Iran. Prestation de serment à tonalité antioccidentale hier.
Par CHRISTOPHE AYAD
Un discours de combat. Fidèle à sa rhétorique de la confrontation et du défi, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a profité de sa prestation de serment pour fustiger les pays occidentaux, dont la plupart des dirigeants se sont abstenus de félicitations à cause de la fraude qui a entaché sa réélection le 12 juin et de la répression des manifestations qui ont suivi. «Nous résisterons face aux oppresseurs et nous continuerons d’agir pour changer les mécanismes discriminatoires dans le monde, au bénéfice de toutes les nations», a-t-il déclaré devant les ambassadeurs étrangers et les parlementaires iraniens.
Au complet. Jusqu’à hier matin, la participation des diplomates occidentaux à la cérémonie d’investiture était incertaine. Plutôt que de se diviser, les Européens ont décidé de venir au complet, laissant liberté aux pays d’adresser les félicitations d’usage. Or Washington (qui n’a pas d’ambassade en Iran mais dont les intérêts sont représentés par la Suisse), Berlin, Paris et Londres ont fait savoir qu’elles s’abstiendraient de saluer la réélection contestée d’Ahmadinejad. Ce dernier ne les a donc pas épargnées. «Ils [les pays occidentaux, ndlr] ont dit qu’ils reconnaissaient l’élection mais qu’ils n’enverraient pas de messages de félicitations. Cela signifie qu’ils veulent la démocratie seulement pour leurs propres intérêts et ne respectent pas les droits des peuples. Sachez qu’en Iran, personne n’attend vos messages de félicitations.»
Si les diplomates étaient au rendez-vous, les bancs du Parlement ont laissé apparaître de sérieux trous. Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, ex-président et numéro 2 du régime après le Guide suprême, Ali Khamenei, n’était pas là, tout comme l’ancien président réformateur Ali Khatami. Les deux candidats malheureux à la présidentielle, l’ex-président du Parlement Mehdi Karoubi, ainsi que l’ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, chef de file de la contestation, ont aussi boycotté la cérémonie. Tout comme une soixantaine de députés réformateurs, sur 290 élus.
Pendant qu’Ahmadinejad discourait, la police antiémeute, aidée des milices bassidj, a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants et procédé à des arrestations. En fin de journée, craignant d’autres défilés, un important dispositif policier a été déployé à Téhéran.
«Sans effet». Deux journalistes proches du candidat Moussavi ont été arrêtés, a-t-on aussi appris hier. Il s’agit de Mir Hamid Hassanzadeh et de Reza Nourbakhch. Moussavi a réaffirmé sur son site, Ghalamnews, que la contestation se poursuivrait : «Certains ont cru qu’en arrêtant des gens qu’ils pensent être les meneurs de la protestation, la question sera réglée. Mais le fait est que le mouvement a continué dans le pays et a démontré que les arrestations seront sans effet.» Le procès d’une centaine de manifestants et responsables réformateurs, violemment qualifié de «procès pour l’exemple» à la Staline par l’ayatollah dissident Montazeri, doit reprendre samedi. Quant à Ahmadinejad, il a deux semaines pour présenter un nouveau gouvernement.
jeudi 6 août 2009
Ahmadinejad, président à l’offensive
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