la jeune universitaire. Cela n'interdit pas de penser que le pouvoir iranien aggrave chaque jour son cas en la gardant sous les verrous.


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