dimanche 9 août 2009

Iran: les Gardiens de la révolution veulent «juger et punir» Moussavi

L'ancien président réformateur iranien Mohammad Khatami (G) au côté du leader de l'opposition Hossein Moussavi, le 31 juillet 2009 à Téhéran. (AFP Ali Mohammadi)

Le chef du bureau politique a dénoncé un complot et appelé à juger l'ancien président réformateur Mohammad Khatami, tous comme les deux candidats de l'opposition Moussavi et Karoubi.

Un haut responsable iranien a exigé dimanche que des poursuites soient engagées contre l'ancien président réformateur Mohammad Khatami et deux candidats à la présidentielle de juin, qui auraient, selon lui, tenté d'orchestrer "une révolution de velours" en Iran.

Yadwollah Javani, chef du bureau politique des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, a appelé à "juger et punir" M. Khatami ainsi que Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, les chefs du mouvement de protestation contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, pour leur rôle dans les troubles.

Selon lui, un complot en vue de mener une "révolution de velours" contre la République islamique avait été fomenté après la présidentielle contestée du 12 juin, remportée par l'ultraconservateur Ahmadinejad.

"Quel est le rôle de Khatami, Moussavi et Karoubi dans ce coup d'Etat? S'ils en sont les instigateurs, et c'est le cas, les responsables de la justice et de la sécurité doivent les arrêter, les juger et les punir", déclare M. Javani dans un article publié dans Sobhe Sadegh, hebdomadaire du bureau politique des Gardiens de la révolution.

Un autre responsable, le général Massoud Jazayeri, adjoint du chef de l'état-major chargé des questions culturelles et de la propagande, a demandé de son côté que des mesures soient prises contre "les chefs du complot", sans citer de noms.

"Les citoyens, mais aussi les éléments vendus (aux étrangers, ndlr) et les instigateurs de ce complot, attendent de voir comment (le pouvoir) agira contre les chefs du coup d'Etat", a-t-il dit, cité par l'agence officielle Irna. "Le jugement des principaux instigateurs des troubles récents aura un rôle déterminant pour neutraliser les éventuels complots à l'avenir".

MM. Khatami, Moussavi (conservateur modéré) et Karoubi (réformateur) ont demandé l'annulation du scrutin présidentiel, en dénonçant des fraudes.

Mercredi, jour de l'investiture de M. Ahmadinejad pour un second mandat de quatre ans, M. Moussavi a affirmé que les arrestations de manifestants n'empêcheraient pas la poursuite de la contestation.

M. Jazayeri a aussi souhaité "davantage de contrôle sur les ambassades", au lendemain du procès de la jeune Française Clotilde Reiss et de deux employés locaux des ambassades britannique et française, qui seraient impliqués dans le mouvement de contestation, selon les médias iraniens.

La presse conservatrice a dénoncé le rôle présumé des pays étrangers dans ce mouvement qui a plongé l'Iran dans sa pire crise politique depuis la révolution islamique de 1979.

"Dans l'acte d'accusation, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont été désignés comme les soutiens (de la tentative de) renversement en douceur" du pouvoir, affirme le quotidien Tehran-e-emrouz.

La presse publie des photos de Clotilde Reiss qui a comparu samedi pour la première fois depuis son arrestation le 1er juillet, au côté d'une dizaine de personnes jugées pour leur rôle dans les protestations.

La jeune lectrice de français à l'Université d'Ispahan a dit, selon l'agence Irna, avoir rédigé un rapport sur des manifestations pour un institut dépendant de l'ambassade de France et demandé pardon lors du procès réservé à des journalistes iraniens.

"L'ambassade britannique, siège du commandement du coup d'Etat" contre le régime islamique, titrait le quotidien Iran. "Les diplomates britanniques ont participé à des rassemblements et affrontements", accuse le journal qui publie en Une un cliché de l'Iranien Hossein Rassam, principal analyste politique de l'ambassade de Grande-Bretagne, inculpé d'espionnage.

(AFP)


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