Le 14 septembre 2009, la cinquième audience du procès chargé de juger les opposants à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad s’est ouverte devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. L’accusation a une fois de plus placé les médias au cœur de son réquisitoire. Le procureur a même accusé Facebook et YouTube d’avoir mené une guerre psychologique contre l’Iran.
« Il faut mettre un terme à cette parodie de justice. Les autorités judiciaires iraniennes veulent humilier les journalistes et les blogueurs en mettant en scène leurs aveux forcés et leur demande de pardon. Sur le banc des accusés, des journalistes et de simples internautes sont jugés pour avoir envoyé des mails ou consulté des sites d’informations. Le régime veut réprimer non seulement les professionnels de l’information mais également punir tout accès à l’information », a déclaré l’organisation.
Le journaliste Mohammad Reza Nourbakhash, emprisonné depuis le 4 août 2009, comptait parmi les détenus présents à l’audience. Depuis le début du procès, sa défense est assurée par un avocat commis d’office. Le journaliste a été contraint de lire un texte qui a confirmé sa culpabilité ainsi que celle d’hommes politiques, en accord total avec le réquisitoire du procureur. Les six accusés présents ont avoué avoir été manipulés par la diffusion de “fausses informations sur Internet”.
Le réquisitoire du procureur a, cette fois, directement mis en cause le réseau social Facebook ainsi que des sites de partages de vidéos comme YouTube. Selon le procureur, « en Iran, il existe 25 millions d’internautes qui utilisent le réseau d’Internet. Les Etats-Unis ont soutenu des sites comme Facebook et YouTube dans le but d’influencer les émeutiers et d’affaiblir la place du gouvernement aussi bien au niveau national qu’international. Les sites Facebook et YouTube ont été conçus par les État-Unis pour mener une guerre psychologique contre l’Iran. »
Les proches du journaliste emprisonné Ahmad Zeydabadi ont déclaré que ce dernier refuse toujours de lire le texte dicté par les interrogateurs. Il n’était pas présent à l’audience. Selon l’épouse du journaliste, Mahdieh Mohammadi, dans une interview à la radio Zamaneh, le juge lui a formellement annoncé que son époux avait écrit une lettre dans laquelle il affirme qu’« il n’a pas besoin de l’avocat ». Le magistrat a refusé de lui montrer la lettre.
Depuis le début du procès, les avocats assurant la défense des journalistes n’ont pas pu rencontrer leurs clients, ni consulter leur dossier. Des avocats commis d’office, proches des services des renseignements, ont été nommés par le procureur de Téhéran. Plusieurs journalistes comme Mehdi Hossinzadeh ou encore Shiva Nazar Ahari, blogueuse du site Azadizan (Libération de la femme), sont toujours détenus dans différentes sections de la prison d’Evin et sous un constante pression pour livrer des aveux forcés.
Par ailleurs, depuis le 14 septembre, Persianblog, la plus ancienne plate-forme de blogs en Iran, a été bloquée par les autorités sans aucune explication. Le site a confirmé l’information en précisant qu’ils sont en train de vérifier les raisons de ce filtrage auprès des autorités.
Enfin, Reporters sans frontières a appris la libération de la journaliste et photographe Koroush Javan, arrêtée le 13 juillet 2009, ainsi que celle de Mirhamid Hassanzadeh, arrêté le 4 août, directeur du site Ghalamnews, après le paiement d’une caution.
mercredi 16 septembre 2009
Procès de Téhéran : Parodie de justice, Acte V
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