jeudi 10 septembre 2009

En Iran, l'étau se resserre autour des chefs de file de la contestation

L'étau se resserre autour des chefs de l'opposition réformatrice qui contestent la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en Iran. Mardi 8 septembre, des agents en civil appartenant, selon des témoins, aux services secrets de la milice Bassidji et des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, sont intervenus au nom du procureur révolutionnaire, dans les bureaux de Mehdi Karoubi, au nord de Téhéran. Candidat réformateur malheureux au scrutin du 12 juin, M. Karoubi fut le premier à dénoncer que des manifestants ont été torturés et violés en prison. Les agents ont emporté ses ordinateurs et tous ses documents, puis ont apposé des scellés à l'entrée.

Ils ont ensuite perquisitionné au domicile de Morteza Alviri, ex-maire de Téhéran et conseiller de M. Karoubi, avant de l'arrêter. Un autre conseiller du dirigeant réformateur, Mohammad Davari, chargé du site Internet de son parti, Ettemad-e-Meli (Confiance nationale) a également été arrêté.

Dans le même temps, d'autres agents fermaient l'Association de défense des prisonniers - à laquelle collaborent plusieurs avocats - dirigée par Emadeddin Baghi, un ex-révolutionnaire devenu journaliste, plusieurs fois emprisonné pour son action.

La veille, c'est le bureau de la commission d'enquête sur les détentions et les abus commis en prison, créée par Mehdi Karoubi et Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux lui aussi en juin, devenu le chef de file de l'opposition, qui a été perquisitionné. Tout a été emporté. Enfin, mardi soir, d'autres agents des services secrets ont emmené vers une destination inconnue celui qui animait la commission d'enquête, Alireza Behechti. M. Behechti est un proche de M. Moussavi mais surtout le fils de l'ayatollah Behechti, grande figure de la révolution, mort dans un attentat. Une famille jusque-là "intouchable".

Cette accélération de la répression intervient au moment où M. Ahmadinejad a lancé, lundi, une nouvelle et sévère attaque contre "les chefs et les instigateurs" de la contestation dont il exige la "punition ". Plus que tout, ces épisodes récents, nous a confié par téléphone un avocat iranien des droits de l'homme, montrent que "le régime veut effacer toute trace de ses débordements en prison et retirer tout moyen d'action ou d'expression à la contestation. Ce qui est préoccupant, c'est de voir qu'en dépit du changement de ministres, le pouvoir judiciaire qui, lui, avait reçu M. Karoubi et allait commencer à examiner les preuves de tortures qu'il avait produites, se voit couper l'herbe sous le pied par les services secrets."

Marie-Claude Decamps


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