En intervenant auprès de Téhéran pour tenter de faire libérer Clotilde Reiss, la jeune universitaire française accusée d'avoir pris une part active aux manifestations contestant l'élection présidentielle iranienne, la Syrie scelle avec la France des retrouvailles amorcées de façon chaotique en 2007, mais qui n'ont cessé de s'intensifier.
Nicolas Sarkozy, a exprimé, mardi 11 août, sa "reconnaissance aux pays de l'Union européenne et aux autres pays amis, comme la Syrie, qui nous ont apporté leur soutien dans cette première phase". Le président français faisait allusion à la libération sous caution, le même jour, de Nazak Afshar, employée irano-française de l'ambassade de France à Téhéran, jugée en même temps que Clotilde Reiss.
La phase suivante souhaitée par l'Elysée est une libération rapide sous caution de Clotilde Reiss, puis une libération définitive. Damas semble déterminé à y prendre part activement.
Selon des sources syriennes, le président syrien, Bachar Al-Assad, devrait se rendre à Téhéran très prochainement afin de présenter ses vœux à son homologue Mahmoud Ahmadinejad. Il tentera alors, si la crise n'était pas dénouée, d'user de son influence auprès de son allié iranien. L'imminence d'une visite de M. Assad à Téhéran a été confirmée par une source diplomatique française en Syrie.
Interrogés sur la possibilité d'un scénario dans lequel M. Assad pourrait faire le voyage de retour accompagné de Clotilde Reiss, ces deux sources ont répondu que c'était "possible". "Il est certain que M. Assad agira là-bas dans ce sens", ajoutait-on du côté français. Si un tel scénario devait se produire, cette victoire diplomatique de Damas, serait, pour Paris, la concrétisation des espoirs placés dans l'"ami" syrien.
Pour l'instant, la France a accepté la proposition iranienne d'accueillir Clotilde Reiss à son ambassade de Téhéran jusqu'à l'énoncé du verdict, dont on ignorait encore, jeudi 13 août, quand il serait fixé. " La Syrie a servi de médiateur entre la France et l'Iran avec pour résultat la libération de Nazak Afshar. Tout n'a pas été encore réglé, car le régime iranien est puissant et il est difficile de l'influencer, mais Damas est parvenu à faciliter le processus. Le défi dans cette affaire est de trouver une solution sans que l'Iran ne perde la face, estime Ayman Abdel Nour, analyste politique syrien. Il est nécessaire, pour la Syrie, de démontrer à M. Sarkozy qu'elle a les moyens et la volonté d'agir. Et que plus on lui en sera reconnaissante plus elle agira."
A plusieurs reprises, Damas a déclaré à ses interlocuteurs européens être prêt à servir de médiateur entre l'Iran et l'Occident sur l'épineux dossier nucléaire sans rencontrer, jusqu'à présent, de réactions concrètes.
De manière générale, "M. Sarkozy est le seul dirigeant qui a osé parier sur la Syrie en estimant qu'elle était capable de bien se comporter. Aucun des gouvernements britannique, allemand ou hollandais ne pense comme lui", affirme M. Abdel Nour, qui estime ainsi que le président français représente "le seul espoir pour la Syrie d'améliorer son image auprès de l'Europe et, surtout, auprès des Etats-Unis".
En invitant Bachar Al-Assad au défilé militaire du 14 juillet 2008 en compagnie des autres dirigeants de l'Union pour la Méditerranée, la France avait inauguré le retour de la Syrie au sein des nations "respectables". Paris avait souhaité ainsi récompenser Damas pour son bon comportement dans le dossier libanais. "Le signal positif avait été pour nous l'attitude de la Syrie lors des accords de Doha [printemps 2008], au cours desquels elle a levé son veto sur l'élection du président libanais, Michel Sleiman, et accepté la formation d'un gouvernement d'union nationale au Liban, raconte une source française proche de ce dossier. Plus encore, Damas annonçait, le jour même de ces accords, l'existence de la reprise des négociations indirectes, via la Turquie, avec Israël."
En retour, la France s'est attelée à convaincre l'Union européenne de conclure avec la Syrie l'Accord d'association. Les négociations entre Bruxelles et Damas avaient été suspendues en 2005 après l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, mettant fin aux espoirs syriens de recevoir une importante aide financière européenne. Aujourd'hui, précise cette même source, "l'article 2 de l'Accord renfermant une clause sur les droits de l'homme a été accepté par la Syrie" et les Etats membres de l'Union européenne ont tous accepté le principe de cet accord, "hormis les Pays-Bas". Si cet obstacle était levé, l'accord pourrait être signé en marge du Conseil de l'Europe, en septembre.
Les relations de la Syrie avec les Etats-Unis se sont également améliorées. Depuis juin, l'envoyé spécial de Washington au Moyen-Orient, George Mitchell, a rendu trois fois visite au président Assad mettant ainsi fin à cinq ans de rupture des relations diplomatiques.
Le président Obama a néanmoins prolongé pour un an les sanctions visant des personnalités syriennes ou pro-syriennes coupables d'ingérence ou de violences au Liban, mais les sanctions commerciales en vigueur depuis 2004 ont été allégées.
Cécile Hennion
samedi 15 août 2009
Damas joue un rôle actif auprès de Téhéran pour tenter de faire libérer Clotilde Reiss
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