vendredi 25 septembre 2009

Mauvais traitements en prison dans le pays « le plus libre du monde »

Alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le Guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, ne cessent de répéter que l’Iran est “le pays le plus libre du monde“, les journalistes iraniens détenus sont victimes de mauvais traitements, voire de tortures. Ahmad Zeydabadi, figure emblématique du journalisme en Iran, est toujours sous pression pour faire des aveux. Alors que son dossier a été “perdu”, Bahaman Ahamadi Amoee est toujours incarcéré. Said Matinpour, qui souffre de problèmes respiratoires, ne bénéficie pas d’un suivi médical.

« Les journalistes emprisonnés en Iran sont privés de leurs droits élémentaires et ne bénéficient d’aucune protection. Leurs avocats et leurs familles sont menacés. Mahmoud Ahmadinejad doit rendre des comptes sur la situation dans les prisons iraniennes depuis le 12 juin dernier, notamment au vu des témoignages de journalistes victimes de tortures et de mauvais traitements. Les Nations unies doivent impérativement envoyer sur place une mission d’enquête, afin de visiter les prisons, notamment celle d’Evin. La vie de plusieurs journalistes est en danger », a déclaré Reporters sans frontières.

Arrêté le 14 juin 2009, Ahmad Zeydabadi a passé trente-cinq jours « dans une cellule qui ressemblait à une tombe ». Selon sa famille, le journaliste est maintenu sous pression pour formuler des excuses publiques et demander pardon au Guide suprême. En 2007, le journaliste avait écrit une lettre ouverte à l’ayatollah Khamenei, dans laquelle il se demandait « pourquoi ne peut-on pas critiquer les actions du Guide suprême ». « Lors de ma dernière visite, Ahmad m’a dit qu’il était toujours à l’isolement, et qu’il avait été frappé par ses interrogateurs pour qu’il rédige une lettre d’excuses à l’ayatollah Khamenei. Ses interrogateurs ont même dit qu’ils avaient reçu l’autorisation de faire tout ce qu’ils voulaient avec lui », a déclaré sa femme Mahdieh Mohammadi, très inquiète pour son mari.

Said Matinpour, journaliste de l’hebdomadaire Yarpagh en langue azérie, souffre de problèmes respiratoires suite à une infection pulmonaire. Selon sa femme qui a reçu un appel de son mari le 20 septembre, « il était incapable de parler tant il toussait ». Les autorités ont refusé d’accéder à la demande de permission médicale de son avocat. Said Matinpour a été arrêté le 11 juillet après avoir été convoqué à la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Un mois auparavant, il avait été condamné à huit ans de prison pour avoir “entretenu des relations avec des étrangers” et pour “publicité contre le régime”. Déjà emprisonné de mai 2007 à février 2008, il souffre de multiples problèmes de santé.

Bahaman Ahamadi Amoee
, selon son avocate Me Fraideh Gheyrat, est toujours en isolement dans la section 209 de la prison d’Evin, victime de pressions malgré la demande de libération sous caution demandée depuis son arrestation. « Le dossier de mon client a été perdu, ce qui est une signe inquiétant. Du jamais vu dans ma carrière. Soit le dossier est lourd ou incomplet, et dans ce cas, les interrogatoires se poursuivent. Or, alors qu’on m’a dit que les interrogatoires de mon client étaient terminés, il semblerait qu’il n’y ait plus de dossier. » Bahaman Ahamadi Amoee, collaborateur de plusieurs publications proches du courant réformateur, a été arrêté à son domicile, le 20 juin dernier, avec son épouse, Jila Baniyaghoob. Cette dernière a été libérée le 19 août, contre le versement d’une caution de 100 millions de toman (soit 90 000 euros).

Shiva Nazar Ahari, blogueuse du site Azadizan http://azadiezan.blogspot.com/ (Libération de la femme), a été libérée le 23 septembre après 3 mois de détention, contre le versement de 200 millions de toman (soit 180 000 euros). Elle est toujours en attente de jugement.


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