samedi 26 septembre 2009

M. Obama a été mis au courant, à peine élu...

S'il s'agissait de frapper les esprits, la méthode a réussi. Au G20 l'annonce de la mise en demeure des présidents américain et français, Barack Obama et Nicolas Sarkozy, et du premier ministre britannique Gordon Brown, à l'Iran, a pris tout le monde de court. "Je ne veux pas préjuger de la suite mais, de toute évidence, il s'agit d'une révélation incroyablement importante que le monde a besoin de digérer", a dit la secrétaire d'Etat américaine, Mme Clinton.

La conférence de presse, vendredi 25 septembre au petit matin, a été annoncée la veille au soir par un simple rectificatif au programme : "Le président fera une déclaration à 8 h 30 dans la salle de presse du G20." La Maison Blanche n'a donné aucune précision, sauf au New York Times. Toute la matinée, l'annonce d'un nouveau site d'enrichissement d'uranium iranien à Qom a pris le pas sur la régulation bancaire. Les trois délégations ont affronté la même série de questions. Pourquoi l'annonce au G20 et non la veille à la réunion de l'ONU sur la non-prolifération, et une coalition Brown-Obama-Sarkozy au lieu du groupe habituel (Allemagne, Russie, Chine) ?

Dans la délégation américaine, la satisfaction se lisait sur les visages même si M. Obama a réfuté l'idée de "victoire" : "Ce n'est pas un match de football." Les officiels ont précisé que les services de renseignement connaissaient ce site de Qom depuis "plusieurs années" : "Nous avions des informations indiquant que l'objectif était une usine secrète de centrifugeuses. Nous voulions attendre de vérifier si tel était le cas. Plus la construction avançait, plus le dossier s'est alourdi."

A peine élu, M. Obama a été informé "pendant la transition". "Nous avons travaillé énergiquement avec nos amis pour être sûrs d'avoir un dossier solide à présenter à l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), ayant appris que de telles présentations de renseignements doivent être effectuées de façon crédible", a dit un officiel souhaitant garder l'anonymat. Cet été, la Maison Blanche a suggéré aux services de renseignement de travailler avec Paris et Londres pour développer les preuves à apporter à l'AIEA.

Sur la date, les Américains disent avoir voulu éviter d'être doublés par les Iraniens, après avoir appris - ils n'ont pas dit comment - que ces derniers avaient envoyé une lettre, lundi, à l'AIEA, parlant du site. Seuls les pays qui ont été associés à la collecte du renseignement ont préparé la présentation à l'AIEA. Pourquoi ne pas avoir alerté plus tôt la communauté internationale ? "Ç'aurait été une erreur terrible. Au début, une usine comme celle-là peut avoir des usages multiples. Il était important d'attendre que la construction atteigne le stade où elle est indéniablement prévue pour des centrifugeuses", justifie cet expert.

Corine Lesnes (Pittsburgh, envoyée spéciale)


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